Texte intégral
Q - En choisissant un président discret, l'Europe ne déçoit-elle pas les citoyens ?
R - Nombre de commentateurs ont accrédité l'idée qu'on allait élire George Washington au suffrage universel ! Mais l'Europe n'est pas un Etat fédéral, c'est une union d'Etats, avec des institutions en rodage. Il faut des gens expérimentés, pour servir un système institutionnel nouveau, qui n'est peut-être pas glamour mais qui doit être efficace. Herman Van Rompuy est un homme d'expérience, respecté pour son engagement européen, connu pour son sens du compromis, et il parle français. Il ne s'agissait pas de trouver un super-chef d'Etat, mais quelqu'un capable de bâtir des consensus dans un groupe de 27 premiers de la classe.
Q - Certains rêvaient d'une forte personnalité à ce poste...
R - Que des personnalités s'affirment, d'accord. Je suis sûr que ce sera bientôt le cas. Mais c'est la première fois que nous choisissons un président, et il y a peu de dirigeants européens connus au-delà de leurs frontières. Lorsque Jacques Delors fut nommé à la tête de la Commission européenne, beaucoup le jugeaient terne, consensuel. Il s'est révélé être un très grand président de Commission. Quant à Tony Blair, qui a la stature dont rêvaient les commentateurs, il avait deux problèmes : son pays n'est membre ni de la zone euro ni de l'espace Schengen. C'est compliqué pour piloter une Union dont deux des sujets principaux sont l'économie et l'immigration !
Q - Que va faire exactement ce nouveau président ?
R - Il va préparer les réunions du Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement européens, trouver les compromis entre les dirigeants sur les questions lourdes, comme l'énergie ou l'immigration. Il devra aussi aller travailler avec le Parlement européen, qui est codécisionnaire sur bien des domaines. Tout cela en liaison avec la Commission. C'est un travail très politique, une oeuvre de compromis permanent.
Q - Face à Obama, aux Chinois ou aux Iraniens, qui parlera au nom de l'Europe ?
R - Le président Van Rompuy et la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Catherine Ashton, vont se partager le travail. Le président aura une équipe très légère, d'une vingtaine de personnes. En revanche, la ministre va disposer d'une administration nouvelle, considérable. Ce sera le plus grand service diplomatique du monde, fort de plusieurs milliers d'agents. On aura des ambassades européennes à travers le monde.
Q - Pourquoi avoir choisir une Britannique, un pays souvent aligné sur les Etats-Unis...
R - Mme Asthon ne sera pas la représentante d'un Etat, mais du Conseil dans son ensemble et de la Commission. Et les relations des Européens avec le "grand frère" américain sont en train de changer. Obama n'est pas venu célébrer à Berlin la chute du Mur alors qu'il a trouvé le temps de passer dix jours en Asie. Et l'Amérique hésite depuis des mois en Afghanistan. Les Européens, Britanniques compris, prennent conscience de cela. Le temps de l'émancipation est venu.
Q - C'est Catherine Ashton qui va négocier avec les Iraniens sur le nucléaire ?
R - Oui, ce devrait être elle. Mais c'est une affaire très politique, on va voir comment les chefs d'Etat voudront la gérer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2009
R - Nombre de commentateurs ont accrédité l'idée qu'on allait élire George Washington au suffrage universel ! Mais l'Europe n'est pas un Etat fédéral, c'est une union d'Etats, avec des institutions en rodage. Il faut des gens expérimentés, pour servir un système institutionnel nouveau, qui n'est peut-être pas glamour mais qui doit être efficace. Herman Van Rompuy est un homme d'expérience, respecté pour son engagement européen, connu pour son sens du compromis, et il parle français. Il ne s'agissait pas de trouver un super-chef d'Etat, mais quelqu'un capable de bâtir des consensus dans un groupe de 27 premiers de la classe.
Q - Certains rêvaient d'une forte personnalité à ce poste...
R - Que des personnalités s'affirment, d'accord. Je suis sûr que ce sera bientôt le cas. Mais c'est la première fois que nous choisissons un président, et il y a peu de dirigeants européens connus au-delà de leurs frontières. Lorsque Jacques Delors fut nommé à la tête de la Commission européenne, beaucoup le jugeaient terne, consensuel. Il s'est révélé être un très grand président de Commission. Quant à Tony Blair, qui a la stature dont rêvaient les commentateurs, il avait deux problèmes : son pays n'est membre ni de la zone euro ni de l'espace Schengen. C'est compliqué pour piloter une Union dont deux des sujets principaux sont l'économie et l'immigration !
Q - Que va faire exactement ce nouveau président ?
R - Il va préparer les réunions du Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement européens, trouver les compromis entre les dirigeants sur les questions lourdes, comme l'énergie ou l'immigration. Il devra aussi aller travailler avec le Parlement européen, qui est codécisionnaire sur bien des domaines. Tout cela en liaison avec la Commission. C'est un travail très politique, une oeuvre de compromis permanent.
Q - Face à Obama, aux Chinois ou aux Iraniens, qui parlera au nom de l'Europe ?
R - Le président Van Rompuy et la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Catherine Ashton, vont se partager le travail. Le président aura une équipe très légère, d'une vingtaine de personnes. En revanche, la ministre va disposer d'une administration nouvelle, considérable. Ce sera le plus grand service diplomatique du monde, fort de plusieurs milliers d'agents. On aura des ambassades européennes à travers le monde.
Q - Pourquoi avoir choisir une Britannique, un pays souvent aligné sur les Etats-Unis...
R - Mme Asthon ne sera pas la représentante d'un Etat, mais du Conseil dans son ensemble et de la Commission. Et les relations des Européens avec le "grand frère" américain sont en train de changer. Obama n'est pas venu célébrer à Berlin la chute du Mur alors qu'il a trouvé le temps de passer dix jours en Asie. Et l'Amérique hésite depuis des mois en Afghanistan. Les Européens, Britanniques compris, prennent conscience de cela. Le temps de l'émancipation est venu.
Q - C'est Catherine Ashton qui va négocier avec les Iraniens sur le nucléaire ?
R - Oui, ce devrait être elle. Mais c'est une affaire très politique, on va voir comment les chefs d'Etat voudront la gérer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 novembre 2009