Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invitée, ce matin, R. Yade, bonjour, R. Yade.
Bonjour.
A quoi pensez-vous ce matin ?
Je repense encore au match d'hier soir, parce que la nuit a été courte évidemment. Après être rentrée du Stade de France, il a fallu effectivement repenser à cette victoire, à cette qualification, au match, à "refaire le match", comme on dit. Mais ce matin, je me sens soulagée de les savoir qualifiés pour la Coupe du Monde. Savoir qu'ils iront en Afrique du Sud. Parce que c'est quand même ce qu'on attendait depuis longtemps.
Est-ce que cette équipe de France méritait hier soir, d'aller en Afrique du Sud ?
Si on juge sur le match d'hier soir, on peut être déçu par le match qu'ils ont livré, bien évidemment. On a eu des joueurs...
Mais elle mérite ou elle méritait ou pas, R. Yade ?
Par rapport à la grande nation de football que nous sommes...
R. Yade, attention à ce que vous allez dire, oui ?
Par rapport à la grande nation de football que nous sommes, par rapport à la qualité habituelle, on va dire, de nos joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens, par rapport au fait que la France est la France, c'est-à-dire que nous n'avons jamais manqué de phase finale d'une grande compétition, depuis 1996, par rapport à tout ça, oui, on méritait d'aller en Afrique du Sud. Parce qu'une Coupe du monde sans la France, ce n'est pas une vraie coupe du monde.
Oui, mais enfin il y a la vérité sportive aussi. Il y a la vérité sportive.
Alors, après on peut juger sur un match. Et sur le match, c'est vrai qu'on a eu à faire...
Sur le match d'hier soir, on ne méritait pas d'y aller ?
Oui, on a eu des Irlandais immenses, immenses, incroyables... Enfin, c'était un match irrespirable, c'est-à-dire qu'on a retenu notre souffle, pendant tout le match. Ils sont passés tout près du gouffre avec ce but qui a délivré tout le monde, je pense la France entière, à la 103ème minute. Et grâce aussi à un immense gardien de buts, qui est H. Lloris...
Oui, ça vous avez raison, R. Yade.
Qui a pris ses galons et pas seulement avec ce match.
Est-ce que T. Henry a triché hier soir ?
Je n'en sais rien. C'est à lui de le dire.
Vous avez revu ?
J'ai revu, j'ai vu...
Et alors ?
Dans le stade, on n'a pas vu l'image. Evidemment on n'a rien vu. Après, quand on regarde les images, c'est à lui de le dire. Il dit qu'il a touché, enfin que le ballon a frappé sa main, a touché sa main...
Mais vous ne l'avez pas vu ? Vous avez vu les images de la vidéo, vous n'avez pas vu le ballon, vous n'avez pas vu T. Henry... Pourquoi ne pas dire, R. Yade : "bah oui, il a touché le ballon de la main, oui, il y a main, oui l'arbitre ne l'a pas vu". Au moins c'est clair, les choses sont claires ?
Oui, mais personne ne dit l'inverse. C'est ce que je suis en train de vous dire. Je suis en train de vous dire qu'il a touché le ballon de la main, l'arbitre ne l'a pas vu, et T. Henry lui-même, a l'honnêteté de le dire.
Il a même contrôlé le ballon de la main.
La question qui se pose, c'est est-ce qu'il a fait exprès, ou est-ce que c'était involontaire ? Moi, je n'ose pas croire que c'était volontaire. Parce que c'est là, si c'est volontaire, qu'on peut dire qu'il y a eu triche. Mais aucun d'entre nous ne peut le jurer aujourd'hui, il n'y a que T. Henry qui peut le dire. Et moi, j'ai la prudence de croire, et la foi de croire que T. Henry, notre capitaine de l'équipe de France, est un trop grand joueur, un trop grand professionnel, pour tricher, voilà !
N'avez-vous pas trouvé un peu impudiques, inélégantes les effusions d'après match ?
Pas du tout ! Pas du tout !
Pas du tout ?
Non, mais je trouve, c'est une attitude bien française, qu'à chaque qu'on obtient quelque chose, tout le monde râle. Non, mais je ne comprends pas. C'est-à-dire vous auriez été plus satisfait si on avait perdu ce soir ? Vous savez, ça nous est déjà arrivé...
Non, non, moi, je ne suis pas satisfait ou pas. Moi, je suis satisfait que l'équipe de France soit qualifiée, R. Yade, que les choses soient claires.
Bon ! Très bien ! Eh bien, tant mieux.
Mais on peut aussi être satisfait d'une qualification et ne pas être satisfait du tout du spectacle proposé et ne pas être satisfait du tout du comportement d'un entraîneur, d'un président de fédération, ou de joueurs qui, au mépris de toute éthique sportive, se congratulent d'une manière un peu impudique, après un match.
Mais qu'est-ce que l'éthique a à voir avec les félicitations que les joueurs, le staff technique, la fédération, se font. Il n'y a rien d'impudique à cela ! C'est normal ! Ils ont arraché leur billet pour la qualification...
Imaginons que l'Irlande soit qualifiée, après avoir marqué un but de la main, que diriez-vous ce matin ?
On aurait été triste, mais de toute façon à l'aulne du match, les Irlandais...
Que diriez-vous, ce matin, R. Yade ?
Je vous réponds : on aurait été triste. A l'aulne du match, on aurait été obligé de reconnaître qu'ils ont livré un très grand match, ils ont fait un pressing très, très haut, je ne sais pas, si c'est ce qui explique le fait que nos joueurs aient été tétanisés, mais ils étaient tétanisés, il y a eu beaucoup d'approximations, beaucoup de déchets, il y a eu... Est-ce que c'est le souvenir de 93 face à la Bulgarie ? Est-ce que le manque d'habitude des matchs couperets ? Est-ce que c'est la sortie très tôt des...
J'ai trois questions précises R. Yade, on va parler de l'arbitrage vidéo évidemment, parce que la question est posée aussi, on l'a posée ce matin, sur RMC, R. Yade, mais j'ai trois questions. Si T. Henry a triché, faut-il qu'il soit puni, sanctionné ?
Non, mais écoutez...
Non ? Bon ! Oui ou non ?
Laissez-moi, juste m'expliquer. Il y a eu main, dommage, mais c'est comme ça. T. Henry le reconnaît lui-même. La question qui se pose, c'est : est-ce que c'est une main volontaire ou involontaire ? Ni vous...
Eh bien, nous regarderons tous la vidéo.
Mais non, mais même la vidéo ne le dira pas. Il n'y a que T. Henry pour le dire, parce que imaginez la rapidité du jeu, la rapidité du ballon, la main peut se retrouver sur le ballon, ce n'est pas, enfin tout ceux qui ont fait du sport le savent.
