Texte intégral
P.-L. Séguillon.- P. Devedjian bonjour.
Bonjour.
Vous êtes donc en charge de la relance, ministre en charge de la Relance. Vous avez suivi le voyage du Premier ministre, F. Fillon.
Oui je l'ai accompagné.
A cette occasion il a été annoncé un plan de relance, 370 millions d'euros, pour l'Outre Mer. Ca fait partie de votre plan de relance ?
Bien sûr, c'est déjà dans le plan de relance. Il y a un volet Outre Mer dans le plan de relance. Ce n'est pas en plus, c'est dans le plan de relance et j'accompagnais le Premier ministre parce que je voulais voir avec lui les conditions de la mise en oeuvre, parce que dans l'Outre Mer c'est parfois un peu plus difficile.
Et vous avez l'impression qu'il y a du retard ?
Il y a quelques petits retards administratifs d'abord parce que le système budgétaire - c'est très technique - le système budgétaire est un peu différent et je vais envoyer une mission budgétaire pour faciliter les opérations de paiement.
Alors le plan de relance c'est un effort sur l'investissement essentiel. Il y a aussi des aspects de consommation. Dans le contexte général, P. Gadonneix a annoncé il y a quelques jours son souhait de voir augmenter le tarif de l'électricité de 20% sur une période de trois ans. On a cru comprendre à la fois que le Gouvernement était à la fois partisan de cette augmentation, en même temps dans des termes, dans des proportions moins importantes.
D'abord EDF ne peut pas décider seul d'une augmentation du tarif de l'électricité. C'est la première chose.
P. Gadonneix n'a pas dit qu'il le décidait.
Non, enfin il dit qu'il le souhaitait ; il fait une sorte de pression. Deuxièmement il me semble que les tarifs de EDF doivent bénéficier aux Français dans la mesure où il doit y avoir une rente nucléaire. La France a investi depuis très longtemps dans le nucléaire, à juste raison, avec beaucoup d'intelligence. Nous sommes leaders mondiaux. Nous avons dix ans d'avance sur le reste du monde dans ce domaine mais les Français doivent aussi en percevoir le bénéfice et non pas aligner le prix de l'électricité sur le marché de pays qui n'ont pas cet avantage. C'est la deuxième chose. Et la troisième chose à mon avis, les tarifs ne sont pas faits non plus pour financer des investissements qui parfois peuvent s'avérer rentables mais sont audacieux.
Vous parlez des investissements d'EDF à l'étranger, si je comprends bien. A ça, P. Gadonneix répond : ces investissements ils ont été couverts, nous avons un endettement de 25 milliards, nous avons fait un emprunt de 3 milliards mais nous avons besoin d'argent pour le renouvellement des centrales et pour la recherche dans les énergies nouvelles. Et c'est pour ça que nous avons besoin d'augmenter ces tarifs.
Oui dans le même temps, d'ailleurs, EDF - et moi je suis d'accord pour ça - prévoit que la durée d'amortissement d'un certain nombre d'installations qui étaient prévues sur une durée de trente ans, soit portée à quarante ans, peut-être davantage ultérieurement. Ce qui arrangera bien les comptes d'EDF, là aussi.
Sauf que le renouvellement doit commencer à partir de 2020 parce que ce n'est pas extensible ces prolongements des centrales.
Non ce n'est pas extensible mais enfin elles ont une durée de vie qui est supérieure à trente ans.
Alors la conclusion pour les consommateurs, ça voudrait dire quoi en terme d'augmentation de tarif ?
Ca veut dire que l'augmentation, de mon point de vue, doit être modérée et surtout dans cette période de crise.
Alors autre sujet toujours dans ce contexte : monsieur Estrosi a annoncé dans un entretien accordé aux Echos ce matin qu'on arrivait à la fin de la prime à la casse. Alors qu'est-ce que veut dire la fin ? Est-ce que c'est la fin de la fin ? Est-ce qu'il y aura un prolongement ? Est-ce qu'il peut y avoir des modalités de passage en douceur ?
Moi je suis allé discuter de ce sujet avec le commissaire européen Verheugen à Bruxelles la semaine dernière. D'abord ce que je crois c'est que nous devons nous coordonner dans ce domaine. Il y a treize pays sur 27 qui ont d'une manière ou d'une autre une prime à la casse.
L'Allemagne notamment, qui est plus généreuse que la France d'ailleurs.
