Texte intégral
C. Barbier.- Vous êtes en charge de la jeunesse, et notamment de ses difficultés à s'insérer dans la vie active. Alors, êtes-vous choqué de voir J. Sarkozy recevoir, sur un plateau, la présidence de l'Etablissement public d'aménagement de la Défense ?
Je suis en charge de la jeunesse mais ce sujet-là "none of my business", si vous voulez. Je ne rentre pas là-dedans, voilà.
Cela fait désordre quand même dans le paysage. On parle des jeunes, de l'intégration et on a cette affaire !
Je pense que ça n'a aucun rapport et que ça ne perturbe pas ce qui est en train d'être fait pour des millions de jeunes, qui est une politique globale. Je ne rentre pas là-dedans, ce n'est pas mon boulot. Il y a trente-six polémiques en ce moment dans lesquelles - c'est ce que je n'aime pas dans la politique -, les mêmes prennent les robes d'avocat quand ils auraient pu prendre les robes de procureur, et prennent les robes de procureur quand ils auraient pu, si ça avait l'autre camp, prendre les robes d'avocat. Ce n'est pas mon affaire.
Quand hier on entend dans le discours sur la réforme des lycées, "désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né, c'est de travailler dur, d'avoir fait la preuve par ses études, par son travail de sa valeur", ça fait quand même bizarre alors qu'il y a cette polémique ! Cela vous handicape quand même dans le développé de votre politique.
Je pense que ça n'handicapera pas la politiques des jeunes qui est en train de se faire, la réforme des lycées, qui est une très bonne réforme, qui se fait après dix mois de consultations, sur laquelle il y a beaucoup d'espoir, et qui permettra...
Pas d'effet J. Sarkozy sur... ?
Je ne sais pas, il y a 36 millions de personnes qui pourront vous donner des avis là-dessus parce qu'ils font de la politique professionnellement, ce n'est pas mon cas.
Vous espériez retrouver dans la réforme du lycée, les trois quarts de votre proposition du Livre vert pour la jeunesse. Est-ce que le compte y est ?
Pas dans la réforme du lycée...
Globalement, dans la politique menée.
Oui, dans la politique menée, dans ce qui était annoncé il y a quinze jours sur la politique des jeunes. Le compte y est très largement. Vous vous rappelez, avant, on disait : "les jeunes, pas de sous supplémentaires, il y a déjà trop de dette". Donc jusqu'à présent, on était prêt à s'endetter sur le dos des jeunes, pour une fois, on consacre des moyens sur les jeunes. On avait dit, il ne faut pas rentrer dans la porte de la jeunesse par l'échec, livret de compétences annoncé il y a quinze jours, confirmé dans le cadre de la réforme du lycée. On avait dit, l'orientation est un système de désorientation, réforme du système d'orientation qui est en train de se mettre en place, qui est un changement vraiment très, très important, très quotidien, auprès de chaque jeune qui a eu des difficultés, qui s'est trouvé dans une filière, ne sait pas pourquoi. Là, il pourra changer de filière, pourra choisir en connaissance de cause. Et puis, tout un système de soutien aux revenus. On a quelque chose qui est sans précédent pour les jeunes, c'est bien.
On va en finir les décrocheurs, ceux qui quittent complètement le système ?
En tout cas, on va se secouer pas mal pour ça et s'organiser comme on aurait dû le faire depuis très longtemps. Je vais dans les régions, et puis on fait signer des accords entre les Conseils régionaux, l'Etat, les rectorats au sein de l'Etat, l'enseignement agricole, les Missions locales pour les jeunes en difficultés, et on leur dit "ne les lâchez pas". Et je vais vous donner quelque chose, dont je pense que ceux qui nous écoutent ne savent pas : il y avait jusqu'à présent un interdit, qui faisait qu'un jeune qui sortait du collège ou du lycée sans diplôme, les structures en charge de l'insertion des jeunes n'avaient pas le droit de s'en occuper pendant un an. Il y avait un trou, béant, d'un an, pendant lequel les jeunes étaient entre deux systèmes. Allez vous étonner ensuite qu'il y en a tant qui restent dans la nature et en difficulté ! Donc, voilà, on a mis fin à cela, des choses très pratiques, très concrètes, très centrales, très importantes et très vitales.
Du concret aussi, la cagnotte collective de récompense d'assiduité. Polémique, scepticisme. Est-ce que c'est une piste qui mérite vraiment d'être étudiée jusqu'au bout ?
