Texte intégral
M. Tronchot.- Un coup d'oeil d'abord sur l'actualité dans une région que vous connaissez bien, la région PACA. On est passé ces dernières 48 heures à côté d'un drame : un exercice militaire semble bien être à l'origine d'un incendie de garrigue qui a gagné les portes de Marseille. Le Premier ministre parle de 'faute professionnelle grave", demande des sanctions. L'ex-vice-président de la région, la maire de Nice que vous êtes porte-t-il un regard particulier sur cet évènement ? J'imagine que oui ?
La faute est impardonnable. Une enquête est en cours et il faut que des sanctions soient prononcées parce que nul n'est au-dessus des lois. Et moi qui connaît bien cette région, qui sait les risques naturels dus au vent, à la chaleur, à la sécheresse etc., nous ne pouvons pas passer notre temps, nous, les élus à donner des leçons de morale et à demander aux autorités policières et judiciaires de poursuivre tous ceux qui ne respectent les règles et ne pas les appliquer à l'égard d'un militaire qui les a enfreintes. Voilà pourquoi je soutiens de toutes mes forces, bien évidemment, le Premier ministre qui a fait les menaces nécessaires pour que les sanctions les plus exemplaires soient prononcées. Non seulement c'est la biodiversité, c'est la nature, mais c'est aussi des hommes et des habitations qui étaient menacés.
Il y a eu un précédent, en 2008, dans le Var. Il y a un problème avec l'armée ?
Ce n'est pas un problème avec l'armée. L'armée française est faite d'hommes et de femmes qui sont de grands professionnels. Mais que ce soit dans l'armée, que ce soit parmi les hommes politiques, que ce soit parmi les magistrats, que ce soit parmi les policiers, les médecins les journalistes, quand on ne se comporte pas conformément aux règles de la République, on est un citoyen comme les autres, et c'est normal que l'on subisse les conséquences de ses erreurs.
Qui va payer les dégâts ?
Malheureusement,c'est la collectivité, c'est l'Etat, puisque un militaire est en cause, et un militaire, c'est l'Etat.
De l'incendie de forêt à l'incendie social, il y a une transition facile. Les conséquences de la crise : les salariés de New Fabris ne lâchent pas la pression, on les a entendus tout à l'heure. Ils maintiennent leur ultimatum au 31 juillet. Les bonbonnes de gaz sont prêtes à ressortir. Que dites-vous ce matin aux salariés de New Fabris ?
Ce que j'ai entendu tout à l'heure, c'est qu'on remerciait l'action qui était celle de mon ministère, la mienne, parce qu'il avait une véritable ouverture - "porte ouverte" j'ai entendu - et un appel à l'apaisement. Et moi, je salue le comportement, là aussi comme dans d'autres entreprises au cours des jours écoulés que j'ai rencontrées, et qui rentrent dans une phase constructive de dialogue social, celle à laquelle j'appelle - parce que la menace est une impasse - là où il y a encore quelques jours de cela, ils proféraient des menaces lourdes. Je le dis, l'ultimatum du 31 juillet reste pour moi tout à fait inacceptable. Mais en même temps, je sens que jour après jour, les propositions concrètes que j'ai faites leur permettent de mesurer que le Gouvernement est très ouvert. Je veux du dialogue, je veux la recherche du compromis. Nous avons fait des propositions très intéressantes. On ne dit pas suffisamment que deux tiers des salariés de New Fabris ont déjà signé, pour 236 d'entre eux sur 366, le contrat de transition professionnelle : 95 % de leur salaire garanti pendant un an, une prime de 17.500 euros et en plus, conformément à mon engagement, alors que ce n'est pas mon rôle, j'ai fait pression, j'ai engagé une discussion avec les constructeurs automobiles, PSA Et Renault, pour leur dire "il y a des outils qui peuvent être utiles pour le constructeur. Vous avez fait appel pendant des années à cette entreprise pour assurer la sous-traitance de votre industrie. Il est normal que vous apportiez votre contribution". On a réussi à ce qu'ils reprennent 4 millions de stocks et d'outillage. Et ces 4 millions, j'ai souhaité qu'ils reviennent intégralement aux salariés de New Fabris, parce que ça leur est dû. Cela fait 11.000 euros. 17.500 de prime légale, retenez ce chiffre, plus 11.000 euros, cela fait 28.500 euros en moyenne.
Vous avez l'impression que les salariés se transforment en chasseurs de primes ?
C'est bien pour cela que je ne veux pas rentrer dans ce jeu, et je le dis. La menace est une impasse, on voit bien que chacun commence à le comprendre. Je remercie d'ailleurs les responsables nationaux des grandes centrales syndicales, notamment la CGT qui, hier, a déploré la menace d'explosion d'usine par des salariés. Il y a d'autres entreprises, je pense par exemple à la papeterie Malaucène dans le Vaucluse, qui elle-même dit, "ce qui compte, ce n'est pas la prime, c'est le retour à l'emploi". Moi, je veux redonner à chaque salarié sa dignité par l'emploi et j'y mettrai toute mon énergie.