Mais vous savez ce que m'écrit Paulette ce matin ? J'ai reçu un nombre incalculable de mails. Voilà ce que m'écrit Paulette : "à longueur d'années, on rabâche à nos enfants qu'il faut avoir l'esprit sportif. Que leur répondre quand les vrais sportifs s'amusent au « pas vu, pas pris » lors d'une grande rencontre télévisée devant des millions de téléspectateurs ?"
Attendez, il y a un arbitre sur le terrain.
Mais l'arbitre il n'a rien vu !
Il y a un juge de touche, ils n'ont rien vu tous...
Bon...
...Mais laissez-moi juste terminer ma phrase. Ils n'ont rien vu tous les deux, ça arrive dans les compétitions, aussi bien en match amateur que dans les grandes compétitions internationales. Ca n'est ni la première fois, ni la dernière fois, ça fait partie du jeu. Et par ailleurs, T. Henry, capitaine de l'équipe de France, joueur expérimenté s'il en est, et honnête s'il en est, reconnaît qu'il a touché le ballon et la question qui se pose - et aucun d'entre nous n'est capable d'y répondre - c'est de savoir si c'était une main volontaire ou pas ? Même la vidéo ne le dit pas, ne le dit pas. Donc à partir de là, c'est le jeu.
R. Yade, chacun regardera la vidéo et jugera. R. Yade, regardons l'avenir, est-ce qu'il faut garder R. Domenech à la tête de cette équipe de France ?
Ce n'est pas à moi de le dire.
Non, mais votre avis ?
C'est à la fédération de le dire.
Votre avis ?
Au fond, ce qui est important, c'est ce qui se passe sur le terrain, ce sont les joueurs. Et R. Domenech a réussi, voilà, à qualifier l'équipe de France pour la coupe du monde malgré tout ce qu'on a dit.
Bon ! L'arbitrage vidéo oui/non ?
Pour l'instant, c'est non.
Vous le regrettez ?
C'est non, parce que beaucoup de joueurs y sont opposés, notamment M. Platini. Je le regrette, non pas pour l'instant, mais je pense que...
Vous êtes en train de me faire une réponse politique, là, R. Yade ?
Non, non, vous savez...
Non, non, au fond de vous...
Pour vous dire la vérité, je suis très partagée. J'ai envie de vous dire : oui, il faut l'arbitrage parce qu'il y a des enjeux économiques, passionnels tels, que sur un détail, sur une main, sur un pied, sur un coup de tête, ça peut changer la vie d'une nation entière. En même temps, je voudrais vous dire "mais c'est le charme de football". C'est comme ça, le football, il y a aussi une part de hasard, rien n'est scientifique. Ça fait partie du jeu ! Et quelque part, est-ce qu'on ne tuerait pas le football, si on arrivait à un jeu scientifique. C'est une question qui est légitime de se poser.
Alors un arbitre pour la surface de réparation ?
Oui, on peut étoffer le système d'arbitrage pourquoi pas ! Mais une vidéosurveillance...
Vous savez que des expériences sont tentées dans cette direction, c'est l'avis de M. Platini.
Mais pourquoi pas ! Pourquoi pas ! Mais je pense que le regard de l'homme, du juge, de celui qui incarne le droit, c'est-à-dire l'arbitre sur un terrain, avec toutes les imperfections, est quand même la règle traditionnelle. Et ça fait partie du jeu. Là, on parle de "main de Dieu", hier soir ; il y a eu la "main de Dieu" de Maradona, c'est rentré dans l'histoire du football, c'est sur cette main que pendant des heures, des tas de générations ont discuté, se sont rappelés leur souvenir, qu'est-ce qu'il faisait à ce moment-là, ça fait partie du jeu. Et puis des fois, nous aussi, on le subit. Rappelez-vous en Serbie, on a dû avoir notre gardien qui a été expulsé à la 10ème minute, en plus on se prend un but, enfin c'était terrible, et pourtant, on a repris nos forces, on a joué et puis on a fini par revenir avec un très beau match. Donc ça fait partie du jeu, avec ses imperfections, avec ses failles. Voilà, c'est comme ça. Peut-être que les pressions économiques feront qu'un jour on en arrivera à la vidéosurveillance, mais je...
Oui, la vidéosurveillance oui, oui, c'est une forme de vidéosurveillance...
Vous voyez le lapsus ! C'est une forme de vidéosurveillance.
R. Yade est avec nous, ce matin. 9 heures moins le quart, BFM TV, RMC, à tout de suite.
(8h49 : 2ème et dernière partie)
R. Yade, notre invitée. Vous savez ce que vient de dire R. Bachelot ?
[(R. Yade fait non d'un signe de la tête). ndlr].
« Ressaisis-toi Raymond ! ». Voilà ce qu'elle a dit à R. Domenech. Vous dites la même chose comme... Vous n'avez pas le même style !
Non, mais c'est tout à fait légitime de dire cela. Nous avons maintenant sept mois, l'aventure recommence, les compteurs sont remis à zéro, et maintenant personne n'oubliera, c'est vrai, cette soirée insoutenable, mais c'est une nouvelle aventure qui commence, c'est un nouvel enjeu. Vous savez, les Français ont toujours eu du mal dans les phases de qualifications, et puis après, ils se révèlent dans les coupes du monde, de manière assez exceptionnelle.
Eh bien nous verrons.
Donc, je leur souhaite bonne chance...
Eh bien nous aussi, évidemment.
De donner le meilleur d'eux-mêmes et puis de représenter dignement la France, lors de cette compétition qui aura la nouveauté de se passer en Afrique pour la première fois.
Est-ce que vous avez pu échanger quelques mots avec N. Sarkozy, hier soir ?
Oui, des mots liés aux impressions...
Des banalités ou pas des banalités, non ?
Ah, des banalités ! Les commentaires du match, ce n'est pas des banalités.
Uniquement sur le match ?
Ah oui, oui, oui, mais enfin, hier soir...
Vous n'avez pas parlé d'autre chose, hier soir ?
De quoi, à part le match ?
Je ne sais pas moi, on peut parler des régionales, on peut parler de votre popularité...
Ah non, non, non, écoutez...
... on peut parler de votre manque d'esprit collectif ?
Non.
C'est l'Elysée qui dit ça, ce n'est pas moi.
Non, je ne sais pas. Je ne sais pas si c'est l'Elysée qui dit ça, je ne sais pas.
Ah bon ?
Je ne sais pas. C'est des journalistes qui rapportent, je ne sais pas, donc je ne jugerai jamais les propos que je n'ai pas entendus.
« Je constate sa difficulté à s'enserrer dans une équipe, quelle qu'elle soit, le gouvernement de la France est une affaire sérieuse, ce n'est pas une histoire de caprice ».
