Texte intégral
Q - Le canon tonne de nouveau dans les Balkans, en Macédoine, entre Albanophones et Serbes. Y a-t-il des risques réels de guerre ?
R - Il y a un risque réel d'affrontement. Il faut tout faire pour que cela ne se transforme pas en guerre à proprement parlé. Cela ne concerne pas tous les Balkans. Les Balkans sont une zone vaste dans laquelle la situation est plutôt meilleure qu'il y a quelques années. Les pays se modernisent, les problèmes se résolvent les uns après les autres mais pas celui-là. Il y a encore, en ce qui concerne la question albanaise, un certain nombre de problèmes que certains extrémistes posent par la force. Ce n'est pas acceptable. Mais le problème actuel est circonscris à deux zones : la frontière entre la Macédoine et le Kosovo et une petite zone entre le Kosovo et la Serbie. Ce sont des toutes petites zones, quelques villages et on parle de quelques centaines d'extrémistes au maximum. C'est assez circonscris.
Q - La force militaire internationale actuellement présente est-elle suffisante pour endiguer le phénomène ?
R - Je l'espère. Les Européens, les membres de l'Alliance, les pays de la région sont tous unanimes sur l'analyse de la situation, le diagnostic et sur la définition de ce que nous voulons ou sur ce que nous ne voulons pas. Il y a une fermeté et une rapidité qui doit être notée sur ce point, cela n'a pas toujours été le cas à propos de ces questions balkaniques. Nous ne voulons pas accepter que les moyens employés par ces quelques groupes de terroristes albanais puissent remettre en cause à la fois les frontières - à ce moment-là, on n'en finit plus - et ce qui a été acquis au cours des derniers mois et des dernières années, tout le travail qui a été fait pour mettre un terme à la politique de Milosevic, pour commencer à construire un Kosovo autonome et démocratique. Il y a des acquis énormes, il ne faut quand même pas l'oublier maintenant. C'est vrai qu'il y a cette question albanaise qui n'est pas très bien résolue, mais on ne peut pas admettre qu'elle soit posée dans ces termes. La force militaire est essentiellement celle de la Kfor, la force pour le Kosovo, dans le secteur américain. Nous avons décidé au sein de l'Alliance que la Kfor devait se positionner plus précisément sur la frontière entre le Kosovo et la Macédoine. D'autre part, plusieurs aides bilatérales ont été apportées au gouvernement de la Macédoine pour mieux contrôler cette frontière.
Q - Vous allez voir le président de Macédoine aujourd'hui à Stockholm ?
R - Le président va rejoindre pour une partie des travaux le Conseil européen de Stockholm pour relancer un appel à l'aide en disant que la Macédoine est un élément-clé, qu'il ne faut pas la laisser déstabiliser. La France a donné des avions sans pilotes pour contrôler la frontière. J'espère que les mesures prises suffiront. Il y a un volet sécurité et il y a un volet politique aussi. Ces questions doivent être traitées, mais pas par les moyens que veulent employés ces extrémistes albanais.
Q - Autre invité aujourd'hui à Stockholm au Conseil européen, Vladimir Poutine, le président russe, dans un climat de guerre froide : les Américains expulsent 50 diplomates russes pour cause d'espionnage, les Russes répliquent en expulsant 50 diplomates américains. Les bonnes vieilles habitudes reprennent ?
R - Il n'y a pas de climat de Guerre froide entre la Russie et Les Etats-Unis. Il y a un épisode d'expulsion de diplomates-espions. Cela dit, c'est arrivé dans des périodes de coopération ; cela n'a jamais rien compromis en fait.
Q - C'est du théâtre ?