Les semaines qui viennent risquent d'être difficiles. L'équipementier en télécom, Alcatel-Lucent, hier, confirmait la suppression de 850 emplois et l'externalisation de 150 autres. Quatrième plan social en trois ans. Vous ne craignez pas d'être le ministre des plans sociaux ?
Je veux être à la fois le ministre qui va essayer d'être le meilleur pompier possible. Mais en même temps, ne doutez pas un seul instant que je ferai tout pour être un architecte de l'innovation de la sortie de crise pour faire dans les secteurs stratégiques de la France un champion du monde, parce qu'il faut penser à la crise et il faut sauver les entreprises qui peuvent être sauvées et penser, en matière de recherche, de développement et d'innovation, à être les meilleurs aussi à la sortie. Et j'investirai tous les moyens nécessaires. Et c'est pour cela que concernant Alcatel, vous avez raison de poser cette question : je suis un peu intrigué, je suis un peu surpris. Je ne comprends pas que l'on puisse dire, alors qu'il y a des savoir-faire chez ces salariés, qui sont extraordinaires, ce qui me permet de dire que je ne suis pas que le ministre de l'Industrie : je veux que les ouvriers sachent que je suis leur ministre. Je suis le ministre des ouvriers. C'est pourquoi je vais demander aujourd'hui au responsable d'Alcatel de m'expliquer pourquoi on veut externaliser.
P. Camus le dit dans Le Figaro, il dit qu'il y va du leadership de son groupe et de sa compétitivité.
Eh bien moi, je ne pense qu'au leadership de la France. La France a beaucoup mis sur Alcatel en matière de recherche et développement, en les prenant dans des pôles de compétitivité, en mettant du crédit impôt-recherche. Et donc, aujourd'hui, j'aurai une conversation avec les responsables d'Alcatel-Lucent. Je prendrai contact avec les salariés. Je veux qu'ils sachent que je veux être à leur écoute comme je suis à l'écoute de tous les autres. Et je leur proposerai d'ailleurs, que ce soit en me rendant que un site comme celui de Vélizy lundi prochain, ou en les recevant à mon ministère, comme ils préfèrent. Mais je veux leur dire que je suis aussi à leurs côtés pour tout comprendre. Je ne comprendrai pas pourquoi on enlèverait des emplois en France, avec la plus-value, la valeur ajoutée des savoir-faire, que ce sont celles de nos chercheurs, nos ingénieurs, de nos techniciens, de nos ouvriers, pour les confier à d'autres centres et d'autres laboratoires à l'étranger, dans un domaine de télécommunication où la France doit rester un leader mondial.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 juillet 2009
La faute est impardonnable. Une enquête est en cours et il faut que des sanctions soient prononcées parce que nul n'est au-dessus des lois. Et moi qui connaît bien cette région, qui sait les risques naturels dus au vent, à la chaleur, à la sécheresse etc., nous ne pouvons pas passer notre temps, nous, les élus à donner des leçons de morale et à demander aux autorités policières et judiciaires de poursuivre tous ceux qui ne respectent les règles et ne pas les appliquer à l'égard d'un militaire qui les a enfreintes. Voilà pourquoi je soutiens de toutes mes forces, bien évidemment, le Premier ministre qui a fait les menaces nécessaires pour que les sanctions les plus exemplaires soient prononcées. Non seulement c'est la biodiversité, c'est la nature, mais c'est aussi des hommes et des habitations qui étaient menacés.
Il y a eu un précédent, en 2008, dans le Var. Il y a un problème avec l'armée ?
Ce n'est pas un problème avec l'armée. L'armée française est faite d'hommes et de femmes qui sont de grands professionnels. Mais que ce soit dans l'armée, que ce soit parmi les hommes politiques, que ce soit parmi les magistrats, que ce soit parmi les policiers, les médecins les journalistes, quand on ne se comporte pas conformément aux règles de la République, on est un citoyen comme les autres, et c'est normal que l'on subisse les conséquences de ses erreurs.
Qui va payer les dégâts ?
Malheureusement,c'est la collectivité, c'est l'Etat, puisque un militaire est en cause, et un militaire, c'est l'Etat.
De l'incendie de forêt à l'incendie social, il y a une transition facile. Les conséquences de la crise : les salariés de New Fabris ne lâchent pas la pression, on les a entendus tout à l'heure. Ils maintiennent leur ultimatum au 31 juillet. Les bonbonnes de gaz sont prêtes à ressortir. Que dites-vous ce matin aux salariés de New Fabris ?
