Texte intégral
Madame la Ministre,
Mon cher Louis,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrai avant toute chose vous remercier d'avoir répondu à notre invitation pour cette réunion d'installation du comité de pilotage du plan « Urbanisme, Construction et Architecture », et vous dire le plaisir que nous avons avec Louis Besson à vous accueillir dans ces murs, plaisir qui est naturellement amplifié par l'importance que revêt à nos yeux notre rencontre d'aujourd'hui.
Au premier rang des responsabilités de ce ministère figure en effet l'évolution des villes, du cadre bâti, des conditions de logement de nos concitoyens. Nous devons à ce titre à la fois assurer le présent, et parfois faire face à des urgences, et aussi nous efforcer d'agir pour préparer l'avenir.
C'est pourquoi la recherche, l'innovation, l'expérimentation y tiennent une place si importante, pour éclairer les politiques publiques, faciliter leur mise en oeuvre, participer à leur évaluation. Si cette démarche n'est pas nouvelle, nous souhaitons aujourd'hui à la fois la confirmer et la renouveler.
J'ai naturellement un plaisir tout particulier à accueillir Catherine Trautmann. Je crois que c'est une des premières fois que l'occasion m'en est donnée, et je voudrai lui dire, cet Hôtel de Roquelaure où nous sommes étant un bâtiment classé, quelle est ici un peu chez elle...
Plus sérieusement, la présence de Catherine Trautmann, ainsi que celle de Mme Dupont-Kerlan, de la Direction de la Technologie, qui représente le ministre de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, Claude Allègre, m'amènent à souligner d'entrée que le PUCA est un programme interministériel.
Sur le plan administratif, ce caractère interministériel peut parfois compliquer un peu les procédures, mais sur le plan du rayonnement et des ambitions qui doivent être celles de ce programme de recherche, c'est incontestablement un atout important, et c'est cela qui nous importe ici.
Interministériel, ce programme lest évidemment parce que, comme tout programme de recherche, fut-il orienté vers la recherche appliquée, il ne se conçoit qu'en partenariat avec le Ministère de la Recherche et de la Technologie, ne serait-ce que par la responsabilité de ce Ministère dans la gestion du budget commun de la Recherche Développement (le BCRD), qui est une source importante du financement du PUCA. Cette collaboration avec le Ministère de la Recherche tient plus encore à l'ensemble des laboratoires et des centres de recherche qui sont concernés et quil faut travailler à mobiliser.
Interministériel, ce programme lest aussi par sa composante « Architecture », qui relève de la responsabilité du ministère de la Culture.
Au-delà même de cette opportunité de rencontre, qu'il convenait de saisir, je suis quant à moi persuadé qu'il y a un enjeu tout à fait essentiel à ce que le ministère de l'Equipement et celui de la Culture collaborent en matière de recherche urbaine.
Disant cela, je ne pense pas seulement aux importantes questions liées à la conception architecturale, à l'esthétique urbaine, à la valorisation du patrimoine.
Je pense aussi -et peut-être encore plus profondément- au fait que nos deux ministères ont en charge la communication, l'un par le biais des transports, l'autre par le biais des médias, donc en charge de favoriser la rencontre, la mise en relation, les échanges, qui sont des éléments constitutifs de la vie urbaine.
Face aux excès d'un urbanisme basé pendant des décennies sur la spécialisation des espaces par fonction, voire sur des pratiques ségrégatives, nous avons aujourd'hui beaucoup à faire pour recréer du lien social, des lieux de solidarité et de convivialité.
Que nos deux ministères s'attachent à y travailler de concert au travers, entre autres actions, de l'animation de ce programme de recherche me paraît à la fois utile et prometteur et je souhaite personnellement que cette collaboration se développe. Comme je souhaite aussi naturellement quelle se développe avec le Ministère de la Ville.
Cela m'amène à rappeler d'un mot que le PUCA est né de la fusion du Plan Construction et Architecture dune part, du Plan Urbain d'autre part.
Il y a à cette fusion, une première raison : elle découle de manière assez naturelle de la fusion au sein de l'administration centrale de la Direction de la Construction et de la Direction de l'Urbanisme, en une Direction Générale de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Construction, la DGUHC.
Il y a une seconde raison, plus essentielle, et qui explique la première : c'est que le gouvernement souhaite, au regard de la situation que je viens d'évoquer brièvement, renforcer la cohérence et l'efficacité des politiques urbaines.
La dimension interministérielle du PUCA procède clairement de cette même volonté.
Souligner cela, c'est dire aussi que l'ambition de ce programme est de donner à la recherche sur la ville et pour la ville, de nouvelles dimensions.
Catherine Trautmann et Louis Besson reviendront tout à l'heure sur le contenu des attentes qui sont les nôtres en la matière.
Je voudrais simplement, pour ce qui me concerne, évoquer quelques unes des préoccupations que nous souhaiterions faire partager aux membres de ce Comité de pilotage.
La première préoccupation, c'est de renforcer les relations entre la recherche dune part, et l'expression de la demande sociale de recherche d'autre part, que cette expression se fasse au travers les collectivités publiques, les maîtres d'ouvrage, les milieux professionnels et de praticiens, ou les entreprises.
