Texte intégral
Merci Monsieur le Président de ces mots d'introduction et merci aussi pour cette invitation. Ce merci s'adresse aux responsables de la Conférence interparlementaire sur la sécurité et la coopération en Méditerranée et au président Vauzelle en tant que président de cette conférence.
(...) J'ai participé à Madère sous la présidence du ministre portugais des Affaires étrangères à une réunion de ce qu'on appelle le Forum méditerranéen qui réunit quelques pays, pas très nombreux, c'est beaucoup plus petit que Barcelone, de la rive sud du sud de l'Europe et du Nord de l'Afrique, autour de la Méditerranée et nous avons parlé d'un certain nombre de sujets qui recoupent d'après ce que je comprends un certain nombre de points que vous avez déjà traités ici. J'ai accepté cette invitation il y a quelques mois parce que je trouve tout à fait utile l'existence d'une Conférence interpalementaire sur ce sujet.
Naturellement en tant que ministre des Affaires étrangères, je suis engagé en priorité comme c'est mon rôle dans un travail intergouvernemental. Et je vous dirai un mot tout à l'heure de la façon dont nous entendons préparer notre présidence à la réunion de Barcelone IV. Donc cela c'est la priorité. Mais en même temps, nous sommes à une époque où nous savons bien que le travail des gouvernements est indispensable mais qu'il n'est pas suffisant et qu'il doit être complété, relayé ou préparé ou bien même enrichi par d'autres échanges qui ont lieu entre les sociétés civiles comme on dit aujourd'hui. Mais, commençons par ce qu'il y a de plus légitime et de plus représentatif, c'est-à-dire les parlements, en raison de leur enracinement, de leurs membres, en raison de la légitimité des personnalités politiques qui les composent, en raison des relations qu'ils entretiennent avec la démocratie ou en tout cas les processus de démocratisation. Les situations sont variables. Mais enfin dans tous les cas de figure, il y a une force des parlements et je ne pense pas que l'on puisse réfléchir à l'avenir d'une idée aussi vaste que celle de la Méditerranée si les forces vives n'y sont pas associées.
Donc je trouve l'existence de cette conférence très importante, très utiles les différentes réunions qui ont eu lieu, et très utile qu'en ce moment même, en cette année-là avant une réunion dite de Barcelone IV qui va permettre un bilan de ce qu'a été Barcelone jusqu'à maintenant, je trouve très important que vous vous soyez réunis et je peux vous dire que nous tiendrons compte des conclusions auxquelles vous arriverez, nous examinerons les suggestions que vous pourriez faire, les idées pour enrichir notre processus collectif.
Cette question de la Méditerranée, elle est à la fois très facile et très compliquée. Elle est apparemment très facile. Apparemment c'est un concept géopolitique qui tombe sous le sens, qui ne se discute même pas. Cela paraît aller de soi. Et puis quand on regarde de plus près, on s'aperçoit qu'en raison de l'ancienneté et de la vitalité des civilisations et des cultures et des peuples qui vivent sur les pourtours de la Méditerranée depuis l'aube de l'histoire, cela n'a pas été un endroit d'unité. Ca a plutôt été un lieu de concentration, de compétition, de rivalité, de tensions et que les coupures, les fractures ont été innombrables dans l'histoire, tout simplement parce que l'histoire se passait là. Donc c'est à la fois un lieu magique, un lieu mythique. C'est un centre, c'est un carrefour et ça a été le lieu de tous les conflits. Et en même temps, aujourd'hui nous sommes à une époque où nous jugeons cet héritage historique, à la fois grandiose dans sa dimension historique, culturelle et humaine et intolérable en ce qui concerne ces conflits interminables et ces séparations, ces divisions qui paraissent d'un autre âge et que nous voudrions surmonter. Donc vous êtes en tant que parlementaires confrontés à la même tâche que les gouvernements et inspirés, je crois, par le même élan et le même désir qui est de surmonter ces blocages pour faire ou pour refaire enfin de la Méditerranée un lieu pacifique de coopération.
Alors quand on raisonne comme ça, on est amené logiquement à l'idée qu'il faut non pas raisonner globalement mais recenser dans toute la sphère méditerranéenne et autour, toutes les causes de conflits pour en avoir une idée claire, essayer d'analyser cet empilement historique de désaccords et de confrontations, qu'il faut voir au cas par cas ce qui peut être fait pour désamorcer les conflits, trouver des solutions et ensuite prévenir le renouvellement de ces conflits et là, il y a une dimension qui est très importante. Elle n'est pas suffisante. Je ne suis pas naïf. Je n'exerce pas une fonction à laquelle on peut se permettre d'être naïf. Mais il reste clair aussi qu'il y a des conflits dont la solution, même si elle n'est pas immédiate, pourrait être préparée par des dialogues, en jetant des ponts, en lançant des idées et que là, il y a un travail à faire de préparation, d'accompagnement, de consolidation. Et sur ces bases, c'est-à-dire une fois qu'on a trouvé le moyen de désamorcer les conflits, d'aller plus loin, la grande question c'est de coopérer. Mais là on se heurte à une autre difficulté qui est celle du décalage Nord-sud et de la projection, sur l'espace Méditerranée, de ce décalage qui est une réalité, qui reste une réalité. On ne peut pas le nier. Et là il y a des différences politiques, des différences culturelles et des différences économiques qui sont très sensibles.
Donc je crois qu'il y a une logique dans le travail qui est celui des diplomaties, du gouvernement en général qui est de s'attaquer en priorité aux vrais conflits les plus forts, ceux qui restent. Mais on ne peut pas penser pour autant qu'on a réglé tous les problèmes. Je prends un exemple. Le jour où l'on aura vraiment jeté les bases de la paix au Proche-Orient et en dépit des difficultés considérables que l'on rencontre, je crois que l'on y arrivera un jour, je ne crois pas que ce soit une vision utopique. Un jour on arrivera à la paix au Proche-Orient. On n'aura pas réglé comme par magie tous les problèmes de décalage, de distorsion entre les différentes parties de la Méditerranée ou entre le Nord et le sud. On sera même peut-être confronté aux vrais problèmes. Mais il y a des organisations, des processus, des conférences telles que la vôtre qui auront pendant des années préparé les choses, jeté des idées et ouvert des voies. Donc nous sommes à la fois dans cette démarche immédiate et dans cette démarche d'avenir.
Je m'arrête un instant sur le problème du conflit parce que je sais que cela vous préoccupe aussi. Sur la question du Proche-Orient, mon pays considère qu'il y a un moment, un moment d'opportunité qui doit être mis à profit pour faire avancer les choses et si possible aboutir aussi bien en ce qui concerne la dimension israélo-palestinienne qu'en ce qui concerne les dimensions israélo-syrienne et israélo-libanaise. Ce sont des choix et ce sont des négociations très difficiles. Pour conclure le moment venu, il faudra que les responsables politiques de part et d'autre fassent des compromis, des concessions, renoncent à telle ou telle chose qui leur paraît aujourd'hui impossibles à lâcher. Je le dis bien de part et d'autre. Et à ce moment-là, ils déboucheront sur une situation nouvelle. Mais on n'en est pas encore là.
