Texte intégral
P. Weill.- La taxe carbone, elle sera strictement compensée, a dit hier J.-L. Borloo, le ministre du Développement durable. Vous êtes d'accord ?
D'abord, elle ne s'appelle pas la taxe carbone. Et puis, en plus, elle n'a pas encore commencé, donc c'est le début d'un débat. Le projet, c'est plutôt de parler d'une contribution climat-énergie.
On joue sur les mots là !
Non, on ne joue pas sur les mots, c'est très important. Le principe qu'avait fixé le président de la République lorsqu'il a confié cette mission d'exploration à M. Rocard, c'est : prélèvement obligatoire constant. C'est-à-dire que si on crée une contribution, il faut que, en parallèle, il y ait autre chose qui baisse à côté pour qu'on soit bien à prélèvement obligatoire constant. Donc sur ce principe-là, évidemment qu'on est d'accord.
Parce que le ministre du Budget, votre collègue, E. Woerth, est hostile - il l'a dit - à l'idée de signer des chèques pour l'ensemble des ménages.
Oui, ce n'est pas du tout la même chose. Ce qu'on dit d'une part, c'est qu'une contribution climat-énergie, c'est indispensable pour qu'on change nos comportements, pour qu'on donne un signal prix très fort et que, graduellement, on s'oriente vers de l'énergie plus propre, vers des énergies renouvelables, vers des comportements tout simplement différents. Première étape. Deuxième étape du raisonnement : il faut que ce soit à prélèvement obligatoire constant donc il ne faut pas qu'il y ait une augmentation nette des prélèvements sur les ménages et les entreprises, en gros, sur l'économie française.
Vous n'êtes pas tentée, quand même, d'utiliser l'argent collecté par cette taxe carbone pour combler les déficits de l'Etat ?
Pour que ce soit efficace sur le plan économique, parce que c'est véritablement efficace de se transporter, en quelque sorte, vers une économie plus verte, une économie plus durable, il faut - je l'ai dit - qu'on change nos comportements d'une part, et que si l'on crée cette contribution destinée à changer les comportements, en parallèle, on diminue autre chose qui, économiquement n'a pas beaucoup de sens. Alors, on peut penser à beaucoup de choses, on peut penser à des taxes sur les entreprises, on peut penser aux charges sociales, on peut penser... Il y a de multiples utilisations en face qu'il faut mettre pour que le principe de l'équilibre des prélèvements obligatoires soit maintenu.
J.-L. Borloo a dit que cette taxe carbone, c'est bon pour le pouvoir d'achat des ménages. On a du mal à comprendre quand même, c'est un impôt nouveau ?!
C'est un vrai changement qui est envisagé. Je crois qu'il ne faut pas se précipiter sur des formules, sur des commentaires un peu polémiques, etc. Il faut commencer un grand débat. Le Premier ministre l'a proposé. Et je suis sûre que dans les mois qui viennent, avec les parlementaires, avec l'ensemble des parties concernées, on va pouvoir avoir cette discussion. Il faut qu'on comprenne tous qu'on a intérêt à une modification de la base fiscale. Mais à prélèvement obligatoire constant, je le répète.
Oui, mais si on redistribue la taxe, elle n'est pas dissuasive pour polluer moins.
C'est pour ça que ce doit être fait de manière intelligente. Dès lors qu'on lève une contribution climat-énergie, il faut qu'en parallèle, il y ait autre chose qui baisse en face pour qu'on maintienne les deux plateaux de la balance en équilibre.
Alors, si c'est N. Sarkozy qui va prendre la décision finale, supposons que vous êtes face à N. Sarkozy, qu'est-ce que vous lui proposez ?
C'est trop tôt. Vous essayez toujours de mettre la charrue avec les boeufs. Il y a une réflexion qui a été engagée, M. Rocard nous a remis à J.-L. Borloo et à moi-même son rapport hier. Première observation : il y a un vrai consensus, tous sont unanimes pour dire qu'il faut créer cette contribution climat-énergie parce qu'il faut changer les comportements. Deuxième série de propositions : il faut qu'il y ait une compensation, c'est-à-dire qu'il faut que dès lors qu'on monte un impôt quelque part, on le descende ailleurs. Là, les pistes sont ouvertes. Et troisième étape : il faut que maintenant, le débat s'engage, puisqu'on a un certain nombre d'experts qui ont proposé des conclusions.
Je voulais connaître votre opinion, pour l'instant, vous n'en avez pas encore ?
