Texte intégral
R. Duchemin.- Je me trompe si je vous dis que ça a l'air en ce moment d'avancer un petit peu plus du côté de Bruxelles que de Copenhague ?
Ça fonctionne ensemble. Copenhague ne peut avancer que si Bruxelles avance également, c'est-à-dire que si les 27 pays européens, qui sont quand même, dans cette grande discussion de Copenhague, assez leaders, à la fois sur les engagements et sur le financement, les 27 se mettent bien d'accord.
Justement, ils seraient visiblement sur le point de tomber d'accord pour donner, c'est ce qui se dit ce matin, 2 milliards d'euros par an jusqu'en 2013 aux pays les plus pauvres. Ce n'est pas complètement fait.
Dans la prévision française qui était communiquée depuis quelques mois déjà, il y avait une nécessité d'avoir un financement pour les pays très vulnérables extrêmement importante sur fonds publics à partir de 2013, et avant, annuellement, comme gage de confiance en réalité, 2010, 11, 12, ce qu'on appelle la "fast start", c'est-à-dire un démarrage immédiat, de l'ordre d'une dizaine de milliards de dollars. Le Président Sarkozy avait eu l'occasion de l'évoquer à Manaus l'autre jour, avec 20 % pour les forêts. On est quasiment en décision sur cette partie-là, en tous les cas la quote-part européenne qui devrait tourner aux alentours de un peu plus de 2 milliards, serait quasi décidée. Donc, on avance bien, ce qui est très important c'est le niveau d'ambition sur les réductions européennes, bien entendu. Mais enfin, tout ceci avance finalement, finalement, pas si mal.
Cela va sûrement rassurer Greenpeace qui s'est invité là-bas pour demander à l'Union européenne de sauver Copenhague. Vous comprenez pourquoi l'association a fait cela ?
Je n'ai pas suivi exactement....
Ils se sont invités dans le débat, ils ont débarqué... Enfin, les militants ont pu passer les systèmes de sécurité visiblement, pour aller demander à l'Union européenne de sauver Copenhague, c'était le message.
L'Union européenne est la seule réelle organisation au monde qui, jusqu'à présent, s'est engagée sur une réduction massive. Alors, je comprends très bien qu'il faille soutenir l'Union européenne dans cette démarche, à 27 ce n'est pas si facile, ce n'est pas si simple. Mais enfin, quand on est à Copenhague, on comprend bien que, honnêtement il n'y aurait pas l'engagement européen, je pense qu'il y aurait de grosses difficultés à Copenhague. Donc, le président français a redit cette nuit quel était le niveau d'ambition qu'on souhaitait pour l'Europe, et je pense qu'on devrait obtenir gain de cause.
Sur les émissions de gaz à effet de serre, la Chine a visiblement fait un geste en proposant de réduire de 40 % ; l'année de référence c'est évidemment 1990. En revanche, les Etats-Unis parlent, eux, de 4 % ce n'est pas vraiment la même chose. Il faut que les pays gros pollueurs, qu'on dit "gros pollueurs", se mettent d'accord, tombent d'accord sur un même chiffre ?
Les chiffres que vous évoquez ne sont pas comparables. La Chine a annoncé qu'elle allait réduire l'intensité carbone de sa croissance. Traditionnellement, quand vous faites 8 points de croissance, vous augmentez vos gaz à effet de serre dans les mêmes proportions. Il est vrai que si vous vous engagez sur des énergies renouvelables plutôt que des centrales ou charbon, vous réduisez l'intensité carbone de votre croissance. C'est ce qu'a proposé la Chine pour ce qui la concerne, de l'ordre de 40 à 45 %, ce qui fait qu'elle devrait arriver à un plateau de ses émissions dans quelques années, ce qui est à peu près ce qu'on lui demande, très honnêtement. Les Etats-Unis, c'est autre chose. Les Etats-Unis, c'est un pays industrialisé, qui, par habitant, émet trois fois ce qu'émet un Français par exemple, et à peu près...
Nous, on est autour de 8 tonnes, c'est ça ?
En gaz à effet de serre, et sensiblement moins en CO2, on est aux alentours de 2 points de moins. Mais les Etats-Unis sont à 23 tonnes par habitant. Il faut que les Etats-Unis réduisent en valeur absolue leurs émissions de gaz à effet de serre, et notablement de gaz carbonique. Ils peuvent le faire évidemment.
Et on peut infléchir la position de Washington ? Le fait que B. Obama vienne par exemple, c'est quelque chose de positif ?
Oui, oui, mais bien entendu, bien entendu. Depuis six mois, la position française est la même : Copenhague, les chefs d'Etat doivent être là. A la différence de Kyoto, à la différence de Bali, à la différence de Poznan, si on veut vraiment avoir des engagements à la fois de financement des pays très vulnérables, enfin à leur profit, et en même temps de réduction des gaz à effet de serre, ce sont les représentants légitimes des pays qui, ensemble, doivent s'engager. Cela ne peut pas être une négociation comme ça a été jusqu'à présent, ce n'est pas possible. Donc le fait que B. Obama vienne - au début, il ne devait pas venir, bien entendu, comme...
