Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Le tandem que nous formons avec Catherine Trautmann démontre en effet quen matière déducation artistique et culturelle, nos deux ministères sont indissociables. Depuis près de deux ans, nous travaillons la main dans la main pour développer un certain nombre de domaines denseignement et de recherche et nous avons demandé à un groupe de pilotage interministériel de nous faire des propositions concrètes dans les domaines où nous intervenons de concert. Je sais que la démocratisation de la culture constitue lune des priorités de Catherine Trautmann, et quelle insiste sur le fait que cette démocratisation passe avant tout par lécole. Cette conviction, que je partage naturellement avec elle, a grandement facilité notre collaboration et permis de prendre des mesures importantes.
Je souscris totalement aux propos de Catherine sur limportance fondamentale de léducation artistique et culturelle. Jai eu loccasion de le réaffirmer à maintes reprises, et encore tout dernièrement à ses côtés, à loccasion du lancement du « Printemps des Poètes » qui na pu être réalisé que grâce à légal soutien de nos deux ministères. Cest aussi la raison pour laquelle jai décidé que, parallèlement à la dissertation, lon continuerait à faire des « rédactions » ou des « essais » au lycée, afin dencourager le plaisir décrire spontanément.
Le développement de limagination, de la sensibilité, du rêve, de la délectation, de la créativité individuelle ou collective font en effet partie de la vocation de lécole tout autant que lacquisition des savoirs. Les enseignants le savent bien, et les cloisonnements artificiels entre le monde de léducation et de la culture sont heureusement loin dêtre étanches, comme le démontrent les actions menées dans de très nombreux établissements scolaires et universitaires qui organisent des visites de musées, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des ateliers audiovisuels, etc... en faisant appel à des artistes.
De même, de nombreux enseignants ont réalisé des programmes exemplaires. Ainsi « Danse au Coeur », qui présente chaque année depuis 14 ans à Chartres 40 chorégraphies délèves avec des compagnies professionnelles, ou, dans le domaine de laudiovisuel, les programmes « Collège et Cinéma », « Ecole du Cinéma », « Les Ailes du désir », qui développent le goût et lapproche raisonnée du septième art ; ou encore « les Enfants de la Zique », la biennale « Théâtre Jeune Public » de Lyon organisée avec France Culture, lArtothèque du lycée Antonin Arthaud de Marseille, lassociation « Musiques Vivantes » de lAllier, celle du « Théâtre pour lenfance et la jeunesse », des « Conjurations plastiques » de lIndre ; ou encore la collaboration de la Maison du Geste et de lImage avec les écoles, les interventions de la Maison des Ecrivains, et le remarquable programme organisé par lOpéra Bastille, qui a mis en place un programme intitulé « Dix mois décole à lOpéra » qui sadresse en priorité aux jeunes scolarisés en zone déducation prioritaire et qui sest révélé si efficace dans les académies franciliennes quil va sétendre à toutes les régions de France en partenariat avec notre ministère. Et pas plus tard que dans son numéro daté daujourdhui, le Monde consacre un reportage aux « petits parcours » des Beaux-Arts de Nancy où lEducation Nationale organise des stages délèves et des formations denseignants, ainsi quau remarquable atelier pédagogique créé dans une petite ville des Alpes-Maritimes dans le but de former des « citoyens créatifs ». Jy lis également avec grand intérêt que les lycées agricoles et technologiques sont particulièrement intéressés par des jumelages avec les centres dart.
Je noublie pas non plus les universités où des enseignants, des étudiants et des artistes montent des programmes de grande qualité, comme les concerts du Choeur de Paris VIII, le Théâtre de lUniversité de Dijon, ou lassociation Ecume qui, sous la houlette dun étudiant de DEA, organise à lUniversité du Languedoc-Roussillon des rencontres internationales universitaires de chant choral, après avoir monté et enregistré lan dernier Porgy and Bess de Leonard Bernstein. Ces exemples pourrraient être multipliés, des plus modestes aux plus ambitieux.
