Texte intégral
A. Caron.- Vous rencontrerez demain les salariés de New Fabris, ils réclament toujours 30.000 euros d'indemnités par salarié licencié. Qu'allez-vous concrètement leur proposer ?
D'abord, il faut savoir qu'il s'agit d'une entreprise privée et pas d'une entreprise publique, et que dans cette affaire, je ne propose que d'être un facilitateur qui permette aux salariés de trouver une issue, et surtout une dignité par le travail, une solution la plus favorable possible, pour eux-mêmes et pour leurs familles. Je ne cesse de le répéter, derrière un plan, derrière des mesures et des contraintes économiques, derrière les chiffres, il y d'abord des hommes, des femmes, des ouvriers et des familles. Et pour moi cette dimension humaine compte avant le reste. Si on se parle demain d'abord, je tiens à le rappeler, c'est que le fait que j'ai été ferme en disant "oui à la discussion sans menaces" fait que pour l'instant on n'ait pas eu à déplorer de drame. Ensuite, je préfère toujours privilégier la conversation et l'échange à la voie sans issue de la violence. Sur cette base, les salariés de New Fabris, en tout cas pour une partie d'entre eux, parce que je vais recevoir l'ensemble des représentants syndicaux issus de plusieurs formations syndicales, et tous ne sont pas du même avis et n'ont pas la même position, il faut le savoir aussi. Il y a ceux qui exigent une prime de 30.000 euros ; il y a ceux qui souhaitent peut-être un juste équilibre, entre une part de prime, une part d'aide à l'accompagnement à la reformation professionnelle, sachant que, pour moi l'intérêt c'est de ne pas laisser un bassin d'emplois sinistré, et que j'étudie toutes les pistes de sa revitalisation et de retour à l'emploi, parce que le retour à l'emploi, c'est pour moi beaucoup plus de dignité que le seul départ avec une prime.
Avec des contrats de transition professionnelle, on va peut-être en parler. Mais pour ce qui concerne cette prime, les salariés, les syndicats réclament que l'Etat fasse pression sur PSA et Renault pour que cette prime leur soit versée ?
Pour que chacun comprenne : d'abord, il y a eu une décision du tribunal de commerce. C'est une entreprise donc qui fait l'objet d'une liquidation, qui a cessé toute activité, donc l'entreprise New Fabris n'aura plus ou n'a plus d'activité aujourd'hui. A partir de là, le contrat de transition professionnelle offre l'opportunité de pouvoir pendant une année entière toucher 90 % de son salaire...
Les salariés disent qu'ils ne sont pas forcément très satisfaits de cette offre, parce que ça les emmène loin de chez eux, ça les emmène dans des régions où il n'y a pas forcément beaucoup de travail, c'est ce qu'ils disent en tout cas.
C'est pour cela que je veux discuter et vous savez, je les reçois demain mais je suis prêt à les recevoir après-demain, et après après-demain, la semaine prochaine, comme je l'ai fait avec Nortel, où permettez-moi de vous dire que nous sommes allés loin dans les discussions cette nuit, vous en avez la primeur. L'administrateur judiciaire anglais est enfin tombé quasiment d'accord avec les salariés, et je...
Parce que dans le Parisien, ce matin, les salariés de Nortel disent encore qu'ils n'étaient pas satisfaits.
Oui, mais le Parisien a bouclé hier soir, nous avons eu une discussion...
Absolument, donc ça veut dire qu'il y a eu des avancées cette nuit ?
Oui, cette nuit nous avons eu des avancées importantes de la part de l'administrateur judiciaire anglais, et donc j'ai bon espoir que d'ici à la fin de la matinée nous arrivions à un dénouement, et je veux rendre hommage au sens des responsabilités des salariés qui ont fait un travail formidable dans cette négociation. Et j'ai été heureux de pouvoir soutenir leur démarche. Et avec New Fabris. Je veux dire aux salariés qu'il en sera de même, je veux qu'on privilégie le dialogue, et donc je comprends la préoccupation, à la fois, de la prime, mais la prime, dans deux ans, quand on aura consommé la prime, quand on aura fait des emprunts, quel sera l'avenir de chacun, de leurs familles ? Je veux aborder tous les problèmes. Le juste équilibre...
