Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la contribution de la francophonie à la diversité culturelle, à la défense de la paix et des droits de l'homme et au développement durable, Paris le 16 décembre 2009.

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Circonstance : 25è conférence ministérielle de la francophonie à Paris le 16 décembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général, Cher Abdou Diouf,
Madame la Présidente, Chère Josée Verner,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

C'est un privilège d'intervenir au moment où vos travaux s'achèvent, dans ce lieu que je suis heureux de mettre à la disposition de la Francophonie.
L'intensité de vos échanges, le courage et la qualité de vos décisions font de cette conférence de Paris une réussite, dans la continuité du Sommet de Québec de 2008.
Je souhaite tout d'abord vous féliciter de ce succès.
La Francophonie joue désormais un rôle de vigie politique ; vous l'avez prouvé à travers les décisions de votre Conseil permanent. Vous avez levé la suspension de la Mauritanie. Vous avez maintenu les suspensions de la Guinée et de Madagascar. Vous avez appelé au retour de l'ordre constitutionnel et d'une vie politique apaisée au Niger.
Vous avez adopté la résolution sur le maintien de la paix que proposaient le Canada et la France, témoignage de notre volonté commune de pousser encore plus loin les efforts dans ce domaine.
Vous avez adopté la programmation de la Francophonie pour les quatre années à venir. Elle concrétise les engagements de Québec et instaure un juste équilibre entre les différentes missions de l'organisation : la mission de promouvoir la langue française ; celle de défendre la paix, la démocratie, les droits de l'Homme ; celle de contribuer au développement durable de notre planète.
Vous avez enfin pris des décisions sur nos prochaines grandes échéances. La Suisse, je la félicite, accueillera le Sommet 2010 des chefs d'Etat et de gouvernement, et Kinshasa le Sommet 2012. Nice sera le prochain organisateur des Jeux de la Francophonie en 2013.
Devant vous, mes Chers Collègues, mes Chers Amis, je réaffirme toute l'importance que la France attache à la Francophonie. Nous avons plus que jamais besoin de cette communauté politique pour mettre plus de solidarité, plus de diversité culturelle, plus de paix et de liberté dans le monde.
Je suis heureux d'avoir à mes côtés, pour contribuer au développement de cette communauté francophone, mon ami Alain Joyandet. Et je suis heureux que notre ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dont l'engagement pour la Francophonie est profond et ancien, nous ait rejoint en qualité de représentant du président de la République. C'est une chance et un honneur.
Mon message aujourd'hui est le suivant : la Francophonie doit affirmer son rôle dans le multilatéralisme. Elle est désormais une composante de plein droit du cercle des grandes organisations internationales. Elle doit renforcer ses relations avec elles.
La Francophonie est présente sur les théâtres de crise, au Tchad, en Afrique de l'ouest, dans l'Océan indien, en Haïti ; elle est reconnue comme l'un des acteurs de premier plan dans le cadre des groupes internationaux de contact. Elle doit encore renforcer ses capacités de maintien de la paix, en liaison avec l'ONU. Elle doit aussi continuer à s'affirmer comme opérateur de référence pour l'accompagnement électoral dans l'espace francophone. Je pense à la Mauritanie en 2009, à Madagascar en 2010.
L'action en faveur des droits et libertés est une autre composante du multilatéralisme, à laquelle la Francophonie doit contribuer. Nous devons être plus actifs dans les enceintes multilatérales compétentes en matière de droits de l'Homme, en particulier à Genève. Pour cela, nous avons besoin de la mobilisation des représentants permanents de l'OIF et des groupes des ambassadeurs francophones. Nous avons aussi besoin de vous : je vous propose de donner les instructions nécessaires à vos représentants permanents pour travailler à asseoir, avec continuité et cohérence, la voix de la Francophonie dans ces enceintes, conformément à la Déclaration de Québec.
Il y a un autre domaine qui me tient particulièrement à coeur, et pour lequel la Francophonie peut jouer un rôle déterminant. C'est celui de la justice internationale. Je veux rappeler cette vérité très simple : c'est aux peuples que bénéficiera d'abord la disparition de l'impunité. Et je suis heureux de voir que si la justice pénale internationale a été mise à l'épreuve en Afrique au cours de cette année, la Francophonie a permis de ré-affirmer notre attachement à cette grande cause. Et sur ce sujet capital comme sur tant d'autres, je mesure votre rôle mon Cher Abdou Diouf. La magistrature d'influence de la Francophonie, que vous bâtissez avec persévérance, nous est précieuse.
Enfin, la Francophonie doit participer à la mobilisation internationale sur les questions de développement durable. Les risques environnementaux à l'échelle de la planète sont d'une extrême gravité. A Québec en 2008, nous avons pris l'engagement d'oeuvrer ensemble pour parvenir à Copenhague à un accord ambitieux et équitable de lutte contre le changement climatique. Aujourd'hui, mercredi 16 décembre, une concertation ministérielle francophone est organisée sur le lieu du Sommet et sous présidence canadienne. Il serait à l'honneur de la Francophonie que celle-ci contribue à un accord à la hauteur de nos attentes, à la hauteur des attentes, immenses, de nos populations.
C'est d'une francophonie ambitieuse et inventive dont nous avons besoin, à la mesure des défis formidables qui nous sont adressés. Une machine à fabriquer de l'avenir. Voilà ce que peut-être la Francophonie, si nous le voulons. Je vous remercie.

Source:http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 décembre 2009