Les très nombreuses initiatives de ce type où collaborent des enseignants avec les DRAC démontrent à lévidence que les ministères nont rien à inventer. Notre rôle consiste plutôt à repérer les meilleures dentre elles, à les faire connaître et à encourager leur essaimage. Internet nous y aidera, et cest dans ce but que nous réunirons au mois de mai prochain les Recteurs et les Directeurs de DRAC, afin didentifier et de conforter les actions locales les plus performantes et den impulser lextension afin que la greffe prenne le mieux possible. Catherine Trautmann en a mentionné quelques-unes.
Dans le cadre de la consultation des collèges, Ségolène Royal étudie actuellement le développement de léducation artistique de la 6ème à la 3ème. Elle annoncera également un certain nombre de mesures à loccasion des Etats Généraux de la lecture et des langages qui se tiendront à Nantes les 4 et 5 mai. .
Pour ma part, je me cantonnerai à quelques projets que nous sommes entrain de réaliser en collaboration avec le Ministère de la Culture.
Jusquà présent, larchitecture ne figurait que très marginalement dans les programmes scolaires. Létude de lespace urbain ou rural constitue pourtant un élément essentiel de laccession à la citoyenneté. Quoi de plus hostile en effet pour un enfant quun environnement illisible et muet ? Nous devons lui donner les moyens de sapproprier lespace qui lentoure, en lui faisant comprendre comment il sest élaboré, quelles sont ses fonctions et comment il faut lentretenir ou le faire évoluer. A cette fin, nous avons décidé que les établissements qui le souhaitent seront invitées à constituer, avec des enseignants volontaires et laide des services des deux ministères, un fonds documentaire sur leur propre environnement, bâti ou paysager. Ce dossier sélaborera peu à peu, dans le cadre dune pédagogie de projet. Ces investigations permettront aux élèves dexplorer leur territoire, et de rencontrer des artistes, des architectes et des services publics de cet environnement, depuis sa construction jusquà sa conservation.
Jattache également une très grande importance à la musique dans les établissements scolaires. Catherine Trautmann a parlé du rapprochement avec les écoles de musique auxquelles naccèdent quun nombre beaucoup trop faible denfants. Ceci constituera une innovation très importante en France où la dichotomie entre établissements placés respectivement sous la tutelle de lEducation et de la Culture ne favorise pas une éducation musicale suffisamment démocratique.
Jajoute que, pour la seconde année consécutive, un festival de chant choral scolaire se déroulera les 7 et 8 mai. Après Vaison-la-Romaine, il aura lieu cette année à Strasbourg. En montrant la qualité, la diversité et la richesse du travail des chorales scolaires, il sagit den augmenter le nombre en donnant à un maximum détablissements scolaires le désir de créer son propre ensemble vocal.
Par ailleurs, une équipe de travail regroupant des professeurs déducation musicale, la Direction de la Technologie et lIRCAM est en train de mettre au point de nombreux petits logiciels qui seront largement distribués aux établissements scolaires afin de mettre à la disposition des élèves des outils de création musicale adaptés à leurs connaissance et leurs savoir-faire. Ce partenariat tend une précieuse passerelle entre la création contemporaine et les jeunes générations qui doivent, pour mieux sy reconnaître plus tard, rencontrer dès lécole les technologies qui animent les expressions daujourdhui.
Jai également décidé de créer cette année un premier festival de théâtre scolaire déconcentré dans les académies et intitulé le Printemps Théâtral. Chacun montrera le travail de son équipe, ou analysera celui des autres. Sans aller jusquà dire comme Molière que le théâtre est fait pour être joué et non pour être lu, jai en effet la conviction que la pratique du théâtre fait pénétrer les jeunes de plain-pied dans le processus de création : elle les amène à développer leur propre expression et à sintégrer dans un projet collectif, dont la réalisation mobilise à la fois lémotion, le raisonnement et lesprit critique. La langue se dévoile dans le jeu dramatique, et sincarne dans le corps. Il sy invente une pédagogie qui conjugue le sensible et le rationnel dans un système qui fonctionne encore trop souvent sur leur exclusion mutuelle.La plupart des rencontres de théâtre scolaire se dérouleront dans de vrais théâtres, avec le soutien des équipes techniques. A cette occasion, le ministère de la Culture a lancé un appel à projet pour lécriture de 25 textes dramatiques courts, destinés à la jeunesse, qui seront édités et pourront être étudiés lan prochain.