Vous savez à quel point la France a joué un rôle depuis longtemps et tout particulièrement depuis 15 à 20 ans pour préparer les évolutions en faisant évoluer les esprits, en mettant en avant des concepts que les autres n'osaient pas mettre en avant. Par exemple la France a été le premier pays occidental qui a parlé de la reconnaissance mutuelle et du dialogue direct israélo-palestinien. La France a été le premier pays occidental qui a parlé d'un Etat palestinien, qui parle aujourd'hui d'un Etat palestinien viable. En même temps, elle a fait plus encore récemment en augmentant sa capacité à être dans un vrai dialogue confiant avec chacun des protagonistes des deux volets du conflit dont j'ai parlé tout à l'heure, avec l'ensemble des partenaires arabes et avec Israël. Donc nous avons une position, je crois, d'engagement qui est connue, qui est reconnue, une position de facilitateur, mais on ne peut pas aller au-delà d'un certain stade, même avec amitié et engagement. Et au bout d'un moment, c'est aux protagonistes eux-mêmes de prendre leurs responsabilités. On l'a encore vu récemment. Quand on voit le président Clinton qui ne réussit pas à débloquer la situation à un moment donné, on voit bien que cette situation ne peut évoluer que du fait des partenaires eux-mêmes, des futurs partenaires qui sont aujourd'hui des protagonistes. Donc cette question est fondamentale.
Nous sommes quand même dans un processus de paix. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. Il faut se méfier des changements de climat trop rapides. Pendant quinze jours, tout le monde est optimiste. Ensuite pendant trois semaines, tout le monde est pessimiste. Ensuite on annonce une percée récente. Ensuite on affirme qu'il ne se passera jamais rien. Donc il faut se méfier à propos du Proche-Orient parce qu'il y a une sorte d'évolution en dents de scie. Si on regarde dans la durée, si on compare à il y a 10 ans, il y a 20 ans ou 30 ans, on est dans un processus de paix quand même. Mais c'est un processus de paix extrêmement difficile, laborieux et je le disais tout à l'heure, qui exigera au moment historique de la conclusion un grand esprit politique et une capacité de concessions, de courage et de visions de l'avenir. A ce moment-là, la France sera aux côtés de tous les protagonistes de ces conflits, de tous ses partenaires. L'Union européenne aussi mais sur le plan politique, c'est peut-être la France qui est la plus en pointe par rapport à cela. Et nous ne serons jamais découragés par aucun blocage parce que nous savons que c'est dans la nature du problème et de sa complexité. Alors cela a un rapport avec notre sujet parce que je sais que vous aussi dans cette enceinte, comme je l'entends dans d'autres, vous avez ressenti une certaine déception par rapport au processus de Barcelone.
Mais je voudrais redire devant vous que peut-être que cette déception est fondée par le fait qu'on a attendu trop et trop vite de ce processus de Barcelone. D'abord, en soi, c'était une très bonne idée et ça reste une idée nécessaire et indispensable et un processus qu'il faudrait inventer aujourd'hui qui n'avait pas été inventé avant. Parce que nous avons besoin d'une enceinte dans laquelle se retrouve l'ensemble des pays de l'Union européenne et des pays méditerranéens concernés pour essayer de voir ensemble comment progresser, comment avancer. Donc ça reste une bonne idée. Mais il a fallu essuyer les plâtres. D'où la déception. Mais les raisons à cela sont nombreuses. Elles ne sont pas liées à une mauvaise volonté européenne par rapport à la question méditerranéenne. Ce serait une erreur de le croire.
D'abord c'étaient des mécanismes nouveaux, il fallait les mettre en place. Et l'Union européenne, c'est aussi une machinerie, une administration. Il faut créer des mécanismes, des procédures, des services compétents. Donc ça prend un certain temps. Ensuite il a fallu élaborer des projets qui puissent être aidés par ce processus de Barcelone. Cela ne s'est pas fait tout de suite. Il y a beaucoup de choses qui avaient été dites au début, qui avaient été génératrices d'espérances ou d'illusions, mais qui n'aboutissaient pas pour autant à des projets qui soient de nature à être subventionnés. Donc là aussi, il fallait décanter les choses pour pouvoir avancer de façon plus concrète. Ensuite il y a eu la situation au Proche-Orient. Ce processus de Barcelone a été lancé dans un moment d'optimisme, où les choses semblaient pouvoir bouger assez vite vers la paix.
Et puis après on est entré dans un autre contexte qui était dû en particulier à la position du gouvernement israélien de l'époque, peut-être à d'autres raisons aussi. Mais enfin il y a eu un contexte où c'était tout l'inverse. Il n'y avait plus d'élan, plus de perspective d'avenir. Cela a pesé sur le processus de Barcelone. Il y a des conférences qui avaient été préparées avec des débouchés concrets possibles qui ont été quasiment paralysées par ce contexte. Mais si on dit que l'on va attendre que la paix soit faite au Proche-Orient complètement avant de faire avancer ce processus de Barcelone, on risque d'attendre longtemps, trop longtemps. Alors qu'on ne veut pas attendre, qu'on est impatient de jeter des ponts et de créer les liens de toutes les natures qui vont préparer la Méditerranée d'avenir à laquelle nous travaillons, vous travaillez. Donc ce processus de Barcelone a dû se frayer son chemin par rapport à ça. Après je voudrais vous dire très franchement que nous avons rencontré des difficultés que l'Union européenne rencontre dans son propre fonctionnement. Je ne veux pas le nier ici. Mais je disais d'ailleurs que ce n'est pas lié spécialement à la Méditerranée.
L'Union européenne rencontre un grand succès. Cela se traduit par de très nombreuses demandes d'adhésion de la part de pays européens et de la part des autres pays, ça se traduit par énormément de demandes, d'associations, de coopérations, de rencontres régulières, de processus originaux pour que les uns et les autres bénéficient de cet élan historique et de cette richesse de l'Europe qui lui donne la capacité d'avoir des budgets pour développer des programmes avec les autres. Nous avons un peu de mal en réalité à faire face à tous ces engagements en même temps. Donc là je suis obligé d'être à la fois positif mais en même temps franc parce que c'est vrai qu'on ne peut pas répondre à toutes les demandes, et on ne peut pas répondre au rythme souhaité. Mais ça concerne également nos propres programmes.
Quand nous avons dû, au sein des Quinze - c'était il y a un an précisément sous la présidence allemande, à la rencontre de Berlin -, mettre au point notre budget pour la période 2000/2006, dans notre jargon ça s'appelle agenda 2000, et bien la discussion entre nous pour savoir quelles sommes nous allions consacrer à la Politique agricole commune ou aux fonds structurels, c'est-à-dire notre politique d'aménagement du territoire ou à tous les autres programmes, c'était une discussion horriblement difficile, rien que pour nous, indépendamment de tous les programmes extérieurs. Et alors on arrive à un certain équilibre pour 2000/2006. Nous n'avons pas pu prendre en compte dans ce programme le coût de l'élargissement. C'est-à-dire que si certains pays qui à l'heure actuelle négocient leur entrée dans l'Europe, sont prêts à entrer à partir de 2003, on n'a pas fixé de date artificielle pour qu'ils puissent entrer à telle ou telle date parce qu'on n'en sait rien. Ca dépend de la nature des négociations et puis si on fixe une date politique à l'avance, ça veut dire que les négociations ne sont pas sérieuses. Mais nous avons décidé entre nous que nous devons avoir fini nos réformes institutionnelles avant 2003 pour pouvoir accueillir les pays qui seraient prêts les premiers. Et bien nous n'avons pas pu prendre en compte encore pour cette période le coût du financement de l'entrée de tel ou tel pays.