Oui.
Mmm.
Je ne l'ai pas entendu, donc je ne jugerai pas.
Vous êtes capricieuse, R. Yade ?
Non, mais on dit ça des femmes, paraît-il, quoi qu'elles fassent, quoi qu'elles disent.
Et qui dit ça des femmes ?
Ah, je ne sais pas, vous par exemple.
Ah, ce sont les journalistes ?
Ah ben peut-être.
C'est toujours la faute des journalistes, d'ailleurs, R. Yade.
Non, mais je ne sais pas, je ne sais pas. Moi, je n'ai jamais entendu le président de la République me dire ça.
Oui. Ni le Premier ministre...
Ni le Premier ministre.
...ni R. Bachelot, ni personne ?
Non, non, certainement pas R. Bachelot !
Non ? Non ? « Elle va toujours dans le sens de l'opinion publique et de sa clientèle et n'est pas courageuse » : E. Woerth, par exemple.
Oh ! Facile !
Vous n'avez pas entendu ?
Ah, non, non, je n'ai pas entendu.
Mais vous n'entendez rien !
Mais c'est toujours des...
Non, non, mais vous n'entendez rien ! C'est incroyable ça !
C'est toujours des petites phrases, rapportées...
Ce ne sont pas des petites phrases, ce sont des petites phrases prononcées publiquement, R. Yade.
Prouvez-le !
Mais, "prouvez-le", mais on vous...
Montrez-moi les images !
Mais, écoutez... je vous fais écouter le son quand vous voulez.
Non, mais allez-y, allez-y, je vous en prie.
Pas maintenant ! Comment voulez-vous que je fasse, maintenant ?
Invitez-moi demain et recherchez les images et le son.
Bon, d'accord.
Je veux les images et le son, monsieur Bourdin.
Eh bien nous allons faire ça.
Je ne suis pas là pour...
Nous allons faire ça. Donc, vous n'avez pas parlé de régionales, hier soir ?
Non, non, non. Mais, enfin, écoutez, ce n'était pas, vraiment pas le lieu, je ne sais même pas si l'un d'entre nous a pensé à autre chose qu'au football.
Est-ce que vous allez vous engager dans le Val d'Oise, ou pas ?
Alors, je vais m'engager, certainement dans la campagne des régionales. Je suis déjà engagée dedans, puisque je vous rappelle que je suis porte-parole de la campagne des régionales depuis plus de 8 mois, que cette fonction-là c'est moi qui l'ai sollicitée, avant même le résultat des primaires, ce qui en dit long sur le fait que j'ai des fourmis dans les jambes et que je suis pressée que l'on soit dans le dur de la campagne, parce que je pense que c'est une élection qui sera importante à deux ans des élections présidentielles, parce que j'estime que J.-P. Huchon, après 12 ans ça suffit. S'il est réélu, ça fera 18 ans, et je ne vois pas pourquoi il ferait en 18 ans ce qu'il n'a pas fait en 12 ans. Donc, et je pense...
Donc, vous allez être engagée... vous êtes engagée...
...Et je pense aussi et surtout que l'Ile-de-France mérite un projet alternatif, et le nôtre il est fondé sur un développement économique renouvelé, parce que l'Ile-de-France subit aussi de plein fouet la crise, c'est la première région européenne, donc il faut que nous puissions adapter le plan de relance à des problématiques très locales. Deuxièmement, la question de développement durable, elle est importante, le bien vivre, le bien-être des Franciliens est important, la formation professionnelle, l'apprentissage, bref, toutes ces compétences relevant de la région méritent d'être mises en oeuvre et que l'on mette fin à l'immobilisme observé depuis 12 ans, par monsieur Huchon.
Donc, engagée...
Engagée, certainement...
Engagée et candidate dans le Val d'Oise ?
Alors, candidate, je ne sais pas où, mais de toutes les façons, ça n'a aucune...
Candidate, vous serez candidate ?
Eh bien, j'espère bien que oui !
Oui, bon, très bien !
C'est bien d'être porte-parole, mais...
Donc il y a deux solutions : soit les Hauts-de-Seine, soit le Val d'Oise, ne tournons pas autour du pot !
Oh, il y en a autant qu'il y a de départements en France. L'UMP a dit que, en ce moment...
R. Yade, vous ne pouvez pas me dire ça ! Vous êtes élue dans les Hauts-de-Seine, on vous propose d'être candidate dans le Val d'Oise, vous n'allez pas me dire : « je vais être candidate dans les Hautes Pyrénées » !
Non, je ne vais pas vous dire ça, et c'est précisément ce que je ne vous dis pas, et c'est précisément...
Bon. Donc vous serez soit dans les Hauts-de-Seine, soit dans le Val d'Oise, que les choses soient claires ! Disons les vérités ! Pourquoi ne pas vouloir dire les choses ? Vous avez peur de quoi ? Je ne comprends pas. Ça m'irrite quand on ne répond pas, R. Yade, ça m'irrite !
Attendez...
Quand on n'a pas la franchise de répondre !
Bon, vous avez fini le spectacle, le show ?
Ce n'est pas du spectacle !
Ah si, c'est du spectacle !
C'est vous qui le donnez le spectacle !
Pardon monsieur Bourdin ?
C'est vous qui le donnez.
Mais, est-ce que vous pouvez me laisser placer une phrase ? Parce que j'aimerais bien vous répondre !
Alors, allez-y, je vous pose la question : candidate dans les Hauts-de-Seine ou dans le Val d'Oise ?
Monsieur Bourdin, j'aimerais beaucoup vous répondre, mais pour vous répondre...
Je vous écoute.
...Il faudrait que vous me laissiez en placer une plutôt que de vous écouter parler, pour faire le show.
Alors, allez-y.
Donc, vous avez en face de vous une femme politique qui essaie désespérément de vous répondre et que vous ne laissez pas parler !
Je vous écoute...
Juste parce que vous voulez faire le spectacle !
Mais je vous écoute.
Mais, ça serait bien de respecter vos auditeurs et la personne que vous avez en face de vous et que vous l'écoutiez parler.
Mais je vous écoute.
Bon, je vais vous répondre.
Alors, allez-y.
En ce moment, et depuis deux semaines, il y a des procédures au sein de l'UMP, qu'on appelle les commissions d'investitures, qui sont réunies toutes les semaines, concernant toutes les régions, pour écouter les élus, en vérité aussi les parlementaires de chaque département, pour connaître leur avis sur les investitures des uns et des autres, dans tel ou tel département.
Donc vous avez donné votre avis.
Ah non, pas moi, les parlementaires.
Les parlementaires, bon.
