Texte intégral
Vous connaissez les sujets de ce Conseil Affaires générales : nous avons parlé essentiellement de la Macédoine, un peu de la Bosnie. Ce matin, il y a eu un rapide point Défense, préparation de la Commission des Droits de l'Homme à Genève, préparation du Conseil européen de Stockholm. Sur l'Afghanistan, j'ai demandé que la Commission regarde ce qu'elle peut faire parce que l'attention du monde a été attirée à nouveau sur l'Afghanistan par la destruction des statues, mais nous le savions tous avant même cet acte de vandalisme, c'était un régime carrément répugnant quant à la façon dont il traite les gens, les Afghanes et les Afghans. S'agissant de l'aide humanitaire j'ai demandé au commissaire Patten de faire le point et de voir s'il y avait des possibilités d'action supplémentaire en faveur des populations.
Nous avons eu un échange à propos de l'accès du public aux documents pendant le déjeuner. La plupart des participants ont dit que, naturellement, ils approuvaient les efforts de la Présidence suédoise pour trouver une solution au problème et qu'il y a des échéances à respecter mais qu'il fallait quand même faire attention aux conséquences et arriver à obtenir - comme dans tous les pays démocratiques d'ailleurs - à la fois un principe général d'accès, de transparence, d'information du public, d'information du Parlement et puis, dans le même temps, une capacité à traiter des choses sensibles, ce qui est tout à fait vrai de certaines politiques. C'est un équilibre qui n'est pas encore trouvé, la Présidence suédoise va continuer à le rechercher.
Mais l'essentiel des discussions a porté sur les Balkans avec un point Bosnie ce matin où j'ai insisté sur ce qui m'a frappé lors de mon déplacement il y a 8 jours, c'est-à-dire que la question économique est quand même centrale. Il faut faire émerger une véritable économie bosniaque qui aujourd'hui n'existe pas. Si on n'arrive pas à la dégager de l'étau dans laquelle la tiennent les nationalismes archaïques qui contrôlent encore tout ça, et si on n'arrive pas à la faire aller au-delà du simple fait de recevoir une assistance internationale distribuée par cet énorme système international, il n'y aura pas d'économie vraie au sens propre du terme, il ne se passera rien et les gens continueront à partir. Le pourcentage de jeunes qui quittent la Bosnie est effrayant. Le deuxième point, c'est qu'il faut absolument simplifier ce système international qui est trop embrouillé. Le commissaire Patten a dit qu'il se sentait d'accord avec ces observations, je lui ai adressé une lettre spéciale à ce propos. Il va réfléchir pour voir comment les programmes gérés par la Commission pourront concourir à cet objectif, mais à mon avis cela ne suffit pas, ce n'est pas simplement une question de réorientation du contenu des programmes d'aide à la Bosnie, il y a une vraie question économique en fait, c'est-à-dire comment faire naître un mécanisme de développement vraiment bosniaque.
Sur la Macédoine, la séance était marquée par la présence du secrétaire général de l'OTAN, M. Robertson, et par la présence du ministre macédonien des Affaires étrangères. Je dirais qu'aujourd'hui il y a une convergence très forte de tous les membres de l'Union européenne, de tous les membres de l'OTAN et de tous les gouvernements de la région. Le clivage n'est pas entre Albanais et les autres, il est entre les gouvernements ou les forces politiques modérées responsables et une poignée d'extrémistes albanais ayant employé des moyens terroristes dans certaines zones pour essayer vraisemblablement de provoquer un engrenage dont on ne veut pas et qu'il s'agit de stopper. Cette cohérence est frappante puisque même le gouvernement albanais fait preuve d'un courage et d'un sens des responsabilités qu'il faut souligner. Nous devons agir - "nous", toutes ces forces ensemble, la communauté internationale - nous devons agir sur deux plans, d'abord la reprise du contrôle de la situation sur le terrain, à Presevo et à la frontière macédonienne dans les zones à cheval entre le Kosovo et la Macédoine. Nous avons étudié un ensemble de choses en détail au sein de l'OTAN, entre l'OTAN et l'Union européenne, c'est un exemple de coopération heureuse et en liaison avec les Macédoniens, puisque tous les protagonistes étaient rassemblés. C'est cohérent avec l'autorisation qui a été donnée par l'OTAN à l'armée yougoslave de revenir dans une petite partie de la zone de Presevo. Il y a par ailleurs des demandes de formation et d'assistance technique présentées par la Macédoine que nous soutenons mais cela consiste essentiellement à créer une police des frontières qui serait capable d'exercer sa fonction. Enfin, il y a un volet sécurité et contrôle sur le terrain.
