Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec la chaîne de TV israélienne "Channel 2" le 18 novembre 2009 à Jérusalem, sur les entraves au processus de paix israélo-palestinien et la menace nucléaire iranienne.

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Texte intégral

Q - Monsieur le Ministre, bonjour, comment réagissez-vous au projet de construction dans le quartier de Guilo ?
R - Cela n'est pas une bonne nouvelle pour la paix, je le crois. Ce n'est pas une nouvelle agréable à entendre même s'il était déjà prévu de nouvelles constructions dans ce quartier. Oublions cela, faisons la paix, parlons maintenant.

Q - Y a-t-il quelques progrès après la réunion qu'a eue la semaine dernière Nicolas Sarkozy à Paris ?
R - Oui, bien sûr.

Q - Est-ce que M. Netanyahou a communiqué à Paris qu'il est prêt à mettre le Golan sur la table ?
R - Le Golan sur la table, qu'est ce que cela veut dire ? Il faut en parler, bien entendu. Cela a déjà été l'objet de nombreuses discussions.

Q - M. Netanyahou a dit cela ?
R - M. Netanyahou n'a pas dit cela. Il a accepté l'idée... D'abord, nous avons vu Bachar el-Assad après M. Netanyahou.

Q - Est-ce qu'il a remis au président Sarkozy une lettre dans ce sens ?
R - Je pense que des discussions peuvent se poursuivre entre Israéliens et Français, et entre Syriens et Français. Les Turcs ont également fait un travail de médiation considérable. Si nous pouvons jouer un rôle aux côtés des Turcs, ou sans les Turcs, ou avec d'autres personnes, nous sommes prêts à tout. Le problème, c'est d'avancer. La question, ce ne sont pas les difficultés successives énoncées, sempiternellement énoncées, mais les progrès nécessaires pour qu'enfin il y ait la paix pour les enfants d'Israël et les enfants de Palestine. Cela c'est important. Et tout le monde le comprend.

Q - Vous avez dit que l'aspiration des Israéliens à la paix a disparu. Cette expression a soulevé beaucoup de critiques dans l'entourage de Netanyahu, mais il y a beaucoup d'Israéliens qui sont d'accord avec vous. Ma question est : à votre avis, qui est à blâmer ?
R - Personne, Monsieur, et je ne veux pas susciter la polémique entre mes amis israéliens. S'il vous plait, traduisez toute la phrase ! Vous qui parlez si bien français, traduisez toute la phrase ! Il y avait entre crochets, vous l'avez bien remarqué : - "et j'espère me tromper complètement" -. Ne l'oubliez pas.

Q - Concernant l'Iran, il paraît qu'ils disent non à tout ce que le professeur El Baradei a suggéré. Comment réagirez-vous si Israël attaque leurs centrales nucléaires ?
R - Ne parlons pas de ce drame. Vous connaissez la position de la France. Elle est d'une fermeté absolue.

Q - Mais rien ne bouge.
R - Oui, rien ne bouge, sauf que nous avons commencé à parler. Il n'y a pas d'autres solutions pour le moment.

Q - Monsieur Kouchner, votre profession est médecin.
R - Comme profession, je suis ministre des Affaires étrangères et européennes.

Q - En tant que tel, est-ce que vous trouvez des fonctions vitales dans ce processus de paix ?
R - Oui... Il s'agit d'abord de les réanimer, de réanimer ce processus de paix et là vous verrez, il y aura des fonctions vitales extraordinairement actives, développées, essentielles. J'en suis sûr.

Q - Monsieur le ministre, je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2009