Nous avons d'autre part des problèmes avec les engagements que nous avons pris avec les pays des Balkans. Il vient d'y avoir une conférence en Allemagne, conférence dite des donateurs et là aussi il y a un décalage entre ce que l'Union européenne est capable de fournir et puis d'autre part les besoins, l'argent qu'il faudra mettre sur la table, pour le financement pendant des années de tous ces pays que vous connaissez et que je ne vais pas énumérer, qui ont à faire face à des problèmes sérieux aussi et que nous souhaitons aider dans le cadre du Pacte de stabilité. Et puis il y a toutes sortes de négociations commerciales, soit globales comme celle de l'OMC qui finiront bien par redémarrer, ou bien les négociations avec le Mercosur. Bref, l'Union européenne à l'heure actuelle, du fait de son succès, on voit bien qu'elle est en train de devenir un peu plus chaque jour un des pôles du monde de demain, ce monde que nous voudrions multipolaire et pas unipolaire, que nous voulons diversifié et pas uniformisé.
Cette Union européenne va faire face à beaucoup de demandes de sollicitations en même temps. C'est un signe positif et en même temps cela peut créer une frustration. Donc je comprends tout à fait les regrets de la part de certains pays qui voudraient que Barcelone ait démarré plus fort et plus vite. Donc je redis amicalement et de façon sympathique qu'eux aussi ont un travail à faire pour que les projets mis en avant soient plus adaptés, mais nous ferons pour le mieux pour que l'arbitrage budgétaire au sein de l'Union européenne prenne en compte cette dimension.
Il y a quand même dans l'Union européenne d'aujourd'hui un certain nombre de pays à commencer par ceux qui font partie du Forum dont je viens, c'est-à-dire Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce, qui sont absolument convaincus de l'intérêt stratégique de cette dimension. Alors que nous devrions faire mieux en termes de mécanismes, c'est évident. Je suis tout à fait d'accord. Que nous devrions répondre le mieux possible aux demandes de nos partenaires du sud, je suis d'accord également. Que ce soit un objectif de la présidence française, je peux également vous le confirmer.
Nous allons prendre la présidence de l'Union début juillet pour six mois et nous avons prévu dans cette présidence une rencontre à Marseille en novembre qui sera Barcelone IV. Là je crois qu'il y aura un temps suffisant qui se sera écoulé depuis le lancement de Barcelone pour que l'on puisse tirer des leçons et reparler très en détail de ces points que je ne fais qu'aborder rapidement devant vous. Est-ce que les programmes ont bien marché ? Est-ce que Méda I a bien fonctionné ? Quels sont les vrais besoins ? Qu'est-ce que l'Union européenne peut faire et doit faire par rapport aux demandes actuelles ? Qu'est-ce qu'il faut changer dans les mécanismes ? Comment faire pour que cela tourne plus vite ?
Donc Barcelone IV sera l'occasion de faire le bilan et de passer à la maturité pour le processus de Barcelone avec comme instrument Méda II où d'ici là nous aurons continué à négocier et nous aurons, je pense, conclu et fixé une enveloppe adaptée. C'est donc tellement important dans l'histoire de ce processus que nous espérons faire un sommet, pas uniquement une réunion ministérielle. De toute façon il y aura une réunion ministérielle pour faire ce dont je viens de vous parler et si les circonstances le permettent, c'est-à-dire si le climat n'est pas trop mauvais à propos du processus de paix au Proche-Orient et si on peut faire des réunions sans qu'elles soient entièrement envahies par des polémiques à propos de la paix au Proche-Orient, ça sera transformé en un sommet et à ce moment-là, ça donnera un élan, une relance absolument spectaculaire à ce processus de Barcelone.
Jusqu'ici le projet qui est en préparation et qui est le mieux connu, c'est ce projet de charte de paix et de stabilité. Là aussi, nous sommes à la fois ambitieux et réalistes. Nous savons bien que ce n'est pas une charte qui va régler comme ça par enchantement tous les problèmes qui peuvent se poser encore sur le pourtour de la Méditerranée, mais nous savons que si nous pouvons ensemble adopter une charte de ce type, fixant un certain nombre de règles, ce sera un pas de plus franchi et qui évitera que se recrée pour l'avenir tel ou tel de ces conflits insolubles qu'on met des dizaines d'années à surmonter. Et ce serait l'indice d'une sorte de bonne volonté, d'esprit de coopération des uns et des autres. Ce serait une étape très importante. Ca c'est le point le plus connu.
Mais nous devons parler de tous les volets dans cette réunion de Marseille. Nous parlerons de toutes les dimensions économiques. Donc nous parlerons développement dans toutes ses dimensions économiques, culturelles, humaines. Mais le point le plus important est de faire le bilan du fonctionnement de Barcelone depuis le début, l'étape de jeunesse étant dépassée, l'étape de transition, de formation étant surmontée. Ce qui devrait nous permettre d'aller de l'avant. Voilà le panorama actuel de la politique française dans ce domaine.
Vous savez pourquoi la France est aussi engagée bien sûr : par sa position historique, par sa situation géographique. Le choix de Marseille pour ces rencontres est tout à fait significatif. Nous avons une politique méditerranéenne au sens large du terme indépendamment même du processus de Barcelone. Nous l'avons constamment dans chacune des relations bilatérales avec chacun des pays qui composent cet ensemble. Nous l'avons dans nos relations avec le Maghreb. Nous l'avons dans notre politique par rapport au Proche-Orient. Nous l'avons à l'intérieur de certains programmes au sein de l'Union européenne qui concernent l'agriculture ou tel ou tel aspect de l'économie de certains des pays du sud de l'Europe. Donc il y a toute une mosaïque aussi dans ces politiques. Il n'y a pas que le processus de Barcelone proprement dit. Mais malgré tout, le processus de Barcelone en est le centre. Ce n'est pas le seul sujet de la présidence bien sûr.
Dans cette présidence européenne, nous allons devoir poursuivre les négociations d'élargissement. Nous avons commencé avec 6 pays l'an dernier. Nous avons commencé avec 6 nouveaux pays cette année. Aucune de ces négociations n'est dans un état tel qu'elle puisse être conclue sous notre présidence. Mais nous aurons à les poursuivre. D'autre part, nous aurons, alors là cette fois-ci, peut-être à conclure si tout va bien, la conférence intergouvernementale.
Vous savez que c'est une réunion qui a pour objet de modifier nos institutions et notre mode de fonctionnement et de décision, dont le but est de faire en sorte que l'Union européenne puisse continuer à fonctionner même quand elle sera très élargie. Elle peut passer de 15 à 20, 25, 27, 28, 30 et plus un jour. Donc nous avons cette réunion pour dégager des modes de fonctionnement différents. C'est une conférence difficile. Ce sont des sujets sur lesquels déjà il y a quelques années, en 1996, 1997, une conférence intergouvernementale avait échoué à Amsterdam. L'échec avait dû être constaté. Mais on voit bien que les Quinze aujourd'hui sont quand même très marqués par cet échec d'Amsterdam. Ils n'ont pas envie de recommencer et ils se sentent l'obligation de réussir. Est-ce qu'on réussira pendant la présidence française, je n'en sais rien. Ce que je sais c'est que nous ferons tout ce qui dépend de nous pour trouver ce débouché qui permettrait ensuite d'avancer et de tenir le calendrier que nous espérons pour pouvoir accueillir les pays candidats.