Je remarque aussi que le grand répertoire classique est très insuffisamment accessible en vidéo dans les écoles. Jai rencontré récemment Gérard Depardieu et Jean-Claude Carrière qui proposent de tourner en décor naturel un certain nombre de pièces de théâtre françaises. Si ce projet se réalise des cassettes pourraient être distribuées dans les établissements où des acteurs et des metteurs en scène viendraient les commenter.
Vous savez que la mise en place dateliers dexpression artistique constitue lune des innovations introduites dans la réforme des lycées. Il existait déjà des options artistiques très appréciées des élèves, qui seront maintenues conformément à leur demande. Malheureusement, seuls 3 % des lycéens en bénéficiaient, et elles étaient réservées principalement aux filières littéraires. Lors de la consultation nationale de lannée dernière, 65 % des lycéens ont à juste titre réclamé de pouvoir pratiquer un art. Je les ai écoutés et dès la prochaine rentrée scolaire, plusieurs centaines dateliers seront ouverts en priorité dans les établissements où les enseignements artistiques nexistaient pas, et tout particulièrement les lycées denseignement technologique ou professionnel. Ils accueilleront les lycéens volontaires de toutes les séries, de la seconde à la terminale, qui bénéficieront de 72 heures annuelles dexpression artistique le plus souvent animées par des intervenants extérieurs sous le contrôle des enseignants.
Rien nempêche des professeurs de français ou dautres disciplines, de faire faire du théâtre ou de laudiovisuel à leurs élèves : ils peuvent aussi, comme cela se fait parfois, monter des ateliers de lecture ou décriture. De même, les professeurs déducation physique peuvent organiser des ateliers de danse, sans parler des professeurs darts platiques ou darts appliqués.
En musique, cest plus difficile, car nous manquons denseignants spécialisés. Je souhaite augmenter le nombre de postes aux concours de recrutement. Malheureusement, le vivier de candidats est actuellement insuffisant pour pourvoir ceux qui sont offerts au CAPES. Ceci est dautant plus navrant que les élèves sortis des écoles de musique ne trouvent pas toujours demploi. Afin de remédier à cette carence, je souhaite que les universités étudient la possibilité doffrir des équivalences à des musiciens afin quils puissent sintégrer dans les DEUG et les licences de musique, comme cela se fait déjà à Toulouse Le Mirail. De même, les IUFM et les universités dété seront chargés de développer la formation continue, afin douvrir les portes de lEducation Nationale à des personnes compétentes.
Dautre part, nous ferons appel à des intervenants extérieurs de qualité indiscutable, sélectionnés par des commissions DRAC/Rectorats. Dune manière générale, si les enseignants en sont daccord, les ateliers seront organisés en partenariat avec le milieu artistique et culturel autour de projets définis en concertation avec les lycéens. Les interventions seront mises en oeuvre dans le cadre de conventions ou de jumelages entre les établissements et les partenaires extérieurs.
Le Ministère de la Culture finançait déjà un certain nombre dateliers, notamment dans les collèges. Je précise que, dans les lycées, la prise en charge des intervants professionnels sera désormais assurée conjointement par les deux ministères de lEducation et de la Culture. Et jajoute que si, comme la indiqué Catherine Trautmann, le Ministère de la Culture consacre des sommes importantes à léducation artistique, nous mettons de notre côté 40 professeurs à la disposition de la Culture, répartis entre les DRAC et la rue de Valois, afin de mettre à profit leur expertise et de faciliter les passerelles.
Jen viens maintenant à lenseignement supérieur et à la recherche. Il se fait déjà des choses dans les universités et les grandes écoles. Nombre dentre elles ont confié à des enseignants la tâche de coordonner les activités culturelles des campus en coordination avec les DRAC. Cependant, comparée à dautres pays, la France fait encore figure de parent pauvre. Pour cette raison, jai demandé à la Direction des Enseignements Supérieurs dexaminer avec une attention particulière les volets culturels présentés dans le cadre des contrats quadriennaux et je remercie Catherine Trautmann davoir accepté de participer à leur financement lorsquils feront appel à des partenariats. Je souhaite que les étudiants sadonnent davantage à des activités culturelles, et que des troupes de théâtre, des formations musicales, etc... soient invitées sur les campus. Dans le cadre du plan U3M, des locaux adéquats seront édifiés, à linstar du théâtre de lUniversité de Dijon.
