Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Avec F. Fillon vous êtes un des rares ministres reçus cet été à la résidence du Cap Nègre, c'est beau là-bas ?
C'est beau, très beau, très calme.
Comment est-ce ?
Eh bien c'est très beau, c'est à la pointe de ce Cap dont vous avez parlé, et donc la mer y est accessible par des rochers, j'aime beaucoup que ce soit par des rochers et non pas des plages. Et que voulez-vous que je vous dise ?...C'était très amical, très chaleureux et c'est utile, parce que nous avons parlé aussi de ce dont vous venez vous-même de parler, c'est-à-dire de la rentrée.
De l'Iran. Mais ce matin le président de la République réapparaît en Conseil des ministres. Au Cap Nègre l'avez-vous trouvé impatient, hyperactif ou cool, reposé, tranquille ?
Reposé, tranquille peut-être pas, parce qu'il était très actif, vélo, nage, gymnastique, etc.
Il paraît que vous avez nagé vous aussi, comme F. Fillon, hier ?
Oui, je ne peux pas vous cacher plus longtemps que je sais nager, vous l'avez compris.
Oui, et dans tous les sens. Et vous avez donc travaillé. D'abord, à propos de la libération de C. Reiss, qui est à l'ambassade de France : faut-il attendre longtemps encore son retour en France ?
"Longtemps", je ne sais pas ce que cela veut dire, mais je crains quelques jours voire quelques semaines, oui.
Pour l'ambassadeur d'Iran à Paris, "cette dame - comme il dit - est une espionne".
C'est bien qu'il l'appelle "cette dame", je ne pense pas qu'elle soit "une espionne", elle n'a d'ailleurs pas été accusée d'"espionnage", elle a été accusé d'"incitation au trouble de l'ordre public", ce qui est vraiment impossible à comprendre, ce n'est pas C. Reiss qui a provoqué les manifestations dont nous avons tous parlées.
Mais a-t-elle le profil d'une espionne, entre nous ?
Vraiment pas. Elle est une lectrice de français à l'université, elle s'est défendue elle-même en persan, et on a constaté combien elle parlait très bien cette langue. Voilà, c'est tout, et le reste est fariboles.
Selon vous, est-ce qu'elle a avoué librement ou sous la contrainte ?
Mais elle n'a rien avoué du tout, elle a dit : "je suis allée une heure une fois, une heure et demie une autre fois, voir les manifestations", elle a pris des photos, ce qu'elle a dit, elle les a envoyées à des amis. C'est tout, c'est tout, c'est tout ! Et il y avait des millions de gens dans la rue, ça c'est le vrai phénomène. C. Reiss, j'espère, retrouvera sa liberté puisqu'elle est innocente, je l'espère, je le veux, je le souhaite, je le veux, mais ce qui compte c'est qu'il y ait des millions d'Iraniens dans les rues pour contester ce régime, et souvent d'ailleurs au nom d'une religion qu'ils trouvaient déformée.
Vous lui téléphonez quelquefois ?
Elle m'a téléphoné à sa sortie la dernière fois, à l'ambassade...
Elle résiste ?
Oui, non seulement elle a résisté, elle a été très digne, très courageuse, très calme. Elle a expliqué ce qu'elle avait fait, avec beaucoup de simplicité. Evidemment, nous avons reçu sa famille très souvent, voilà.
Et le président Sarkozy l'a au téléphone ?
Il l'a eue au téléphone aussi, oui.
La caution de 213.000 euros a été versée. Quelle caution, rançon, ou quelle contrepartie supplémentaire l'Iran exige-t-il aujourd'hui pour la libérer ?
Rien du tout. D'abord, c'est une caution, c'est la loi iranienne. Malheureusement, Mme. Ashraf aussi, cette employée iranienne et française de l'ambassade, a dû verser une caution ; elle a dû d'ailleurs hypothéquer sa maison et nous comptons l'aider.
Le moment venu, irez-vous chercher C. Reiss ?
Si c'était utile, oui, mais de toute façon, il faut attendre le jugement.
Que demandez-vous à la justice politique d'Iran ?
D'être juste.
C'est-à-dire, alors là ?
De reconnaître les faits. Mais enfin, est-ce que cette jeune fille a le profil d'une espionne ? Est-ce que nous enverrions, serions-nous assez fous pour envoyer une jeune fille de cette qualité espionner ? Et pourquoi espionner dans une université ?
Si vous avez des espions ou des agents secrets, ils ne ressemblent pas à Clotilde. L'ambassadeur d'Iran reproche personnellement à l'universitaire de...
