Texte intégral
C. Barbier.- E. Besson, bonjour.
Bonjour C. Barbier.
Avant de parler identité nationale, un mot tout de même de la grippe A. R. Bachelot a résilié 50 millions de commandes de doses de vaccins, c'est reconnaître qu'une application aveugle du principe de précaution a amené une bourde de gestion.
Non, non, non, je ne peux absolument pas vous laisser dire ça. Je pense que R. Bachelot a fait ce que n'importe quel ministre de la Santé, à sa place, aurait fait ou aurait dû faire.
On aurait pu échelonner, être prudent, être un peu moins...
Mais, imaginez que la grippe ait été aussi violente, que tous les experts nous annonçaient, mais en ce moment on serait en train d'accuser R. Bachelot de ne pas avoir pris assez de précautions. Moi, je préfère, comme tous les membres du Gouvernement, une polémique, à mon avis stérile, sur le fait que nous aurions pris trop de précautions, qu'une polémique sur le fait que nous n'en n'aurions pas pris assez. R. Bachelot a bien fait et, personnellement, je veux lui dire toute ma solidarité.
Vous êtes vacciné ?
Non, pas encore.
Vous le serez ?
Oui.
Une dose de moins. Absolument. Le débat sur l'identité nationale n'est pas un défouloir raciste, vous vous en êtes réjoui hier. Tout de même, 25 modérateurs mobilisés sur votre site Internet, 540 000 visiteurs uniques en deux mois, ça donne l'impression qu'il y a eu une pression xénophobe qu'il a fallu contenir, cacher.
Non, non, ça montre surtout que ce site, « debatidentitenationale.fr », est extrêmement visité. Nous avons 50 000 contributions à ce jour, vous imaginez...
Et vous surveillez, vous contrôlez.
On le surveille, effectivement, parce que...
Vous censurez ?
Non, nous ne censurons pas, nous enlevons, la charte de modération est claire, tout ce qui est hors sujet, tout ce qui peut être diffament, insultant, raciste ou xénophobe. Il y a eu à peu près 7 à 8 %, au départ, de contributions qui ont été enlevées, ça s'est un peu accru, incontestablement, après les dérapages postérieurs au match Algérie/Egypte, et l'onde de choc qui a touché l'Europe, après le vote suisse, sur les minarets, contre les minarets, a aussi touché la France. Mais pour l'essentiel, et vous l'avez dit en commençant votre question, ce site montre quoi ? Que la France associe Nation et République, que les Français s'interrogent sur leurs valeurs, sur leur projet commun, qu'ils ont gardé ce goût du « vivre ensemble », mais un « vivre ensemble » très clairement identifié comme « nous, nous devons rester une terre d'accueil et lutter plus fortement contre les discriminations », ils nous le disent très clairement, et notamment les Français d'origine étrangère, mais pas seulement, lutter contre les discriminations et de l'autre, vouloir réellement s'intégrer, et je n'entre pas dans le débat intégration, assimilation, qui pourrait avoir de l'intérêt.
Même si le débat est posé, on a l'impression que le creuset républicain est remis en question par votre débat, alors...
Au contraire, au contraire. C'est un site qui réaffirme la volonté des Français et des étrangers qui vivent en France, de renforcer ce pacte républicain, de le renouveler. Les étrangers ou les Français d'origine étrangère, nous disent : c'est bien ces valeurs, mais il faut qu'elles soient réelles, concrètes. Il y a une demande de lutte, je vous l'ai dit, renforcée, contre les discriminations.
Ce qui domine, ça aussi, le respect des règles.
Et de l'autre côté, vous avez un grand nombre de Français qui disent, en matière intégration et immigration : « très bien, nous voulons rester une terre d'accueil, mais ceux qui accèdent à la nationalité française ou ceux qui viennent sur notre sol, doivent respecter nos valeurs ». Mais, ça n'est pas le coeur du sujet.
Petite poussée répressive, quand même, 19 % des gens disent : il faut d'abord respecter les règles !