Nous avons aussi un programme très lourd pendant notre présidence française en ce qui concerne la défense européenne puisque depuis deux ans les choses bougent grâce à un changement d'attitude de la part des Britanniques et un changement aussi d'attitude de la part de la France, qui a permis à eux et à nous de nous rencontrer sur une attitude plus constructive par rapport à ça et nous sommes, je crois, en train de donner un contenu à ce qui a été pendant très longtemps une chimère, la défense européenne qui est en train de devenir une réalité. Le mouvement me paraît lancé. Et c'est très important. Ca ne comporte aucune espèce d'arrières pensées agressives par rapport à quiconque naturellement. C'est un élément de sécurité pour nous et c'est un élément d'identité de statut pour l'Europe aussi. Il n'y a pas de raison que si longtemps après la seconde guerre mondiale, les Européens soient incapables de s'organiser dans l'Alliance atlantique. Il n'y a pas de raison que les Etats-Unis qui restent naturellement le pivot et l'élément fondamental de l'Alliance atlantique soient obligés de tout faire à la place des Européens et de prendre les décisions de toute sorte. Donc il y a une sorte de maturation qui se fait, ça commence à devenir normal pour les Européens, les Etats-Unis commencent à l'accepter.
Nous avons dépassé les phases antagonistes par rapport à ce projet mais je sais que parfois, par malentendu, par manque de dialogue, par manque d'information, par manque de réunion, il y a une interprétation inquiète dans certains pays du Sud de la Méditerranée comme si on voyait derrière ces projets une sorte d'activisme militariste avec des idées d'intervention qui remontent à d'autre temps à d'autres époques. Il n'y a rien de cela dans notre projet de défense européenne. C'est tout simplement le fait que lorsque l'Union européenne a demandé à avoir sa monnaie unique, elle a développé sa politique étrangère commune. Il n'est pas normal qu'il n'y ait pas une dimension sécurité et puis il y a toutes sortes de crises auxquelles on peut malheureusement penser dans lesquelles il ne sera pas inutile que l'Europe ait une capacité sur ce plan. Mais je reconnais que c'est un sujet sur lequel il faut parler. Il faut parler dans des conférences comme celles-ci, il faut parler dans les réunions intergouvernementales et j'en ai parlé dans le Forum dont je viens. Il y aura d'autres occasions d'en parler et cela me paraît très important.
Je citais quelques autres charges dans cette présidence européenne, je n'ai d'ailleurs pas tout cité, parce qu'il y a un programme de rencontres tout à fait considérables, par exemple le président de la République et moi-même allons passer dix à douze jours en Asie parce qu'il y a tout un cortège de sommet Union européenne-Chine, Union européenne-Japon, la grande rencontre de l'Asem, le dialogue avec l'Asiad, etc... Tout cela illustre un peu ce que j'ai dit tout à l'heure, l'Europe est un peu victime de son succès aujourd'hui avec des attentes multiples. Si j'énumère ça à ce stade ce n'est pas pour donner l'impression que toutes les choses finalement sont mises sur le même plan, c'est au contraire pour vous dire qu'en dépit de ce programme et en dépit de ces priorités qui s'imposent à nous quoique nous fassions et en dépit des sollicitations multiples, la France exerçant cette présidence européenne saura se rappeler chaque jour que cette dimension méditerranéenne est essentielle.
C'est pour cela que nous avons souhaité que cette rencontre de Barcelone IV ait lieu sous notre présidence et cette orientation, en général, sera présente à notre esprit dans beaucoup de débats, dans beaucoup de circonstances et pas uniquement pendant les deux jours de la rencontre de Marseille. Nous pensons que c'est fondamental, en dépit de toutes les autres tâches qui seront les nôtres et que j'ai rappelées, tout simplement parce que notre attachement à cette dimension méditerranéenne est vraie ; elle est vraie, elle est profonde, nous la vivons. Ce n'est pas qu'une construction politique, ce n'est pas qu'un thème de discours, c'est quelque chose qui est également consubstantielle à la personnalité française, à ce qu'est ce pays, à sa façon d'être ouvert aux autres et quelle ouverture plus merveilleuse, quelle introduction plus riche à la diversité, à la pluralisme sur tous les plans que cette évocation.
Nous sommes pleinement un de ces pays et je pense que vous le ressentez quand vous êtes dans vos rencontres entre parlementaires, quelqu'en soit le sujet. Pour nous ça sera une de nos boussoles pendant cette affaire de la présidence du prochain semestre. Après la présidence, nous continuerons. Je ne veux pas vous laisser sur l'impression que nous avons tout organisé dans cette affaire autour d'une seule rencontre de Barcelone IV, et j'ai la ferme espérance qu'au Proche-Orient les protagonistes finiront par trouver des solutions à ce qui peut paraître actuellement insoluble. J'ai la conviction, à ce moment là, que l'Europe retrouvera un poids plus grand dans un Proche-Orient en paix.
Je connais tout à fait les raisons qui font que dans un Proche-Orient où il n'y pas encore la paix, les Etats-Unis jouent un rôle central de garanties ou de sécurité ou d'intermédiaire possible pour essayer de débloquer les choses. Il y a une sorte de logique géopolitique globale qui est d'ailleurs au Proche-Orient depuis une dizaine d'années, cela n'est pas nouveau. Mais quand on réfléchit bien à ce qui se passerait dans la situation d'un Proche-Orient en paix, et bien on voit que tous les pays de la région redécouvriront une évidence : que leur grand voisin c'est l'Europe, leur grand partenaire c'est l'Europe et c'est avec l'Europe que se bâtiront les projets de l'avenir, les coopérations d'après la paix, les échanges humains dans leur grande quantité, les liens culturels, etc. A ce moment là, presque mécaniquement les choses se remettront en place.
Les Etats-Unis resteront un partenaire fondamental pour l'Europe et pour les pays du Proche-Orient comme pour tout le monde compte tenu du poids exceptionnel des Etats-Unis dans le monde d'aujourd'hui mais il y aura une sorte de recadrage et à ce moment là on s'apercevra qu'on a tous travaillé, qu'on a tous préparé ce moment et les choses se mettront en place, s'harmoniseront et tout ce qui a été fait pendant des années trouvera son aboutissement, son débouché, sa conclusion féconde. Voilà ce que je voulais vous dire à l'occasion de ce passage.
Nous ferons tout, nous Français, pour que ce processus de Barcelone devienne le cadre commun de nos coopérations multiples. C'est notre responsabilité en tant que futur président de l'Union et c'est notre conviction.