Est-ce que l'Etat peut faire pression sur PSA et Renault pour que, éventuellement ces entreprises versent les millions ?
Le tribunal de commerce a évalué un stock : 2,4 millions, et une évaluation du tribunal de commerce, l'Etat ne peut pas revenir dessus, c'est une chose. Et à côté de l'évaluation du stock, effectivement, il y a du matériel, il y a de l'outillage, il y a des chaînes de montage, et là j'ai engagé la discussion avec PSA et avec Renault pour leur demander de faire un effort complémentaire qui pourrait nous permettre de trouver un juste équilibre entre la prime...
On arrivera à combien à peu près ?
...Je suis dans la discussion, ne me demandez pas de vous donner le résultat de la discussion avant même que celle-ci ne se soit achevée. A chaque jour suffit sa peine. Pour le moment, on a enlevé des menaces, on discute avec les salariés. D'autre part, j'essaie d'obtenir de PSA et de Renault que, quelque part, il y ait une part de rachat des outils, ce qui nous permettrait de grossir l'évaluation faite par le tribunal de commerce.
De quelques milliers d'euros peut-être ?
Oui, mais si nous arrivons à un juste équilibre, parce que je ne veux pas privilégier la prime. Ca me permet de dire quand même...
Est-ce que l'Etat, excusez-moi, peut abandonner ses créances vis-à-vis de l'entreprise, c'est ce que réclament certains salariés ce matin ?
Vous ne pouvez pas me demander de venir chez vous ce matin, et de ne parler que de prime, je suis désolé ! La prime, c'est une impasse.
Je me contente de relayer aujourd'hui les demandes des ouvriers.
Oui, mais vous n'êtes pas leur négociateur, d'accord ?
Absolument, je pose juste une question que peuvent aussi se poser les auditeurs.
Donc, je suis là pour discuter et pour faire comprendre une chose : c'est que dans notre pays, si on se lance simplement sur la discussion à la prime, la prime est une impasse, parce qu'au terme de la prime, il n'y a plus de boulot, et il y a des territoires totalement dévitalisés, et sans activité ! Et qu'est-ce qu'elles vont devenir les familles ? Où elles vont déménager, et ce sont des territoires qui vont perdre de l'attractivité et qui n'auront plus d'avenir. Et en même temps, des familles qui n'auront plus d'emploi ! Et ce que je veux, c'est trouver le juste équilibre entre la prime, qui est légitime et juste, selon les situations, et la capacité que nous pouvons donner à chaque salarié de retrouver demain sa dignité par l'emploi. Et donc, ce sont ces deux pistes que je veux travailler, et sur la base desquelles je veux discuter avec les salariés.
Nortel, New Fabris, après les séquestrations de patrons, le nouveau moyen trouvé par les salariés pour se faire entendre c'est la menace de faire exploser l'usine. Comment expliquez-vous que des ouvriers soient obligés d'en venir à de telle extrémité ?
Non, la menace ça ne marche pas ! La preuve...
Oui, chaque fois vous dites effectivement je ne discuterai uniquement si les bonbonnes sont enlevées, etc.
La preuve c'est que si je discute, c'est parce que la menace a été levée.
Ca attire quand même votre attention ?
Si on fait sauter l'entreprise, ça ne relève plus de ma compétence, ça relève de la compétence du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux.
Vous auriez donc discuté, même s'il n'y avait pas eu ces menaces ?
Donc, je pense que chacun a intérêt à ce que, jusqu'au bout, ça relève de la compétence du ministre de l'Industrie et pas du ministre de l'Intérieur ou du garde des Sceaux.