Non, non, pas seulement. Vous avez tout un corps central qui s'interroge sur identité de la France/identité européenne, place de la France dans la mondialisation, capacité à préserver un modèle qui soit à la fois compétitif économiquement, parce que nos concitoyens sont parfaitement conscients de la nécessité de se réformer, d'anticiper la mondialisation, et en même temps, un haut niveau de protection sociale. Donc, vous avez une minorité de Français qui se sent parfaitement intégrée, mondialisée, si je puis dire, etc., une autre minorité, ne le contestons pas, qui a peur, peur du changement, peur du progrès, peur de l'étranger, peur de la réforme, etc. et un bloc central qui est plutôt ouvert et tolérant, mais qui veut, comment dire, préserver l'identité nationale française.
« Ce débat est un avantage considérable pour nous à l'approche des régionales », c'est J.-M. Le Pen qui dit ça pour le Front national. Que lui répondez-vous ?
Ce sont des roulements de tambours, n'y accordons pas plus d'importance que ça. Aucun...
Ça serait peut-être bien d'arrêter le débat avant les régionales, quand même, de déminer le terrain.
Aucun indice pour l'instant, contrairement à ce que l'on répète à l'envie, n'indique que le Front national monterait. Mais le piège il est là, d'associer identité nationale et Front national. Pendant trop longtemps, on a laissé le seul Front national et le seul J.-M. Le Pen, parler de la Nation, ce qui, pour vous qui connaissez l'histoire, est quand même un contresens absolu. La Nation, ça a d'abord été un concept de gauche, puis, la droite républicaine. Reparlons de Nation, de ce qui nous fait notre lien commun, notre « vivre ensemble ».
Vous vous sentez nationaliste...
Surtout pas !
Vous publiez un livre pour la Nation, demain, chez Grasset.
Surtout pas ! Le nationalisme, c'est la maladie de... la dérive de la Nation. Je me sens effectivement pour la Nation, je me sens patriote et je crois que la Nation reste dans un monde où d'un côté vous avez la mondialisation et de l'autre, les forces centrifuges, individualistes ou communautaristes, la Nation reste le cadre le plus naturel d'exercice de la solidarité. Quand on est citoyen, on n'est pas citoyen du monde, on est « frères de planète », comme disait Camus, on est intéressé par ce qui se passe dans le monde, mais le lieu d'exercice de la citoyenneté réelle, avec l'équilibre de droits et de devoirs, c'est la Nation et la Nation française, je dirais, particulièrement, parce que c'est elle qui s'est voulue, qui a voulu se doter de valeurs qu'elle croit universelles.
Alors, l'islam ne domine pas non plus ce débat ; est-ce que le dépôt prochain par J.-F. Copé d'une proposition de loi pour interdire la burqa, vous gêne, est-ce que ça va venir polluer votre débat ?
Sur le fond, absolument pas. Je pense qu'il faut interdire la burqa en la, comment dire, découplant de toute question religieuse, en disant simplement qu'en France, l'exigence de dignité de la femme fait qu'il n'y a pas de place pour la burqa.
Mais sur la forme, ça vous gêne un peu, ça tombe mal.
Non, sur la forme, je pense que la loi est à terme inéluctable. Il y a une autre solution, c'est une résolution parlementaire, avec, le moment venu, une application par la loi, ou par le règlement. Sur les modalités, on peut discuter, le Gouvernement et le Parlement vont en discuter ; sur le fond, interdiction de la burqa, pas d'état d'âme.
Vous seriez las de votre portefeuille, entend-on dans les couloirs du Gouvernement. Vous seriez impatient de changer de ministère. C'est vrai, vous avez demandé une mutation à N. Sarkozy ?
Non, non. Non, non, ça ne s'est pas fait comme ça, mais il m'arrive de lire, y compris dans un journal...
Y compris dans L'Express...
...un magazine que vous connaissez bien, c'est ce que j'allais dire. Non non, j'ai été touché par un certain nombre d'attaques et mes proches ont été particulièrement touchés. Pour le reste, je considère que le ministère dont j'ai la charge est un beau ministère, républicain, qui dit qui vient en France, qui dit qui accède à la nationalité française, qui par l'identité nationale a vocation à dire ce qui nous lie, ce qui nous est commun, comment nous allons, grâce à notre passé et nos valeurs, nous projeter dans l'avenir. Je pense que c'est un très beau ministère, je suis très heureux d'y être.