R - Ce n'est pas forcément du théâtre. Simplement, je ne suis pas sûr qu'on puisse extrapoler à partir de cet événement le développement général des relations entre la Russie et les pays occidentaux. Ce qui est vrai, c'est que cette nouvelle administration américaine répugne à employer le terme de "partenaires" que Clinton employait fréquemment pour parler de la Russie, encore moins pour parler de la Chine. On voit qu'au sein de cette administration certains - dont je ne sais pas s'ils l'emporteront - militent pour que la politique américaine traite la Russie non pas comme un adversaire mais en tout cas comme un pays qui n'est pas vraiment un partenaire, un pays dont il faut se méfier et avec lequel il faut durcir le ton. Ce n'est pas tout à fait l'attitude que l'Union européenne a adoptée, consécutive à un raisonnement à long terme, qui est à mon avis plus pertinent, sur la façon d'accompagner, de stimuler et d'encourager la modernisation de la Russie. Je ne suis pas sûr non plus que la tonalité actuelle de l'administration américaine soit durable. Leurs positions ne me paraissent pas tout à fait décantées sur ces points.
Q - Vous allez vous rendre aux Etats-Unis dimanche. Ce sera une première prise de contact avec la nouvelle présidence. Qu'allez-vous lui dire : "take care Mister Président." ?
R - J'ai vu Colin Powell déjà dans une réunion à l'Otan. A Washington, je vais passer en revue avec les responsables toutes les questions, comme d'habitude, et avec le même état d'esprit qui n'a pas changé. Nous sommes toujours disposés à coopérer avec les Etats-Unis si nous sommes d'accord sur les objectifs et sur les méthodes et si les choses sont faites clairement. Nous sommes leurs amis et leurs alliés. Mais nous ne voulons pas nous aligner automatiquement et mécaniquement sur les positions quand on n'est pas d'accord. Donc, il y a des sujets à discuter parce que notre approche n'est pas la même. Cela se fait dans un climat paisible.
Q - On disait qu'avec Madeleine Albright le contact passait bien. Avec Colin Powell, comment passe-t-il ?
R - Les premiers contacts ont été très bons, c'est-à-dire très clairs. C'est un homme qui travaille de façon très limpide et très méthodique. Sur l'analyse des choses, c'est très facile me semble-t-il, de trier les sujets sur lesquels on est d'accord et dans les sujets sur lesquels on est en désaccord d'établir pourquoi et d'énoncer les arguments dans un sens et dans l'autre. Le dialogue me paraît clair et facile avec ce secrétaire d'Etat. Ce que je ne sais pas, parce que c'est une administration nouvelle et qu'elle n'a pas terminé sa "review" des différents grands sujets, c'est sur quels points exactement ils vont finir par se positionner dans une série de grands sujets qui nous intéressent.
Q - Qu'avez-vous envie de leur dire : "Il faut arrêter de bombarder l'Iraq. Ne faites pas le bouclier spatial anti-missiles ?"
R - Sur l'Iraq, cela fait des années que la France dit qu'on doit pouvoir assurer la sécurité de la région, face à un régime qui est demeuré dangereux ou qui pourrait le redevenir pour ses voisins et pour sa propre population, sans prendre en otage la population par une politique d'embargo qui n'est maintenant plus adaptée. Nous disons que nous n'avons plus besoin d'une politique de sanction mais d'une politique de contrôle et de vigilance. J'ai constaté que depuis quelques semaines, la nouvelle administration américaine dit des choses assez proches. Ils cherchent une politique de sanction plus intelligente, celle-là ne marche pas. Nous avons été ouverts au contact avec eux, comme avec les Britanniques. Ils sont en train d'évoluer. Je leur demanderai donc où ils en sont sur la définition de leur nouvelle politique à l'égard de l'Iraq. Et nous verrons si cela donne une convergence plus grande possible au sein du Conseil de sécurité. Les choses bougent plutôt dans le bon sens.
Q - Et le bouclier ?
R - C'est autre chose. Il s'agit d'un projet que l'administration Bush voudrait mettre en oeuvre, d'un système anti-missiles pour protéger au moins les Etats-Unis et peut-être d'autres pays. La difficulté dans cette affaire, c'est qu'on ne sait pas du tout de quoi il s'agit techniquement. C'est un projet, pour le moment il n'existe pas. Il y a eu trois tests à l'époque de Clinton. Un qui a été concluant - encore que la presse américaine l'ait contesté - et deux qui ont échoué. On ne sait pas de quel système il s'agirait, quand il serait déployé et pour faire quoi. C'est difficile de se lancer dans des querelles théologiques à propos de ce projet que beaucoup en Europe contestent. On ne voit pas très bien quelle est la menace à laquelle il faut répondre sous cette forme. Ils disent vouloir modifier la proportion entre les armes offensives, défensives, dissuasives. Ils disent qu'il n'est pas question de renoncer à la dissuasion par ailleurs. A ce stade, les choses étant tellement imprécises encore, je pense qu'il n'y a pas matière à querelle. Il y a matière à questionnement plutôt.