Donc, cette phase-là se poursuit, elle n'est pas encore achevée. Donc, des réactions ont été... Moi, je ne suis pas membre de la Commission d'investitures, donc je ne sais pas ce qui s'est dit, mais on est dans cette phase-là. Les réactions ont été sollicitées. Au terme de cette procédure, eh bien l'UMP, avec le président de la République, le Premier ministre, enfin, tous ceux qui sont concernés, et moi-même, prendrons les décisions. Et à ce moment-là, je serai en capacité de vous répondre. En attendant, je suis implantée dans un endroit, qui est Colombes.
Dans les Hauts-de-Seine.
Dans les Hauts-de-Seine, où je suis conseillère municipale, et par respect pour les électeurs, je me dois de le rappeler et de leur rester fidèle, tout simplement. Et puis après, les décisions se prendront en fonction de ce que je pense, de ce que pense l'UMP.
Et vous pensez quoi ?
Moi, je vous rappelle que j'ai une implantation. Après, l'UMP...
Donc vous pensez les Hauts-de-Seine.
L'UMP aura son opinion, qu'elle se forgera, sur la base de considérations qui dépassent ma propre personne. Et donc à ce moment-là, s'ils jugent que je suis utile ici ou là, eh bien ils le jugeront, point. En attendant, sérénité, ce n'est pas le sujet du siècle, ni la préoccupation numéro 1, ni la préoccupation numéro 1 des Français.
Non, ça, on est bien d'accord. On est bien d'accord. R. Yade, à quoi tient votre popularité, R. Yade, selon vous ?
Demandez aux sondés. Moi, je ne sais pas. Mais c'est vrai que ça fait plaisir, on s'y habitue pas, mais, bon. Il y a un minimum déjà, il faut travailler et démontrer une certaine compétence, ensuite avoir des convictions...
Mais qu'avez-vous fait depuis que vous êtes ministre ?
Ah, merci de me donner l'opportunité de le dire !
Ben oui, justement.
Alors, depuis que je suis ministre des Sports, je suis entrée dans un monde tout à fait passionnant, enthousiasmant, et je peux vous dire que le travail ne manque pas et je ne dépense, enfin, je ne compte ni mon temps, ni mon énergie, et ce que j'ai fait en matière de sport de haut niveau, puisqu'on va essayer de catégoriser, j'ai obtenu, grâce à l'accord du président de la République, 150 millions d'euros pour rénover les stades, parce que l'on est candidat pour accueillir l'Euro de football 2016, première chose. Deuxièmement, nous sommes en train de rénover l'INSEP, également, pour donner à la France des atouts pour assurer un haut niveau sportif sur le plan international. Sur le sport amateur, j'ai obtenu un prélèvement sur les paris sportifs, pour financer le sport amateur. Nous mobilisons 200 millions d'euros pour la politique de la Ville, pour le milieu rural, pour le sport féminin, pour le handicap, pour les équipements de proximité, et j'ajouterai aussi que sur le plan international, nous avons mis en place un parcours d'excellence pour que dans les grandes compétitions nous soyons à la hauteur. Et puis j'ai aussi créé sur le plan de l'éthique, un fonds sportif international pour la protection de l'enfance, pour lutter contre la traite des mineurs, des pays du sud vers les pays du nord. Et j'ajouterai qu'en matière d'éthique aussi, j'ai lancé des mesures il y a quelques semaines pour lutter contre les violences dans le sport et en particulier dans le football.
Bon, eh bien très bien R. Yade. Et sur les clubs professionnels...
Ça fait quatre, cinq mois que je suis en fonction...
Bon, très bien...
Donc, c'est un peu tôt de juger d'un bilan, mais il y en a déjà un réel, grâce au travail fourni...
Sur les clubs professionnels, les avantages pour les clubs professionnels, vous vous battez, je sais, aux côtés du monde sportif, mais le président de la République n'a pas laissé beaucoup d'espoir.
Ecoutez, c'est le Parlement qui décide et qui...
Oui, il a déjà décidé, le Parlement.
Et qui a décidé, enfin, qui a décidé, l'Assemblée et le Sénat...
Donc on ne revient pas sur un vote du Parlement.
Oui, on n'est pas encore allé au terme du processus, donc je ne veux pas trop anticiper sur le point des parlementaires, mais en tout cas, l'Assemblée nationale a voté, le Sénat a voté, reste après toute la suite du processus. Voilà. Alors, il a été décidé au Sénat de reporter la suppression du droit à l'image collective, qui est un système d'exonération de charges sociales pour les clubs qui recrutent des joueurs, histoire d'éviter qu'ils aillent tous à l'étranger, voilà. Maintenant, ce dispositif avait de toute façon vocation à être supprimé en 2012, et ça n'exonérait pas du coup les clubs à trouver d'autres solutions alternatives, enfin, les clubs, nous tous en fait, parce que, au fond, ce qui se joue, droit à l'image collective ou pas, exonération ou pas, ce qui se joue, c'est comment faire pour que nous ayons de beaux championnats, c'est-à-dire avec des joueurs qui restent en France et qui jouent en France, pas forcément payés chers, parce que ces genres de dispositifs ne bénéficient pas aux joueurs mais aux clubs. L'idée aujourd'hui, c'est de travailler au niveau européen, parce que vous voyez bien que si nos joueurs s'en vont, c'est pour aller en Europe...
Donc, c'est voté, c'est voté, on ne reviendra pas sur ce qui a été voté.
Non, non, je ne vous parle pas de ça.
Maintenant il faut essayer d'aménager tout cela.
Voilà, il faut essayer de trouver des solutions alternatives à l'échelle européenne, pour éviter une concurrence déloyale de la part de clubs qui ont une capacité d'endettement pour acheter des joueurs, que nous, nous n'avons pas, parce que nous ne pouvons pas dépenser plus que nous n'avons en caisse.
Bien. R. Yade, j'ai une dernière question, elle sera « politiquement concrète » : est-ce que vous êtes satisfaite de votre marionnette aux Guignols ? La marionnette a 10 jours, elle tacle systématiquement le Gouvernement, avant de démentir ses propos. Vous l'avez vue ?
Non, je crois que c'est l'inverse, ça dépend...
Vous l'avez vue ?
Ça dément avant de tacler.
Avant de tacler... Non, ça tacle et ça dément aussi.
Mais ça dément avant, c'est-à-dire qu'il annonce qu'il va démentir ce qu'il va dire.
Bon. Vous êtes satisfaite ou pas ?
Il ne tacle pas, il dit ce qu'il pense.
Bon, d'accord.
Ce n'est pas pareil. Satisfaite, non, il ne me ressemble pas du tout, mais il est marrant. Voilà.
Bon, eh ben très bien. Merci R. Yade d'être venue nous voir. Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 novembre 2009
Bonjour.