Si, mon opinion, c'est qu'on doit avancer vers une contribution climaténergie, qui doit nous aider à modifier nos comportements, que cela doit se faire à prélèvement obligatoire constant, et que, il faut que, en face d'un impôt intelligent, on diminue des modes d'imposition qui, eux, sont contraires à l'économie.
Faut-il taxer l'électricité ?
Ça, c'est un grand débat. Grand débat parce que l'électricité aujourd'hui, en France, c'est à plus de 80 % de l'énergie qui est produite, soit par mode nucléaire, à base d'uranium, soit par des centrales hydrauliques. Et il n'y a que les pics d'électricité, au moment où on consomme énormément d'électricité tous ensemble, qui est fournie par, par exemple, des centrales à charbon. Et ce sont ces pics-là qui sont évidemment de l'électricité carbonée, en quelque sorte.
Donc il faut le mettre à la taxe carbone...
Non, pas forcément. Il y a plusieurs pistes qui sont explorées, et j'en parlais hier avec M. Rocard, quand il nous a remis son rapport. Lui réfléchit aussi à d'autres hypothèses, qui consisteraient à augmenter la tarification à ces moments de pics de consommation, pour nous dissuader de tous, en même temps, augmenter très fortement les volumes. Il faut réfléchir à ces pistes-là. La grande orientation, c'est modifier nos comportements.
Alors, à ce propos, Les Echos annoncent aujourd'hui une hausse des tarifs de l'électricité au mois d'août, mi-août, 1,9 % pour les ménages, 4 % pour les PME, 5 % pour les grandes entreprises. Madame Lagarde, vous confirmez ?
Cela fait partie des multiples rumeurs qui circulent sur les tarifs de l'électricité. Un petit rappel sur la procédure : c'est J.-L. Borloo et moi-même qui soumettons une proposition à la CRE - la Commission de régulation de l'énergie - qui, ensuite, avec son avis, revient vers nous, et on propose au Premier ministre et au président de la République une augmentation...
Vous avez proposé quoi ?
C'est encore trop tôt. Mais je vous fais observer deux choses, pour que les Français continuent à payer entre 15 et 30 % moins cher leur électricité que dans les autres pays d'Europe, il faut qu'on ait un parc nucléaire qui soit rénové, que la durée de vie de nos centrales soit prolongée. Cela veut dire des investissements, cela veut dire des coûts pour EDF, cela veut dire forcément des augmentations de tarifs, et je l'ai dit. Mais le Gouvernement est extrêmement attentif à ce que ces augmentations de tarifs soient minimales, qu'on fasse au plus serré. Donc monsieur Gadonneix avait parlé de 20 %, souvenez-vous, là, Les Echos mentionnent 1,9%...
Et vous ?
On est dans un rapport de 1 à 10, on verra. Je pense qu'on est un peu dans des eaux qui sont quand même beaucoup plus raisonnables.
On sera fixé quand ?
A la mi-août.
Justement, vous évoquiez le cas de P. Gadonneix, qui voulait 20 % de hausse. Il y a eu une sévère polémique. Il sera remercié en novembre pour avoir lancé ce chiffre qui a créé la colère ?
Premièrement, ce n'est pas une décision qui m'appartient. Deuxièmement, il ne faut pas mélanger l'opérationnel avec la gestion des personnes.
En plein mois de juillet, au Conseil des ministres, le changement de statut de La poste, ce sera ce matin, elle sera une société anonyme en 2010. "C'est la liquidation du service public", disent les syndicats. Votre réponse ?
Mais pas du tout, pas du tout ! Qu'est-ce qu'on fait ? On maintient précisément le service public universel de La Poste. On maintient tous les points de contact de La Poste, on maintient le courrier délivré tous les jours, six jours sur sept. On maintient le tarif du timbre poste, le même partout en France. On maintient le statut du personnel, qu'il s'agisse des fonctionnaires ou des contractuels. Et on assure ce fonctionnement en garantissant que c'est La Poste qui fournira ce service universel pendant les quinze prochaines années. On n'est pas en train de liquider. Par ailleurs, j'ajoute qu'on prévoit que l'actionnariat sera 100 % public. Alors, vous savez, liquider La Poste, cela me paraît vraiment bien hâtive comme conclusion et totalement contraire à ce que nous souhaitons faire, parce que nous sommes très attachés à La Poste.
Les syndicats évoquent le précédent de France Télécom, souvenez-vous, France Télécom...
Non, ça, ça n'a rien à voir. Le service postal universel, la garantie du statut des fonctionnaires et des contractuels, le timbre poste au même prix pour tout le monde, et tous les points de contact maintenus sur tout le territoire avec un service postal pour les Français six jours sur sept, désolée, mais ça, c'est du service public.