Elle est à 2.500 euros. Oui enfin sauf que les constructeurs français ajoutent à la prime française. Mais la prime à la casse allemande, elle est peut-être plus généreuse que la prime française par l'Etat mais en même temps elle ne comporte aucun bonus écologique. La nôtre oui. Donc ça ajoute. Ce que je pense en tous les cas, c'est qu'en aucun cas, il faut être très prudent parce qu'on sort à peine, on commence à peine à sortir de l'eau sur la construction automobile. Ca va mieux mais la prime à la casse a joué un rôle très important dans l'amélioration de la situation et on se souvient de ce qui était arrivé pour les "Juppettes", la prime qui avait été faite à ce moment-là.
"Juppettes", "Balladurettes".
Etc. Toutes ces primes quand on les arrête brutalement créent un trou d'air et généralement qui dure longtemps.
Alors vous pouvez nous donner un calendrier ?
Première chose, moi ce que je souhaite c'est qu'on se coordonne au plan européen. Et donc le commissaire Verheugen avec lequel j'ai discuté, va consulter les autres pays pour savoir comment ils veulent faire. Les Allemands ont envie de sortir assez rapidement, je le crois, d'abord parce que leur prime n'a pas été si favorable que ça à la construction automobile allemande et elle a souvent profité aussi aux constructeurs automobiles français. Les Italiens ont une prime à 4.000 euros avec le bonus écologique. Donc un, il faut se coordonner. Deux, si on en sort - il faudra bien en sortir à un moment ou un autre - si on en sort, il faut quand même que ce soit dans une situation où le relais a été pris par le consommateur et qu'on puisse s'en passer et que ce soit très progressif pour ne pas créer de trou d'air.
Est-ce que d'une manière générale vous êtes d'accord avec les chiffres qui ont été publiés l'OFCE à propos de la relance ? C'est-à-dire la relance en France aurait pour effet cette année 0,5% sur le PIB, l'année prochaine 0,2%. En revanche en Allemagne 1,4% cette année, 1,6% l'année prochaine.
Je ne suis pas d'accord avec ces chiffres. D'abord que tout dépend comment on compte. Le plan de relance français ce n'est pas seulement les 26 milliards. Ce sont tous les plans qui se sont ajoutés. C'est un peu comme une escadre navale. Il y a un navire amiral qui est le navire à 26 milliards et puis à côté il y a le plan numérique, il y a le plan social, il y a le plan automobile, il y a le plan des PME. Tout ceci forme un tout et si on additionne tout ça...
Oui ça fait combien ?
Ca fait à peu près aussi 80 milliards comme pour l'Allemagne. Sauf que nous c'est centré plutôt sur 2009 et l'Allemagne c'est centré plutôt sur 2010.
Alors quand vous dites "nous, c'est centré plutôt sur 2009", on vous répond mais les Allemands étant donné que c'est 82 milliards il y a 50% sur 2009, ça fait davantage.
Nous aussi, sauf que dans le système allemand, en plus c'est beaucoup moins réactif. Je rappelle que l'Allemagne est un Etat fédéral, comme les Etats-Unis d'ailleurs, et que la mise en oeuvre, l'injection dans l'économie de crédits d'Etat est beaucoup plus lourde, beaucoup plus difficile à faire que dans notre pays. D'ailleurs la preuve, il y a une preuve là-dessus tout à fait tangible : c'est que chez nous la consommation se tient très bien alors que dans la plupart des autres pays elle s'est fortement dégradée.
Donc on n'imagine pas qu'il soit besoin d'un deuxième plan de relance dans les mois qui viennent ?
Le plan de relance est un plan continu et d'adaptation permanente. Le grand emprunt d'une certaine manière mais sur une durée plus longue et de sortie de crise, le grand emprunt lui-même continue la politique du plan de relance.
Alors le grand emprunt, dans le Financial Times ce matin, D. De Villepin, l'ancien Premier ministre, dit à propos de ce grand emprunt, N. Sarkozy perd du temps. On sait très bien quels sont les objectifs stratégiques, pas besoin de passer des mois à s'interroger sur ce sujet. Il faudrait agir tout de suite.
On ne le sait pas si bien que ça. Vous savez, il n'est pas interdit...
Mais qu'est-ce que vous lui répondez à D. De Villepin ?
Je lui réponds probablement que les objectifs stratégiques, on ne les connaît pas si bien que ça. La preuve d'ailleurs c'est que personne ne l'a fait avant nous. Si c'était aussi évident, on peut se demander pourquoi les autres gouvernements ont tant attendu pour lancer un plan d'investissement stratégique parce que la vocation de ce plan, c'est d'avoir un haut rendement. C'est-à-dire de sortir de la crise par un surcroît de croissance et non pas de manière très calme et très douce et avec une crise qui durerait éternellement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 juillet 2009
Bonjour.