Ca veut donc dire que, même si il n'y avait pas eu cette crise, ces menaces, vous auriez discuté de la même manière avec ces salariés ?
Bien évidemment, c'est d'ailleurs ce que je fais avec un grand nombre d'entreprises. Tenez, parlons de Molex aujourd'hui où j'ai abordé la discussion dans le Sud-Ouest, et où j'ai bon espoir, et où dans la journée j'aurai des choses à dire sur le sujet, il n'y a eu aucune menace, et c'est une discussion que j'ai abordée depuis plusieurs semaines avec les leaders syndicaux dans notre pays. Je pourrais vous citer, la liste est longue, un certain nombre d'entreprises avec lesquelles le sujet a été abordé, plus généralement dans l'industrie d'ailleurs. Je recevrai demain avec C. Lagarde, les patrons de PSA et de Peugeot pour évoquer l'avenir du pacte automobile, parce que je veux dire à cette occasion que dans ce domaine, j'ai une certaine inquiétude pour la rentrée notamment au sujet des équipementiers et des sous-traitants. Je veux m'assurer que le pacte automobile ce n'est pas que pour les constructeurs automobiles. La majorité des emplois dans l'industrie automobile dans notre pays vient d'abord des sous-traitants et des équipementiers, et je veux m'assurer d'une juste répartition de l'effort que nous faisons entre les constructeurs et les équipementiers, les sous-traitants, et je veux savoir quel est l'effort de solidarité que font les responsables de la construction automobile.
Il y a d'autres entreprises du secteur automobile qui se retrouvent à la sellette : à Châtellerault, Valeo par exemple. Il se murmure dans la région qu'il pourrait y avoir d'autres plans sociaux dans les mois à venir. Est-ce que vous en savez quelque chose ?
C'est une réalité qu'il ne faut cacher à personne : il y a une crise dans le secteur automobile. La prime à la casse nous a permis jusqu'à présent d'avoir une relance qui est une réalité et une reprise de la vente automobile. Nous devons d'ailleurs, à partir du 1er janvier 2010, poursuivre la prime à la casse, même si nous allons devoir progressivement...
Justement, quelles sont les modalités de l'arrêt de la prime à la casse ?
Les modalités, c'est qu'il n'y a pas d'arrêt brutal, c'est clair. Le Gouvernement en a décidé ainsi et c'est fort de notre expérience passée, avec les "balladurettes", avec les "juppettes", que nous avons maintenant le recul nécessaire pour pouvoir dire : ne commettons pas l'erreur qu'il y ait un arrêt brutal. Elle était prévue jusqu'au 31 décembre 2009 ; je le dis, à partir du 1er janvier 2010, elle continuera. En fonction de la crise, de la situation économique, d'une reprise ou pas, nous la régulerons progressivement à la baisse, mais en tout cas, il n'y aura pas d'arrêt brutal.
Il nous reste une minute pour une question sur la grippe A, cela va peut-être vous surprendre mais le 5 mai dernier, en prévision d'une éventuelle épidémie de grippe A à l'automne, une cellule de continuité économique a été installée, une cellule qui implique le ministère de l'Industrie. D'abord, est-ce que vous croyez au scénario alarmiste qui prévoit que la grippe A pourrait toucher 25 à 50 % de la population, et surtout que cela pourrait donc avoir une influence sur les industries françaises ?