A quoi pensez-vous ce matin ?
Je repense encore au match d'hier soir, parce que la nuit a été courte évidemment. Après être rentrée du Stade de France, il a fallu effectivement repenser à cette victoire, à cette qualification, au match, à "refaire le match", comme on dit. Mais ce matin, je me sens soulagée de les savoir qualifiés pour la Coupe du Monde. Savoir qu'ils iront en Afrique du Sud. Parce que c'est quand même ce qu'on attendait depuis longtemps.
Est-ce que cette équipe de France méritait hier soir, d'aller en Afrique du Sud ?
Si on juge sur le match d'hier soir, on peut être déçu par le match qu'ils ont livré, bien évidemment. On a eu des joueurs...
Mais elle mérite ou elle méritait ou pas, R. Yade ?
Par rapport à la grande nation de football que nous sommes...
R. Yade, attention à ce que vous allez dire, oui ?
Par rapport à la grande nation de football que nous sommes, par rapport à la qualité habituelle, on va dire, de nos joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens, par rapport au fait que la France est la France, c'est-à-dire que nous n'avons jamais manqué de phase finale d'une grande compétition, depuis 1996, par rapport à tout ça, oui, on méritait d'aller en Afrique du Sud. Parce qu'une Coupe du monde sans la France, ce n'est pas une vraie coupe du monde.
Oui, mais enfin il y a la vérité sportive aussi. Il y a la vérité sportive.
Alors, après on peut juger sur un match. Et sur le match, c'est vrai qu'on a eu à faire...
Sur le match d'hier soir, on ne méritait pas d'y aller ?
Oui, on a eu des Irlandais immenses, immenses, incroyables... Enfin, c'était un match irrespirable, c'est-à-dire qu'on a retenu notre souffle, pendant tout le match. Ils sont passés tout près du gouffre avec ce but qui a délivré tout le monde, je pense la France entière, à la 103ème minute. Et grâce aussi à un immense gardien de buts, qui est H. Lloris...
Oui, ça vous avez raison, R. Yade.
Qui a pris ses galons et pas seulement avec ce match.
Est-ce que T. Henry a triché hier soir ?
Je n'en sais rien. C'est à lui de le dire.
Vous avez revu ?
J'ai revu, j'ai vu...
Et alors ?
Dans le stade, on n'a pas vu l'image. Evidemment on n'a rien vu. Après, quand on regarde les images, c'est à lui de le dire. Il dit qu'il a touché, enfin que le ballon a frappé sa main, a touché sa main...
Mais vous ne l'avez pas vu ? Vous avez vu les images de la vidéo, vous n'avez pas vu le ballon, vous n'avez pas vu T. Henry... Pourquoi ne pas dire, R. Yade : "bah oui, il a touché le ballon de la main, oui, il y a main, oui l'arbitre ne l'a pas vu". Au moins c'est clair, les choses sont claires ?
Oui, mais personne ne dit l'inverse. C'est ce que je suis en train de vous dire. Je suis en train de vous dire qu'il a touché le ballon de la main, l'arbitre ne l'a pas vu, et T. Henry lui-même, a l'honnêteté de le dire.
Il a même contrôlé le ballon de la main.
La question qui se pose, c'est est-ce qu'il a fait exprès, ou est-ce que c'était involontaire ? Moi, je n'ose pas croire que c'était volontaire. Parce que c'est là, si c'est volontaire, qu'on peut dire qu'il y a eu triche. Mais aucun d'entre nous ne peut le jurer aujourd'hui, il n'y a que T. Henry qui peut le dire. Et moi, j'ai la prudence de croire, et la foi de croire que T. Henry, notre capitaine de l'équipe de France, est un trop grand joueur, un trop grand professionnel, pour tricher, voilà !
N'avez-vous pas trouvé un peu impudiques, inélégantes les effusions d'après match ?
Pas du tout ! Pas du tout !
Pas du tout ?
Non, mais je trouve, c'est une attitude bien française, qu'à chaque qu'on obtient quelque chose, tout le monde râle. Non, mais je ne comprends pas. C'est-à-dire vous auriez été plus satisfait si on avait perdu ce soir ? Vous savez, ça nous est déjà arrivé...
Non, non, moi, je ne suis pas satisfait ou pas. Moi, je suis satisfait que l'équipe de France soit qualifiée, R. Yade, que les choses soient claires.
Bon ! Très bien ! Eh bien, tant mieux.
Mais on peut aussi être satisfait d'une qualification et ne pas être satisfait du tout du spectacle proposé et ne pas être satisfait du tout du comportement d'un entraîneur, d'un président de fédération, ou de joueurs qui, au mépris de toute éthique sportive, se congratulent d'une manière un peu impudique, après un match.
Mais qu'est-ce que l'éthique a à voir avec les félicitations que les joueurs, le staff technique, la fédération, se font. Il n'y a rien d'impudique à cela ! C'est normal ! Ils ont arraché leur billet pour la qualification...
Imaginons que l'Irlande soit qualifiée, après avoir marqué un but de la main, que diriez-vous ce matin ?
On aurait été triste, mais de toute façon à l'aulne du match, les Irlandais...
Que diriez-vous, ce matin, R. Yade ?
Je vous réponds : on aurait été triste. A l'aulne du match, on aurait été obligé de reconnaître qu'ils ont livré un très grand match, ils ont fait un pressing très, très haut, je ne sais pas, si c'est ce qui explique le fait que nos joueurs aient été tétanisés, mais ils étaient tétanisés, il y a eu beaucoup d'approximations, beaucoup de déchets, il y a eu... Est-ce que c'est le souvenir de 93 face à la Bulgarie ? Est-ce que le manque d'habitude des matchs couperets ? Est-ce que c'est la sortie très tôt des...
J'ai trois questions précises R. Yade, on va parler de l'arbitrage vidéo évidemment, parce que la question est posée aussi, on l'a posée ce matin, sur RMC, R. Yade, mais j'ai trois questions. Si T. Henry a triché, faut-il qu'il soit puni, sanctionné ?
Non, mais écoutez...
Non ? Bon ! Oui ou non ?
Laissez-moi, juste m'expliquer. Il y a eu main, dommage, mais c'est comme ça. T. Henry le reconnaît lui-même. La question qui se pose, c'est : est-ce que c'est une main volontaire ou involontaire ? Ni vous...
Eh bien, nous regarderons tous la vidéo.
Mais non, mais même la vidéo ne le dira pas. Il n'y a que T. Henry pour le dire, parce que imaginez la rapidité du jeu, la rapidité du ballon, la main peut se retrouver sur le ballon, ce n'est pas, enfin tout ceux qui ont fait du sport le savent.