Et vous poursuivrez en justice ceux qui vous comparent à Pierre Laval ou à Marcel Déat, comme vous l'avez fait à l'encontre, je crois, de J.-C. Cambadélis ?
Oui, je dis dans le petit livre "Pour la Nation", que vous venez de citer, je dis une chose : la France, à mon avis, ne s'est toujours pas remise de deux évènements de son histoire : la collaboration d'une part, la colonisation d'autre part. Comme nous n'avons toujours pas purgé ça, et assumé ça, on fait des amalgames insensés. Les étrangers en situation irrégulière sont comparés aux Juifs qui étaient envoyés dans des convois et l'action du Gouvernement peut être comparée au pétainisme. En disant ça - vous vous souvenez de la formule de V. Peillon, très peu de commentateurs l'ont reprise - : « Le sarkozysme c'est un pétainisme qui signe l'abaissement général de la France ». Mais dans quel pays vit-on pour dire une énormité pareille ?! Donc, effectivement, je pense que cette assimilation d'une politique de régulation des flux migratoires, au sort de ce qui restera la tâche indélébile de la civilisation occidentale au siècle précédent, l'extermination des Juifs et des Tziganes, est au sens propre du terme, insupportable.
Y aura-t-il, prochainement, d'autres expulsions vers Kaboul, de réfugiés afghans clandestins ?
Très probablement, puisque nous le faisons avec les Britanniques. Un chiffre : les Britanniques, les travaillistes britanniques ont reconduit l'année dernière, 2009, à Kaboul, 1 000 Afghans en situation irrégulière. Nous en avons reconduit 12.
Et vous voulez faire 1 000 en 2010 ?
Absolument pas.
2010 sera une année de reconduites ?
Absolument pas. Ce que je veux, c'est lutter contre les filières de l'immigration clandestine, afghane et pas seulement afghane, et pour ça, j'ai besoin de dire que ceux qui obtiennent le statut de réfugié - 250 Afghans, ont obtenu le statut de réfugié en France, l'année dernière - peuvent rester sur notre sol, les autres ont vocation à retourner en Afghanistan.
E. Besson, merci, bonne journée.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 janvier 2010
Bonjour C. Barbier.
Avant de parler identité nationale, un mot tout de même de la grippe A. R. Bachelot a résilié 50 millions de commandes de doses de vaccins, c'est reconnaître qu'une application aveugle du principe de précaution a amené une bourde de gestion.
Non, non, non, je ne peux absolument pas vous laisser dire ça. Je pense que R. Bachelot a fait ce que n'importe quel ministre de la Santé, à sa place, aurait fait ou aurait dû faire.
On aurait pu échelonner, être prudent, être un peu moins...
Mais, imaginez que la grippe ait été aussi violente, que tous les experts nous annonçaient, mais en ce moment on serait en train d'accuser R. Bachelot de ne pas avoir pris assez de précautions. Moi, je préfère, comme tous les membres du Gouvernement, une polémique, à mon avis stérile, sur le fait que nous aurions pris trop de précautions, qu'une polémique sur le fait que nous n'en n'aurions pas pris assez. R. Bachelot a bien fait et, personnellement, je veux lui dire toute ma solidarité.
Vous êtes vacciné ?
Non, pas encore.
Vous le serez ?
Oui.
Une dose de moins. Absolument. Le débat sur l'identité nationale n'est pas un défouloir raciste, vous vous en êtes réjoui hier. Tout de même, 25 modérateurs mobilisés sur votre site Internet, 540 000 visiteurs uniques en deux mois, ça donne l'impression qu'il y a eu une pression xénophobe qu'il a fallu contenir, cacher.
Non, non, ça montre surtout que ce site, « debatidentitenationale.fr », est extrêmement visité. Nous avons 50 000 contributions à ce jour, vous imaginez...
Et vous surveillez, vous contrôlez.
On le surveille, effectivement, parce que...
Vous censurez ?