Mais écoutez, arrêtez de penser que l'ambassadeur d'Iran est la justice iranienne ! Ce monsieur a parlé ; il a tort de le faire d'ailleurs, parce que ce qu'il dit est faux !
Vous allez le recevoir pour le lui dire ?
Mais nous l'avons reçu, convoqué plusieurs fois.
Ça ne sert à rien ?
Le dialogue est difficile.
Comment qualifiez-vous aujourd'hui les relations de la France avec l'Iran ?
Comment dire ? Nous avons essayé, bien avant les Américains, dont nous approuvons d'ailleurs la politique - tendre la main est nécessaire, poursuivre le dialogue est indispensable, et nous l'avons fait... Et j'ai rencontré M. Laredjhani, M. Welhayati, M. Mothaki, enfin... très très souvent. Et je téléphone toutes les semaines en Iran à mon homologue.
Et est-ce que ça sert à quelque chose ?
Non, non et non ! Et je vais vous dire, ce qui est surprenant, c'est que les services entre eux ne se parlent pas beaucoup, tout cela est très disparate, et lorsqu'on a, j'ai, de l'Iran cette excellente impression historique, cette connaissance de cette diplomatie qui a souvent bouleversé le monde, nous sommes très étonnés de voir combien les services correspondent peu les uns avec les autres.
Et en Afghanistan, est-ce que vous aussi, vous avez des soupçons de fraude ?
Mais je n'ai pas à avoir de soupçons. Apparemment il y a au moins...enfin un certain nombre, peut-être quelques dizaines de plaintes essentielles, de plaintes importantes, qui vont être explorées par la commission électorale indépendante. Nous savons aussi que, il y a eu 7500 - 7500 ! - observateurs, dont 400 Européens, dirigés par le général Morillon. Et personne ne doit s'attendre à ce qu'une élection en Afghanistan, et nous sommes très attentifs parce que cette élection doit se dérouler, elle s'est déroulée d'ailleurs, plutôt pas trop mal par rapport aux menaces et à l'ambiance. Evidemment, le danger extrême que les talibans ont voulu faire peser sur ces élections même, ne pas aller voter parce que c'était dangereux. Mais ça ne s'est pas mal passé.
Donc, la tenue des élections, c'est un progrès ?
Je crois que, dans le contexte d'il y a quelques jours, oui, ce n'est pas un progrès, mais c'est un succès.
Et si c'est A. Karzaï, on continuera à l'aider ?
Mais comment, l'aider ! Ce sont les Afghans qu'on aide, ce n'est pas A. Karzaï. Il a été élu ; s'il est élu, je n'en sais rien ; il a déjà été élu, très largement d'ailleurs. Alors, évidemment il représente - et c'est bien mieux - qu'avant, le peuple afghan. Maintenant, il y aura des enquêtes sur tous ces points, et puis nous verrons bien. De toute façon, je voudrais dire les choses simplement : il n'y aura pas de solution militaire en Afghanistan. La solution est forcément politique, et la solution, c'est forcément - et les soldats français appliquent très très bien cette nouvelle phase des campagnes - l'approche des Afghans, les projets à partager avec les Afghans, voire les faire diriger par les Afghans. C'est comme ça que la situation...
Mais au bout, c'est le retrait ?
Au bout, au bout, quand ? Oui...
Justement, quand ? "Le long terme", disait L. Fabius. Quand ?
Mais c'est à moyen terme qu'on pourra...D'abord, il faut qu'il y ait un gouvernement élu issu de ces élections, enfin, un Président issu de ces élections, puis un Gouvernement.
Mais est-ce que vous dites que la stratégie de l'OTAN, de Obama, en Afghanistan et Pakistan a des chances de réussir ou elle est en train de réussir ?
La stratégie qui a été définie à la Conférence de Paris, à Paris, ici, c'est l'afghanisation, c'est-à-dire, avec les Afghans et pour les Afghans. Ce n'est pas qu'une solution uniquement militaire, même si la sécurisation, même si permettre aux gens de se déplacer et de travailler dans les régions est tout à fait indispensable. Pour ça, nous formons une armée et une police. Voilà, c'est très simple. Il n'y aura pas de solution militaire en Afghanistan.
Donc la France ne réclame pas de nouveaux moyens, des renforts, en hommes, en renseignement, en surveillance ?
Non, nous avons augmenté le nombre de nos hommes, c'est fait. Et dans les deux vallées qu'ils tiennent, à l'est de Kaboul, ça se passe plutôt pas mal. J'y suis allé à plusieurs reprises, les progrès sont visibles. Il y a des projets, surtout agricoles d'ailleurs, et médicaux, enfin il y a des tas de choses qui se passent.