Mais vous savez ce que m'écrit Paulette ce matin ? J'ai reçu un nombre incalculable de mails. Voilà ce que m'écrit Paulette : "à longueur d'années, on rabâche à nos enfants qu'il faut avoir l'esprit sportif. Que leur répondre quand les vrais sportifs s'amusent au « pas vu, pas pris » lors d'une grande rencontre télévisée devant des millions de téléspectateurs ?"
Attendez, il y a un arbitre sur le terrain.
Mais l'arbitre il n'a rien vu !
Il y a un juge de touche, ils n'ont rien vu tous...
Bon...
...Mais laissez-moi juste terminer ma phrase. Ils n'ont rien vu tous les deux, ça arrive dans les compétitions, aussi bien en match amateur que dans les grandes compétitions internationales. Ca n'est ni la première fois, ni la dernière fois, ça fait partie du jeu. Et par ailleurs, T. Henry, capitaine de l'équipe de France, joueur expérimenté s'il en est, et honnête s'il en est, reconnaît qu'il a touché le ballon et la question qui se pose - et aucun d'entre nous n'est capable d'y répondre - c'est de savoir si c'était une main volontaire ou pas ? Même la vidéo ne le dit pas, ne le dit pas. Donc à partir de là, c'est le jeu.
R. Yade, chacun regardera la vidéo et jugera. R. Yade, regardons l'avenir, est-ce qu'il faut garder R. Domenech à la tête de cette équipe de France ?
Ce n'est pas à moi de le dire.
Non, mais votre avis ?
C'est à la fédération de le dire.
Votre avis ?
Au fond, ce qui est important, c'est ce qui se passe sur le terrain, ce sont les joueurs. Et R. Domenech a réussi, voilà, à qualifier l'équipe de France pour la coupe du monde malgré tout ce qu'on a dit.
Bon ! L'arbitrage vidéo oui/non ?
Pour l'instant, c'est non.
Vous le regrettez ?
C'est non, parce que beaucoup de joueurs y sont opposés, notamment M. Platini. Je le regrette, non pas pour l'instant, mais je pense que...
Vous êtes en train de me faire une réponse politique, là, R. Yade ?
Non, non, vous savez...
Non, non, au fond de vous...
Pour vous dire la vérité, je suis très partagée. J'ai envie de vous dire : oui, il faut l'arbitrage parce qu'il y a des enjeux économiques, passionnels tels, que sur un détail, sur une main, sur un pied, sur un coup de tête, ça peut changer la vie d'une nation entière. En même temps, je voudrais vous dire "mais c'est le charme de football". C'est comme ça, le football, il y a aussi une part de hasard, rien n'est scientifique. Ça fait partie du jeu ! Et quelque part, est-ce qu'on ne tuerait pas le football, si on arrivait à un jeu scientifique. C'est une question qui est légitime de se poser.
Alors un arbitre pour la surface de réparation ?
Oui, on peut étoffer le système d'arbitrage pourquoi pas ! Mais une vidéosurveillance...
Vous savez que des expériences sont tentées dans cette direction, c'est l'avis de M. Platini.
Mais pourquoi pas ! Pourquoi pas ! Mais je pense que le regard de l'homme, du juge, de celui qui incarne le droit, c'est-à-dire l'arbitre sur un terrain, avec toutes les imperfections, est quand même la règle traditionnelle. Et ça fait partie du jeu. Là, on parle de "main de Dieu", hier soir ; il y a eu la "main de Dieu" de Maradona, c'est rentré dans l'histoire du football, c'est sur cette main que pendant des heures, des tas de générations ont discuté, se sont rappelés leur souvenir, qu'est-ce qu'il faisait à ce moment-là, ça fait partie du jeu. Et puis des fois, nous aussi, on le subit. Rappelez-vous en Serbie, on a dû avoir notre gardien qui a été expulsé à la 10ème minute, en plus on se prend un but, enfin c'était terrible, et pourtant, on a repris nos forces, on a joué et puis on a fini par revenir avec un très beau match. Donc ça fait partie du jeu, avec ses imperfections, avec ses failles. Voilà, c'est comme ça. Peut-être que les pressions économiques feront qu'un jour on en arrivera à la vidéosurveillance, mais je...
Oui, la vidéosurveillance oui, oui, c'est une forme de vidéosurveillance...
Vous voyez le lapsus ! C'est une forme de vidéosurveillance.
R. Yade est avec nous, ce matin. 9 heures moins le quart, BFM TV, RMC, à tout de suite.
(8h49 : 2ème et dernière partie)
R. Yade, notre invitée. Vous savez ce que vient de dire R. Bachelot ?
[(R. Yade fait non d'un signe de la tête). ndlr].
« Ressaisis-toi Raymond ! ». Voilà ce qu'elle a dit à R. Domenech. Vous dites la même chose comme... Vous n'avez pas le même style !
Non, mais c'est tout à fait légitime de dire cela. Nous avons maintenant sept mois, l'aventure recommence, les compteurs sont remis à zéro, et maintenant personne n'oubliera, c'est vrai, cette soirée insoutenable, mais c'est une nouvelle aventure qui commence, c'est un nouvel enjeu. Vous savez, les Français ont toujours eu du mal dans les phases de qualifications, et puis après, ils se révèlent dans les coupes du monde, de manière assez exceptionnelle.
Eh bien nous verrons.
Donc, je leur souhaite bonne chance...
Eh bien nous aussi, évidemment.
De donner le meilleur d'eux-mêmes et puis de représenter dignement la France, lors de cette compétition qui aura la nouveauté de se passer en Afrique pour la première fois.
Est-ce que vous avez pu échanger quelques mots avec N. Sarkozy, hier soir ?
Oui, des mots liés aux impressions...
Des banalités ou pas des banalités, non ?
Ah, des banalités ! Les commentaires du match, ce n'est pas des banalités.
Uniquement sur le match ?
Ah oui, oui, oui, mais enfin, hier soir...
Vous n'avez pas parlé d'autre chose, hier soir ?
De quoi, à part le match ?
Je ne sais pas moi, on peut parler des régionales, on peut parler de votre popularité...
Ah non, non, non, écoutez...
... on peut parler de votre manque d'esprit collectif ?
Non.
C'est l'Elysée qui dit ça, ce n'est pas moi.
Non, je ne sais pas. Je ne sais pas si c'est l'Elysée qui dit ça, je ne sais pas.
Ah bon ?
Je ne sais pas. C'est des journalistes qui rapportent, je ne sais pas, donc je ne jugerai jamais les propos que je n'ai pas entendus.
« Je constate sa difficulté à s'enserrer dans une équipe, quelle qu'elle soit, le gouvernement de la France est une affaire sérieuse, ce n'est pas une histoire de caprice ».