Je vous souhaite de continuer le travail très utile qui a été entrepris parce que nous avons besoin de tout ce que peuvent faire les parlements et nous avons besoin que les parlements de tous les pays rassemblés ici en même temps diffusent très largement dans chacun de vos pays ce travail. Les opinions publiques qui, parfois, sont un peu enfermées dans des visions traditionnelles, antagonistes, enfermées par crainte ou parce qu'elles ont du mal à se projeter dans l'avenir, doivent entendre parler de ce processus de dépassement et d'ouverture qui est en cours et auquel nous contribuons le plus possible et auquel vous contribuez et je vous félicite pour cela et je vous encourage à continuer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2000)
(...) J'ai participé à Madère sous la présidence du ministre portugais des Affaires étrangères à une réunion de ce qu'on appelle le Forum méditerranéen qui réunit quelques pays, pas très nombreux, c'est beaucoup plus petit que Barcelone, de la rive sud du sud de l'Europe et du Nord de l'Afrique, autour de la Méditerranée et nous avons parlé d'un certain nombre de sujets qui recoupent d'après ce que je comprends un certain nombre de points que vous avez déjà traités ici. J'ai accepté cette invitation il y a quelques mois parce que je trouve tout à fait utile l'existence d'une Conférence interpalementaire sur ce sujet.
Naturellement en tant que ministre des Affaires étrangères, je suis engagé en priorité comme c'est mon rôle dans un travail intergouvernemental. Et je vous dirai un mot tout à l'heure de la façon dont nous entendons préparer notre présidence à la réunion de Barcelone IV. Donc cela c'est la priorité. Mais en même temps, nous sommes à une époque où nous savons bien que le travail des gouvernements est indispensable mais qu'il n'est pas suffisant et qu'il doit être complété, relayé ou préparé ou bien même enrichi par d'autres échanges qui ont lieu entre les sociétés civiles comme on dit aujourd'hui. Mais, commençons par ce qu'il y a de plus légitime et de plus représentatif, c'est-à-dire les parlements, en raison de leur enracinement, de leurs membres, en raison de la légitimité des personnalités politiques qui les composent, en raison des relations qu'ils entretiennent avec la démocratie ou en tout cas les processus de démocratisation. Les situations sont variables. Mais enfin dans tous les cas de figure, il y a une force des parlements et je ne pense pas que l'on puisse réfléchir à l'avenir d'une idée aussi vaste que celle de la Méditerranée si les forces vives n'y sont pas associées.
Donc je trouve l'existence de cette conférence très importante, très utiles les différentes réunions qui ont eu lieu, et très utile qu'en ce moment même, en cette année-là avant une réunion dite de Barcelone IV qui va permettre un bilan de ce qu'a été Barcelone jusqu'à maintenant, je trouve très important que vous vous soyez réunis et je peux vous dire que nous tiendrons compte des conclusions auxquelles vous arriverez, nous examinerons les suggestions que vous pourriez faire, les idées pour enrichir notre processus collectif.
Cette question de la Méditerranée, elle est à la fois très facile et très compliquée. Elle est apparemment très facile. Apparemment c'est un concept géopolitique qui tombe sous le sens, qui ne se discute même pas. Cela paraît aller de soi. Et puis quand on regarde de plus près, on s'aperçoit qu'en raison de l'ancienneté et de la vitalité des civilisations et des cultures et des peuples qui vivent sur les pourtours de la Méditerranée depuis l'aube de l'histoire, cela n'a pas été un endroit d'unité. Ca a plutôt été un lieu de concentration, de compétition, de rivalité, de tensions et que les coupures, les fractures ont été innombrables dans l'histoire, tout simplement parce que l'histoire se passait là. Donc c'est à la fois un lieu magique, un lieu mythique. C'est un centre, c'est un carrefour et ça a été le lieu de tous les conflits. Et en même temps, aujourd'hui nous sommes à une époque où nous jugeons cet héritage historique, à la fois grandiose dans sa dimension historique, culturelle et humaine et intolérable en ce qui concerne ces conflits interminables et ces séparations, ces divisions qui paraissent d'un autre âge et que nous voudrions surmonter. Donc vous êtes en tant que parlementaires confrontés à la même tâche que les gouvernements et inspirés, je crois, par le même élan et le même désir qui est de surmonter ces blocages pour faire ou pour refaire enfin de la Méditerranée un lieu pacifique de coopération.
Alors quand on raisonne comme ça, on est amené logiquement à l'idée qu'il faut non pas raisonner globalement mais recenser dans toute la sphère méditerranéenne et autour, toutes les causes de conflits pour en avoir une idée claire, essayer d'analyser cet empilement historique de désaccords et de confrontations, qu'il faut voir au cas par cas ce qui peut être fait pour désamorcer les conflits, trouver des solutions et ensuite prévenir le renouvellement de ces conflits et là, il y a une dimension qui est très importante. Elle n'est pas suffisante. Je ne suis pas naïf. Je n'exerce pas une fonction à laquelle on peut se permettre d'être naïf. Mais il reste clair aussi qu'il y a des conflits dont la solution, même si elle n'est pas immédiate, pourrait être préparée par des dialogues, en jetant des ponts, en lançant des idées et que là, il y a un travail à faire de préparation, d'accompagnement, de consolidation. Et sur ces bases, c'est-à-dire une fois qu'on a trouvé le moyen de désamorcer les conflits, d'aller plus loin, la grande question c'est de coopérer. Mais là on se heurte à une autre difficulté qui est celle du décalage Nord-sud et de la projection, sur l'espace Méditerranée, de ce décalage qui est une réalité, qui reste une réalité. On ne peut pas le nier. Et là il y a des différences politiques, des différences culturelles et des différences économiques qui sont très sensibles.
Donc je crois qu'il y a une logique dans le travail qui est celui des diplomaties, du gouvernement en général qui est de s'attaquer en priorité aux vrais conflits les plus forts, ceux qui restent. Mais on ne peut pas penser pour autant qu'on a réglé tous les problèmes. Je prends un exemple. Le jour où l'on aura vraiment jeté les bases de la paix au Proche-Orient et en dépit des difficultés considérables que l'on rencontre, je crois que l'on y arrivera un jour, je ne crois pas que ce soit une vision utopique. Un jour on arrivera à la paix au Proche-Orient. On n'aura pas réglé comme par magie tous les problèmes de décalage, de distorsion entre les différentes parties de la Méditerranée ou entre le Nord et le sud. On sera même peut-être confronté aux vrais problèmes. Mais il y a des organisations, des processus, des conférences telles que la vôtre qui auront pendant des années préparé les choses, jeté des idées et ouvert des voies. Donc nous sommes à la fois dans cette démarche immédiate et dans cette démarche d'avenir.
Je m'arrête un instant sur le problème du conflit parce que je sais que cela vous préoccupe aussi. Sur la question du Proche-Orient, mon pays considère qu'il y a un moment, un moment d'opportunité qui doit être mis à profit pour faire avancer les choses et si possible aboutir aussi bien en ce qui concerne la dimension israélo-palestinienne qu'en ce qui concerne les dimensions israélo-syrienne et israélo-libanaise. Ce sont des choix et ce sont des négociations très difficiles. Pour conclure le moment venu, il faudra que les responsables politiques de part et d'autre fassent des compromis, des concessions, renoncent à telle ou telle chose qui leur paraît aujourd'hui impossibles à lâcher. Je le dis bien de part et d'autre. Et à ce moment-là, ils déboucheront sur une situation nouvelle. Mais on n'en est pas encore là.