Absolument, absolument, et les donneurs de leçons...C'est très intéressant d'ailleurs, ceux qui sont contre sont ceux qui n'ont pas de problèmes d'argent. Même si, ce qu'on appelle "la cagnotte" qui est un mauvais nom... C'est une bourse collective pour les classes, on ne donne pas de l'argent de poche aux gamins pour qu'ils aillent s'acheter je ne sais quoi à la sortie du lycée, c'est vraiment un système d'incitation et de motivation, comme ça peut se trouver dans d'autres pays, et autour d'un projet collectif et d'un projet pédagogique, ça se teste, c'est très bien. Il y avait vendredi le comité de suivi de cette expérimentation qui ne s'y retrouvait pas du tout ; les profs, les lycéens, ils ne comprenaient pas du tout la polémique, ils pensaient qu'on parlait même d'un autre projet à la télé, ils n'avaient pas compris que c'était le leur, sur lequel on tombait avec des fléchettes boum, boum, boum... !
Ils sont contents, ça marche ?
Ca marche ? C'est trop tôt pour le dire, mais ils sont motivés, ça les implique, ça les concerne, ils essayent de faire quelque chose. Je redis cela parce que c'est le genre de chose qui me met en colère, je trouve que les donneurs de leçons, qui n'ont jamais foutu les pieds dans le truc, et qui pensent que c'est dans un bureau ministériel qu'on a inventé ce truc-là, se trompent ! Ce sont des proviseurs et des profs qui avaient fait un rapport, obscur : comment dans leurs pratiques ils n'arrivaient pas à lutter contre l'absentéisme, et ils ont proposé plusieurs pistes, et on expérimente toutes ces pistes.
Est-ce que libéraliser en l'encadrant la vente libre du cannabis, ça peut aider à intégrer la jeunesse ?
D'abord, ce n'est pas à l'ordre du jour, et je ne crois pas que ça soit un signal à faire en ce moment, voilà.
Vous présentez ce matin en conseil des ministre un tableau de bord de la pauvreté. Alors à la lueur de cette quarantaine d'indicateurs, est-ce que la pauvreté a augmenté en France depuis 2007 ?
J'ai du mal à répondre à cette question...
Les associations disent que "oui".
J'ai du mal à répondre à cette question. Enfin, il y a des gens qui se trouvent dans des situations beaucoup plus difficiles à cause de la crise, c'est évident. Mais si vous voulez, ce qu'on va essayer de faire, c'est que, d'un côté, il y a une situation très très dure, et de l'autre, on a pris des mesures d'assez grande ampleur : le RSA, toutes les mesures qu'on a prises pendant la crise ; les primes, la majoration de l'allocation de rentrée scolaire. Et donc, ce que montre ce rapport, qu'on fera tous les ans devant le Parlement, c'est qu'en fait, on peut avoir un impact sur la pauvreté, et que si on prolonge un certain nombre de mesures, si on en renforce d'autres, le fait de diminuer la pauvreté est possible.
Plus de pauvres mais mieux aidés ?
Non, non, pas plus de pauvres, si on réduit la pauvreté ça veut dire moins de pauvres. Et donc, on s'est fixé un objectif de réduction de la pauvreté, et on essaye de faire en sorte qu'on le tienne malgré la crise, que cet engagement-là il soit tenu malgré la crise. Et tous les ans, on rendra compte. Et rendre compte, ça permet de savoir ce qu'il faut renforcer ou maintenir.
Et pour le financer, est-ce que vous demandez une hausse des impôts ?
Pour le financer, on a demandé la création de l'impôt qui... sur les revenus du capital, qui relève de la (...). Une fois qu'on l'a, je n'en demande tous les matins, mais celui-là, on l'utilise bien, on l'utilise pour le RSA, au-dessus de 25 ans, et on va l'utiliser, le même, sans l'augmenter, pour le RSA en-dessous de 25 ans, pour ceux qui ont travaillé.
Etes-vous satisfait de la manière dont a été fermée la jungle de Calais, et dont sont gérées depuis les populations concernées, avec des projets de charters pour Kaboul ?
Là-dessus, si vous voulez, ça ne vous étonnera pas, mon tropisme, vous savez d'où je viens, vous savez ce que j'ai fait pendant 12 ou 13 ans, j'ai eu des responsabilités dans un mouvement qui s'appelle Emmaüs. Quand on a passé 12 à 13 ans à Emmaüs, on a quelque chose qui sera jusqu'à votre mort, c'est le fait qu'on est plutôt du côté des plus faibles que du côté des plus forts. Donc, par conviction, je suis plutôt du côté des plus faibles, voilà. Par ailleurs, ce n'est pas quelque chose sur lequel actuellement je peux avoir un impact.
Vous dites souvent que vous êtes en mission simplement au Gouvernement. Elle se termine quand ? Après les régionales, en 2012 ?