D'abord, il faut aujourd'hui rassurer la population en disant que le Gouvernement a parfaitement pris en main ce dossier sanitaire lourd. Je comprends qu'on soit inquiet, mais on voit que la grippe A se traite dans de bonnes conditions avant même que nous ayons le vaccin. D'autre part, des vaccins ont été commandés et seront mis à disposition de tout un chacun dans le courant de l'automne. Bien évidemment, nous avons à nous organiser au plan sanitaire pour faire face à cette situation, et on y fera face. Le Gouvernement a pris toutes les mesures, département par département, avec une organisation parfaitement hiérarchisée et, bien évidemment, en même temps, veillé à ce que cela ne déséquilibre pas notre activité économique et sociale.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 juillet 2009
D'abord, il faut savoir qu'il s'agit d'une entreprise privée et pas d'une entreprise publique, et que dans cette affaire, je ne propose que d'être un facilitateur qui permette aux salariés de trouver une issue, et surtout une dignité par le travail, une solution la plus favorable possible, pour eux-mêmes et pour leurs familles. Je ne cesse de le répéter, derrière un plan, derrière des mesures et des contraintes économiques, derrière les chiffres, il y d'abord des hommes, des femmes, des ouvriers et des familles. Et pour moi cette dimension humaine compte avant le reste. Si on se parle demain d'abord, je tiens à le rappeler, c'est que le fait que j'ai été ferme en disant "oui à la discussion sans menaces" fait que pour l'instant on n'ait pas eu à déplorer de drame. Ensuite, je préfère toujours privilégier la conversation et l'échange à la voie sans issue de la violence. Sur cette base, les salariés de New Fabris, en tout cas pour une partie d'entre eux, parce que je vais recevoir l'ensemble des représentants syndicaux issus de plusieurs formations syndicales, et tous ne sont pas du même avis et n'ont pas la même position, il faut le savoir aussi. Il y a ceux qui exigent une prime de 30.000 euros ; il y a ceux qui souhaitent peut-être un juste équilibre, entre une part de prime, une part d'aide à l'accompagnement à la reformation professionnelle, sachant que, pour moi l'intérêt c'est de ne pas laisser un bassin d'emplois sinistré, et que j'étudie toutes les pistes de sa revitalisation et de retour à l'emploi, parce que le retour à l'emploi, c'est pour moi beaucoup plus de dignité que le seul départ avec une prime.
Avec des contrats de transition professionnelle, on va peut-être en parler. Mais pour ce qui concerne cette prime, les salariés, les syndicats réclament que l'Etat fasse pression sur PSA et Renault pour que cette prime leur soit versée ?
Pour que chacun comprenne : d'abord, il y a eu une décision du tribunal de commerce. C'est une entreprise donc qui fait l'objet d'une liquidation, qui a cessé toute activité, donc l'entreprise New Fabris n'aura plus ou n'a plus d'activité aujourd'hui. A partir de là, le contrat de transition professionnelle offre l'opportunité de pouvoir pendant une année entière toucher 90 % de son salaire...
Les salariés disent qu'ils ne sont pas forcément très satisfaits de cette offre, parce que ça les emmène loin de chez eux, ça les emmène dans des régions où il n'y a pas forcément beaucoup de travail, c'est ce qu'ils disent en tout cas.
C'est pour cela que je veux discuter et vous savez, je les reçois demain mais je suis prêt à les recevoir après-demain, et après après-demain, la semaine prochaine, comme je l'ai fait avec Nortel, où permettez-moi de vous dire que nous sommes allés loin dans les discussions cette nuit, vous en avez la primeur. L'administrateur judiciaire anglais est enfin tombé quasiment d'accord avec les salariés, et je...
Parce que dans le Parisien, ce matin, les salariés de Nortel disent encore qu'ils n'étaient pas satisfaits.
Oui, mais le Parisien a bouclé hier soir, nous avons eu une discussion...
Absolument, donc ça veut dire qu'il y a eu des avancées cette nuit ?
Oui, cette nuit nous avons eu des avancées importantes de la part de l'administrateur judiciaire anglais, et donc j'ai bon espoir que d'ici à la fin de la matinée nous arrivions à un dénouement, et je veux rendre hommage au sens des responsabilités des salariés qui ont fait un travail formidable dans cette négociation. Et j'ai été heureux de pouvoir soutenir leur démarche. Et avec New Fabris. Je veux dire aux salariés qu'il en sera de même, je veux qu'on privilégie le dialogue, et donc je comprends la préoccupation, à la fois, de la prime, mais la prime, dans deux ans, quand on aura consommé la prime, quand on aura fait des emprunts, quel sera l'avenir de chacun, de leurs familles ? Je veux aborder tous les problèmes. Le juste équilibre...
