Texte intégral
R. Duchemin.- On va parler intempéries et aussi de l'information qui s'étale ce matin à la Une du Figaro concernant Air France : les comptes du CCE de la compagnie sont mis en cause par un audit ; visiblement, il y aurait un trou de 20 millions d'euros.
Oui, j'ai vu cet article de F. Amadeo, comme vous. Je vous rappelle qu'Air France n'est plus une entreprise publique, l'Etat est un actionnaire parmi d'autres dans Air France, il n'est pas majoritaire, mais naturellement nous allons regarder ça de très près.
Et demander des comptes ?
Nous allons regarder ça de très près et demander des explications au président d'Air France. Air France est une entreprise qui a beaucoup souffert de la crise, elle a résisté parce qu'il y a son alliance avec KLM, il y a une qualité de service importante, il y a de bonnes équipes, mais c'est, comme toutes les entreprises du transport aérien, elle a souffert de la crise, donc c'est le moment où nous souhaitons que le transport aérien reparte, et ce n'est pas le moment de mettre sur la place publique ce genre de chose. Donc, si il y a un problème il faut qu'il soit réglé rapidement.
Problème, parce que on explique dans cet article du Figaro, qu'il y aurait 95 % qui proviendraient d'une mauvaise gestion et 5 % d'un possible enrichissement personnel ?
Je pense que la justice sera saisie ; les faits que vous décrivez sont du ressort de la justice. Et puis j'espère que dans le fonctionnement interne de ce comité d'entreprise, les mesures seront prises, et je fais confiance à P.-H. Gourgeon, qui est le directeur général d'Air France, exécutif, même si le comité d'entreprise ce n'est pas la gestion de l'entreprise mais la gestion d'élus salariés pour faire bon ordre dans tout cela.
On a vécu la semaine dernière un gros épisode difficile avec la neige...
Ce n'est pas terminé d'ailleurs.
...ça n'est pas terminé, la neige revient dès demain. Il y a ce matin encore des gens qui sont isolés, notamment parce que les réseaux secondaires n'ont pas été dégagés. Que peut-on leur dire, qu'est-ce que vous, secrétaire d'Etat aux Transports, vous pouvez leur dire ?
Ce que je rappelle aux auditeurs de France Info, c'est qu'il y a en France à peu près 1 million de kilomètres de routes. Là-dessus, 20.000 sont des routes de l'Etat, donc là-dessus travaillent les fonctionnaires de l'Etat, les agents des directions interrégionales des routes ; 380.000, ce sont les départements, donc c'est tout le réseau secondaire dont vous parliez à l'instant ; et 600.000 les communes. Ce réseau secondaire, j'ai eu l'occasion d'aller dans ma région, Poitou-Charentes, voir les équipes qui travaillent pendant tout le week-end, un énorme travail a été fait. C'est vrai que dans la multiplicité des petits chemins entre les communes, etc.,
Du côté des Baux-de-Provence les gens sont bloqués, il y a beaucoup de colère !
Oui, il y a de la colère. Il y a encore des endroits, dans l'Orne, dans l'Eure, dans le Calvados, sur le Plateau ardéchois où les situations sont difficiles. Alors dans la responsabilité des départements, je suis aussi un président de Conseil général, ce sont les présidents de Conseils généraux qui sont responsables avec leurs équipes de cela. Il peut y avoir des problèmes d'approvisionnement en sel, vous avez vu ce qui s'est passé en Bretagne où on a eu du mal à faire venir du sel, il a fallu faire venir un bateau de Tunisie en extrême urgence. Mais je crois honnêtement que tout le monde est au travail. On peut avoir des sujets de mécontentement, mais tous ces hommes et ces femmes, en jaune, en orange, qui sont sur nos routes actuellement dans le froid, je veux plutôt leur rendre hommage que d'accepter qu'ils se fassent, pardonner-moi l'expression, "engueuler" !
Justement, que peut-on faire pour éviter que ça se reproduise ? Quand on sait qu'il va y avoir un épisode neigeux d'une telle intensité, peut-on faire entrer des quantités de sel, est-ce qu'il y a quelque chose à faire ? !
Il y a toujours des défauts de prévoyance. Je pense qu'il faudra que nous fassions un retour d'expérience sur cet épisode hivernal exceptionnel. Regardez par exemple les aéroports, on a eu les années précédentes des problèmes à Roissy, cette année on a su, l'aéroport de Paris a su bien gérer Roissy, un peu moins bien Orly, donc il faudra faire attention à Orly. Sur les grands aéroports régionaux, je trouve que ce qui s'est passé ce week-end à Lyon-Saint Exupéry, aurait certainement pu être mieux traité, parce qu'on est dans des régions habituelles d'intempéries, en région Rhône-Alpes, Chambéry, on est dans les Alpes. Je pense que là il y a eu peut-être, malgré l'importance des événements atmosphériques, il y aurait peut-être pu y avoir une meilleure gestion prévisionnelle et plus de moyens. Donc je crois que dans certains endroits - je pense aux aéroports en particulier, je pense au Tunnel sous la Manche, on s'est aperçus qu'il n'y avait pas assez de locomotives pour sortir les rames ; il va falloir un peu plus de moyens et revoir les plans.