Non, nous ne censurons pas, nous enlevons, la charte de modération est claire, tout ce qui est hors sujet, tout ce qui peut être diffament, insultant, raciste ou xénophobe. Il y a eu à peu près 7 à 8 %, au départ, de contributions qui ont été enlevées, ça s'est un peu accru, incontestablement, après les dérapages postérieurs au match Algérie/Egypte, et l'onde de choc qui a touché l'Europe, après le vote suisse, sur les minarets, contre les minarets, a aussi touché la France. Mais pour l'essentiel, et vous l'avez dit en commençant votre question, ce site montre quoi ? Que la France associe Nation et République, que les Français s'interrogent sur leurs valeurs, sur leur projet commun, qu'ils ont gardé ce goût du « vivre ensemble », mais un « vivre ensemble » très clairement identifié comme « nous, nous devons rester une terre d'accueil et lutter plus fortement contre les discriminations », ils nous le disent très clairement, et notamment les Français d'origine étrangère, mais pas seulement, lutter contre les discriminations et de l'autre, vouloir réellement s'intégrer, et je n'entre pas dans le débat intégration, assimilation, qui pourrait avoir de l'intérêt.
Même si le débat est posé, on a l'impression que le creuset républicain est remis en question par votre débat, alors...
Au contraire, au contraire. C'est un site qui réaffirme la volonté des Français et des étrangers qui vivent en France, de renforcer ce pacte républicain, de le renouveler. Les étrangers ou les Français d'origine étrangère, nous disent : c'est bien ces valeurs, mais il faut qu'elles soient réelles, concrètes. Il y a une demande de lutte, je vous l'ai dit, renforcée, contre les discriminations.
Ce qui domine, ça aussi, le respect des règles.
Et de l'autre côté, vous avez un grand nombre de Français qui disent, en matière intégration et immigration : « très bien, nous voulons rester une terre d'accueil, mais ceux qui accèdent à la nationalité française ou ceux qui viennent sur notre sol, doivent respecter nos valeurs ». Mais, ça n'est pas le coeur du sujet.
Petite poussée répressive, quand même, 19 % des gens disent : il faut d'abord respecter les règles !
Non, non, pas seulement. Vous avez tout un corps central qui s'interroge sur identité de la France/identité européenne, place de la France dans la mondialisation, capacité à préserver un modèle qui soit à la fois compétitif économiquement, parce que nos concitoyens sont parfaitement conscients de la nécessité de se réformer, d'anticiper la mondialisation, et en même temps, un haut niveau de protection sociale. Donc, vous avez une minorité de Français qui se sent parfaitement intégrée, mondialisée, si je puis dire, etc., une autre minorité, ne le contestons pas, qui a peur, peur du changement, peur du progrès, peur de l'étranger, peur de la réforme, etc. et un bloc central qui est plutôt ouvert et tolérant, mais qui veut, comment dire, préserver l'identité nationale française.
« Ce débat est un avantage considérable pour nous à l'approche des régionales », c'est J.-M. Le Pen qui dit ça pour le Front national. Que lui répondez-vous ?
Ce sont des roulements de tambours, n'y accordons pas plus d'importance que ça. Aucun...
Ça serait peut-être bien d'arrêter le débat avant les régionales, quand même, de déminer le terrain.
Aucun indice pour l'instant, contrairement à ce que l'on répète à l'envie, n'indique que le Front national monterait. Mais le piège il est là, d'associer identité nationale et Front national. Pendant trop longtemps, on a laissé le seul Front national et le seul J.-M. Le Pen, parler de la Nation, ce qui, pour vous qui connaissez l'histoire, est quand même un contresens absolu. La Nation, ça a d'abord été un concept de gauche, puis, la droite républicaine. Reparlons de Nation, de ce qui nous fait notre lien commun, notre « vivre ensemble ».
Vous vous sentez nationaliste...
Surtout pas !
Vous publiez un livre pour la Nation, demain, chez Grasset.
Surtout pas ! Le nationalisme, c'est la maladie de... la dérive de la Nation. Je me sens effectivement pour la Nation, je me sens patriote et je crois que la Nation reste dans un monde où d'un côté vous avez la mondialisation et de l'autre, les forces centrifuges, individualistes ou communautaristes, la Nation reste le cadre le plus naturel d'exercice de la solidarité. Quand on est citoyen, on n'est pas citoyen du monde, on est « frères de planète », comme disait Camus, on est intéressé par ce qui se passe dans le monde, mais le lieu d'exercice de la citoyenneté réelle, avec l'équilibre de droits et de devoirs, c'est la Nation et la Nation française, je dirais, particulièrement, parce que c'est elle qui s'est voulue, qui a voulu se doter de valeurs qu'elle croit universelles.