Vous êtes donc en charge de la relance, ministre en charge de la Relance. Vous avez suivi le voyage du Premier ministre, F. Fillon.
Oui je l'ai accompagné.
A cette occasion il a été annoncé un plan de relance, 370 millions d'euros, pour l'Outre Mer. Ca fait partie de votre plan de relance ?
Bien sûr, c'est déjà dans le plan de relance. Il y a un volet Outre Mer dans le plan de relance. Ce n'est pas en plus, c'est dans le plan de relance et j'accompagnais le Premier ministre parce que je voulais voir avec lui les conditions de la mise en oeuvre, parce que dans l'Outre Mer c'est parfois un peu plus difficile.
Et vous avez l'impression qu'il y a du retard ?
Il y a quelques petits retards administratifs d'abord parce que le système budgétaire - c'est très technique - le système budgétaire est un peu différent et je vais envoyer une mission budgétaire pour faciliter les opérations de paiement.
Alors le plan de relance c'est un effort sur l'investissement essentiel. Il y a aussi des aspects de consommation. Dans le contexte général, P. Gadonneix a annoncé il y a quelques jours son souhait de voir augmenter le tarif de l'électricité de 20% sur une période de trois ans. On a cru comprendre à la fois que le Gouvernement était à la fois partisan de cette augmentation, en même temps dans des termes, dans des proportions moins importantes.
D'abord EDF ne peut pas décider seul d'une augmentation du tarif de l'électricité. C'est la première chose.
P. Gadonneix n'a pas dit qu'il le décidait.
Non, enfin il dit qu'il le souhaitait ; il fait une sorte de pression. Deuxièmement il me semble que les tarifs de EDF doivent bénéficier aux Français dans la mesure où il doit y avoir une rente nucléaire. La France a investi depuis très longtemps dans le nucléaire, à juste raison, avec beaucoup d'intelligence. Nous sommes leaders mondiaux. Nous avons dix ans d'avance sur le reste du monde dans ce domaine mais les Français doivent aussi en percevoir le bénéfice et non pas aligner le prix de l'électricité sur le marché de pays qui n'ont pas cet avantage. C'est la deuxième chose. Et la troisième chose à mon avis, les tarifs ne sont pas faits non plus pour financer des investissements qui parfois peuvent s'avérer rentables mais sont audacieux.
Vous parlez des investissements d'EDF à l'étranger, si je comprends bien. A ça, P. Gadonneix répond : ces investissements ils ont été couverts, nous avons un endettement de 25 milliards, nous avons fait un emprunt de 3 milliards mais nous avons besoin d'argent pour le renouvellement des centrales et pour la recherche dans les énergies nouvelles. Et c'est pour ça que nous avons besoin d'augmenter ces tarifs.
Oui dans le même temps, d'ailleurs, EDF - et moi je suis d'accord pour ça - prévoit que la durée d'amortissement d'un certain nombre d'installations qui étaient prévues sur une durée de trente ans, soit portée à quarante ans, peut-être davantage ultérieurement. Ce qui arrangera bien les comptes d'EDF, là aussi.
Sauf que le renouvellement doit commencer à partir de 2020 parce que ce n'est pas extensible ces prolongements des centrales.
Non ce n'est pas extensible mais enfin elles ont une durée de vie qui est supérieure à trente ans.
Alors la conclusion pour les consommateurs, ça voudrait dire quoi en terme d'augmentation de tarif ?
Ca veut dire que l'augmentation, de mon point de vue, doit être modérée et surtout dans cette période de crise.
Alors autre sujet toujours dans ce contexte : monsieur Estrosi a annoncé dans un entretien accordé aux Echos ce matin qu'on arrivait à la fin de la prime à la casse. Alors qu'est-ce que veut dire la fin ? Est-ce que c'est la fin de la fin ? Est-ce qu'il y aura un prolongement ? Est-ce qu'il peut y avoir des modalités de passage en douceur ?
Moi je suis allé discuter de ce sujet avec le commissaire européen Verheugen à Bruxelles la semaine dernière. D'abord ce que je crois c'est que nous devons nous coordonner dans ce domaine. Il y a treize pays sur 27 qui ont d'une manière ou d'une autre une prime à la casse.
L'Allemagne notamment, qui est plus généreuse que la France d'ailleurs.