Est-ce que l'Etat peut faire pression sur PSA et Renault pour que, éventuellement ces entreprises versent les millions ?
Le tribunal de commerce a évalué un stock : 2,4 millions, et une évaluation du tribunal de commerce, l'Etat ne peut pas revenir dessus, c'est une chose. Et à côté de l'évaluation du stock, effectivement, il y a du matériel, il y a de l'outillage, il y a des chaînes de montage, et là j'ai engagé la discussion avec PSA et avec Renault pour leur demander de faire un effort complémentaire qui pourrait nous permettre de trouver un juste équilibre entre la prime...
On arrivera à combien à peu près ?
...Je suis dans la discussion, ne me demandez pas de vous donner le résultat de la discussion avant même que celle-ci ne se soit achevée. A chaque jour suffit sa peine. Pour le moment, on a enlevé des menaces, on discute avec les salariés. D'autre part, j'essaie d'obtenir de PSA et de Renault que, quelque part, il y ait une part de rachat des outils, ce qui nous permettrait de grossir l'évaluation faite par le tribunal de commerce.
De quelques milliers d'euros peut-être ?
Oui, mais si nous arrivons à un juste équilibre, parce que je ne veux pas privilégier la prime. Ca me permet de dire quand même...
Est-ce que l'Etat, excusez-moi, peut abandonner ses créances vis-à-vis de l'entreprise, c'est ce que réclament certains salariés ce matin ?
Vous ne pouvez pas me demander de venir chez vous ce matin, et de ne parler que de prime, je suis désolé ! La prime, c'est une impasse.
Je me contente de relayer aujourd'hui les demandes des ouvriers.
Oui, mais vous n'êtes pas leur négociateur, d'accord ?
Absolument, je pose juste une question que peuvent aussi se poser les auditeurs.
Donc, je suis là pour discuter et pour faire comprendre une chose : c'est que dans notre pays, si on se lance simplement sur la discussion à la prime, la prime est une impasse, parce qu'au terme de la prime, il n'y a plus de boulot, et il y a des territoires totalement dévitalisés, et sans activité ! Et qu'est-ce qu'elles vont devenir les familles ? Où elles vont déménager, et ce sont des territoires qui vont perdre de l'attractivité et qui n'auront plus d'avenir. Et en même temps, des familles qui n'auront plus d'emploi ! Et ce que je veux, c'est trouver le juste équilibre entre la prime, qui est légitime et juste, selon les situations, et la capacité que nous pouvons donner à chaque salarié de retrouver demain sa dignité par l'emploi. Et donc, ce sont ces deux pistes que je veux travailler, et sur la base desquelles je veux discuter avec les salariés.
Nortel, New Fabris, après les séquestrations de patrons, le nouveau moyen trouvé par les salariés pour se faire entendre c'est la menace de faire exploser l'usine. Comment expliquez-vous que des ouvriers soient obligés d'en venir à de telle extrémité ?
Non, la menace ça ne marche pas ! La preuve...
Oui, chaque fois vous dites effectivement je ne discuterai uniquement si les bonbonnes sont enlevées, etc.
La preuve c'est que si je discute, c'est parce que la menace a été levée.
Ca attire quand même votre attention ?
Si on fait sauter l'entreprise, ça ne relève plus de ma compétence, ça relève de la compétence du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux.
Vous auriez donc discuté, même s'il n'y avait pas eu ces menaces ?
Donc, je pense que chacun a intérêt à ce que, jusqu'au bout, ça relève de la compétence du ministre de l'Industrie et pas du ministre de l'Intérieur ou du garde des Sceaux.
Ca veut donc dire que, même si il n'y avait pas eu cette crise, ces menaces, vous auriez discuté de la même manière avec ces salariés ?