Q - Autre nouveauté dans le monde : le début de M. Sharon comme Premier ministre israélien. Quand il était allé sur l'esplanade des mosquées, la France avait dénoncé son attitude provocante. Comment qualifieriez-vous ses débuts comme Premier ministre ?
R - Nous restons prudents dans nos commentaires parce que nous attendons de voir ce qu'ils veulent faire vraiment. M. Sharon est Premier ministre mais c'est un gouvernement de coalition et d'union nationale avec Shimon Pérès et les travaillistes. Ils n'ont pas, dans les discours, complètement fermé la porte à la recherche d'une solution. Mais il semble bien que ce gouvernement israélien - ce n'est pas encourageant - considère nul et non acquis tout le travail qui a été fait au cours des derniers mois, notamment sur l'impulsion du président Clinton, avec un rôle actif de l'Europe aussi pour la recherche d'une solution. Ce n'est pas très heureux en fait. D'autre part, il me semble qu'ils ont tendance, dans les premières déclarations, à ne poser le problème qu'en termes de sécurité immédiate et en termes de renoncement préalable à la violence par les Palestiniens. Or, je crois qu'il y a une sorte de sous-estimation du désespoir palestinien qui est le résultat cumulé d'années de colonisation qui ont porté la tension à un point extrême. Ce n'est pas possible, pour ce gouvernement israélien comme pour tout autre, de ne traiter la question qu'en termes sécuritaires. Il faut absolument redonner une perspective politique, une perspective de solution. C'est ce qu'on appelait "le processus de paix" depuis des années, même s'il avait du mal à avancer. Aujourd'hui, cela me paraît faire encore défaut. L'Europe les encourage à redévelopper ce vrai volet politique en plus./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mars 2001)
R - Il y a un risque réel d'affrontement. Il faut tout faire pour que cela ne se transforme pas en guerre à proprement parlé. Cela ne concerne pas tous les Balkans. Les Balkans sont une zone vaste dans laquelle la situation est plutôt meilleure qu'il y a quelques années. Les pays se modernisent, les problèmes se résolvent les uns après les autres mais pas celui-là. Il y a encore, en ce qui concerne la question albanaise, un certain nombre de problèmes que certains extrémistes posent par la force. Ce n'est pas acceptable. Mais le problème actuel est circonscris à deux zones : la frontière entre la Macédoine et le Kosovo et une petite zone entre le Kosovo et la Serbie. Ce sont des toutes petites zones, quelques villages et on parle de quelques centaines d'extrémistes au maximum. C'est assez circonscris.
Q - La force militaire internationale actuellement présente est-elle suffisante pour endiguer le phénomène ?
R - Je l'espère. Les Européens, les membres de l'Alliance, les pays de la région sont tous unanimes sur l'analyse de la situation, le diagnostic et sur la définition de ce que nous voulons ou sur ce que nous ne voulons pas. Il y a une fermeté et une rapidité qui doit être notée sur ce point, cela n'a pas toujours été le cas à propos de ces questions balkaniques. Nous ne voulons pas accepter que les moyens employés par ces quelques groupes de terroristes albanais puissent remettre en cause à la fois les frontières - à ce moment-là, on n'en finit plus - et ce qui a été acquis au cours des derniers mois et des dernières années, tout le travail qui a été fait pour mettre un terme à la politique de Milosevic, pour commencer à construire un Kosovo autonome et démocratique. Il y a des acquis énormes, il ne faut quand même pas l'oublier maintenant. C'est vrai qu'il y a cette question albanaise qui n'est pas très bien résolue, mais on ne peut pas admettre qu'elle soit posée dans ces termes. La force militaire est essentiellement celle de la Kfor, la force pour le Kosovo, dans le secteur américain. Nous avons décidé au sein de l'Alliance que la Kfor devait se positionner plus précisément sur la frontière entre le Kosovo et la Macédoine. D'autre part, plusieurs aides bilatérales ont été apportées au gouvernement de la Macédoine pour mieux contrôler cette frontière.