Enfin, comme cela se fait déjà pour les activités sportives, les universités qui le souhaitent pourront valider les activités artistiques des étudiants dans le cadre des cursus de DEUG ou de licence.
Dans le domaine de la recherche, nos compétences respectives se croisent dans plusieurs domaines, comme larchitecture, le cinéma, larchéologie, etc... Lhistoire des arts constitue lun de ces principaux axes de croisement, et je me réjouis de pouvoir annoncer avec Catherine Trautmann la création tant attendue de lInstitut National dHistoire de lArt. Outre la constitution dune grande bibliothèque et dune iconothèque dont a parlé Catherine Trautmann, cet institut permettra de remédier au morcellement des équipes de recherche dispersées aux quatre coins de lIle-de-France. Il accueillera les équipes de recherche et les enseignements de 3ème cycle de lEHESS, de lEPHE et des universités de Paris I, Paris III, Paris IV, Paris VII, Paris VIII et Paris X. Au delà dun simple rapprochement géographique, lInstitut permettra de fédérer les recherches en histoire des arts, notamment par la définition de projets communs, à commencer par le projet documentaire. LInstitut deviendra un acteur majeur sur la scène européenne et internationale, et les nouvelles technologies seront mises au service dun accès plus large de tous à des contenus qui relèvent dun nouvel encyclopédisme. Lieu danimation scientifique, il organisera des colloques et des congrès internationaux. Un service spécifique gèrera lhébergement des chercheurs de province et de létranger. LInstitut fournira encore une aide à la publication des chercheurs. Enfin, il fera bénéficier les chercheurs des services à distance, et sera la tête dun réseau documentaire informatisé qui sintègrera naturellement au système international dinformation, grâce à un site Internet. Cette création permettra à la France, qui dispose dun patrimoine, de collections et déquipes de recherche particulièrement foisonnantes, de disposer enfin dune institution comparable à celles qui existent dans des pays comme lAllemagne ou les Etats-Unis.
(Source http ://www.education.gouv.fr, le 14 avril 1999)
Le tandem que nous formons avec Catherine Trautmann démontre en effet quen matière déducation artistique et culturelle, nos deux ministères sont indissociables. Depuis près de deux ans, nous travaillons la main dans la main pour développer un certain nombre de domaines denseignement et de recherche et nous avons demandé à un groupe de pilotage interministériel de nous faire des propositions concrètes dans les domaines où nous intervenons de concert. Je sais que la démocratisation de la culture constitue lune des priorités de Catherine Trautmann, et quelle insiste sur le fait que cette démocratisation passe avant tout par lécole. Cette conviction, que je partage naturellement avec elle, a grandement facilité notre collaboration et permis de prendre des mesures importantes.
Je souscris totalement aux propos de Catherine sur limportance fondamentale de léducation artistique et culturelle. Jai eu loccasion de le réaffirmer à maintes reprises, et encore tout dernièrement à ses côtés, à loccasion du lancement du « Printemps des Poètes » qui na pu être réalisé que grâce à légal soutien de nos deux ministères. Cest aussi la raison pour laquelle jai décidé que, parallèlement à la dissertation, lon continuerait à faire des « rédactions » ou des « essais » au lycée, afin dencourager le plaisir décrire spontanément.
Le développement de limagination, de la sensibilité, du rêve, de la délectation, de la créativité individuelle ou collective font en effet partie de la vocation de lécole tout autant que lacquisition des savoirs. Les enseignants le savent bien, et les cloisonnements artificiels entre le monde de léducation et de la culture sont heureusement loin dêtre étanches, comme le démontrent les actions menées dans de très nombreux établissements scolaires et universitaires qui organisent des visites de musées, des expositions, des concerts, des représentations théâtrales, des ateliers audiovisuels, etc... en faisant appel à des artistes.