Cela ne veut évidemment pas dire tomber dans une vision utilitariste de la recherche, qui irait à l'encontre des objectifs recherchés. Mais cela veut dire que ce programme na pas vocation à financer toute la recherche urbaine, mais qu'il se doit par contre de financer des actions de recherche finalisées répondant à des besoins importants et pas forcément couverts aujourd'hui de manière satisfaisante au regard des problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Je dois dire tout de suite que nous n'avons pas trouvé de recette magique pour mieux rapprocher la recherche de la commande sociale et, si je puis dire, sociétale.
Par contre, nous avons soigneusement pesé la composition de ce comité de pilotage, pour quil constitue lui-même un lieu d'échanges pluraliste, non seulement au regard des courants de pensée, mais aussi des professions, des expériences, et des attentes qui peuvent en découler en matière de recherche.
Nous avons fait le choix de donner au sein de ce Comité une place importante, mais naturellement non exclusive, à des personnalités élues, et de confier à l'un deux, Jean-Louis Mons, qui a une longue expérience aussi bien comme Président de Conseil général d'un département très urbanisé, comme Maire dune ville moyenne, qu'au sein du mouvement HLM et même plus récemment comme chargé de mission au sein de ce ministère, la Présidence de ce Comité de pilotage.
Ce choix de faire, disons leur place, aux élus a deux raisons :
- - la première, c'est que nous souhaitons que les collectivités territoriales, plus quelles ne l'ont été jusqu'ici, se soient plus concernées par un programme de recherche comme celui que nous mettons en place aujourd'hui, et soient donc mieux associées aux efforts qui doivent être à cette fin conduits, ne serait-ce qu'en leur permettant de s'impliquer plus et mieux dans des expérimentations ou des actions innovantes ;
- - la deuxième, c'est que les élus peuvent apporter un type de questionnement qui nous paraît important au regard des défis que doivent aujourd'hui relever les politiques de la ville.
De manière générale, nous nous sommes efforcés de choisir dans chaque secteur représentatif des acteurs de la ville, les personnes les mieux qualifiées, et c'est sur ce comité de pilotage dans son ensemble, sur vous tous donc, que nous entendons nous appuyer, pour que soit exprimée la demande de recherche et pour nous aider à traduire cette demande en termes d'actions et de programmes.
La seconde préoccupation que je souhaitais exprimer est une préoccupation de cohérence, cohérence notamment des actions en matière de recherche sur la ville en différents lieux où se fait la recherche publique.
Disant cela, je pense naturellement au réseau scientifique et technique du Ministère de l'Equipement, qui doit pouvoir normalement participer aux actions de recherche initiées par le PUCA, en bénéficier quant à leur retombées en terme de connaissance, et plus généralement être attentif aux synergies qu'il convient de développer.
Cette remarque vaut sans doute aussi pour le Ministère de la Culture et le réseau de recherche des Ecoles d'Architecture.
Elle vaut également pour différents programmes de recherche qui ont des vocations complémentaires de celle du PUCA, et j'ai ici notamment en vue le programme de recherche fondamentale récemment lancé par Claude Allègre, en présence de Claude Bartolone, ministre Délégué à la Ville, mais aussi le PREDIT, ou encore le programme Génie Civil.
La cohérence de toutes ces actions doit être organisée. C'est pourquoi, sans préjuger des décisions que pourrait prendre à ce sujet un prochain Conseil interministériel sur la recherche, nous sommes convenus avec les autres ministères partenaires du PUCA qu'un Comité des Directeurs des administrations centrales concernées par ce programme se réunirait périodiquement, avec notamment pour tâche de veiller à la cohérence des actions engagées par les uns et par les autres.
Un effort corrélatif qui devra être mené par le PUCA -et là encore, je vous demanderai dy être attentifs-, devra consister dans la diffusion et la valorisation des résultats des recherches engagées. Je pense que, pour mener à bien cet effort, la composition de ce Comité sera, du fait de sa diversité, là encore, un atout et un aiguillon précieux.
Troisième préoccupation enfin : les recherches menées devront faire l'objet dune évaluation rigoureuse.
A cette fin, un comité scientifique sera mis en place. La présidence en a été confié à Antoine Prost, dont la rigueur et l'autorité sont connues et reconnues.
Antoine Prost est, vous le savez, historien, et il s'est beaucoup intéressé à ce titre, à l'histoire urbaine récente. En outre, sa discipline, l'histoire, qui s'enrichit constamment de l'apport des autres disciplines en même temps quelle les complète, le prédispose à cette fonction d'animation du Conseil scientifique. Antoine Prost a, à vrai dire, un autre atout : il est lui-même adjoint au Maire d'Orléans, Jean-Pierre Sueur, et à ces différents titres, son expérience nous sera précieuse.
Voilà donc, mesdames et messieurs, Chers Amis, les quelques préoccupations que je souhaitais exprimer devant vous en procédant à l'installation de ce Comité de Pilotage.
En vous remerciant de votre attention, je passe maintenant la parole à Catherine Trautmann.