Le volet politique, c'est que personne n'adresse aux Albanais des messages ambigus, qu'il soit bien clair que personne, nulle part, aucun gouvernement, aucune force politique n'est favorable à une modification des frontières par la force et à une remise en cause de la situation actuelle et cela suppose donc une action qui soit en phase de la part de tous les pays européens, de tous les pays de l'OTAN, et des gouvernements de Belgrade, de Macédoine, de Bulgarie, d'Albanie et des différentes personnalités politiques responsables au Kosovo. C'est cela que nous cherchons à faire en fait. Je ne veux pas dire que les différends Albanais dans les différents endroits, ne posent pas des problèmes qui parfois peuvent être politiquement fondés, mais à ce moment là il faut qu'ils soient traités par des moyens politiques normaux, mais pas par les moyens qu'emploient les quelques petits groupes qui agissent entre Presevo et la frontière macédonienne. C'est un message de cohérence et de détermination qui a été envoyé. Il n'est pas que sécuritaire, il est aussi politique et c'est ce que Javier Solana doit aller répéter sur place puisqu'il va à Skopje porteur de ce mandat général, de ce message. On en saura un peu plus à partir de sa visite sur place sur ce que l'on devra faire après. Pour le moment je pense que nous avons pris l'ensemble des positions que nous devions prendre face à cette question.
Q - La situation en Macédoine vous paraît-elle incontrôlée ?
R - Je n'ai pas fait de pronostics. Je ne pense qu'on puisse dire que la situation échappe au contrôle, je ne pense pas qu'on puisse dire non plus qu'elle est complètement contrôlée. Ce que j'ai souligné, c'est qu'il me semble que l'OTAN, l'Europe, et les gouvernements de la région font ce qu'ils doivent faire en ce moment et ils sont bien tous sur la même ligne. J'espère que cela suffira
Q - Faut-il modifier le mandat de la KFOR ?
R - L'idée, c'est que dans le cadre du mandat existant, la KFOR va pouvoir avoir une action encore plus efficace que ce n'est le cas pour le moment. Il subsiste encore une marge d'efficacité. Cela se voit sur le terrain, ce n'est pas une phrase abstraite. La KFOR va pouvoir arriver à un contrôle plus grand que ce n'est le cas aujourd'hui, même si elle a bien travaillé ces derniers jours, on examinera ensuite si la question du mandat proprement dit est reposée ou pas.
Q - Peut-on envisager une fédération en Macédoine ?
R - Les Européens n'ont pas eu à se prononcer sur cette question. Cela a été mentionné dans l'analyse de la situation, à propos des déclarations qui ont été faites par certains représentants des Albanais de Macédoine, mais il ne faut pas dire que ce sont les points de vue des Quinze. Les Quinze pensent que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, en dehors du côté sécurité, contrôle de la situation sur le terrain, il y a un volet politique et que dans ce volet politique il appartient au gouvernement macédonien de prendre des initiatives politiques et de trouver des gestes qui répondent mieux aux aspirations des Albanais de Macédoine, mais ce n'est pas à nous de dire sur quelle forme, ni d'adopter une position plutôt qu'une autre.
Q - Quelles sont les causes de cette situation ? Faut-il envisager une date butoir et saisir le Conseil de sécurité ?