Oui.
Mmm.
Je ne l'ai pas entendu, donc je ne jugerai pas.
Vous êtes capricieuse, R. Yade ?
Non, mais on dit ça des femmes, paraît-il, quoi qu'elles fassent, quoi qu'elles disent.
Et qui dit ça des femmes ?
Ah, je ne sais pas, vous par exemple.
Ah, ce sont les journalistes ?
Ah ben peut-être.
C'est toujours la faute des journalistes, d'ailleurs, R. Yade.
Non, mais je ne sais pas, je ne sais pas. Moi, je n'ai jamais entendu le président de la République me dire ça.
Oui. Ni le Premier ministre...
Ni le Premier ministre.
...ni R. Bachelot, ni personne ?
Non, non, certainement pas R. Bachelot !
Non ? Non ? « Elle va toujours dans le sens de l'opinion publique et de sa clientèle et n'est pas courageuse » : E. Woerth, par exemple.
Oh ! Facile !
Vous n'avez pas entendu ?
Ah, non, non, je n'ai pas entendu.
Mais vous n'entendez rien !
Mais c'est toujours des...
Non, non, mais vous n'entendez rien ! C'est incroyable ça !
C'est toujours des petites phrases, rapportées...
Ce ne sont pas des petites phrases, ce sont des petites phrases prononcées publiquement, R. Yade.
Prouvez-le !
Mais, "prouvez-le", mais on vous...
Montrez-moi les images !
Mais, écoutez... je vous fais écouter le son quand vous voulez.
Non, mais allez-y, allez-y, je vous en prie.
Pas maintenant ! Comment voulez-vous que je fasse, maintenant ?
Invitez-moi demain et recherchez les images et le son.
Bon, d'accord.
Je veux les images et le son, monsieur Bourdin.
Eh bien nous allons faire ça.
Je ne suis pas là pour...
Nous allons faire ça. Donc, vous n'avez pas parlé de régionales, hier soir ?
Non, non, non. Mais, enfin, écoutez, ce n'était pas, vraiment pas le lieu, je ne sais même pas si l'un d'entre nous a pensé à autre chose qu'au football.
Est-ce que vous allez vous engager dans le Val d'Oise, ou pas ?
Alors, je vais m'engager, certainement dans la campagne des régionales. Je suis déjà engagée dedans, puisque je vous rappelle que je suis porte-parole de la campagne des régionales depuis plus de 8 mois, que cette fonction-là c'est moi qui l'ai sollicitée, avant même le résultat des primaires, ce qui en dit long sur le fait que j'ai des fourmis dans les jambes et que je suis pressée que l'on soit dans le dur de la campagne, parce que je pense que c'est une élection qui sera importante à deux ans des élections présidentielles, parce que j'estime que J.-P. Huchon, après 12 ans ça suffit. S'il est réélu, ça fera 18 ans, et je ne vois pas pourquoi il ferait en 18 ans ce qu'il n'a pas fait en 12 ans. Donc, et je pense...
Donc, vous allez être engagée... vous êtes engagée...
...Et je pense aussi et surtout que l'Ile-de-France mérite un projet alternatif, et le nôtre il est fondé sur un développement économique renouvelé, parce que l'Ile-de-France subit aussi de plein fouet la crise, c'est la première région européenne, donc il faut que nous puissions adapter le plan de relance à des problématiques très locales. Deuxièmement, la question de développement durable, elle est importante, le bien vivre, le bien-être des Franciliens est important, la formation professionnelle, l'apprentissage, bref, toutes ces compétences relevant de la région méritent d'être mises en oeuvre et que l'on mette fin à l'immobilisme observé depuis 12 ans, par monsieur Huchon.
Donc, engagée...
Engagée, certainement...
Engagée et candidate dans le Val d'Oise ?
Alors, candidate, je ne sais pas où, mais de toutes les façons, ça n'a aucune...
Candidate, vous serez candidate ?
Eh bien, j'espère bien que oui !
Oui, bon, très bien !
C'est bien d'être porte-parole, mais...
Donc il y a deux solutions : soit les Hauts-de-Seine, soit le Val d'Oise, ne tournons pas autour du pot !
Oh, il y en a autant qu'il y a de départements en France. L'UMP a dit que, en ce moment...
R. Yade, vous ne pouvez pas me dire ça ! Vous êtes élue dans les Hauts-de-Seine, on vous propose d'être candidate dans le Val d'Oise, vous n'allez pas me dire : « je vais être candidate dans les Hautes Pyrénées » !
Non, je ne vais pas vous dire ça, et c'est précisément ce que je ne vous dis pas, et c'est précisément...
Bon. Donc vous serez soit dans les Hauts-de-Seine, soit dans le Val d'Oise, que les choses soient claires ! Disons les vérités ! Pourquoi ne pas vouloir dire les choses ? Vous avez peur de quoi ? Je ne comprends pas. Ça m'irrite quand on ne répond pas, R. Yade, ça m'irrite !
Attendez...
Quand on n'a pas la franchise de répondre !
Bon, vous avez fini le spectacle, le show ?
Ce n'est pas du spectacle !
Ah si, c'est du spectacle !
C'est vous qui le donnez le spectacle !
Pardon monsieur Bourdin ?
C'est vous qui le donnez.
Mais, est-ce que vous pouvez me laisser placer une phrase ? Parce que j'aimerais bien vous répondre !
Alors, allez-y, je vous pose la question : candidate dans les Hauts-de-Seine ou dans le Val d'Oise ?
Monsieur Bourdin, j'aimerais beaucoup vous répondre, mais pour vous répondre...
Je vous écoute.
...Il faudrait que vous me laissiez en placer une plutôt que de vous écouter parler, pour faire le show.
Alors, allez-y.
Donc, vous avez en face de vous une femme politique qui essaie désespérément de vous répondre et que vous ne laissez pas parler !
Je vous écoute...
Juste parce que vous voulez faire le spectacle !
Mais je vous écoute.
Mais, ça serait bien de respecter vos auditeurs et la personne que vous avez en face de vous et que vous l'écoutiez parler.
Mais je vous écoute.
Bon, je vais vous répondre.
Alors, allez-y.
En ce moment, et depuis deux semaines, il y a des procédures au sein de l'UMP, qu'on appelle les commissions d'investitures, qui sont réunies toutes les semaines, concernant toutes les régions, pour écouter les élus, en vérité aussi les parlementaires de chaque département, pour connaître leur avis sur les investitures des uns et des autres, dans tel ou tel département.
Donc vous avez donné votre avis.
Ah non, pas moi, les parlementaires.
Les parlementaires, bon.