Vous savez à quel point la France a joué un rôle depuis longtemps et tout particulièrement depuis 15 à 20 ans pour préparer les évolutions en faisant évoluer les esprits, en mettant en avant des concepts que les autres n'osaient pas mettre en avant. Par exemple la France a été le premier pays occidental qui a parlé de la reconnaissance mutuelle et du dialogue direct israélo-palestinien. La France a été le premier pays occidental qui a parlé d'un Etat palestinien, qui parle aujourd'hui d'un Etat palestinien viable. En même temps, elle a fait plus encore récemment en augmentant sa capacité à être dans un vrai dialogue confiant avec chacun des protagonistes des deux volets du conflit dont j'ai parlé tout à l'heure, avec l'ensemble des partenaires arabes et avec Israël. Donc nous avons une position, je crois, d'engagement qui est connue, qui est reconnue, une position de facilitateur, mais on ne peut pas aller au-delà d'un certain stade, même avec amitié et engagement. Et au bout d'un moment, c'est aux protagonistes eux-mêmes de prendre leurs responsabilités. On l'a encore vu récemment. Quand on voit le président Clinton qui ne réussit pas à débloquer la situation à un moment donné, on voit bien que cette situation ne peut évoluer que du fait des partenaires eux-mêmes, des futurs partenaires qui sont aujourd'hui des protagonistes. Donc cette question est fondamentale.
Nous sommes quand même dans un processus de paix. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. Il faut se méfier des changements de climat trop rapides. Pendant quinze jours, tout le monde est optimiste. Ensuite pendant trois semaines, tout le monde est pessimiste. Ensuite on annonce une percée récente. Ensuite on affirme qu'il ne se passera jamais rien. Donc il faut se méfier à propos du Proche-Orient parce qu'il y a une sorte d'évolution en dents de scie. Si on regarde dans la durée, si on compare à il y a 10 ans, il y a 20 ans ou 30 ans, on est dans un processus de paix quand même. Mais c'est un processus de paix extrêmement difficile, laborieux et je le disais tout à l'heure, qui exigera au moment historique de la conclusion un grand esprit politique et une capacité de concessions, de courage et de visions de l'avenir. A ce moment-là, la France sera aux côtés de tous les protagonistes de ces conflits, de tous ses partenaires. L'Union européenne aussi mais sur le plan politique, c'est peut-être la France qui est la plus en pointe par rapport à cela. Et nous ne serons jamais découragés par aucun blocage parce que nous savons que c'est dans la nature du problème et de sa complexité. Alors cela a un rapport avec notre sujet parce que je sais que vous aussi dans cette enceinte, comme je l'entends dans d'autres, vous avez ressenti une certaine déception par rapport au processus de Barcelone.
Mais je voudrais redire devant vous que peut-être que cette déception est fondée par le fait qu'on a attendu trop et trop vite de ce processus de Barcelone. D'abord, en soi, c'était une très bonne idée et ça reste une idée nécessaire et indispensable et un processus qu'il faudrait inventer aujourd'hui qui n'avait pas été inventé avant. Parce que nous avons besoin d'une enceinte dans laquelle se retrouve l'ensemble des pays de l'Union européenne et des pays méditerranéens concernés pour essayer de voir ensemble comment progresser, comment avancer. Donc ça reste une bonne idée. Mais il a fallu essuyer les plâtres. D'où la déception. Mais les raisons à cela sont nombreuses. Elles ne sont pas liées à une mauvaise volonté européenne par rapport à la question méditerranéenne. Ce serait une erreur de le croire.
D'abord c'étaient des mécanismes nouveaux, il fallait les mettre en place. Et l'Union européenne, c'est aussi une machinerie, une administration. Il faut créer des mécanismes, des procédures, des services compétents. Donc ça prend un certain temps. Ensuite il a fallu élaborer des projets qui puissent être aidés par ce processus de Barcelone. Cela ne s'est pas fait tout de suite. Il y a beaucoup de choses qui avaient été dites au début, qui avaient été génératrices d'espérances ou d'illusions, mais qui n'aboutissaient pas pour autant à des projets qui soient de nature à être subventionnés. Donc là aussi, il fallait décanter les choses pour pouvoir avancer de façon plus concrète. Ensuite il y a eu la situation au Proche-Orient. Ce processus de Barcelone a été lancé dans un moment d'optimisme, où les choses semblaient pouvoir bouger assez vite vers la paix.
Et puis après on est entré dans un autre contexte qui était dû en particulier à la position du gouvernement israélien de l'époque, peut-être à d'autres raisons aussi. Mais enfin il y a eu un contexte où c'était tout l'inverse. Il n'y avait plus d'élan, plus de perspective d'avenir. Cela a pesé sur le processus de Barcelone. Il y a des conférences qui avaient été préparées avec des débouchés concrets possibles qui ont été quasiment paralysées par ce contexte. Mais si on dit que l'on va attendre que la paix soit faite au Proche-Orient complètement avant de faire avancer ce processus de Barcelone, on risque d'attendre longtemps, trop longtemps. Alors qu'on ne veut pas attendre, qu'on est impatient de jeter des ponts et de créer les liens de toutes les natures qui vont préparer la Méditerranée d'avenir à laquelle nous travaillons, vous travaillez. Donc ce processus de Barcelone a dû se frayer son chemin par rapport à ça. Après je voudrais vous dire très franchement que nous avons rencontré des difficultés que l'Union européenne rencontre dans son propre fonctionnement. Je ne veux pas le nier ici. Mais je disais d'ailleurs que ce n'est pas lié spécialement à la Méditerranée.
L'Union européenne rencontre un grand succès. Cela se traduit par de très nombreuses demandes d'adhésion de la part de pays européens et de la part des autres pays, ça se traduit par énormément de demandes, d'associations, de coopérations, de rencontres régulières, de processus originaux pour que les uns et les autres bénéficient de cet élan historique et de cette richesse de l'Europe qui lui donne la capacité d'avoir des budgets pour développer des programmes avec les autres. Nous avons un peu de mal en réalité à faire face à tous ces engagements en même temps. Donc là je suis obligé d'être à la fois positif mais en même temps franc parce que c'est vrai qu'on ne peut pas répondre à toutes les demandes, et on ne peut pas répondre au rythme souhaité. Mais ça concerne également nos propres programmes.
Quand nous avons dû, au sein des Quinze - c'était il y a un an précisément sous la présidence allemande, à la rencontre de Berlin -, mettre au point notre budget pour la période 2000/2006, dans notre jargon ça s'appelle agenda 2000, et bien la discussion entre nous pour savoir quelles sommes nous allions consacrer à la Politique agricole commune ou aux fonds structurels, c'est-à-dire notre politique d'aménagement du territoire ou à tous les autres programmes, c'était une discussion horriblement difficile, rien que pour nous, indépendamment de tous les programmes extérieurs. Et alors on arrive à un certain équilibre pour 2000/2006. Nous n'avons pas pu prendre en compte dans ce programme le coût de l'élargissement. C'est-à-dire que si certains pays qui à l'heure actuelle négocient leur entrée dans l'Europe, sont prêts à entrer à partir de 2003, on n'a pas fixé de date artificielle pour qu'ils puissent entrer à telle ou telle date parce qu'on n'en sait rien. Ca dépend de la nature des négociations et puis si on fixe une date politique à l'avance, ça veut dire que les négociations ne sont pas sérieuses. Mais nous avons décidé entre nous que nous devons avoir fini nos réformes institutionnelles avant 2003 pour pouvoir accueillir les pays qui seraient prêts les premiers. Et bien nous n'avons pas pu prendre en compte encore pour cette période le coût du financement de l'entrée de tel ou tel pays.