R - L'analyse des causes est à rechercher dans la stratégie des groupes extrémistes. Ce sont les groupes extrémistes qui recréent le problème, l'analyse des cause est donc facile à faire. En ce qui concerne le délai, on n'a pas besoin de fixer de délai parce que cette situation est gérée comme une crise, c'est à dire que le contact est constant et que si nous devons adapter les démarches et les politiques cela se fait jour après jour, au fur et à mesure de la réalité de l'évolution des événements. Il n'y a pas à fixer de date butoir artificielle par rapport à ça. Nous suivons l'évolution et nous verrons si l'ensemble des mesures dont j'ai parlé et des politiques adoptées ne suffisent pas, on verra s'il faut prendre les choses autrement. Quant au Conseil de sécurité, c'est une proposition britannique, la France n'est pas hostile à ça, il peut y avoir une intervention du Conseil de sécurité qui joue un rôle utile notamment pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté notamment quant à la condamnation des actions des extrémistes./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)
Nous avons eu un échange à propos de l'accès du public aux documents pendant le déjeuner. La plupart des participants ont dit que, naturellement, ils approuvaient les efforts de la Présidence suédoise pour trouver une solution au problème et qu'il y a des échéances à respecter mais qu'il fallait quand même faire attention aux conséquences et arriver à obtenir - comme dans tous les pays démocratiques d'ailleurs - à la fois un principe général d'accès, de transparence, d'information du public, d'information du Parlement et puis, dans le même temps, une capacité à traiter des choses sensibles, ce qui est tout à fait vrai de certaines politiques. C'est un équilibre qui n'est pas encore trouvé, la Présidence suédoise va continuer à le rechercher.
Mais l'essentiel des discussions a porté sur les Balkans avec un point Bosnie ce matin où j'ai insisté sur ce qui m'a frappé lors de mon déplacement il y a 8 jours, c'est-à-dire que la question économique est quand même centrale. Il faut faire émerger une véritable économie bosniaque qui aujourd'hui n'existe pas. Si on n'arrive pas à la dégager de l'étau dans laquelle la tiennent les nationalismes archaïques qui contrôlent encore tout ça, et si on n'arrive pas à la faire aller au-delà du simple fait de recevoir une assistance internationale distribuée par cet énorme système international, il n'y aura pas d'économie vraie au sens propre du terme, il ne se passera rien et les gens continueront à partir. Le pourcentage de jeunes qui quittent la Bosnie est effrayant. Le deuxième point, c'est qu'il faut absolument simplifier ce système international qui est trop embrouillé. Le commissaire Patten a dit qu'il se sentait d'accord avec ces observations, je lui ai adressé une lettre spéciale à ce propos. Il va réfléchir pour voir comment les programmes gérés par la Commission pourront concourir à cet objectif, mais à mon avis cela ne suffit pas, ce n'est pas simplement une question de réorientation du contenu des programmes d'aide à la Bosnie, il y a une vraie question économique en fait, c'est-à-dire comment faire naître un mécanisme de développement vraiment bosniaque.
Sur la Macédoine, la séance était marquée par la présence du secrétaire général de l'OTAN, M. Robertson, et par la présence du ministre macédonien des Affaires étrangères. Je dirais qu'aujourd'hui il y a une convergence très forte de tous les membres de l'Union européenne, de tous les membres de l'OTAN et de tous les gouvernements de la région. Le clivage n'est pas entre Albanais et les autres, il est entre les gouvernements ou les forces politiques modérées responsables et une poignée d'extrémistes albanais ayant employé des moyens terroristes dans certaines zones pour essayer vraisemblablement de provoquer un engrenage dont on ne veut pas et qu'il s'agit de stopper. Cette cohérence est frappante puisque même le gouvernement albanais fait preuve d'un courage et d'un sens des responsabilités qu'il faut souligner. Nous devons agir - "nous", toutes ces forces ensemble, la communauté internationale - nous devons agir sur deux plans, d'abord la reprise du contrôle de la situation sur le terrain, à Presevo et à la frontière macédonienne dans les zones à cheval entre le Kosovo et la Macédoine. Nous avons étudié un ensemble de choses en détail au sein de l'OTAN, entre l'OTAN et l'Union européenne, c'est un exemple de coopération heureuse et en liaison avec les Macédoniens, puisque tous les protagonistes étaient rassemblés. C'est cohérent avec l'autorisation qui a été donnée par l'OTAN à l'armée yougoslave de revenir dans une petite partie de la zone de Presevo. Il y a par ailleurs des demandes de formation et d'assistance technique présentées par la Macédoine que nous soutenons mais cela consiste essentiellement à créer une police des frontières qui serait capable d'exercer sa fonction. Enfin, il y a un volet sécurité et contrôle sur le terrain.