De même, de nombreux enseignants ont réalisé des programmes exemplaires. Ainsi « Danse au Coeur », qui présente chaque année depuis 14 ans à Chartres 40 chorégraphies délèves avec des compagnies professionnelles, ou, dans le domaine de laudiovisuel, les programmes « Collège et Cinéma », « Ecole du Cinéma », « Les Ailes du désir », qui développent le goût et lapproche raisonnée du septième art ; ou encore « les Enfants de la Zique », la biennale « Théâtre Jeune Public » de Lyon organisée avec France Culture, lArtothèque du lycée Antonin Arthaud de Marseille, lassociation « Musiques Vivantes » de lAllier, celle du « Théâtre pour lenfance et la jeunesse », des « Conjurations plastiques » de lIndre ; ou encore la collaboration de la Maison du Geste et de lImage avec les écoles, les interventions de la Maison des Ecrivains, et le remarquable programme organisé par lOpéra Bastille, qui a mis en place un programme intitulé « Dix mois décole à lOpéra » qui sadresse en priorité aux jeunes scolarisés en zone déducation prioritaire et qui sest révélé si efficace dans les académies franciliennes quil va sétendre à toutes les régions de France en partenariat avec notre ministère. Et pas plus tard que dans son numéro daté daujourdhui, le Monde consacre un reportage aux « petits parcours » des Beaux-Arts de Nancy où lEducation Nationale organise des stages délèves et des formations denseignants, ainsi quau remarquable atelier pédagogique créé dans une petite ville des Alpes-Maritimes dans le but de former des « citoyens créatifs ». Jy lis également avec grand intérêt que les lycées agricoles et technologiques sont particulièrement intéressés par des jumelages avec les centres dart.
Je noublie pas non plus les universités où des enseignants, des étudiants et des artistes montent des programmes de grande qualité, comme les concerts du Choeur de Paris VIII, le Théâtre de lUniversité de Dijon, ou lassociation Ecume qui, sous la houlette dun étudiant de DEA, organise à lUniversité du Languedoc-Roussillon des rencontres internationales universitaires de chant choral, après avoir monté et enregistré lan dernier Porgy and Bess de Leonard Bernstein. Ces exemples pourrraient être multipliés, des plus modestes aux plus ambitieux.
Les très nombreuses initiatives de ce type où collaborent des enseignants avec les DRAC démontrent à lévidence que les ministères nont rien à inventer. Notre rôle consiste plutôt à repérer les meilleures dentre elles, à les faire connaître et à encourager leur essaimage. Internet nous y aidera, et cest dans ce but que nous réunirons au mois de mai prochain les Recteurs et les Directeurs de DRAC, afin didentifier et de conforter les actions locales les plus performantes et den impulser lextension afin que la greffe prenne le mieux possible. Catherine Trautmann en a mentionné quelques-unes.
Dans le cadre de la consultation des collèges, Ségolène Royal étudie actuellement le développement de léducation artistique de la 6ème à la 3ème. Elle annoncera également un certain nombre de mesures à loccasion des Etats Généraux de la lecture et des langages qui se tiendront à Nantes les 4 et 5 mai. .
Pour ma part, je me cantonnerai à quelques projets que nous sommes entrain de réaliser en collaboration avec le Ministère de la Culture.
Jusquà présent, larchitecture ne figurait que très marginalement dans les programmes scolaires. Létude de lespace urbain ou rural constitue pourtant un élément essentiel de laccession à la citoyenneté. Quoi de plus hostile en effet pour un enfant quun environnement illisible et muet ? Nous devons lui donner les moyens de sapproprier lespace qui lentoure, en lui faisant comprendre comment il sest élaboré, quelles sont ses fonctions et comment il faut lentretenir ou le faire évoluer. A cette fin, nous avons décidé que les établissements qui le souhaitent seront invitées à constituer, avec des enseignants volontaires et laide des services des deux ministères, un fonds documentaire sur leur propre environnement, bâti ou paysager. Ce dossier sélaborera peu à peu, dans le cadre dune pédagogie de projet. Ces investigations permettront aux élèves dexplorer leur territoire, et de rencontrer des artistes, des architectes et des services publics de cet environnement, depuis sa construction jusquà sa conservation.
Jattache également une très grande importance à la musique dans les établissements scolaires. Catherine Trautmann a parlé du rapprochement avec les écoles de musique auxquelles naccèdent quun nombre beaucoup trop faible denfants. Ceci constituera une innovation très importante en France où la dichotomie entre établissements placés respectivement sous la tutelle de lEducation et de la Culture ne favorise pas une éducation musicale suffisamment démocratique.