On avait entendu effectivement N. Sarkozy demander à B. Obama de venir...
Absolument, mais il venait le 9, en même temps que son Prix Nobel. On lui avait dit mais très, très gentiment, c'est le bon président, c'est le bon endroit Copenhague, ce n'est pas la bonne date. Il faut bien qu'on discute. Vous savez, Copenhague, il y a un risque toujours, il est de moins en moins élevé, que ce soit la réunion des malentendus où chacun essaie d'expliquer que tout ça, c'est de la faute de l'autre, voilà. Et d'ailleurs, il y avait une sorte de rhétorique, Les Chinois, les Américains ; les Américains disant... Bref. Et puis, je pense qu'on est en train de réussir, j'espère, à ce que ce soit, au fond, une espèce de projet collectif, de projet partagé, tout le monde va y gagner. Les pays industrialisés ont intérêt à donner un signal que leur économie va être plus solide, plus robuste, et donc forcément moins émettrice de CO2, plus performante au plan énergétique, les grands émergents aussi, et les pays vulnérables ont intérêt à avoir enfin les moyens de leur développement durable. Donc, ça ne peut se faire qu'avec les chefs d'Etat et de gouvernement. Le fait que le président Obama ait finalement décidé de venir le 18, et 120 chefs d'Etat seront là, je pense que c'est vraiment, sérieusement, un gage de succès. Cela dit, ça peut à tout moment déraper. S'il y a un grain de sable, il y a un risque d'effet domino. Mais pour ma part, je reste extrêmement confiant.
D'un mot, est-ce que la planète peut par exemple trouver un accord sur les droits aux pollueurs des grandes entreprises ? C'est vrai que c'est un peu le problème aussi ?
Les droits des pollueurs de grandes entreprises ?
Oui, concernant le droit à polluer des grandes entreprises...
Vous voulez dire le fait de payer les émissions de CO2...
Tout à fait.
...Dans le cadre d'un marché carbone ? Oui, je pense que ça, ce n'est pas la partie la plus difficile. La plus difficile, je vais vous dire ce que c'est, c'est au fond l'appréhension. Vous prenez des pays, très estimables, qui au moment de Kyoto se sont engagées - des pays européens, ce n'est pas la peine d'en citer particulièrement -, et qui, de bonne foi se sont engagés, à qui on demande un nouvel engagement, et qui, en fait, pendant dix ans, ont dérapé par rapport à leurs engagements de Kyoto et qui donc sont très angoissés. C'est ça la grande difficulté. Alors qu'en réalité, nous savons parfaitement réduire nos émissions de gaz à effet de serre dans des proportions soutenables.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 décembre 2009
Ça fonctionne ensemble. Copenhague ne peut avancer que si Bruxelles avance également, c'est-à-dire que si les 27 pays européens, qui sont quand même, dans cette grande discussion de Copenhague, assez leaders, à la fois sur les engagements et sur le financement, les 27 se mettent bien d'accord.
Justement, ils seraient visiblement sur le point de tomber d'accord pour donner, c'est ce qui se dit ce matin, 2 milliards d'euros par an jusqu'en 2013 aux pays les plus pauvres. Ce n'est pas complètement fait.
Dans la prévision française qui était communiquée depuis quelques mois déjà, il y avait une nécessité d'avoir un financement pour les pays très vulnérables extrêmement importante sur fonds publics à partir de 2013, et avant, annuellement, comme gage de confiance en réalité, 2010, 11, 12, ce qu'on appelle la "fast start", c'est-à-dire un démarrage immédiat, de l'ordre d'une dizaine de milliards de dollars. Le Président Sarkozy avait eu l'occasion de l'évoquer à Manaus l'autre jour, avec 20 % pour les forêts. On est quasiment en décision sur cette partie-là, en tous les cas la quote-part européenne qui devrait tourner aux alentours de un peu plus de 2 milliards, serait quasi décidée. Donc, on avance bien, ce qui est très important c'est le niveau d'ambition sur les réductions européennes, bien entendu. Mais enfin, tout ceci avance finalement, finalement, pas si mal.
Cela va sûrement rassurer Greenpeace qui s'est invité là-bas pour demander à l'Union européenne de sauver Copenhague. Vous comprenez pourquoi l'association a fait cela ?
Je n'ai pas suivi exactement....
Ils se sont invités dans le débat, ils ont débarqué... Enfin, les militants ont pu passer les systèmes de sécurité visiblement, pour aller demander à l'Union européenne de sauver Copenhague, c'était le message.
L'Union européenne est la seule réelle organisation au monde qui, jusqu'à présent, s'est engagée sur une réduction massive. Alors, je comprends très bien qu'il faille soutenir l'Union européenne dans cette démarche, à 27 ce n'est pas si facile, ce n'est pas si simple. Mais enfin, quand on est à Copenhague, on comprend bien que, honnêtement il n'y aurait pas l'engagement européen, je pense qu'il y aurait de grosses difficultés à Copenhague. Donc, le président français a redit cette nuit quel était le niveau d'ambition qu'on souhaitait pour l'Europe, et je pense qu'on devrait obtenir gain de cause.