En octobre sera élu à Paris le nouveau directeur général de l'UNESCO. Le président Moubarak et les Pays arabes ont choisi, paraît-il, le ministre égyptien de la Culture, F. Hosni. Est-ce que vous y êtes favorable ?
Je n'ai pas à être favorable, je suis le pays hôte, c'est chez nous que l'Unesco se tient, et il n'y a pas pour un pays hôte à donner de préférence. Il y a beaucoup de candidats maintenant, il y aura des élections en octobre si je ne m'abuse, le 15, je crois. Et dans ces conditions...
Parce que pendant la guerre de Gaza F. Hosni avait jeté l'anathème contre les livres, la culture d'Israël...
Il n'a pas attendu ça.
Donc, ce n'est pas un candidat ou c'est un candidat... ?
C'est un candidat, bien entendu, il fut longtemps le seul candidat d'ailleurs.
Mais il est fréquentable ?
Mais monsieur, il est candidat ! Et puis c'est à un nombre de pays choisis qui constituent le Comité de l'UNESCO, de voter. Ils le feront, chez nous, puisque nous sommes, encore une fois, le pays où l'UNESCO déploie ses talents.
Dernière remarque, demain le Quai d'Orsay réunit avec vous sous l'autorité de MM. Sarkozy et Fillon, la Conférence des ambassadeurs...
La Conférence des ambassadeurs commence par un discours du président de la République, comme c'est la coutume, à l'Elysée, et puis pendant quelques jours nous travaillons.
Est-ce que vous faites, vous, un voeu ou une promesse pour que dans le monde d'aujourd'hui la France ne rapetisse pas ?
La France grandit, monsieur, dans le monde. Je la connais depuis longtemps cette France, vous aussi, bien sûr. Je n'ai pas le sentiment qu'en dehors d'une opinion française que je ne comprends pas, on pense que la diplomatie française se rabougrisse. Au contraire, elle se déploie, dans tous les domaines, aussi bien au Moyen-Orient, qu'en Amérique latine, qu'en Asie, et puis évidemment, aussi, dans toutes les organisations internationales. Non, je pense que ça va beaucoup mieux, et qu'on voit la France, et qu'on écoute la France, et qu'on en redemande.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 août 2009
C'est beau, très beau, très calme.
Comment est-ce ?
Eh bien c'est très beau, c'est à la pointe de ce Cap dont vous avez parlé, et donc la mer y est accessible par des rochers, j'aime beaucoup que ce soit par des rochers et non pas des plages. Et que voulez-vous que je vous dise ?...C'était très amical, très chaleureux et c'est utile, parce que nous avons parlé aussi de ce dont vous venez vous-même de parler, c'est-à-dire de la rentrée.
De l'Iran. Mais ce matin le président de la République réapparaît en Conseil des ministres. Au Cap Nègre l'avez-vous trouvé impatient, hyperactif ou cool, reposé, tranquille ?
Reposé, tranquille peut-être pas, parce qu'il était très actif, vélo, nage, gymnastique, etc.
Il paraît que vous avez nagé vous aussi, comme F. Fillon, hier ?
Oui, je ne peux pas vous cacher plus longtemps que je sais nager, vous l'avez compris.
Oui, et dans tous les sens. Et vous avez donc travaillé. D'abord, à propos de la libération de C. Reiss, qui est à l'ambassade de France : faut-il attendre longtemps encore son retour en France ?
"Longtemps", je ne sais pas ce que cela veut dire, mais je crains quelques jours voire quelques semaines, oui.
Pour l'ambassadeur d'Iran à Paris, "cette dame - comme il dit - est une espionne".
C'est bien qu'il l'appelle "cette dame", je ne pense pas qu'elle soit "une espionne", elle n'a d'ailleurs pas été accusée d'"espionnage", elle a été accusé d'"incitation au trouble de l'ordre public", ce qui est vraiment impossible à comprendre, ce n'est pas C. Reiss qui a provoqué les manifestations dont nous avons tous parlées.
Mais a-t-elle le profil d'une espionne, entre nous ?
Vraiment pas. Elle est une lectrice de français à l'université, elle s'est défendue elle-même en persan, et on a constaté combien elle parlait très bien cette langue. Voilà, c'est tout, et le reste est fariboles.
Selon vous, est-ce qu'elle a avoué librement ou sous la contrainte ?