La baisse du chômage en juin : le nombre des demandeurs d'emploi a reculé de 18.600. "chiffre en trompe-l'oeil", disent certains experts, à cause des cessations d'inscriptions par défaut d'actualisation. Qu'est-ce que vous répondez à ces propos ?
Je réponds que depuis douze mois, c'est la première fois que le chômage baisse, premièrement. Deuxièmement, je note que ce sont les jeunes qui en bénéficient le plus. Troisièmement, nous avons lancé de multiples mesures pour soutenir précisément l'emploi des jeunes, plus 320.000 apprentis à compter du 1er juin, une prime de 1.000 euros à ceux qui embauchent un stagiaire en CDI. Bon, il y a quelques petites choses qui marchent quand même. Et puis, quand on a une bonne nouvelle, c'est vrai qu'on peut essayer de la disséquer pour essayer d'en trouver les mauvais aspects, de dire que ça ne marche pas, que ce n'est pas vraiment ça, etc., mais moi, j'ai décidé, pour une fois - cela ne nous arrive pas si souvent d'avoir des bonnes nouvelles - de m'en réjouir.
Madame Lagarde, sans pratiquer la méthode du bon docteur Emile Coué, à quand un repli du chômage ?
Pas tout de suite. Soyons clairs, la situation économique est toujours difficile, on est extrêmement vigilants et extrêmement attentifs à la fois au financement des entreprises, à la reprise d'activité, à la stimulation par le plan de relance. Mais la situation économique est difficile parce qu'elle est difficile partout dans le monde. Alors, ça frémit un peu, la production industrielle a repris de plus 2,6 %, la consommation tient en France par rapport à d'autres pays, où elle n'a pas encore repris. Bon, pour autant, on n'aura pas des chiffres du chômage qui vont s'améliorer dès que la situation économique s'améliorera, parce qu'on a toujours un décalage entre reprise économique et amélioration durable de la situation de l'emploi. Donc on se prépare - et on le sait très bien, et on s'arme pour cela - à des semaines et à des mois où il faudra gérer au plus serré. C'est pour ça qu'on fait du chômage partiel prolongé, de l'indemnisation supplémentaire, et qu'on essaie d'anticiper au maximum sur le terrain.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 juillet 2009
D'abord, elle ne s'appelle pas la taxe carbone. Et puis, en plus, elle n'a pas encore commencé, donc c'est le début d'un débat. Le projet, c'est plutôt de parler d'une contribution climat-énergie.
On joue sur les mots là !
Non, on ne joue pas sur les mots, c'est très important. Le principe qu'avait fixé le président de la République lorsqu'il a confié cette mission d'exploration à M. Rocard, c'est : prélèvement obligatoire constant. C'est-à-dire que si on crée une contribution, il faut que, en parallèle, il y ait autre chose qui baisse à côté pour qu'on soit bien à prélèvement obligatoire constant. Donc sur ce principe-là, évidemment qu'on est d'accord.
Parce que le ministre du Budget, votre collègue, E. Woerth, est hostile - il l'a dit - à l'idée de signer des chèques pour l'ensemble des ménages.
Oui, ce n'est pas du tout la même chose. Ce qu'on dit d'une part, c'est qu'une contribution climat-énergie, c'est indispensable pour qu'on change nos comportements, pour qu'on donne un signal prix très fort et que, graduellement, on s'oriente vers de l'énergie plus propre, vers des énergies renouvelables, vers des comportements tout simplement différents. Première étape. Deuxième étape du raisonnement : il faut que ce soit à prélèvement obligatoire constant donc il ne faut pas qu'il y ait une augmentation nette des prélèvements sur les ménages et les entreprises, en gros, sur l'économie française.
Vous n'êtes pas tentée, quand même, d'utiliser l'argent collecté par cette taxe carbone pour combler les déficits de l'Etat ?
Pour que ce soit efficace sur le plan économique, parce que c'est véritablement efficace de se transporter, en quelque sorte, vers une économie plus verte, une économie plus durable, il faut - je l'ai dit - qu'on change nos comportements d'une part, et que si l'on crée cette contribution destinée à changer les comportements, en parallèle, on diminue autre chose qui, économiquement n'a pas beaucoup de sens. Alors, on peut penser à beaucoup de choses, on peut penser à des taxes sur les entreprises, on peut penser aux charges sociales, on peut penser... Il y a de multiples utilisations en face qu'il faut mettre pour que le principe de l'équilibre des prélèvements obligatoires soit maintenu.