Q - Vous allez voir le président de Macédoine aujourd'hui à Stockholm ?
R - Le président va rejoindre pour une partie des travaux le Conseil européen de Stockholm pour relancer un appel à l'aide en disant que la Macédoine est un élément-clé, qu'il ne faut pas la laisser déstabiliser. La France a donné des avions sans pilotes pour contrôler la frontière. J'espère que les mesures prises suffiront. Il y a un volet sécurité et il y a un volet politique aussi. Ces questions doivent être traitées, mais pas par les moyens que veulent employés ces extrémistes albanais.
Q - Autre invité aujourd'hui à Stockholm au Conseil européen, Vladimir Poutine, le président russe, dans un climat de guerre froide : les Américains expulsent 50 diplomates russes pour cause d'espionnage, les Russes répliquent en expulsant 50 diplomates américains. Les bonnes vieilles habitudes reprennent ?
R - Il n'y a pas de climat de Guerre froide entre la Russie et Les Etats-Unis. Il y a un épisode d'expulsion de diplomates-espions. Cela dit, c'est arrivé dans des périodes de coopération ; cela n'a jamais rien compromis en fait.
Q - C'est du théâtre ?
R - Ce n'est pas forcément du théâtre. Simplement, je ne suis pas sûr qu'on puisse extrapoler à partir de cet événement le développement général des relations entre la Russie et les pays occidentaux. Ce qui est vrai, c'est que cette nouvelle administration américaine répugne à employer le terme de "partenaires" que Clinton employait fréquemment pour parler de la Russie, encore moins pour parler de la Chine. On voit qu'au sein de cette administration certains - dont je ne sais pas s'ils l'emporteront - militent pour que la politique américaine traite la Russie non pas comme un adversaire mais en tout cas comme un pays qui n'est pas vraiment un partenaire, un pays dont il faut se méfier et avec lequel il faut durcir le ton. Ce n'est pas tout à fait l'attitude que l'Union européenne a adoptée, consécutive à un raisonnement à long terme, qui est à mon avis plus pertinent, sur la façon d'accompagner, de stimuler et d'encourager la modernisation de la Russie. Je ne suis pas sûr non plus que la tonalité actuelle de l'administration américaine soit durable. Leurs positions ne me paraissent pas tout à fait décantées sur ces points.
Q - Vous allez vous rendre aux Etats-Unis dimanche. Ce sera une première prise de contact avec la nouvelle présidence. Qu'allez-vous lui dire : "take care Mister Président." ?
R - J'ai vu Colin Powell déjà dans une réunion à l'Otan. A Washington, je vais passer en revue avec les responsables toutes les questions, comme d'habitude, et avec le même état d'esprit qui n'a pas changé. Nous sommes toujours disposés à coopérer avec les Etats-Unis si nous sommes d'accord sur les objectifs et sur les méthodes et si les choses sont faites clairement. Nous sommes leurs amis et leurs alliés. Mais nous ne voulons pas nous aligner automatiquement et mécaniquement sur les positions quand on n'est pas d'accord. Donc, il y a des sujets à discuter parce que notre approche n'est pas la même. Cela se fait dans un climat paisible.
Q - On disait qu'avec Madeleine Albright le contact passait bien. Avec Colin Powell, comment passe-t-il ?
R - Les premiers contacts ont été très bons, c'est-à-dire très clairs. C'est un homme qui travaille de façon très limpide et très méthodique. Sur l'analyse des choses, c'est très facile me semble-t-il, de trier les sujets sur lesquels on est d'accord et dans les sujets sur lesquels on est en désaccord d'établir pourquoi et d'énoncer les arguments dans un sens et dans l'autre. Le dialogue me paraît clair et facile avec ce secrétaire d'Etat. Ce que je ne sais pas, parce que c'est une administration nouvelle et qu'elle n'a pas terminé sa "review" des différents grands sujets, c'est sur quels points exactement ils vont finir par se positionner dans une série de grands sujets qui nous intéressent.