Elle est à 2.500 euros. Oui enfin sauf que les constructeurs français ajoutent à la prime française. Mais la prime à la casse allemande, elle est peut-être plus généreuse que la prime française par l'Etat mais en même temps elle ne comporte aucun bonus écologique. La nôtre oui. Donc ça ajoute. Ce que je pense en tous les cas, c'est qu'en aucun cas, il faut être très prudent parce qu'on sort à peine, on commence à peine à sortir de l'eau sur la construction automobile. Ca va mieux mais la prime à la casse a joué un rôle très important dans l'amélioration de la situation et on se souvient de ce qui était arrivé pour les "Juppettes", la prime qui avait été faite à ce moment-là.
"Juppettes", "Balladurettes".
Etc. Toutes ces primes quand on les arrête brutalement créent un trou d'air et généralement qui dure longtemps.
Alors vous pouvez nous donner un calendrier ?
Première chose, moi ce que je souhaite c'est qu'on se coordonne au plan européen. Et donc le commissaire Verheugen avec lequel j'ai discuté, va consulter les autres pays pour savoir comment ils veulent faire. Les Allemands ont envie de sortir assez rapidement, je le crois, d'abord parce que leur prime n'a pas été si favorable que ça à la construction automobile allemande et elle a souvent profité aussi aux constructeurs automobiles français. Les Italiens ont une prime à 4.000 euros avec le bonus écologique. Donc un, il faut se coordonner. Deux, si on en sort - il faudra bien en sortir à un moment ou un autre - si on en sort, il faut quand même que ce soit dans une situation où le relais a été pris par le consommateur et qu'on puisse s'en passer et que ce soit très progressif pour ne pas créer de trou d'air.
Est-ce que d'une manière générale vous êtes d'accord avec les chiffres qui ont été publiés l'OFCE à propos de la relance ? C'est-à-dire la relance en France aurait pour effet cette année 0,5% sur le PIB, l'année prochaine 0,2%. En revanche en Allemagne 1,4% cette année, 1,6% l'année prochaine.
Je ne suis pas d'accord avec ces chiffres. D'abord que tout dépend comment on compte. Le plan de relance français ce n'est pas seulement les 26 milliards. Ce sont tous les plans qui se sont ajoutés. C'est un peu comme une escadre navale. Il y a un navire amiral qui est le navire à 26 milliards et puis à côté il y a le plan numérique, il y a le plan social, il y a le plan automobile, il y a le plan des PME. Tout ceci forme un tout et si on additionne tout ça...
Oui ça fait combien ?
Ca fait à peu près aussi 80 milliards comme pour l'Allemagne. Sauf que nous c'est centré plutôt sur 2009 et l'Allemagne c'est centré plutôt sur 2010.
Alors quand vous dites "nous, c'est centré plutôt sur 2009", on vous répond mais les Allemands étant donné que c'est 82 milliards il y a 50% sur 2009, ça fait davantage.
Nous aussi, sauf que dans le système allemand, en plus c'est beaucoup moins réactif. Je rappelle que l'Allemagne est un Etat fédéral, comme les Etats-Unis d'ailleurs, et que la mise en oeuvre, l'injection dans l'économie de crédits d'Etat est beaucoup plus lourde, beaucoup plus difficile à faire que dans notre pays. D'ailleurs la preuve, il y a une preuve là-dessus tout à fait tangible : c'est que chez nous la consommation se tient très bien alors que dans la plupart des autres pays elle s'est fortement dégradée.
Donc on n'imagine pas qu'il soit besoin d'un deuxième plan de relance dans les mois qui viennent ?
Le plan de relance est un plan continu et d'adaptation permanente. Le grand emprunt d'une certaine manière mais sur une durée plus longue et de sortie de crise, le grand emprunt lui-même continue la politique du plan de relance.
Alors le grand emprunt, dans le Financial Times ce matin, D. De Villepin, l'ancien Premier ministre, dit à propos de ce grand emprunt, N. Sarkozy perd du temps. On sait très bien quels sont les objectifs stratégiques, pas besoin de passer des mois à s'interroger sur ce sujet. Il faudrait agir tout de suite.
On ne le sait pas si bien que ça. Vous savez, il n'est pas interdit...
Mais qu'est-ce que vous lui répondez à D. De Villepin ?
Je lui réponds probablement que les objectifs stratégiques, on ne les connaît pas si bien que ça. La preuve d'ailleurs c'est que personne ne l'a fait avant nous. Si c'était aussi évident, on peut se demander pourquoi les autres gouvernements ont tant attendu pour lancer un plan d'investissement stratégique parce que la vocation de ce plan, c'est d'avoir un haut rendement. C'est-à-dire de sortir de la crise par un surcroît de croissance et non pas de manière très calme et très douce et avec une crise qui durerait éternellement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 juillet 2009