Interview de M. Jean-François Copé, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Le Parisien" du 15 novembre 2009, sur l'identité nationale, la fiscalisation des indemnités pour accident du travail, les réserves des députés vis-à-vis de la réforme des collectivités territoriales et la souffrance au travail.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

C'est-à-dire ?
D'abord, et Sarkozy a raison de le dire, il faut parler de notre histoire. Ensuite, nous avons des valeurs : les trois que chacun connaît, liberté, égalité, fraternité, auxquelles je veux ajouter la sécurité...
Vous voulez rajouter « sécurité » au fronton des édifices publics ?
Non, mais si les Français ont peur les uns des autres ils ne se parleront pas. Enfin, on doit réfléchir ensemble à ce que doit être le parcours de réussite de chaque Française et de chaque Français, quelle que soit sa date d'arrivée en France, pour lui, pour ses enfants demain et pour son pays, la France. Tout cela peut conduire à une réflexion qui équilibre bien les droits et les devoirs.
Faut-il que cela débouche sur un texte ?
Je n'en suis pas sûr. On n'est pas dans le domaine de la loi mais de la réflexion intime. J'ai installé hier deux antennes de mon club, Génération France, dans le Gard. Eh bien, à chaque fois que je parle d'identité le silence se fait dans la salle et je vois des gens qui ont des larmes aux yeux, car ça touche au plus profond de nous-mêmes. Chaque Français doit se demander ce qu'il doit à la France.
Vous êtes à l'origine d'une polémique sur la fiscalisation des indemnités pour accidents du travail, qui a été votée vendredi...
Je ne comprends pas cette polémique. Vous vous foulez la cheville dans votre jardin, vous êtes arrêté deux semaines : c'est un congé maladie sur lequel vous payez des impôts si vous êtes imposable. Vous vous foulez la même cheville avec le même arrêt en vous rendant au travail : là, vous n'êtes pas imposable. Cette proposition de loi est le reflet de ce que les Français nous ont dit sur le sujet. C'est un rendez-vous d'équité.
Quand la secrétaire d'Etat aux Sports, Rama Yade, fait entendre ses désaccords, ça vous gêne qu'elle reste au gouvernement ?
Je m'occupe du législatif. C'est une affaire interne au gouvernement.
Ça n'est pas important ?
Non.
On vous sait favorable à la fusion conseils généraux-conseils régionaux. La réforme des collectivités locales est-elle un premier pas en ce sens, ou un rendez-vous manqué ?
Disons que c'est un premier pas, car j'aime bien être positif. Il faut fusionner les élus, oui, mais ça c'est la partie la plus démagogique. Il faut fusionner surtout les compétences et les administrations pour réduire les impôts. Par ailleurs, je suis réservé sur le mode de scrutin à un seul tour. Il faut deux tours pour préserver la diversité.
Vous souhaitez qu'il soit modifié par le Parlement ?
C'est mon point de vue, ça n'est pas celui du gouvernement. On discutera...
Les députés font de plus en plus entendre leur différence. Est-ce grâce à la réforme constitutionnelle, ou les esprits étaient-ils mûrs pour cela ?
La réforme constitutionnelle permet d'organiser le travail, sinon ça aurait été anarchique. Les parlementaires font leur boulot. J'invite les observateurs et nos amis ministres à le considérer comme un fait.
Il faut faire avec ?
Faire avec et s'en réjouir ! L'idée qu'on substitue à cinquante ans de monologue gouvernemental un authentique dialogue entre des ministres qui travaillent avec leur administration et des députés en contact avec les Français, c'est ça le véritable équilibre des pouvoirs. Les députés vont dire de plus en plus ce qu'ils pensent et ne craindront plus de réécrire tel ou tel texte de loi qui ne leur convient pas, comme ils l'ont fait sur la taxe professionnelle. C'est ce que j'appelle la coproduction législative. Il y aura un avant et un après ce texte. Et il n'y avait pas lieu de s'émouvoir de l'initiative de Jean-Pierre Raffarin, disant qu'en l'état il ne voterait pas le texte. Son initiative était légitime car il l'a prise avant le vote.
Pourquoi avez-vous lancé un groupe de travail sur la souffrance au travail ?
J'ai été bouleversé par les tragédies auxquelles nous avons assisté à France Télécom. Les salariés doivent être considérés, respectés, associés à la stratégie et aux résultats des entreprises. On a créé un groupe de réflexion dans lequel, pour la première fois, on associe les députés avec des psychiatres, des DRH, des salariés, des entrepreneurs, des partenaires sociaux. Nous serons jeudi dans une agence de France Télécom, pour rencontrer les salariés. Nous remettrons à la fin de l'année un rapport pour essayer d'imaginer ce que peuvent être de bonnes pratiques. La gauche avait proposé de travailler moins pour gagner moins. En 2007, on a dit travailler plus pour gagner plus. Il est temps de dire travailler mieux pour gagner plus, ensemble. L'approche doit être collective. Il faudra faire une charte de référence.
Avez-vous lu le livre de Jacques Chirac ?
Pas encore. Il vient de me l'adresser avec une très gentille dédicace, ça m'a beaucoup touché et je vais le lire, évidemment.
Et celui de Bernard Laporte, qui se plaint d'avoir été maltraité par les députés quand il était secrétaire d'Etat aux Sports ?
J'ai beaucoup de sympathie pour lui. Mais pourquoi en veut-il aux députés ? Ils l'ont toujours soutenu et ne sont pas à l'origine de sa révocation.
Source http://www.deputes-ump.fr, le 2 décembre 2009