Bien évidemment, c'est d'ailleurs ce que je fais avec un grand nombre d'entreprises. Tenez, parlons de Molex aujourd'hui où j'ai abordé la discussion dans le Sud-Ouest, et où j'ai bon espoir, et où dans la journée j'aurai des choses à dire sur le sujet, il n'y a eu aucune menace, et c'est une discussion que j'ai abordée depuis plusieurs semaines avec les leaders syndicaux dans notre pays. Je pourrais vous citer, la liste est longue, un certain nombre d'entreprises avec lesquelles le sujet a été abordé, plus généralement dans l'industrie d'ailleurs. Je recevrai demain avec C. Lagarde, les patrons de PSA et de Peugeot pour évoquer l'avenir du pacte automobile, parce que je veux dire à cette occasion que dans ce domaine, j'ai une certaine inquiétude pour la rentrée notamment au sujet des équipementiers et des sous-traitants. Je veux m'assurer que le pacte automobile ce n'est pas que pour les constructeurs automobiles. La majorité des emplois dans l'industrie automobile dans notre pays vient d'abord des sous-traitants et des équipementiers, et je veux m'assurer d'une juste répartition de l'effort que nous faisons entre les constructeurs et les équipementiers, les sous-traitants, et je veux savoir quel est l'effort de solidarité que font les responsables de la construction automobile.
Il y a d'autres entreprises du secteur automobile qui se retrouvent à la sellette : à Châtellerault, Valeo par exemple. Il se murmure dans la région qu'il pourrait y avoir d'autres plans sociaux dans les mois à venir. Est-ce que vous en savez quelque chose ?
C'est une réalité qu'il ne faut cacher à personne : il y a une crise dans le secteur automobile. La prime à la casse nous a permis jusqu'à présent d'avoir une relance qui est une réalité et une reprise de la vente automobile. Nous devons d'ailleurs, à partir du 1er janvier 2010, poursuivre la prime à la casse, même si nous allons devoir progressivement...
Justement, quelles sont les modalités de l'arrêt de la prime à la casse ?
Les modalités, c'est qu'il n'y a pas d'arrêt brutal, c'est clair. Le Gouvernement en a décidé ainsi et c'est fort de notre expérience passée, avec les "balladurettes", avec les "juppettes", que nous avons maintenant le recul nécessaire pour pouvoir dire : ne commettons pas l'erreur qu'il y ait un arrêt brutal. Elle était prévue jusqu'au 31 décembre 2009 ; je le dis, à partir du 1er janvier 2010, elle continuera. En fonction de la crise, de la situation économique, d'une reprise ou pas, nous la régulerons progressivement à la baisse, mais en tout cas, il n'y aura pas d'arrêt brutal.
Il nous reste une minute pour une question sur la grippe A, cela va peut-être vous surprendre mais le 5 mai dernier, en prévision d'une éventuelle épidémie de grippe A à l'automne, une cellule de continuité économique a été installée, une cellule qui implique le ministère de l'Industrie. D'abord, est-ce que vous croyez au scénario alarmiste qui prévoit que la grippe A pourrait toucher 25 à 50 % de la population, et surtout que cela pourrait donc avoir une influence sur les industries françaises ?
D'abord, il faut aujourd'hui rassurer la population en disant que le Gouvernement a parfaitement pris en main ce dossier sanitaire lourd. Je comprends qu'on soit inquiet, mais on voit que la grippe A se traite dans de bonnes conditions avant même que nous ayons le vaccin. D'autre part, des vaccins ont été commandés et seront mis à disposition de tout un chacun dans le courant de l'automne. Bien évidemment, nous avons à nous organiser au plan sanitaire pour faire face à cette situation, et on y fera face. Le Gouvernement a pris toutes les mesures, département par département, avec une organisation parfaitement hiérarchisée et, bien évidemment, en même temps, veillé à ce que cela ne déséquilibre pas notre activité économique et sociale.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 juillet 2009