Entretien de M. Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, dans "Le Journal du Dimanche" du 4 octobre 2009, sur l'avenir institutionnel de l'Union européenne après la victoire du oui au référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne.

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Média : Le Journal du Dimanche

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Q - Ce résultat, c'est un nouveau départ ?
R - C'est incontestablement une dynamique importante pour la nouvelle Europe. Il se trouve que nous fêterons dans quelques jours, le 9 novembre, le 20ème anniversaire de la chute du Mur, et ça fait à peu près vingt ans que l'Europe court après ses institutions : il y a eu Maastricht, puis quinze années de conventions, de traités, de référendums en tout genre. Voilà la fin du long chapitre institutionnel de l'Union, nous allons enfin pouvoir parler politique.
Q - Quelles perspectives s'ouvrent à présent pour l'Europe ?
R - Ces institutions vont nous aider à nous imposer au lieu d'être condamnés à assister à un G2 américano-chinois. La désignation d'un président stable de l'Union donnera une meilleure continuité au travail du Conseil ; le futur haut représentant aura à sa disposition la grande innovation du Traité de Lisbonne : le service d'action extérieure de l'Union européenne, qui a vocation à devenir le plus grand service diplomatique du monde. Cela va donner à l'Europe un poids mondial sans commune mesure avec ce qui existe aujourd'hui.
Q - Craignez-vous encore des embûches, à commencer par un blocage tchèque ?
R - Nous sommes sereins. La Cour constitutionnelle a déjà été consultée en septembre 2008 et a voté à l'unanimité des quinze juges en faveur de la constitutionnalité du traité, le Parlement tchèque a ratifié en mai, le gouvernement est déterminé à avancer, donc nous pensons que les recours engagés aujourd'hui devraient connaître le même sort que les précédents. La signature, qui est un acte non pas politique mais de procédure, aura lieu.
Q - Maintenant, vous pouvez nous le dire : y avait-il un plan B, encas de "non" ?
R - Vous imaginez bien que nous étions prêts à toutes les éventualités ! Mais, de toute façon, l'Europe était prête à avancer. Et ça ne sert à rien de revenir sur le passé. On a une bonne décision, qui plus est à une majorité très nette, on s'en réjouit. Tout ça est quand même dû, sans pousser trop de cocoricos, à la volonté du président de la République de peser pour un nouveau vote en Irlande, puis de donner aux Irlandais les garanties politiques dont ils avaient besoin... Nous avons donc, côté français, de quoi être particulièrement satisfaits.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 octobre 2009