Nous avons d'autre part des problèmes avec les engagements que nous avons pris avec les pays des Balkans. Il vient d'y avoir une conférence en Allemagne, conférence dite des donateurs et là aussi il y a un décalage entre ce que l'Union européenne est capable de fournir et puis d'autre part les besoins, l'argent qu'il faudra mettre sur la table, pour le financement pendant des années de tous ces pays que vous connaissez et que je ne vais pas énumérer, qui ont à faire face à des problèmes sérieux aussi et que nous souhaitons aider dans le cadre du Pacte de stabilité. Et puis il y a toutes sortes de négociations commerciales, soit globales comme celle de l'OMC qui finiront bien par redémarrer, ou bien les négociations avec le Mercosur. Bref, l'Union européenne à l'heure actuelle, du fait de son succès, on voit bien qu'elle est en train de devenir un peu plus chaque jour un des pôles du monde de demain, ce monde que nous voudrions multipolaire et pas unipolaire, que nous voulons diversifié et pas uniformisé.
Cette Union européenne va faire face à beaucoup de demandes de sollicitations en même temps. C'est un signe positif et en même temps cela peut créer une frustration. Donc je comprends tout à fait les regrets de la part de certains pays qui voudraient que Barcelone ait démarré plus fort et plus vite. Donc je redis amicalement et de façon sympathique qu'eux aussi ont un travail à faire pour que les projets mis en avant soient plus adaptés, mais nous ferons pour le mieux pour que l'arbitrage budgétaire au sein de l'Union européenne prenne en compte cette dimension.
Il y a quand même dans l'Union européenne d'aujourd'hui un certain nombre de pays à commencer par ceux qui font partie du Forum dont je viens, c'est-à-dire Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce, qui sont absolument convaincus de l'intérêt stratégique de cette dimension. Alors que nous devrions faire mieux en termes de mécanismes, c'est évident. Je suis tout à fait d'accord. Que nous devrions répondre le mieux possible aux demandes de nos partenaires du sud, je suis d'accord également. Que ce soit un objectif de la présidence française, je peux également vous le confirmer.
Nous allons prendre la présidence de l'Union début juillet pour six mois et nous avons prévu dans cette présidence une rencontre à Marseille en novembre qui sera Barcelone IV. Là je crois qu'il y aura un temps suffisant qui se sera écoulé depuis le lancement de Barcelone pour que l'on puisse tirer des leçons et reparler très en détail de ces points que je ne fais qu'aborder rapidement devant vous. Est-ce que les programmes ont bien marché ? Est-ce que Méda I a bien fonctionné ? Quels sont les vrais besoins ? Qu'est-ce que l'Union européenne peut faire et doit faire par rapport aux demandes actuelles ? Qu'est-ce qu'il faut changer dans les mécanismes ? Comment faire pour que cela tourne plus vite ?
Donc Barcelone IV sera l'occasion de faire le bilan et de passer à la maturité pour le processus de Barcelone avec comme instrument Méda II où d'ici là nous aurons continué à négocier et nous aurons, je pense, conclu et fixé une enveloppe adaptée. C'est donc tellement important dans l'histoire de ce processus que nous espérons faire un sommet, pas uniquement une réunion ministérielle. De toute façon il y aura une réunion ministérielle pour faire ce dont je viens de vous parler et si les circonstances le permettent, c'est-à-dire si le climat n'est pas trop mauvais à propos du processus de paix au Proche-Orient et si on peut faire des réunions sans qu'elles soient entièrement envahies par des polémiques à propos de la paix au Proche-Orient, ça sera transformé en un sommet et à ce moment-là, ça donnera un élan, une relance absolument spectaculaire à ce processus de Barcelone.
Jusqu'ici le projet qui est en préparation et qui est le mieux connu, c'est ce projet de charte de paix et de stabilité. Là aussi, nous sommes à la fois ambitieux et réalistes. Nous savons bien que ce n'est pas une charte qui va régler comme ça par enchantement tous les problèmes qui peuvent se poser encore sur le pourtour de la Méditerranée, mais nous savons que si nous pouvons ensemble adopter une charte de ce type, fixant un certain nombre de règles, ce sera un pas de plus franchi et qui évitera que se recrée pour l'avenir tel ou tel de ces conflits insolubles qu'on met des dizaines d'années à surmonter. Et ce serait l'indice d'une sorte de bonne volonté, d'esprit de coopération des uns et des autres. Ce serait une étape très importante. Ca c'est le point le plus connu.
Mais nous devons parler de tous les volets dans cette réunion de Marseille. Nous parlerons de toutes les dimensions économiques. Donc nous parlerons développement dans toutes ses dimensions économiques, culturelles, humaines. Mais le point le plus important est de faire le bilan du fonctionnement de Barcelone depuis le début, l'étape de jeunesse étant dépassée, l'étape de transition, de formation étant surmontée. Ce qui devrait nous permettre d'aller de l'avant. Voilà le panorama actuel de la politique française dans ce domaine.
Vous savez pourquoi la France est aussi engagée bien sûr : par sa position historique, par sa situation géographique. Le choix de Marseille pour ces rencontres est tout à fait significatif. Nous avons une politique méditerranéenne au sens large du terme indépendamment même du processus de Barcelone. Nous l'avons constamment dans chacune des relations bilatérales avec chacun des pays qui composent cet ensemble. Nous l'avons dans nos relations avec le Maghreb. Nous l'avons dans notre politique par rapport au Proche-Orient. Nous l'avons à l'intérieur de certains programmes au sein de l'Union européenne qui concernent l'agriculture ou tel ou tel aspect de l'économie de certains des pays du sud de l'Europe. Donc il y a toute une mosaïque aussi dans ces politiques. Il n'y a pas que le processus de Barcelone proprement dit. Mais malgré tout, le processus de Barcelone en est le centre. Ce n'est pas le seul sujet de la présidence bien sûr.
Dans cette présidence européenne, nous allons devoir poursuivre les négociations d'élargissement. Nous avons commencé avec 6 pays l'an dernier. Nous avons commencé avec 6 nouveaux pays cette année. Aucune de ces négociations n'est dans un état tel qu'elle puisse être conclue sous notre présidence. Mais nous aurons à les poursuivre. D'autre part, nous aurons, alors là cette fois-ci, peut-être à conclure si tout va bien, la conférence intergouvernementale.
Vous savez que c'est une réunion qui a pour objet de modifier nos institutions et notre mode de fonctionnement et de décision, dont le but est de faire en sorte que l'Union européenne puisse continuer à fonctionner même quand elle sera très élargie. Elle peut passer de 15 à 20, 25, 27, 28, 30 et plus un jour. Donc nous avons cette réunion pour dégager des modes de fonctionnement différents. C'est une conférence difficile. Ce sont des sujets sur lesquels déjà il y a quelques années, en 1996, 1997, une conférence intergouvernementale avait échoué à Amsterdam. L'échec avait dû être constaté. Mais on voit bien que les Quinze aujourd'hui sont quand même très marqués par cet échec d'Amsterdam. Ils n'ont pas envie de recommencer et ils se sentent l'obligation de réussir. Est-ce qu'on réussira pendant la présidence française, je n'en sais rien. Ce que je sais c'est que nous ferons tout ce qui dépend de nous pour trouver ce débouché qui permettrait ensuite d'avancer et de tenir le calendrier que nous espérons pour pouvoir accueillir les pays candidats.