Ce que j'ai entendu tout à l'heure, c'est qu'on remerciait l'action qui était celle de mon ministère, la mienne, parce qu'il avait une véritable ouverture - "porte ouverte" j'ai entendu - et un appel à l'apaisement. Et moi, je salue le comportement, là aussi comme dans d'autres entreprises au cours des jours écoulés que j'ai rencontrées, et qui rentrent dans une phase constructive de dialogue social, celle à laquelle j'appelle - parce que la menace est une impasse - là où il y a encore quelques jours de cela, ils proféraient des menaces lourdes. Je le dis, l'ultimatum du 31 juillet reste pour moi tout à fait inacceptable. Mais en même temps, je sens que jour après jour, les propositions concrètes que j'ai faites leur permettent de mesurer que le Gouvernement est très ouvert. Je veux du dialogue, je veux la recherche du compromis. Nous avons fait des propositions très intéressantes. On ne dit pas suffisamment que deux tiers des salariés de New Fabris ont déjà signé, pour 236 d'entre eux sur 366, le contrat de transition professionnelle : 95 % de leur salaire garanti pendant un an, une prime de 17.500 euros et en plus, conformément à mon engagement, alors que ce n'est pas mon rôle, j'ai fait pression, j'ai engagé une discussion avec les constructeurs automobiles, PSA Et Renault, pour leur dire "il y a des outils qui peuvent être utiles pour le constructeur. Vous avez fait appel pendant des années à cette entreprise pour assurer la sous-traitance de votre industrie. Il est normal que vous apportiez votre contribution". On a réussi à ce qu'ils reprennent 4 millions de stocks et d'outillage. Et ces 4 millions, j'ai souhaité qu'ils reviennent intégralement aux salariés de New Fabris, parce que ça leur est dû. Cela fait 11.000 euros. 17.500 de prime légale, retenez ce chiffre, plus 11.000 euros, cela fait 28.500 euros en moyenne.
Vous avez l'impression que les salariés se transforment en chasseurs de primes ?
C'est bien pour cela que je ne veux pas rentrer dans ce jeu, et je le dis. La menace est une impasse, on voit bien que chacun commence à le comprendre. Je remercie d'ailleurs les responsables nationaux des grandes centrales syndicales, notamment la CGT qui, hier, a déploré la menace d'explosion d'usine par des salariés. Il y a d'autres entreprises, je pense par exemple à la papeterie Malaucène dans le Vaucluse, qui elle-même dit, "ce qui compte, ce n'est pas la prime, c'est le retour à l'emploi". Moi, je veux redonner à chaque salarié sa dignité par l'emploi et j'y mettrai toute mon énergie.
Les semaines qui viennent risquent d'être difficiles. L'équipementier en télécom, Alcatel-Lucent, hier, confirmait la suppression de 850 emplois et l'externalisation de 150 autres. Quatrième plan social en trois ans. Vous ne craignez pas d'être le ministre des plans sociaux ?
Je veux être à la fois le ministre qui va essayer d'être le meilleur pompier possible. Mais en même temps, ne doutez pas un seul instant que je ferai tout pour être un architecte de l'innovation de la sortie de crise pour faire dans les secteurs stratégiques de la France un champion du monde, parce qu'il faut penser à la crise et il faut sauver les entreprises qui peuvent être sauvées et penser, en matière de recherche, de développement et d'innovation, à être les meilleurs aussi à la sortie. Et j'investirai tous les moyens nécessaires. Et c'est pour cela que concernant Alcatel, vous avez raison de poser cette question : je suis un peu intrigué, je suis un peu surpris. Je ne comprends pas que l'on puisse dire, alors qu'il y a des savoir-faire chez ces salariés, qui sont extraordinaires, ce qui me permet de dire que je ne suis pas que le ministre de l'Industrie : je veux que les ouvriers sachent que je suis leur ministre. Je suis le ministre des ouvriers. C'est pourquoi je vais demander aujourd'hui au responsable d'Alcatel de m'expliquer pourquoi on veut externaliser.
P. Camus le dit dans Le Figaro, il dit qu'il y va du leadership de son groupe et de sa compétitivité.
Eh bien moi, je ne pense qu'au leadership de la France. La France a beaucoup mis sur Alcatel en matière de recherche et développement, en les prenant dans des pôles de compétitivité, en mettant du crédit impôt-recherche. Et donc, aujourd'hui, j'aurai une conversation avec les responsables d'Alcatel-Lucent. Je prendrai contact avec les salariés. Je veux qu'ils sachent que je veux être à leur écoute comme je suis à l'écoute de tous les autres. Et je leur proposerai d'ailleurs, que ce soit en me rendant que un site comme celui de Vélizy lundi prochain, ou en les recevant à mon ministère, comme ils préfèrent. Mais je veux leur dire que je suis aussi à leurs côtés pour tout comprendre. Je ne comprendrai pas pourquoi on enlèverait des emplois en France, avec la plus-value, la valeur ajoutée des savoir-faire, que ce sont celles de nos chercheurs, nos ingénieurs, de nos techniciens, de nos ouvriers, pour les confier à d'autres centres et d'autres laboratoires à l'étranger, dans un domaine de télécommunication où la France doit rester un leader mondial.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 juillet 2009