Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-bulgares, l'accueil des réfugiés du Kosovo et l'aide financière aux pays voisins de l'ex-Yougoslavie, Sofia le 9 avril 1999.

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Circonstance : Voyage de M. Védrine en Bulgarie l 9 avril 1999-entretien avec Mme Nadjeda Mikhailova, ministre des affaires étrangères

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je suis venu à Sofia à linvitation de Mme Mikhaïlova que jai déjà rencontrée à plusieurs reprises à loccasion de grands sommets internationaux mais que surtout javais eu le plaisir daccueillir à Paris pour un entretien suivi dun déjeuner de travail selon la même formule quaujourdhui, pour poursuivre le dialogue entre la France et la Bulgarie, que nous souhaitons de part et dautre intensifier. Il y a des raisons anciennes à ces liens, mais il y aussi des raisons nouvelles et des raisons davenir. Cest un dialogue naturellement politique qui porte sur les grands sujets du moment, destiné à examiner ce que nous pouvons faire pour renforcer nos relations politico-diplomatiques, économiques et culturelles.
Nous avons dautre part parlé des relations entre la Bulgarie et lEurope. Nous apprécions les efforts faits par la Bulgarie et souhaitons coopérer avec la Bulgarie dans cette perspective.
Naturellement, compte tenu de lactualité nous avons beaucoup parlé du Kosovo. Nos positions sont très convergentes. Nous avons estimé quétant donné que tous les efforts considérables entrepris depuis très longtemps navaient pas produit de résultat il fallait faire ce qui est en cours maintenant, même si cest difficile et même si cela pose des problèmes. Nous avons parlé de la question des réfugiés. Jai pu constater que la position de la Bulgarie était quasiment identique à celle de la France. Nous ne pensons pas que des personnes qui ont été chassées de chez elles, maltraitées, traumatisées, doivent en plus être dispersées. En France nous avons décidé daccueillir ceux qui le demandent vraiment, mais nous pensons que la priorité doit aller à laide sur place. Cest dailleurs la position qui a été retenue, par lUnion européenne hier les Quinze nont finalement pas retenu une politique de quota. Par contre un très gros effort est fait pour les pays qui accueillent les réfugiés sur place. Et au-delà de cet accord ponctuel sur ce point important nous avons également parlé de lavenir. Cest-à-dire des solutions à ce conflit. Il a fallu employer des moyens militaires mais à un moment ou un autre il faudra nous retrouver sur le terrain politique. Nous avons réfléchi à ces questions en essayant de replacer le problème du Kosovo dans un ensemble, un contexte plus larges. Dune façon générale nous poursuivrons le dialogue entre la France et la Bulgarie à propos de lavenir de la stabilité des Balkans, du développement des Balkans et de la sécurité dans les Balkans. Voilà un résumé de nos entretiens. Considérez que cest une étape dans un processus qui est appelé à se renforcer. Et naturellement, je vous remercie de votre accueil très amical.
Q - (Sur laide de la France et de lUnion européenne aux pays voisins du conflit et sur la réduction de la dette)
R - Les pays de lUnion européenne, parmi dautre pays concernés doivent prendre en considération les contraintes et les handicaps qui pèsent sur les pays voisins de lex-Yougoslavie du fait de ces conflits qui se poursuivent maintenant depuis des années. Ces derniers temps on a eu à lesprit en priorité la question des réfugiés mais il faut prendre en compte les autres éléments.
Jai proposé à mes partenaires de lUnion européenne dexaminer cette question dune façon plus large quen ce qui concerne simplement les réfugiés à notre prochaine réunion du Conseil Affaires générales. Je dirais quau delà des problèmes immédiats la meilleure réponse est de dégager des perspectives pour ces pays par rapport au resserrement de leurs liens avec lUnion européenne. En ce qui concerne la dette, je peux simplement déjà dire que lors de la prochaine réunion du Club de Paris, les pays créanciers examineront les problèmes des pays les plus touchés par la crise au Kosovo. Mais je ne peux pas, naturellement, présumer à ce stade la réponse.
Q - (Sur les propos rapportés par Reuters selon laquelle M. Eltsine aurait ordonné la réorientation des missiles).
R - Je réserve et ma réaction et mon jugement sur cette information. Jattends den savoir plus. Ce que je peux vous dire cest que nous sommes en contact avec la Russie. Pas plus tard quhier le Secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères a eu des entretiens à Moscou, et nous réfléchissons ensemble à lissue politique du conflit.
Q - (Sur létat de lopinion publique française face au conflit)
R - Lopinion publique française considère que le drame des réfugiés a été provoqué par la politique de M. Milosevic et non pas par les frappes et elle approuve très largement le rôle de la France dans cette affaire.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 1999)