Donc, cette phase-là se poursuit, elle n'est pas encore achevée. Donc, des réactions ont été... Moi, je ne suis pas membre de la Commission d'investitures, donc je ne sais pas ce qui s'est dit, mais on est dans cette phase-là. Les réactions ont été sollicitées. Au terme de cette procédure, eh bien l'UMP, avec le président de la République, le Premier ministre, enfin, tous ceux qui sont concernés, et moi-même, prendrons les décisions. Et à ce moment-là, je serai en capacité de vous répondre. En attendant, je suis implantée dans un endroit, qui est Colombes.
Dans les Hauts-de-Seine.
Dans les Hauts-de-Seine, où je suis conseillère municipale, et par respect pour les électeurs, je me dois de le rappeler et de leur rester fidèle, tout simplement. Et puis après, les décisions se prendront en fonction de ce que je pense, de ce que pense l'UMP.
Et vous pensez quoi ?
Moi, je vous rappelle que j'ai une implantation. Après, l'UMP...
Donc vous pensez les Hauts-de-Seine.
L'UMP aura son opinion, qu'elle se forgera, sur la base de considérations qui dépassent ma propre personne. Et donc à ce moment-là, s'ils jugent que je suis utile ici ou là, eh bien ils le jugeront, point. En attendant, sérénité, ce n'est pas le sujet du siècle, ni la préoccupation numéro 1, ni la préoccupation numéro 1 des Français.
Non, ça, on est bien d'accord. On est bien d'accord. R. Yade, à quoi tient votre popularité, R. Yade, selon vous ?
Demandez aux sondés. Moi, je ne sais pas. Mais c'est vrai que ça fait plaisir, on s'y habitue pas, mais, bon. Il y a un minimum déjà, il faut travailler et démontrer une certaine compétence, ensuite avoir des convictions...
Mais qu'avez-vous fait depuis que vous êtes ministre ?
Ah, merci de me donner l'opportunité de le dire !
Ben oui, justement.
Alors, depuis que je suis ministre des Sports, je suis entrée dans un monde tout à fait passionnant, enthousiasmant, et je peux vous dire que le travail ne manque pas et je ne dépense, enfin, je ne compte ni mon temps, ni mon énergie, et ce que j'ai fait en matière de sport de haut niveau, puisqu'on va essayer de catégoriser, j'ai obtenu, grâce à l'accord du président de la République, 150 millions d'euros pour rénover les stades, parce que l'on est candidat pour accueillir l'Euro de football 2016, première chose. Deuxièmement, nous sommes en train de rénover l'INSEP, également, pour donner à la France des atouts pour assurer un haut niveau sportif sur le plan international. Sur le sport amateur, j'ai obtenu un prélèvement sur les paris sportifs, pour financer le sport amateur. Nous mobilisons 200 millions d'euros pour la politique de la Ville, pour le milieu rural, pour le sport féminin, pour le handicap, pour les équipements de proximité, et j'ajouterai aussi que sur le plan international, nous avons mis en place un parcours d'excellence pour que dans les grandes compétitions nous soyons à la hauteur. Et puis j'ai aussi créé sur le plan de l'éthique, un fonds sportif international pour la protection de l'enfance, pour lutter contre la traite des mineurs, des pays du sud vers les pays du nord. Et j'ajouterai qu'en matière d'éthique aussi, j'ai lancé des mesures il y a quelques semaines pour lutter contre les violences dans le sport et en particulier dans le football.
Bon, eh bien très bien R. Yade. Et sur les clubs professionnels...
Ça fait quatre, cinq mois que je suis en fonction...
Bon, très bien...
Donc, c'est un peu tôt de juger d'un bilan, mais il y en a déjà un réel, grâce au travail fourni...
Sur les clubs professionnels, les avantages pour les clubs professionnels, vous vous battez, je sais, aux côtés du monde sportif, mais le président de la République n'a pas laissé beaucoup d'espoir.
Ecoutez, c'est le Parlement qui décide et qui...
Oui, il a déjà décidé, le Parlement.
Et qui a décidé, enfin, qui a décidé, l'Assemblée et le Sénat...
Donc on ne revient pas sur un vote du Parlement.
Oui, on n'est pas encore allé au terme du processus, donc je ne veux pas trop anticiper sur le point des parlementaires, mais en tout cas, l'Assemblée nationale a voté, le Sénat a voté, reste après toute la suite du processus. Voilà. Alors, il a été décidé au Sénat de reporter la suppression du droit à l'image collective, qui est un système d'exonération de charges sociales pour les clubs qui recrutent des joueurs, histoire d'éviter qu'ils aillent tous à l'étranger, voilà. Maintenant, ce dispositif avait de toute façon vocation à être supprimé en 2012, et ça n'exonérait pas du coup les clubs à trouver d'autres solutions alternatives, enfin, les clubs, nous tous en fait, parce que, au fond, ce qui se joue, droit à l'image collective ou pas, exonération ou pas, ce qui se joue, c'est comment faire pour que nous ayons de beaux championnats, c'est-à-dire avec des joueurs qui restent en France et qui jouent en France, pas forcément payés chers, parce que ces genres de dispositifs ne bénéficient pas aux joueurs mais aux clubs. L'idée aujourd'hui, c'est de travailler au niveau européen, parce que vous voyez bien que si nos joueurs s'en vont, c'est pour aller en Europe...
Donc, c'est voté, c'est voté, on ne reviendra pas sur ce qui a été voté.
Non, non, je ne vous parle pas de ça.
Maintenant il faut essayer d'aménager tout cela.
Voilà, il faut essayer de trouver des solutions alternatives à l'échelle européenne, pour éviter une concurrence déloyale de la part de clubs qui ont une capacité d'endettement pour acheter des joueurs, que nous, nous n'avons pas, parce que nous ne pouvons pas dépenser plus que nous n'avons en caisse.
Bien. R. Yade, j'ai une dernière question, elle sera « politiquement concrète » : est-ce que vous êtes satisfaite de votre marionnette aux Guignols ? La marionnette a 10 jours, elle tacle systématiquement le Gouvernement, avant de démentir ses propos. Vous l'avez vue ?
Non, je crois que c'est l'inverse, ça dépend...
Vous l'avez vue ?
Ça dément avant de tacler.
Avant de tacler... Non, ça tacle et ça dément aussi.
Mais ça dément avant, c'est-à-dire qu'il annonce qu'il va démentir ce qu'il va dire.
Bon. Vous êtes satisfaite ou pas ?
Il ne tacle pas, il dit ce qu'il pense.
Bon, d'accord.
Ce n'est pas pareil. Satisfaite, non, il ne me ressemble pas du tout, mais il est marrant. Voilà.
Bon, eh ben très bien. Merci R. Yade d'être venue nous voir. Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 novembre 2009