Je ne sais pas. Pour moi, ça n'a pas de rapport avec les termes des élections justement, parce que je n'étais pas élu avant et je ne serai pas élu après. Je ne suis pas un professionnel de la politique. Et donc, vraiment je ne sais pas.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 octobre 2009
Je suis en charge de la jeunesse mais ce sujet-là "none of my business", si vous voulez. Je ne rentre pas là-dedans, voilà.
Cela fait désordre quand même dans le paysage. On parle des jeunes, de l'intégration et on a cette affaire !
Je pense que ça n'a aucun rapport et que ça ne perturbe pas ce qui est en train d'être fait pour des millions de jeunes, qui est une politique globale. Je ne rentre pas là-dedans, ce n'est pas mon boulot. Il y a trente-six polémiques en ce moment dans lesquelles - c'est ce que je n'aime pas dans la politique -, les mêmes prennent les robes d'avocat quand ils auraient pu prendre les robes de procureur, et prennent les robes de procureur quand ils auraient pu, si ça avait l'autre camp, prendre les robes d'avocat. Ce n'est pas mon affaire.
Quand hier on entend dans le discours sur la réforme des lycées, "désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né, c'est de travailler dur, d'avoir fait la preuve par ses études, par son travail de sa valeur", ça fait quand même bizarre alors qu'il y a cette polémique ! Cela vous handicape quand même dans le développé de votre politique.
Je pense que ça n'handicapera pas la politiques des jeunes qui est en train de se faire, la réforme des lycées, qui est une très bonne réforme, qui se fait après dix mois de consultations, sur laquelle il y a beaucoup d'espoir, et qui permettra...
Pas d'effet J. Sarkozy sur... ?
Je ne sais pas, il y a 36 millions de personnes qui pourront vous donner des avis là-dessus parce qu'ils font de la politique professionnellement, ce n'est pas mon cas.
Vous espériez retrouver dans la réforme du lycée, les trois quarts de votre proposition du Livre vert pour la jeunesse. Est-ce que le compte y est ?
Pas dans la réforme du lycée...
Globalement, dans la politique menée.
Oui, dans la politique menée, dans ce qui était annoncé il y a quinze jours sur la politique des jeunes. Le compte y est très largement. Vous vous rappelez, avant, on disait : "les jeunes, pas de sous supplémentaires, il y a déjà trop de dette". Donc jusqu'à présent, on était prêt à s'endetter sur le dos des jeunes, pour une fois, on consacre des moyens sur les jeunes. On avait dit, il ne faut pas rentrer dans la porte de la jeunesse par l'échec, livret de compétences annoncé il y a quinze jours, confirmé dans le cadre de la réforme du lycée. On avait dit, l'orientation est un système de désorientation, réforme du système d'orientation qui est en train de se mettre en place, qui est un changement vraiment très, très important, très quotidien, auprès de chaque jeune qui a eu des difficultés, qui s'est trouvé dans une filière, ne sait pas pourquoi. Là, il pourra changer de filière, pourra choisir en connaissance de cause. Et puis, tout un système de soutien aux revenus. On a quelque chose qui est sans précédent pour les jeunes, c'est bien.
On va en finir les décrocheurs, ceux qui quittent complètement le système ?
En tout cas, on va se secouer pas mal pour ça et s'organiser comme on aurait dû le faire depuis très longtemps. Je vais dans les régions, et puis on fait signer des accords entre les Conseils régionaux, l'Etat, les rectorats au sein de l'Etat, l'enseignement agricole, les Missions locales pour les jeunes en difficultés, et on leur dit "ne les lâchez pas". Et je vais vous donner quelque chose, dont je pense que ceux qui nous écoutent ne savent pas : il y avait jusqu'à présent un interdit, qui faisait qu'un jeune qui sortait du collège ou du lycée sans diplôme, les structures en charge de l'insertion des jeunes n'avaient pas le droit de s'en occuper pendant un an. Il y avait un trou, béant, d'un an, pendant lequel les jeunes étaient entre deux systèmes. Allez vous étonner ensuite qu'il y en a tant qui restent dans la nature et en difficulté ! Donc, voilà, on a mis fin à cela, des choses très pratiques, très concrètes, très centrales, très importantes et très vitales.
Du concret aussi, la cagnotte collective de récompense d'assiduité. Polémique, scepticisme. Est-ce que c'est une piste qui mérite vraiment d'être étudiée jusqu'au bout ?