Mais elle n'a rien avoué du tout, elle a dit : "je suis allée une heure une fois, une heure et demie une autre fois, voir les manifestations", elle a pris des photos, ce qu'elle a dit, elle les a envoyées à des amis. C'est tout, c'est tout, c'est tout ! Et il y avait des millions de gens dans la rue, ça c'est le vrai phénomène. C. Reiss, j'espère, retrouvera sa liberté puisqu'elle est innocente, je l'espère, je le veux, je le souhaite, je le veux, mais ce qui compte c'est qu'il y ait des millions d'Iraniens dans les rues pour contester ce régime, et souvent d'ailleurs au nom d'une religion qu'ils trouvaient déformée.
Vous lui téléphonez quelquefois ?
Elle m'a téléphoné à sa sortie la dernière fois, à l'ambassade...
Elle résiste ?
Oui, non seulement elle a résisté, elle a été très digne, très courageuse, très calme. Elle a expliqué ce qu'elle avait fait, avec beaucoup de simplicité. Evidemment, nous avons reçu sa famille très souvent, voilà.
Et le président Sarkozy l'a au téléphone ?
Il l'a eue au téléphone aussi, oui.
La caution de 213.000 euros a été versée. Quelle caution, rançon, ou quelle contrepartie supplémentaire l'Iran exige-t-il aujourd'hui pour la libérer ?
Rien du tout. D'abord, c'est une caution, c'est la loi iranienne. Malheureusement, Mme. Ashraf aussi, cette employée iranienne et française de l'ambassade, a dû verser une caution ; elle a dû d'ailleurs hypothéquer sa maison et nous comptons l'aider.
Le moment venu, irez-vous chercher C. Reiss ?
Si c'était utile, oui, mais de toute façon, il faut attendre le jugement.
Que demandez-vous à la justice politique d'Iran ?
D'être juste.
C'est-à-dire, alors là ?
De reconnaître les faits. Mais enfin, est-ce que cette jeune fille a le profil d'une espionne ? Est-ce que nous enverrions, serions-nous assez fous pour envoyer une jeune fille de cette qualité espionner ? Et pourquoi espionner dans une université ?
Si vous avez des espions ou des agents secrets, ils ne ressemblent pas à Clotilde. L'ambassadeur d'Iran reproche personnellement à l'universitaire de...
Mais écoutez, arrêtez de penser que l'ambassadeur d'Iran est la justice iranienne ! Ce monsieur a parlé ; il a tort de le faire d'ailleurs, parce que ce qu'il dit est faux !
Vous allez le recevoir pour le lui dire ?
Mais nous l'avons reçu, convoqué plusieurs fois.
Ça ne sert à rien ?
Le dialogue est difficile.
Comment qualifiez-vous aujourd'hui les relations de la France avec l'Iran ?
Comment dire ? Nous avons essayé, bien avant les Américains, dont nous approuvons d'ailleurs la politique - tendre la main est nécessaire, poursuivre le dialogue est indispensable, et nous l'avons fait... Et j'ai rencontré M. Laredjhani, M. Welhayati, M. Mothaki, enfin... très très souvent. Et je téléphone toutes les semaines en Iran à mon homologue.
Et est-ce que ça sert à quelque chose ?
Non, non et non ! Et je vais vous dire, ce qui est surprenant, c'est que les services entre eux ne se parlent pas beaucoup, tout cela est très disparate, et lorsqu'on a, j'ai, de l'Iran cette excellente impression historique, cette connaissance de cette diplomatie qui a souvent bouleversé le monde, nous sommes très étonnés de voir combien les services correspondent peu les uns avec les autres.
Et en Afghanistan, est-ce que vous aussi, vous avez des soupçons de fraude ?
Mais je n'ai pas à avoir de soupçons. Apparemment il y a au moins...enfin un certain nombre, peut-être quelques dizaines de plaintes essentielles, de plaintes importantes, qui vont être explorées par la commission électorale indépendante. Nous savons aussi que, il y a eu 7500 - 7500 ! - observateurs, dont 400 Européens, dirigés par le général Morillon. Et personne ne doit s'attendre à ce qu'une élection en Afghanistan, et nous sommes très attentifs parce que cette élection doit se dérouler, elle s'est déroulée d'ailleurs, plutôt pas trop mal par rapport aux menaces et à l'ambiance. Evidemment, le danger extrême que les talibans ont voulu faire peser sur ces élections même, ne pas aller voter parce que c'était dangereux. Mais ça ne s'est pas mal passé.
Donc, la tenue des élections, c'est un progrès ?
Je crois que, dans le contexte d'il y a quelques jours, oui, ce n'est pas un progrès, mais c'est un succès.