J.-L. Borloo a dit que cette taxe carbone, c'est bon pour le pouvoir d'achat des ménages. On a du mal à comprendre quand même, c'est un impôt nouveau ?!
C'est un vrai changement qui est envisagé. Je crois qu'il ne faut pas se précipiter sur des formules, sur des commentaires un peu polémiques, etc. Il faut commencer un grand débat. Le Premier ministre l'a proposé. Et je suis sûre que dans les mois qui viennent, avec les parlementaires, avec l'ensemble des parties concernées, on va pouvoir avoir cette discussion. Il faut qu'on comprenne tous qu'on a intérêt à une modification de la base fiscale. Mais à prélèvement obligatoire constant, je le répète.
Oui, mais si on redistribue la taxe, elle n'est pas dissuasive pour polluer moins.
C'est pour ça que ce doit être fait de manière intelligente. Dès lors qu'on lève une contribution climat-énergie, il faut qu'en parallèle, il y ait autre chose qui baisse en face pour qu'on maintienne les deux plateaux de la balance en équilibre.
Alors, si c'est N. Sarkozy qui va prendre la décision finale, supposons que vous êtes face à N. Sarkozy, qu'est-ce que vous lui proposez ?
C'est trop tôt. Vous essayez toujours de mettre la charrue avec les boeufs. Il y a une réflexion qui a été engagée, M. Rocard nous a remis à J.-L. Borloo et à moi-même son rapport hier. Première observation : il y a un vrai consensus, tous sont unanimes pour dire qu'il faut créer cette contribution climat-énergie parce qu'il faut changer les comportements. Deuxième série de propositions : il faut qu'il y ait une compensation, c'est-à-dire qu'il faut que dès lors qu'on monte un impôt quelque part, on le descende ailleurs. Là, les pistes sont ouvertes. Et troisième étape : il faut que maintenant, le débat s'engage, puisqu'on a un certain nombre d'experts qui ont proposé des conclusions.
Je voulais connaître votre opinion, pour l'instant, vous n'en avez pas encore ?
Si, mon opinion, c'est qu'on doit avancer vers une contribution climaténergie, qui doit nous aider à modifier nos comportements, que cela doit se faire à prélèvement obligatoire constant, et que, il faut que, en face d'un impôt intelligent, on diminue des modes d'imposition qui, eux, sont contraires à l'économie.
Faut-il taxer l'électricité ?
Ça, c'est un grand débat. Grand débat parce que l'électricité aujourd'hui, en France, c'est à plus de 80 % de l'énergie qui est produite, soit par mode nucléaire, à base d'uranium, soit par des centrales hydrauliques. Et il n'y a que les pics d'électricité, au moment où on consomme énormément d'électricité tous ensemble, qui est fournie par, par exemple, des centrales à charbon. Et ce sont ces pics-là qui sont évidemment de l'électricité carbonée, en quelque sorte.
Donc il faut le mettre à la taxe carbone...
Non, pas forcément. Il y a plusieurs pistes qui sont explorées, et j'en parlais hier avec M. Rocard, quand il nous a remis son rapport. Lui réfléchit aussi à d'autres hypothèses, qui consisteraient à augmenter la tarification à ces moments de pics de consommation, pour nous dissuader de tous, en même temps, augmenter très fortement les volumes. Il faut réfléchir à ces pistes-là. La grande orientation, c'est modifier nos comportements.
Alors, à ce propos, Les Echos annoncent aujourd'hui une hausse des tarifs de l'électricité au mois d'août, mi-août, 1,9 % pour les ménages, 4 % pour les PME, 5 % pour les grandes entreprises. Madame Lagarde, vous confirmez ?
Cela fait partie des multiples rumeurs qui circulent sur les tarifs de l'électricité. Un petit rappel sur la procédure : c'est J.-L. Borloo et moi-même qui soumettons une proposition à la CRE - la Commission de régulation de l'énergie - qui, ensuite, avec son avis, revient vers nous, et on propose au Premier ministre et au président de la République une augmentation...
Vous avez proposé quoi ?
C'est encore trop tôt. Mais je vous fais observer deux choses, pour que les Français continuent à payer entre 15 et 30 % moins cher leur électricité que dans les autres pays d'Europe, il faut qu'on ait un parc nucléaire qui soit rénové, que la durée de vie de nos centrales soit prolongée. Cela veut dire des investissements, cela veut dire des coûts pour EDF, cela veut dire forcément des augmentations de tarifs, et je l'ai dit. Mais le Gouvernement est extrêmement attentif à ce que ces augmentations de tarifs soient minimales, qu'on fasse au plus serré. Donc monsieur Gadonneix avait parlé de 20 %, souvenez-vous, là, Les Echos mentionnent 1,9%...
