Texte intégral
Cinq mois après son installation, le Conseil national de l'urgence hospitalière peut s'enorgueillir d'un bilan déjà conséquent.
A cet égard, je voudrais profiter de l'occasion qui m'est ici donnée pour remercier son président, Pierre Carli, et les membres du bureau ici présents, dont l'énergie et la compétence ont permis nombre d'avancées significatives.
Instance de réflexion et de proposition, ce conseil a su prendre la mesure des enjeux récents d'une actualité chargée.
Si j'ai souhaité vous rencontrer en ce début d'été, c'est parce que je veux réaffirmer avec force l'impérieuse nécessité de rester mobilisés et vigilants.
Certes, la période peut apparaître plus calme que celles que nous venons de traverser, mais ne nous y trompons pas : la prudence reste de mise et nous ne saurions baisser la garde.
C'est pourquoi je suis très heureuse que vous me présentiez aujourd'hui vos travaux, afin qu'ensemble nous puissions établir un bilan précis et lucide des actions entreprises et des décisions à venir, en particulier sur les quatre thématiques essentielles que sont le risque de canicule, le risque d'épidémie de grippe A (H1N1), la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » , et le retour d'expérience (retex) des accidents de décembre 2008.
Sur ces sujets, à l'image du gouvernement, qui a fait preuve de dynamisme et de réactivité, j'ai moi-même conduit une action volontariste et résolue.
Dès lors qu'il s'agit de santé publique, nous ne saurions en effet nous contenter de réponses d'opportunité, de réponses au coup par coup, contrairement à ce que d'aucuns voudraient nous faire croire.
Au contraire, ce dont nous avons besoin, ce dont nos concitoyens ont besoin, c'est d'anticipation, c'est de réponses prospectives, pragmatiques, structurelles et cohérentes.
Il ne s'agit pas d'empiler des réponses disjointes à des événements isolés.
Malgré les difficultés que cela comporte et que je ne sous-estime pas, il s'agit bien, à l'inverse, d'inscrire nos décisions et nos actions dans le cadre d'une politique globale et stratégique.
Cette politique doit répondre à une double exigence : d'une part, il faut donner à chacun une réponse rapide, fiable et pragmatique ; d'autre part, cette réponse doit s'inscrire dans le champ plus large des actions structurelles de modernisation du système de santé, incluant notamment les investissements du plan « hôpital 2012 » et la loi HPST.
Pour ce faire, nous avons dégagé des axes stratégiques majeurs, sur lesquels je voudrais revenir rapidement.
Le lien entre la ville et l'hôpital, tout d'abord, a été renforcé. Le rôle du médecin généraliste et de l'ambulatoire a été accru. Je pense notamment à la vaccination facilitée en cas d'épidémie, au renfort de la régulation du centre 15 en cas de crise ou à la continuité des soins pour tous.
Le pilotage du système de santé, ensuite, a été consolidé, notamment par le déploiement des systèmes d'information. Il s'agit de connaître et de piloter précisément et régulièrement l'état de la demande et de l'offre de soins, au niveau local, territorial ou national. Je vous en donnerai ici quelques exemples concrets : le nombre de lits, le site info-santé, le nombre de cas d'épidémie ou l'obligation de saisine des données.
La sécurité et la qualité des soins, enfin, ont été améliorées, en définissant les parcours de soins, en incluant systématiquement la notion de traçabilité, ou en publiant des référentiels rendus opposables par texte réglementaire.
Pourquoi le cacher ? : même s'ils sont rares, il existe des accidents et des difficultés.
A chaque fois que cela s'est présenté, j'ai pris des mesures énergiques afin d'apporter une réponse adaptée, efficace et dans les meilleurs délais.
Le retour d'expérience (retex) en est un exemple parlant, puisque les solutions ont déjà commencé à être mises en oeuvre ou le seront avant la fin de l'année. Ainsi, un an est nécessaire pour tirer toutes les leçons, qui incluent naturellement les enquêtes de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui ont été essentielles.
Je pense également à l'amélioration concrète de l'accès à une information rapide et efficace, que chacun doit pouvoir s'approprier. Ainsi, par exemple, un espace spécifiquement dédié à l'information des professionnels de santé sur la pandémie sera mis en place très prochainement sur le site internet du ministère de la santé. Je souhaite qu'il puisse être fréquenté régulièrement.
Pour autant, la rapidité de décision et d'action ne se traduit pas par l'absence de concertation ; c'est même tout le contraire.
La réunion du CNUH en est à elle seule la preuve, si besoin en était. Mais je pense également aux consultations menées auprès de l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), de l'institut national de veille sanitaire (INVS), du conseil national de l'ordre des médecins (CNOM). Lors de ces consultations, j'ai pu apprécier, chez chacun des acteurs concernés, l'esprit de responsabilité et la volonté d'aboutir, dans ce qui nous guide : l'intérêt général.
Vous l'aurez compris, des choses importantes ont été accomplies ; soyez-en tous remerciés. Par vos propositions fructueuses, vous avez en effet grandement contribué à la mobilisation essentielle qui, tous, doit nous requérir.
Sans vous, cette réforme de grande ampleur n'aurait évidemment pas pu aboutir.
Je me réjouis de constater que la préparation et le travail ont porté leurs fruits. De la théorie mise en pratique, nous avons tiré une expérience qui, elle aussi, continuera d'enrichir notre vision.
Cela étant, beaucoup reste encore à faire.
Dans la période actuelle, après le ralentissement provisoire de l'épidémie de grippe et avant le risque de canicule, tout relâchement serait une lourde erreur, que nous ne pouvons pas nous permettre.
La gestion de l'épidémie de grippe est dans une phase de transition, phase souvent délicate. La modification de la définition de cas opérée lundi par l'institut national de veille sanitaire (InVS) est une mesure de transition rendue indispensable par la mondialisation de la circulation active du virus. Cette modification intervient alors que l'élargissement du dispositif de prise en charge à la médecine ambulatoire n'est pas encore opérationnel. Vos représentants m'ont fait remonter les difficultés ressenties. Je les ai entendues et j'y réponds maintenant : je peux vous assurer que mes services mettent tout en oeuvre pour que cette phase de transition soit la plus courte possible.
C'est pourquoi vos équipes resteront mobilisées tout l'été, pour faire face, comme elles l'ont toujours fait, à toute éventuelle crise que nous aurions à gérer, avec les outils performants dont nous avons su, déjà, nous doter.
Je compte sur vous. Vous pouvez compter sur moi.
Je vous remercie, et je vous écoute.
Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 10 juillet 2009