Jajoute que, pour la seconde année consécutive, un festival de chant choral scolaire se déroulera les 7 et 8 mai. Après Vaison-la-Romaine, il aura lieu cette année à Strasbourg. En montrant la qualité, la diversité et la richesse du travail des chorales scolaires, il sagit den augmenter le nombre en donnant à un maximum détablissements scolaires le désir de créer son propre ensemble vocal.
Par ailleurs, une équipe de travail regroupant des professeurs déducation musicale, la Direction de la Technologie et lIRCAM est en train de mettre au point de nombreux petits logiciels qui seront largement distribués aux établissements scolaires afin de mettre à la disposition des élèves des outils de création musicale adaptés à leurs connaissance et leurs savoir-faire. Ce partenariat tend une précieuse passerelle entre la création contemporaine et les jeunes générations qui doivent, pour mieux sy reconnaître plus tard, rencontrer dès lécole les technologies qui animent les expressions daujourdhui.
Jai également décidé de créer cette année un premier festival de théâtre scolaire déconcentré dans les académies et intitulé le Printemps Théâtral. Chacun montrera le travail de son équipe, ou analysera celui des autres. Sans aller jusquà dire comme Molière que le théâtre est fait pour être joué et non pour être lu, jai en effet la conviction que la pratique du théâtre fait pénétrer les jeunes de plain-pied dans le processus de création : elle les amène à développer leur propre expression et à sintégrer dans un projet collectif, dont la réalisation mobilise à la fois lémotion, le raisonnement et lesprit critique. La langue se dévoile dans le jeu dramatique, et sincarne dans le corps. Il sy invente une pédagogie qui conjugue le sensible et le rationnel dans un système qui fonctionne encore trop souvent sur leur exclusion mutuelle.La plupart des rencontres de théâtre scolaire se dérouleront dans de vrais théâtres, avec le soutien des équipes techniques. A cette occasion, le ministère de la Culture a lancé un appel à projet pour lécriture de 25 textes dramatiques courts, destinés à la jeunesse, qui seront édités et pourront être étudiés lan prochain.
Je remarque aussi que le grand répertoire classique est très insuffisamment accessible en vidéo dans les écoles. Jai rencontré récemment Gérard Depardieu et Jean-Claude Carrière qui proposent de tourner en décor naturel un certain nombre de pièces de théâtre françaises. Si ce projet se réalise des cassettes pourraient être distribuées dans les établissements où des acteurs et des metteurs en scène viendraient les commenter.
Vous savez que la mise en place dateliers dexpression artistique constitue lune des innovations introduites dans la réforme des lycées. Il existait déjà des options artistiques très appréciées des élèves, qui seront maintenues conformément à leur demande. Malheureusement, seuls 3 % des lycéens en bénéficiaient, et elles étaient réservées principalement aux filières littéraires. Lors de la consultation nationale de lannée dernière, 65 % des lycéens ont à juste titre réclamé de pouvoir pratiquer un art. Je les ai écoutés et dès la prochaine rentrée scolaire, plusieurs centaines dateliers seront ouverts en priorité dans les établissements où les enseignements artistiques nexistaient pas, et tout particulièrement les lycées denseignement technologique ou professionnel. Ils accueilleront les lycéens volontaires de toutes les séries, de la seconde à la terminale, qui bénéficieront de 72 heures annuelles dexpression artistique le plus souvent animées par des intervenants extérieurs sous le contrôle des enseignants.
Rien nempêche des professeurs de français ou dautres disciplines, de faire faire du théâtre ou de laudiovisuel à leurs élèves : ils peuvent aussi, comme cela se fait parfois, monter des ateliers de lecture ou décriture. De même, les professeurs déducation physique peuvent organiser des ateliers de danse, sans parler des professeurs darts platiques ou darts appliqués.
En musique, cest plus difficile, car nous manquons denseignants spécialisés. Je souhaite augmenter le nombre de postes aux concours de recrutement. Malheureusement, le vivier de candidats est actuellement insuffisant pour pourvoir ceux qui sont offerts au CAPES. Ceci est dautant plus navrant que les élèves sortis des écoles de musique ne trouvent pas toujours demploi. Afin de remédier à cette carence, je souhaite que les universités étudient la possibilité doffrir des équivalences à des musiciens afin quils puissent sintégrer dans les DEUG et les licences de musique, comme cela se fait déjà à Toulouse Le Mirail. De même, les IUFM et les universités dété seront chargés de développer la formation continue, afin douvrir les portes de lEducation Nationale à des personnes compétentes.