Alors, l'islam ne domine pas non plus ce débat ; est-ce que le dépôt prochain par J.-F. Copé d'une proposition de loi pour interdire la burqa, vous gêne, est-ce que ça va venir polluer votre débat ?
Sur le fond, absolument pas. Je pense qu'il faut interdire la burqa en la, comment dire, découplant de toute question religieuse, en disant simplement qu'en France, l'exigence de dignité de la femme fait qu'il n'y a pas de place pour la burqa.
Mais sur la forme, ça vous gêne un peu, ça tombe mal.
Non, sur la forme, je pense que la loi est à terme inéluctable. Il y a une autre solution, c'est une résolution parlementaire, avec, le moment venu, une application par la loi, ou par le règlement. Sur les modalités, on peut discuter, le Gouvernement et le Parlement vont en discuter ; sur le fond, interdiction de la burqa, pas d'état d'âme.
Vous seriez las de votre portefeuille, entend-on dans les couloirs du Gouvernement. Vous seriez impatient de changer de ministère. C'est vrai, vous avez demandé une mutation à N. Sarkozy ?
Non, non. Non, non, ça ne s'est pas fait comme ça, mais il m'arrive de lire, y compris dans un journal...
Y compris dans L'Express...
...un magazine que vous connaissez bien, c'est ce que j'allais dire. Non non, j'ai été touché par un certain nombre d'attaques et mes proches ont été particulièrement touchés. Pour le reste, je considère que le ministère dont j'ai la charge est un beau ministère, républicain, qui dit qui vient en France, qui dit qui accède à la nationalité française, qui par l'identité nationale a vocation à dire ce qui nous lie, ce qui nous est commun, comment nous allons, grâce à notre passé et nos valeurs, nous projeter dans l'avenir. Je pense que c'est un très beau ministère, je suis très heureux d'y être.
Et vous poursuivrez en justice ceux qui vous comparent à Pierre Laval ou à Marcel Déat, comme vous l'avez fait à l'encontre, je crois, de J.-C. Cambadélis ?
Oui, je dis dans le petit livre "Pour la Nation", que vous venez de citer, je dis une chose : la France, à mon avis, ne s'est toujours pas remise de deux évènements de son histoire : la collaboration d'une part, la colonisation d'autre part. Comme nous n'avons toujours pas purgé ça, et assumé ça, on fait des amalgames insensés. Les étrangers en situation irrégulière sont comparés aux Juifs qui étaient envoyés dans des convois et l'action du Gouvernement peut être comparée au pétainisme. En disant ça - vous vous souvenez de la formule de V. Peillon, très peu de commentateurs l'ont reprise - : « Le sarkozysme c'est un pétainisme qui signe l'abaissement général de la France ». Mais dans quel pays vit-on pour dire une énormité pareille ?! Donc, effectivement, je pense que cette assimilation d'une politique de régulation des flux migratoires, au sort de ce qui restera la tâche indélébile de la civilisation occidentale au siècle précédent, l'extermination des Juifs et des Tziganes, est au sens propre du terme, insupportable.
Y aura-t-il, prochainement, d'autres expulsions vers Kaboul, de réfugiés afghans clandestins ?
Très probablement, puisque nous le faisons avec les Britanniques. Un chiffre : les Britanniques, les travaillistes britanniques ont reconduit l'année dernière, 2009, à Kaboul, 1 000 Afghans en situation irrégulière. Nous en avons reconduit 12.
Et vous voulez faire 1 000 en 2010 ?
Absolument pas.
2010 sera une année de reconduites ?
Absolument pas. Ce que je veux, c'est lutter contre les filières de l'immigration clandestine, afghane et pas seulement afghane, et pour ça, j'ai besoin de dire que ceux qui obtiennent le statut de réfugié - 250 Afghans, ont obtenu le statut de réfugié en France, l'année dernière - peuvent rester sur notre sol, les autres ont vocation à retourner en Afghanistan.
E. Besson, merci, bonne journée.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 janvier 2010