Nous avons aussi un programme très lourd pendant notre présidence française en ce qui concerne la défense européenne puisque depuis deux ans les choses bougent grâce à un changement d'attitude de la part des Britanniques et un changement aussi d'attitude de la part de la France, qui a permis à eux et à nous de nous rencontrer sur une attitude plus constructive par rapport à ça et nous sommes, je crois, en train de donner un contenu à ce qui a été pendant très longtemps une chimère, la défense européenne qui est en train de devenir une réalité. Le mouvement me paraît lancé. Et c'est très important. Ca ne comporte aucune espèce d'arrières pensées agressives par rapport à quiconque naturellement. C'est un élément de sécurité pour nous et c'est un élément d'identité de statut pour l'Europe aussi. Il n'y a pas de raison que si longtemps après la seconde guerre mondiale, les Européens soient incapables de s'organiser dans l'Alliance atlantique. Il n'y a pas de raison que les Etats-Unis qui restent naturellement le pivot et l'élément fondamental de l'Alliance atlantique soient obligés de tout faire à la place des Européens et de prendre les décisions de toute sorte. Donc il y a une sorte de maturation qui se fait, ça commence à devenir normal pour les Européens, les Etats-Unis commencent à l'accepter.
Nous avons dépassé les phases antagonistes par rapport à ce projet mais je sais que parfois, par malentendu, par manque de dialogue, par manque d'information, par manque de réunion, il y a une interprétation inquiète dans certains pays du Sud de la Méditerranée comme si on voyait derrière ces projets une sorte d'activisme militariste avec des idées d'intervention qui remontent à d'autre temps à d'autres époques. Il n'y a rien de cela dans notre projet de défense européenne. C'est tout simplement le fait que lorsque l'Union européenne a demandé à avoir sa monnaie unique, elle a développé sa politique étrangère commune. Il n'est pas normal qu'il n'y ait pas une dimension sécurité et puis il y a toutes sortes de crises auxquelles on peut malheureusement penser dans lesquelles il ne sera pas inutile que l'Europe ait une capacité sur ce plan. Mais je reconnais que c'est un sujet sur lequel il faut parler. Il faut parler dans des conférences comme celles-ci, il faut parler dans les réunions intergouvernementales et j'en ai parlé dans le Forum dont je viens. Il y aura d'autres occasions d'en parler et cela me paraît très important.
Je citais quelques autres charges dans cette présidence européenne, je n'ai d'ailleurs pas tout cité, parce qu'il y a un programme de rencontres tout à fait considérables, par exemple le président de la République et moi-même allons passer dix à douze jours en Asie parce qu'il y a tout un cortège de sommet Union européenne-Chine, Union européenne-Japon, la grande rencontre de l'Asem, le dialogue avec l'Asiad, etc... Tout cela illustre un peu ce que j'ai dit tout à l'heure, l'Europe est un peu victime de son succès aujourd'hui avec des attentes multiples. Si j'énumère ça à ce stade ce n'est pas pour donner l'impression que toutes les choses finalement sont mises sur le même plan, c'est au contraire pour vous dire qu'en dépit de ce programme et en dépit de ces priorités qui s'imposent à nous quoique nous fassions et en dépit des sollicitations multiples, la France exerçant cette présidence européenne saura se rappeler chaque jour que cette dimension méditerranéenne est essentielle.
C'est pour cela que nous avons souhaité que cette rencontre de Barcelone IV ait lieu sous notre présidence et cette orientation, en général, sera présente à notre esprit dans beaucoup de débats, dans beaucoup de circonstances et pas uniquement pendant les deux jours de la rencontre de Marseille. Nous pensons que c'est fondamental, en dépit de toutes les autres tâches qui seront les nôtres et que j'ai rappelées, tout simplement parce que notre attachement à cette dimension méditerranéenne est vraie ; elle est vraie, elle est profonde, nous la vivons. Ce n'est pas qu'une construction politique, ce n'est pas qu'un thème de discours, c'est quelque chose qui est également consubstantielle à la personnalité française, à ce qu'est ce pays, à sa façon d'être ouvert aux autres et quelle ouverture plus merveilleuse, quelle introduction plus riche à la diversité, à la pluralisme sur tous les plans que cette évocation.
Nous sommes pleinement un de ces pays et je pense que vous le ressentez quand vous êtes dans vos rencontres entre parlementaires, quelqu'en soit le sujet. Pour nous ça sera une de nos boussoles pendant cette affaire de la présidence du prochain semestre. Après la présidence, nous continuerons. Je ne veux pas vous laisser sur l'impression que nous avons tout organisé dans cette affaire autour d'une seule rencontre de Barcelone IV, et j'ai la ferme espérance qu'au Proche-Orient les protagonistes finiront par trouver des solutions à ce qui peut paraître actuellement insoluble. J'ai la conviction, à ce moment là, que l'Europe retrouvera un poids plus grand dans un Proche-Orient en paix.
Je connais tout à fait les raisons qui font que dans un Proche-Orient où il n'y pas encore la paix, les Etats-Unis jouent un rôle central de garanties ou de sécurité ou d'intermédiaire possible pour essayer de débloquer les choses. Il y a une sorte de logique géopolitique globale qui est d'ailleurs au Proche-Orient depuis une dizaine d'années, cela n'est pas nouveau. Mais quand on réfléchit bien à ce qui se passerait dans la situation d'un Proche-Orient en paix, et bien on voit que tous les pays de la région redécouvriront une évidence : que leur grand voisin c'est l'Europe, leur grand partenaire c'est l'Europe et c'est avec l'Europe que se bâtiront les projets de l'avenir, les coopérations d'après la paix, les échanges humains dans leur grande quantité, les liens culturels, etc. A ce moment là, presque mécaniquement les choses se remettront en place.
Les Etats-Unis resteront un partenaire fondamental pour l'Europe et pour les pays du Proche-Orient comme pour tout le monde compte tenu du poids exceptionnel des Etats-Unis dans le monde d'aujourd'hui mais il y aura une sorte de recadrage et à ce moment là on s'apercevra qu'on a tous travaillé, qu'on a tous préparé ce moment et les choses se mettront en place, s'harmoniseront et tout ce qui a été fait pendant des années trouvera son aboutissement, son débouché, sa conclusion féconde. Voilà ce que je voulais vous dire à l'occasion de ce passage.
Nous ferons tout, nous Français, pour que ce processus de Barcelone devienne le cadre commun de nos coopérations multiples. C'est notre responsabilité en tant que futur président de l'Union et c'est notre conviction.
Je vous souhaite de continuer le travail très utile qui a été entrepris parce que nous avons besoin de tout ce que peuvent faire les parlements et nous avons besoin que les parlements de tous les pays rassemblés ici en même temps diffusent très largement dans chacun de vos pays ce travail. Les opinions publiques qui, parfois, sont un peu enfermées dans des visions traditionnelles, antagonistes, enfermées par crainte ou parce qu'elles ont du mal à se projeter dans l'avenir, doivent entendre parler de ce processus de dépassement et d'ouverture qui est en cours et auquel nous contribuons le plus possible et auquel vous contribuez et je vous félicite pour cela et je vous encourage à continuer.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 2000)