Et vous ?
On est dans un rapport de 1 à 10, on verra. Je pense qu'on est un peu dans des eaux qui sont quand même beaucoup plus raisonnables.
On sera fixé quand ?
A la mi-août.
Justement, vous évoquiez le cas de P. Gadonneix, qui voulait 20 % de hausse. Il y a eu une sévère polémique. Il sera remercié en novembre pour avoir lancé ce chiffre qui a créé la colère ?
Premièrement, ce n'est pas une décision qui m'appartient. Deuxièmement, il ne faut pas mélanger l'opérationnel avec la gestion des personnes.
En plein mois de juillet, au Conseil des ministres, le changement de statut de La poste, ce sera ce matin, elle sera une société anonyme en 2010. "C'est la liquidation du service public", disent les syndicats. Votre réponse ?
Mais pas du tout, pas du tout ! Qu'est-ce qu'on fait ? On maintient précisément le service public universel de La Poste. On maintient tous les points de contact de La Poste, on maintient le courrier délivré tous les jours, six jours sur sept. On maintient le tarif du timbre poste, le même partout en France. On maintient le statut du personnel, qu'il s'agisse des fonctionnaires ou des contractuels. Et on assure ce fonctionnement en garantissant que c'est La Poste qui fournira ce service universel pendant les quinze prochaines années. On n'est pas en train de liquider. Par ailleurs, j'ajoute qu'on prévoit que l'actionnariat sera 100 % public. Alors, vous savez, liquider La Poste, cela me paraît vraiment bien hâtive comme conclusion et totalement contraire à ce que nous souhaitons faire, parce que nous sommes très attachés à La Poste.
Les syndicats évoquent le précédent de France Télécom, souvenez-vous, France Télécom...
Non, ça, ça n'a rien à voir. Le service postal universel, la garantie du statut des fonctionnaires et des contractuels, le timbre poste au même prix pour tout le monde, et tous les points de contact maintenus sur tout le territoire avec un service postal pour les Français six jours sur sept, désolée, mais ça, c'est du service public.
La baisse du chômage en juin : le nombre des demandeurs d'emploi a reculé de 18.600. "chiffre en trompe-l'oeil", disent certains experts, à cause des cessations d'inscriptions par défaut d'actualisation. Qu'est-ce que vous répondez à ces propos ?
Je réponds que depuis douze mois, c'est la première fois que le chômage baisse, premièrement. Deuxièmement, je note que ce sont les jeunes qui en bénéficient le plus. Troisièmement, nous avons lancé de multiples mesures pour soutenir précisément l'emploi des jeunes, plus 320.000 apprentis à compter du 1er juin, une prime de 1.000 euros à ceux qui embauchent un stagiaire en CDI. Bon, il y a quelques petites choses qui marchent quand même. Et puis, quand on a une bonne nouvelle, c'est vrai qu'on peut essayer de la disséquer pour essayer d'en trouver les mauvais aspects, de dire que ça ne marche pas, que ce n'est pas vraiment ça, etc., mais moi, j'ai décidé, pour une fois - cela ne nous arrive pas si souvent d'avoir des bonnes nouvelles - de m'en réjouir.
Madame Lagarde, sans pratiquer la méthode du bon docteur Emile Coué, à quand un repli du chômage ?
Pas tout de suite. Soyons clairs, la situation économique est toujours difficile, on est extrêmement vigilants et extrêmement attentifs à la fois au financement des entreprises, à la reprise d'activité, à la stimulation par le plan de relance. Mais la situation économique est difficile parce qu'elle est difficile partout dans le monde. Alors, ça frémit un peu, la production industrielle a repris de plus 2,6 %, la consommation tient en France par rapport à d'autres pays, où elle n'a pas encore repris. Bon, pour autant, on n'aura pas des chiffres du chômage qui vont s'améliorer dès que la situation économique s'améliorera, parce qu'on a toujours un décalage entre reprise économique et amélioration durable de la situation de l'emploi. Donc on se prépare - et on le sait très bien, et on s'arme pour cela - à des semaines et à des mois où il faudra gérer au plus serré. C'est pour ça qu'on fait du chômage partiel prolongé, de l'indemnisation supplémentaire, et qu'on essaie d'anticiper au maximum sur le terrain.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 juillet 2009