Q - Qu'avez-vous envie de leur dire : "Il faut arrêter de bombarder l'Iraq. Ne faites pas le bouclier spatial anti-missiles ?"
R - Sur l'Iraq, cela fait des années que la France dit qu'on doit pouvoir assurer la sécurité de la région, face à un régime qui est demeuré dangereux ou qui pourrait le redevenir pour ses voisins et pour sa propre population, sans prendre en otage la population par une politique d'embargo qui n'est maintenant plus adaptée. Nous disons que nous n'avons plus besoin d'une politique de sanction mais d'une politique de contrôle et de vigilance. J'ai constaté que depuis quelques semaines, la nouvelle administration américaine dit des choses assez proches. Ils cherchent une politique de sanction plus intelligente, celle-là ne marche pas. Nous avons été ouverts au contact avec eux, comme avec les Britanniques. Ils sont en train d'évoluer. Je leur demanderai donc où ils en sont sur la définition de leur nouvelle politique à l'égard de l'Iraq. Et nous verrons si cela donne une convergence plus grande possible au sein du Conseil de sécurité. Les choses bougent plutôt dans le bon sens.
Q - Et le bouclier ?
R - C'est autre chose. Il s'agit d'un projet que l'administration Bush voudrait mettre en oeuvre, d'un système anti-missiles pour protéger au moins les Etats-Unis et peut-être d'autres pays. La difficulté dans cette affaire, c'est qu'on ne sait pas du tout de quoi il s'agit techniquement. C'est un projet, pour le moment il n'existe pas. Il y a eu trois tests à l'époque de Clinton. Un qui a été concluant - encore que la presse américaine l'ait contesté - et deux qui ont échoué. On ne sait pas de quel système il s'agirait, quand il serait déployé et pour faire quoi. C'est difficile de se lancer dans des querelles théologiques à propos de ce projet que beaucoup en Europe contestent. On ne voit pas très bien quelle est la menace à laquelle il faut répondre sous cette forme. Ils disent vouloir modifier la proportion entre les armes offensives, défensives, dissuasives. Ils disent qu'il n'est pas question de renoncer à la dissuasion par ailleurs. A ce stade, les choses étant tellement imprécises encore, je pense qu'il n'y a pas matière à querelle. Il y a matière à questionnement plutôt.
Q - Autre nouveauté dans le monde : le début de M. Sharon comme Premier ministre israélien. Quand il était allé sur l'esplanade des mosquées, la France avait dénoncé son attitude provocante. Comment qualifieriez-vous ses débuts comme Premier ministre ?
R - Nous restons prudents dans nos commentaires parce que nous attendons de voir ce qu'ils veulent faire vraiment. M. Sharon est Premier ministre mais c'est un gouvernement de coalition et d'union nationale avec Shimon Pérès et les travaillistes. Ils n'ont pas, dans les discours, complètement fermé la porte à la recherche d'une solution. Mais il semble bien que ce gouvernement israélien - ce n'est pas encourageant - considère nul et non acquis tout le travail qui a été fait au cours des derniers mois, notamment sur l'impulsion du président Clinton, avec un rôle actif de l'Europe aussi pour la recherche d'une solution. Ce n'est pas très heureux en fait. D'autre part, il me semble qu'ils ont tendance, dans les premières déclarations, à ne poser le problème qu'en termes de sécurité immédiate et en termes de renoncement préalable à la violence par les Palestiniens. Or, je crois qu'il y a une sorte de sous-estimation du désespoir palestinien qui est le résultat cumulé d'années de colonisation qui ont porté la tension à un point extrême. Ce n'est pas possible, pour ce gouvernement israélien comme pour tout autre, de ne traiter la question qu'en termes sécuritaires. Il faut absolument redonner une perspective politique, une perspective de solution. C'est ce qu'on appelait "le processus de paix" depuis des années, même s'il avait du mal à avancer. Aujourd'hui, cela me paraît faire encore défaut. L'Europe les encourage à redévelopper ce vrai volet politique en plus./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mars 2001)