Le volet politique, c'est que personne n'adresse aux Albanais des messages ambigus, qu'il soit bien clair que personne, nulle part, aucun gouvernement, aucune force politique n'est favorable à une modification des frontières par la force et à une remise en cause de la situation actuelle et cela suppose donc une action qui soit en phase de la part de tous les pays européens, de tous les pays de l'OTAN, et des gouvernements de Belgrade, de Macédoine, de Bulgarie, d'Albanie et des différentes personnalités politiques responsables au Kosovo. C'est cela que nous cherchons à faire en fait. Je ne veux pas dire que les différends Albanais dans les différents endroits, ne posent pas des problèmes qui parfois peuvent être politiquement fondés, mais à ce moment là il faut qu'ils soient traités par des moyens politiques normaux, mais pas par les moyens qu'emploient les quelques petits groupes qui agissent entre Presevo et la frontière macédonienne. C'est un message de cohérence et de détermination qui a été envoyé. Il n'est pas que sécuritaire, il est aussi politique et c'est ce que Javier Solana doit aller répéter sur place puisqu'il va à Skopje porteur de ce mandat général, de ce message. On en saura un peu plus à partir de sa visite sur place sur ce que l'on devra faire après. Pour le moment je pense que nous avons pris l'ensemble des positions que nous devions prendre face à cette question.
Q - La situation en Macédoine vous paraît-elle incontrôlée ?
R - Je n'ai pas fait de pronostics. Je ne pense qu'on puisse dire que la situation échappe au contrôle, je ne pense pas qu'on puisse dire non plus qu'elle est complètement contrôlée. Ce que j'ai souligné, c'est qu'il me semble que l'OTAN, l'Europe, et les gouvernements de la région font ce qu'ils doivent faire en ce moment et ils sont bien tous sur la même ligne. J'espère que cela suffira
Q - Faut-il modifier le mandat de la KFOR ?
R - L'idée, c'est que dans le cadre du mandat existant, la KFOR va pouvoir avoir une action encore plus efficace que ce n'est le cas pour le moment. Il subsiste encore une marge d'efficacité. Cela se voit sur le terrain, ce n'est pas une phrase abstraite. La KFOR va pouvoir arriver à un contrôle plus grand que ce n'est le cas aujourd'hui, même si elle a bien travaillé ces derniers jours, on examinera ensuite si la question du mandat proprement dit est reposée ou pas.
Q - Peut-on envisager une fédération en Macédoine ?
R - Les Européens n'ont pas eu à se prononcer sur cette question. Cela a été mentionné dans l'analyse de la situation, à propos des déclarations qui ont été faites par certains représentants des Albanais de Macédoine, mais il ne faut pas dire que ce sont les points de vue des Quinze. Les Quinze pensent que, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, en dehors du côté sécurité, contrôle de la situation sur le terrain, il y a un volet politique et que dans ce volet politique il appartient au gouvernement macédonien de prendre des initiatives politiques et de trouver des gestes qui répondent mieux aux aspirations des Albanais de Macédoine, mais ce n'est pas à nous de dire sur quelle forme, ni d'adopter une position plutôt qu'une autre.
Q - Quelles sont les causes de cette situation ? Faut-il envisager une date butoir et saisir le Conseil de sécurité ?
R - L'analyse des causes est à rechercher dans la stratégie des groupes extrémistes. Ce sont les groupes extrémistes qui recréent le problème, l'analyse des cause est donc facile à faire. En ce qui concerne le délai, on n'a pas besoin de fixer de délai parce que cette situation est gérée comme une crise, c'est à dire que le contact est constant et que si nous devons adapter les démarches et les politiques cela se fait jour après jour, au fur et à mesure de la réalité de l'évolution des événements. Il n'y a pas à fixer de date butoir artificielle par rapport à ça. Nous suivons l'évolution et nous verrons si l'ensemble des mesures dont j'ai parlé et des politiques adoptées ne suffisent pas, on verra s'il faut prendre les choses autrement. Quant au Conseil de sécurité, c'est une proposition britannique, la France n'est pas hostile à ça, il peut y avoir une intervention du Conseil de sécurité qui joue un rôle utile notamment pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté notamment quant à la condamnation des actions des extrémistes./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mars 2001)