Conférence de presse de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports, sur l'évolution de l'épidémie de grippe A H1N1 et sur la campagne de vaccination, Paris le 9 décembre 2009.

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Circonstance : Conférence de presse sur la grippe A H1N1 à Paris le 9 décembre 2009

Texte intégral

Mesdames, messieurs,

En complément de ce que vient de dire le ministre de l'Intérieur, je voudrais revenir sur trois points :

  • la situation épidémiologique ;
  • les réquisitions des professionnels de santé pour la campagne de vaccination ;
  • et ce que nous faisons pour préserver le système de soins, en particulier dans la perspective de la période des fêtes.

Permettez-moi donc de vous livrer le dernier point sur la situation épidémiologique qui va être publié par l'Institut de veille sanitaire. Françoise Weber, directrice générale de cet institut, pourra y revenir plus longuement si vous le souhaitez.
En semaine 49 (du 30 novembre au 6 décembre), comme nous le présentions la semaine passée, les indicateurs se stabilisent.
Les consultations en ville restent à un niveau très élevé, à peu près équivalent à celui de la semaine précédente. Cette stabilisation est la conséquence d'une baisse de l'activité grippale à certains endroits, en particulier en Ile-de-France, alors qu'elle continue à progresser dans d'autres régions.
C'est ainsi que le réseau des GROG a estimé à 851 000 (contre 862000 en donnée consolidée pour la semaine passée, pour un chiffre de 994000 annoncé initialement) les consultations supplémentaires pour infections respiratoires aiguës (IRA) liées au virus A(H1N1).
Pour la métropole, on note une augmentation importante du nombre de décès : 34 nouveaux décès ont été signalés sur une semaine, soit un total de 126 décès, depuis le début de l'épidémie, dont 20 chez des personnes sans facteur de risque connu (16%, un pourcentage qui reste stable).
L'augmentation du nombre de cas graves hospitalisés se poursuit aussi avec 62 nouveaux cas graves (56 la semaine dernière) qui ont été hospitalisés pour grippe en semaine 49, soit un total de 630 depuis le début de l'épidémie.
Depuis le début du mois d'août, près de 4 millions de personnes ont été infectées par le virus grippal pandémique en France.
Je dois dire que cette évolution de l'épidémie avec ces variations régionales correspond à ce que nous avaient annoncé les scientifiques il y a plusieurs mois.
Il est possible que nous approchions ou soyons au pic de la première vague en Europe, et donc en métropole. Néanmoins, il est très difficile de savoir si une véritable décrue va s'amorcer ou si nous allons rester sur un plateau. Nous ne sommes qu'au début de la saison hivernale habituellement favorable au virus de la grippe. Cette saison est en outre propice à la co-circulation d'autres virus respiratoires qui peuvent multiplier le risque de complications.
Il ne faut enfin pas oublier que les pandémies se déroulent souvent en plusieurs vagues successives, d'ampleur variable, les dernières étant malheureusement souvent, si on s'en réfère aux données historiques, plutôt plus virulentes que les premières. Il est donc évident que nous ne devons surtout pas relâcher nos efforts en termes de vaccination.
Je voudrais vous rappeler que l'ambition initiale du plan de pandémie grippale était de réaliser la campagne de vaccination avant une seconde vague pandémique. C'est le profil particulier de cette grippe qui nous a permis de pouvoir la débuter avant le premier pic. Il est donc plus que jamais nécessaire de la poursuivre.
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Maintenant un point sur la campagne vaccinale, dont Brice Hortefeux a déjà évoqué l'amélioration très sensible des conditions, depuis ce week-end, une amélioration que chacun aura pu noter.
L'amélioration de ces conditions est passée par une augmentation du nombre de centres ouverts et par un élargissement très sensible des plages horaires d'ouverture, de 8h à 22h en semaine, et le dimanche dans les grandes villes.
Ces nouvelles modalités ont bien évidemment exigé la mobilisation d'un nombre très important de professionnels de santé.
Je veux que chacun d'entre eux soit remercié pour les efforts consentis, y compris sur son temps libre, pour participer à cette immense campagne de santé publique.
Grace à eux, ce sont aujourd'hui, près de 2,5 millions de personnes qui se sont fait vacciner, dont 2 millions dans les seuls centres de vaccination. Ce sont autant de personnes protégées. C'est considérable.
Je sais que cette montée en charge très rapide du dispositif a pu s'accompagner, ça et là, de problèmes dans la mise en oeuvre des réquisitions, et cela n'est pas acceptable.

Nous avons par conséquent rappelé par circulaire aux préfets, avec le ministère de l'Intérieur, les bonnes pratiques en la matière, qui avaient été définies dans une circulaire du 1er octobre :

  • respecter l'ordre de priorité des professionnels à mobiliser pour préserver la médecine de ville ;
  • s'appuyer sur les listes fournies par les établissements de santé qui sont les mieux à même de savoir quels sont les professionnels que l'on peut mobiliser à tel ou tel moment en perturbant le moins possible le fonctionnement des centres ;
  • ne pas réquisitionner les professionnels plus de 2 vacations par semaine ;
  • respecter les périodes d'examens pour les étudiants ;
  • ne pas mobiliser les médecins du travail des établissements de santé qui vont vacciner les patients hospitalisés et les familles des soignants.

Je suis assurée que, si ces précautions sont observées, la mobilisation des professionnels de santé, que j'ai observée et dont j'ai déjà salué l'importance, se poursuivra.
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Je voudrais enfin revenir sur la question de la préservation de notre système de soins dans le contexte actuel. La médecine ambulatoire doit en effet faire face à plus de 800000 consultations complémentaires pour grippe par semaine en ce moment, alors que les autres pathologies respiratoires de type bronchiolite arrivent (cette dernière a fait son apparition en Ile-de-France) et qu'approche la période des fêtes de fin d'année, qui est toujours une période de tension pour la permanence des soins.
Ces tensions pourraient évidemment être exacerbées par la situation de pandémie.

C'est pourquoi j'ai été amenée à prendre des mesures particulières :

  • les 26 décembre et 2 janvier seront considérés, pour l'organisation de la permanence des soins en ville, comme des jours fériés, en termes de rémunération des gardes ;
  • les préfets pourront augmenter le nombre de médecins assurant la permanence des soins dans les secteurs qui le nécessitent sur la période des congés de fin d'année ;
  • les centres 15 enfin seront renforcés en augmentant le nombre de médecins libéraux qui participent à la régulation médicale.

Vous le voyez, tout un ensemble de mesures ont été prises pour protéger le système de soins, alors que nous devrons, bien entendu, en même temps poursuivre la campagne de vaccination.
Nous ne serons alors qu'au début de l'hiver...
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Je voudrais conclure en réitérant mes remerciements à l'adresse de tous les professionnels qui se mobilisent chaque jour dans les centres de vaccination.
Je pense aux internes, aux étudiants en médecine et aux étudiants en soins infirmiers, aux infirmiers diplômés, aux médecins du travail, aux retraités, et aux médecins libéraux, bien sûr, qui prennent souvent sur leur week-end pour apporter leur concours.
La gentillesse, le professionnalisme et l'engagement des professionnels qui oeuvrent dans les centres, dont j'ai pu prendre la mesure au cours de mes deux visites de ce week-end, m'ont véritablement marquée.
J'ai réuni hier toute la communauté médicale pour lui témoigner ma reconnaissance, mais je veux le redire une nouvelle fois aujourd'hui, au nom du Gouvernement, et au nom de nos concitoyens, à qui ils offrent la plus belle des protections.
Je vous remercie.

Source : http://www.sante-sports.gouv.fr 10 décembre 2009