Sur les émissions de gaz à effet de serre, la Chine a visiblement fait un geste en proposant de réduire de 40 % ; l'année de référence c'est évidemment 1990. En revanche, les Etats-Unis parlent, eux, de 4 % ce n'est pas vraiment la même chose. Il faut que les pays gros pollueurs, qu'on dit "gros pollueurs", se mettent d'accord, tombent d'accord sur un même chiffre ?
Les chiffres que vous évoquez ne sont pas comparables. La Chine a annoncé qu'elle allait réduire l'intensité carbone de sa croissance. Traditionnellement, quand vous faites 8 points de croissance, vous augmentez vos gaz à effet de serre dans les mêmes proportions. Il est vrai que si vous vous engagez sur des énergies renouvelables plutôt que des centrales ou charbon, vous réduisez l'intensité carbone de votre croissance. C'est ce qu'a proposé la Chine pour ce qui la concerne, de l'ordre de 40 à 45 %, ce qui fait qu'elle devrait arriver à un plateau de ses émissions dans quelques années, ce qui est à peu près ce qu'on lui demande, très honnêtement. Les Etats-Unis, c'est autre chose. Les Etats-Unis, c'est un pays industrialisé, qui, par habitant, émet trois fois ce qu'émet un Français par exemple, et à peu près...
Nous, on est autour de 8 tonnes, c'est ça ?
En gaz à effet de serre, et sensiblement moins en CO2, on est aux alentours de 2 points de moins. Mais les Etats-Unis sont à 23 tonnes par habitant. Il faut que les Etats-Unis réduisent en valeur absolue leurs émissions de gaz à effet de serre, et notablement de gaz carbonique. Ils peuvent le faire évidemment.
Et on peut infléchir la position de Washington ? Le fait que B. Obama vienne par exemple, c'est quelque chose de positif ?
Oui, oui, mais bien entendu, bien entendu. Depuis six mois, la position française est la même : Copenhague, les chefs d'Etat doivent être là. A la différence de Kyoto, à la différence de Bali, à la différence de Poznan, si on veut vraiment avoir des engagements à la fois de financement des pays très vulnérables, enfin à leur profit, et en même temps de réduction des gaz à effet de serre, ce sont les représentants légitimes des pays qui, ensemble, doivent s'engager. Cela ne peut pas être une négociation comme ça a été jusqu'à présent, ce n'est pas possible. Donc le fait que B. Obama vienne - au début, il ne devait pas venir, bien entendu, comme...
On avait entendu effectivement N. Sarkozy demander à B. Obama de venir...
Absolument, mais il venait le 9, en même temps que son Prix Nobel. On lui avait dit mais très, très gentiment, c'est le bon président, c'est le bon endroit Copenhague, ce n'est pas la bonne date. Il faut bien qu'on discute. Vous savez, Copenhague, il y a un risque toujours, il est de moins en moins élevé, que ce soit la réunion des malentendus où chacun essaie d'expliquer que tout ça, c'est de la faute de l'autre, voilà. Et d'ailleurs, il y avait une sorte de rhétorique, Les Chinois, les Américains ; les Américains disant... Bref. Et puis, je pense qu'on est en train de réussir, j'espère, à ce que ce soit, au fond, une espèce de projet collectif, de projet partagé, tout le monde va y gagner. Les pays industrialisés ont intérêt à donner un signal que leur économie va être plus solide, plus robuste, et donc forcément moins émettrice de CO2, plus performante au plan énergétique, les grands émergents aussi, et les pays vulnérables ont intérêt à avoir enfin les moyens de leur développement durable. Donc, ça ne peut se faire qu'avec les chefs d'Etat et de gouvernement. Le fait que le président Obama ait finalement décidé de venir le 18, et 120 chefs d'Etat seront là, je pense que c'est vraiment, sérieusement, un gage de succès. Cela dit, ça peut à tout moment déraper. S'il y a un grain de sable, il y a un risque d'effet domino. Mais pour ma part, je reste extrêmement confiant.
D'un mot, est-ce que la planète peut par exemple trouver un accord sur les droits aux pollueurs des grandes entreprises ? C'est vrai que c'est un peu le problème aussi ?
Les droits des pollueurs de grandes entreprises ?
Oui, concernant le droit à polluer des grandes entreprises...
Vous voulez dire le fait de payer les émissions de CO2...
Tout à fait.
...Dans le cadre d'un marché carbone ? Oui, je pense que ça, ce n'est pas la partie la plus difficile. La plus difficile, je vais vous dire ce que c'est, c'est au fond l'appréhension. Vous prenez des pays, très estimables, qui au moment de Kyoto se sont engagées - des pays européens, ce n'est pas la peine d'en citer particulièrement -, et qui, de bonne foi se sont engagés, à qui on demande un nouvel engagement, et qui, en fait, pendant dix ans, ont dérapé par rapport à leurs engagements de Kyoto et qui donc sont très angoissés. C'est ça la grande difficulté. Alors qu'en réalité, nous savons parfaitement réduire nos émissions de gaz à effet de serre dans des proportions soutenables.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 14 décembre 2009