Et si c'est A. Karzaï, on continuera à l'aider ?
Mais comment, l'aider ! Ce sont les Afghans qu'on aide, ce n'est pas A. Karzaï. Il a été élu ; s'il est élu, je n'en sais rien ; il a déjà été élu, très largement d'ailleurs. Alors, évidemment il représente - et c'est bien mieux - qu'avant, le peuple afghan. Maintenant, il y aura des enquêtes sur tous ces points, et puis nous verrons bien. De toute façon, je voudrais dire les choses simplement : il n'y aura pas de solution militaire en Afghanistan. La solution est forcément politique, et la solution, c'est forcément - et les soldats français appliquent très très bien cette nouvelle phase des campagnes - l'approche des Afghans, les projets à partager avec les Afghans, voire les faire diriger par les Afghans. C'est comme ça que la situation...
Mais au bout, c'est le retrait ?
Au bout, au bout, quand ? Oui...
Justement, quand ? "Le long terme", disait L. Fabius. Quand ?
Mais c'est à moyen terme qu'on pourra...D'abord, il faut qu'il y ait un gouvernement élu issu de ces élections, enfin, un Président issu de ces élections, puis un Gouvernement.
Mais est-ce que vous dites que la stratégie de l'OTAN, de Obama, en Afghanistan et Pakistan a des chances de réussir ou elle est en train de réussir ?
La stratégie qui a été définie à la Conférence de Paris, à Paris, ici, c'est l'afghanisation, c'est-à-dire, avec les Afghans et pour les Afghans. Ce n'est pas qu'une solution uniquement militaire, même si la sécurisation, même si permettre aux gens de se déplacer et de travailler dans les régions est tout à fait indispensable. Pour ça, nous formons une armée et une police. Voilà, c'est très simple. Il n'y aura pas de solution militaire en Afghanistan.
Donc la France ne réclame pas de nouveaux moyens, des renforts, en hommes, en renseignement, en surveillance ?
Non, nous avons augmenté le nombre de nos hommes, c'est fait. Et dans les deux vallées qu'ils tiennent, à l'est de Kaboul, ça se passe plutôt pas mal. J'y suis allé à plusieurs reprises, les progrès sont visibles. Il y a des projets, surtout agricoles d'ailleurs, et médicaux, enfin il y a des tas de choses qui se passent.
En octobre sera élu à Paris le nouveau directeur général de l'UNESCO. Le président Moubarak et les Pays arabes ont choisi, paraît-il, le ministre égyptien de la Culture, F. Hosni. Est-ce que vous y êtes favorable ?
Je n'ai pas à être favorable, je suis le pays hôte, c'est chez nous que l'Unesco se tient, et il n'y a pas pour un pays hôte à donner de préférence. Il y a beaucoup de candidats maintenant, il y aura des élections en octobre si je ne m'abuse, le 15, je crois. Et dans ces conditions...
Parce que pendant la guerre de Gaza F. Hosni avait jeté l'anathème contre les livres, la culture d'Israël...
Il n'a pas attendu ça.
Donc, ce n'est pas un candidat ou c'est un candidat... ?
C'est un candidat, bien entendu, il fut longtemps le seul candidat d'ailleurs.
Mais il est fréquentable ?
Mais monsieur, il est candidat ! Et puis c'est à un nombre de pays choisis qui constituent le Comité de l'UNESCO, de voter. Ils le feront, chez nous, puisque nous sommes, encore une fois, le pays où l'UNESCO déploie ses talents.
Dernière remarque, demain le Quai d'Orsay réunit avec vous sous l'autorité de MM. Sarkozy et Fillon, la Conférence des ambassadeurs...
La Conférence des ambassadeurs commence par un discours du président de la République, comme c'est la coutume, à l'Elysée, et puis pendant quelques jours nous travaillons.
Est-ce que vous faites, vous, un voeu ou une promesse pour que dans le monde d'aujourd'hui la France ne rapetisse pas ?
La France grandit, monsieur, dans le monde. Je la connais depuis longtemps cette France, vous aussi, bien sûr. Je n'ai pas le sentiment qu'en dehors d'une opinion française que je ne comprends pas, on pense que la diplomatie française se rabougrisse. Au contraire, elle se déploie, dans tous les domaines, aussi bien au Moyen-Orient, qu'en Amérique latine, qu'en Asie, et puis évidemment, aussi, dans toutes les organisations internationales. Non, je pense que ça va beaucoup mieux, et qu'on voit la France, et qu'on écoute la France, et qu'on en redemande.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 août 2009