Absolument, absolument, et les donneurs de leçons...C'est très intéressant d'ailleurs, ceux qui sont contre sont ceux qui n'ont pas de problèmes d'argent. Même si, ce qu'on appelle "la cagnotte" qui est un mauvais nom... C'est une bourse collective pour les classes, on ne donne pas de l'argent de poche aux gamins pour qu'ils aillent s'acheter je ne sais quoi à la sortie du lycée, c'est vraiment un système d'incitation et de motivation, comme ça peut se trouver dans d'autres pays, et autour d'un projet collectif et d'un projet pédagogique, ça se teste, c'est très bien. Il y avait vendredi le comité de suivi de cette expérimentation qui ne s'y retrouvait pas du tout ; les profs, les lycéens, ils ne comprenaient pas du tout la polémique, ils pensaient qu'on parlait même d'un autre projet à la télé, ils n'avaient pas compris que c'était le leur, sur lequel on tombait avec des fléchettes boum, boum, boum... !
Ils sont contents, ça marche ?
Ca marche ? C'est trop tôt pour le dire, mais ils sont motivés, ça les implique, ça les concerne, ils essayent de faire quelque chose. Je redis cela parce que c'est le genre de chose qui me met en colère, je trouve que les donneurs de leçons, qui n'ont jamais foutu les pieds dans le truc, et qui pensent que c'est dans un bureau ministériel qu'on a inventé ce truc-là, se trompent ! Ce sont des proviseurs et des profs qui avaient fait un rapport, obscur : comment dans leurs pratiques ils n'arrivaient pas à lutter contre l'absentéisme, et ils ont proposé plusieurs pistes, et on expérimente toutes ces pistes.
Est-ce que libéraliser en l'encadrant la vente libre du cannabis, ça peut aider à intégrer la jeunesse ?
D'abord, ce n'est pas à l'ordre du jour, et je ne crois pas que ça soit un signal à faire en ce moment, voilà.
Vous présentez ce matin en conseil des ministre un tableau de bord de la pauvreté. Alors à la lueur de cette quarantaine d'indicateurs, est-ce que la pauvreté a augmenté en France depuis 2007 ?
J'ai du mal à répondre à cette question...
Les associations disent que "oui".
J'ai du mal à répondre à cette question. Enfin, il y a des gens qui se trouvent dans des situations beaucoup plus difficiles à cause de la crise, c'est évident. Mais si vous voulez, ce qu'on va essayer de faire, c'est que, d'un côté, il y a une situation très très dure, et de l'autre, on a pris des mesures d'assez grande ampleur : le RSA, toutes les mesures qu'on a prises pendant la crise ; les primes, la majoration de l'allocation de rentrée scolaire. Et donc, ce que montre ce rapport, qu'on fera tous les ans devant le Parlement, c'est qu'en fait, on peut avoir un impact sur la pauvreté, et que si on prolonge un certain nombre de mesures, si on en renforce d'autres, le fait de diminuer la pauvreté est possible.
Plus de pauvres mais mieux aidés ?
Non, non, pas plus de pauvres, si on réduit la pauvreté ça veut dire moins de pauvres. Et donc, on s'est fixé un objectif de réduction de la pauvreté, et on essaye de faire en sorte qu'on le tienne malgré la crise, que cet engagement-là il soit tenu malgré la crise. Et tous les ans, on rendra compte. Et rendre compte, ça permet de savoir ce qu'il faut renforcer ou maintenir.
Et pour le financer, est-ce que vous demandez une hausse des impôts ?
Pour le financer, on a demandé la création de l'impôt qui... sur les revenus du capital, qui relève de la (...). Une fois qu'on l'a, je n'en demande tous les matins, mais celui-là, on l'utilise bien, on l'utilise pour le RSA, au-dessus de 25 ans, et on va l'utiliser, le même, sans l'augmenter, pour le RSA en-dessous de 25 ans, pour ceux qui ont travaillé.
Etes-vous satisfait de la manière dont a été fermée la jungle de Calais, et dont sont gérées depuis les populations concernées, avec des projets de charters pour Kaboul ?
Là-dessus, si vous voulez, ça ne vous étonnera pas, mon tropisme, vous savez d'où je viens, vous savez ce que j'ai fait pendant 12 ou 13 ans, j'ai eu des responsabilités dans un mouvement qui s'appelle Emmaüs. Quand on a passé 12 à 13 ans à Emmaüs, on a quelque chose qui sera jusqu'à votre mort, c'est le fait qu'on est plutôt du côté des plus faibles que du côté des plus forts. Donc, par conviction, je suis plutôt du côté des plus faibles, voilà. Par ailleurs, ce n'est pas quelque chose sur lequel actuellement je peux avoir un impact.
Vous dites souvent que vous êtes en mission simplement au Gouvernement. Elle se termine quand ? Après les régionales, en 2012 ?
Je ne sais pas. Pour moi, ça n'a pas de rapport avec les termes des élections justement, parce que je n'étais pas élu avant et je ne serai pas élu après. Je ne suis pas un professionnel de la politique. Et donc, vraiment je ne sais pas.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 15 octobre 2009