Dautre part, nous ferons appel à des intervenants extérieurs de qualité indiscutable, sélectionnés par des commissions DRAC/Rectorats. Dune manière générale, si les enseignants en sont daccord, les ateliers seront organisés en partenariat avec le milieu artistique et culturel autour de projets définis en concertation avec les lycéens. Les interventions seront mises en oeuvre dans le cadre de conventions ou de jumelages entre les établissements et les partenaires extérieurs.
Le Ministère de la Culture finançait déjà un certain nombre dateliers, notamment dans les collèges. Je précise que, dans les lycées, la prise en charge des intervants professionnels sera désormais assurée conjointement par les deux ministères de lEducation et de la Culture. Et jajoute que si, comme la indiqué Catherine Trautmann, le Ministère de la Culture consacre des sommes importantes à léducation artistique, nous mettons de notre côté 40 professeurs à la disposition de la Culture, répartis entre les DRAC et la rue de Valois, afin de mettre à profit leur expertise et de faciliter les passerelles.
Jen viens maintenant à lenseignement supérieur et à la recherche. Il se fait déjà des choses dans les universités et les grandes écoles. Nombre dentre elles ont confié à des enseignants la tâche de coordonner les activités culturelles des campus en coordination avec les DRAC. Cependant, comparée à dautres pays, la France fait encore figure de parent pauvre. Pour cette raison, jai demandé à la Direction des Enseignements Supérieurs dexaminer avec une attention particulière les volets culturels présentés dans le cadre des contrats quadriennaux et je remercie Catherine Trautmann davoir accepté de participer à leur financement lorsquils feront appel à des partenariats. Je souhaite que les étudiants sadonnent davantage à des activités culturelles, et que des troupes de théâtre, des formations musicales, etc... soient invitées sur les campus. Dans le cadre du plan U3M, des locaux adéquats seront édifiés, à linstar du théâtre de lUniversité de Dijon.
Enfin, comme cela se fait déjà pour les activités sportives, les universités qui le souhaitent pourront valider les activités artistiques des étudiants dans le cadre des cursus de DEUG ou de licence.
Dans le domaine de la recherche, nos compétences respectives se croisent dans plusieurs domaines, comme larchitecture, le cinéma, larchéologie, etc... Lhistoire des arts constitue lun de ces principaux axes de croisement, et je me réjouis de pouvoir annoncer avec Catherine Trautmann la création tant attendue de lInstitut National dHistoire de lArt. Outre la constitution dune grande bibliothèque et dune iconothèque dont a parlé Catherine Trautmann, cet institut permettra de remédier au morcellement des équipes de recherche dispersées aux quatre coins de lIle-de-France. Il accueillera les équipes de recherche et les enseignements de 3ème cycle de lEHESS, de lEPHE et des universités de Paris I, Paris III, Paris IV, Paris VII, Paris VIII et Paris X. Au delà dun simple rapprochement géographique, lInstitut permettra de fédérer les recherches en histoire des arts, notamment par la définition de projets communs, à commencer par le projet documentaire. LInstitut deviendra un acteur majeur sur la scène européenne et internationale, et les nouvelles technologies seront mises au service dun accès plus large de tous à des contenus qui relèvent dun nouvel encyclopédisme. Lieu danimation scientifique, il organisera des colloques et des congrès internationaux. Un service spécifique gèrera lhébergement des chercheurs de province et de létranger. LInstitut fournira encore une aide à la publication des chercheurs. Enfin, il fera bénéficier les chercheurs des services à distance, et sera la tête dun réseau documentaire informatisé qui sintègrera naturellement au système international dinformation, grâce à un site Internet. Cette création permettra à la France, qui dispose dun patrimoine, de collections et déquipes de recherche particulièrement foisonnantes, de disposer enfin dune institution comparable à celles qui existent dans des pays comme lAllemagne ou les Etats-Unis.
(Source http ://www.education.gouv.fr, le 14 avril 1999)