Justement, vous parlez du rail. Côté Eurostar il y a eu des problèmes, il y en a eu aussi sur les TGV, il y a au pas mal de retards. Je prends un exemple, des gens hier, qui essayaient de monter du Sud jusqu'à la capitale mettaient huit heures pour arriver ici.
Ce qui se passe avec le TGV, c'est que... moi j'étais aussi dans des TGV ce week-end, sur le réseau atlantique, c'est que lorsqu'il y a de la neige, le TGV au lieu de rouler à 300 à l'heure ou 320, ce qui est la vitesse commerciale, à l'Est de Paris...
On paye notre technicité en quelque sorte...
On est obligés de rouler moins vite. En 1985, le premier hiver des TGV, au bout d'une semaine, les TGV n'avaient la vitesse réduite à l'époque en cas de neige, il ne restait plus que 30 % des rames d'utilisables, toutes les autres étaient cassées, pare-brise, etc. Donc, la SNCF ce week-end, là où il y avait 300 a fait rouler les TGV à 220 ; là où il y avait, le sud de Lyon, 170 au lieu de 3OO, d'où des retards énormes que vous citiez. Ce matin avant de venir j'ai fait le point avec la direction de la SNCF : la situation est quasiment normale, il y a encore quelques légères réductions de vitesse, mais on n'aura plus les retards, en tout cas s'il n'y a pas de nouvel épisode neigeux que l'on a connu cette fin de dernière semaine.
Venons-en à l'autre sujet qui interpelle la population française en ce moment, c'est l'arrivée annoncée des scanners dans les aéroports, le scanner corporel. Combien de scanners et quand précisément ?
Nous avons pris la décision avec B. Hortefeux de mettre en place un petit groupe de travail pour voir tous les aspects positifs et éventuellement les problèmes que posent les scanners, et d'avoir un peu une déontologie ; l'usage de ces scanners, du respect des gens. Je pense qu'on aura dans quelques semaines les premiers scanners...
A Paris d'abord ?
A Roissy d'abord, ensuite à Orly...
Uniquement en direction des Etats-Unis ?
Sur des vols sensibles, donc en particulier naturellement les vols vers les Etats-Unis. Il y a des soucis de respect, de pudeur, donc il y a certainement des moyens techniques de les traiter, c'est ce que nous sommes en train d'étudier, parce qu'il ne s'agit pas d'avoir un comportement qui remette en cause la dignité de la personne humaine. Au nom de la sécurité, il faut tout faire, mais il faut respecter la personne humaine.
Vous en avez commandé combien pour l'instant ?
On n'a pas encore commandé parce qu'on peut les avoir dans un premier temps par une entreprise qui les vend sans les commander directement, mais on sera certainement amenés à en commander un certain nombre. Ce n'est pas le Gouvernement, ce sera Aéroports de Paris ou les gestionnaires d'Aéroports. On est en train de voir les modalités, mais ça se fera rapidement.
Et en cas de refus, si on ne veut pas être fouillé au départ, que se passe-t-il, comment on assure que le passager n'est pas dangereux ?
Je pense qu'il faut à ce moment-là avoir une fouille corporelle complète, ce qui n'est pas non plus très agréable. Je pense que la technologie va beaucoup évoluer, je pense que dans quelques années, il y a des grandes entreprises françaises qui y travaillent, il y aura des sortes de couloirs dans lesquels on passera, on sera observés sur le plan des explosifs, de tous les risques. Avec la biométrie, on sera en même temps contrôlé sur son identité, sans faire la queue et sans sortir son passeport. Je pense que la technologie va nous apporter des réponses à ces besoins de sécurité. Pour l'instant, il y a encore quelques tâtonnements, c'est la raison pour laquelle on va se lancer dans les scanners, mais le président de la République a souhaité que ça se fasse dans des grandes conditions de dignité.
Va-t-on aussi contrôler en amont, je pense aux réservations, c'est une idée qui a été évoquée ?
Oui, il y a cette possibilité. Il y a aussi autre chose, c'est d'améliorer la formation de toutes les équipes qui font les filtrages, ce qu'on appelle "les PIFS" - Points d'inspection filtrage dans les Aéroports -, ce sont des entreprises privées qui travaillent pour le compte d'Aéroports de Paris, et là il y a certainement une meilleure analyse comportementale des gens à voir, c'est un peu ce que fait la compagnie El Al et le gouvernement d'Israël sur ces vols sensibles, et là nous allons améliorer également les efforts de formation.
Et ça va être financé par les taxes aéroportuaires ?
Eh oui, eh oui !
Ca veut dire qu'on va payer sur le billet ?
Oui, enfin si vous voulez, je pense que la vie et la sécurité n'ont pas de prix, même s'il faut rester naturellement raisonnable dans les taxes aéroportuaires.
Vous recevez ce matin en sortant de ce studio les syndicats de la Direction générale de l'aviation civile ; un préavis est déposé pour mercredi et jeudi, préavis de grève. Ca veut dire encore des perturbations à venir ?
On va essayer de l'éviter, je vais discuter ce matin avec toutes les organisations de contrôleurs aériens en particulier mais tous les métiers également de l'aviation civile. Si on peut éviter ce qui serait la mise en place du service minimum, c'est-à-dire un abattement de vols parfois jusqu'à la moitié des vols, en tout cas sur les courts courriers et les moyens courriers, ce serait bien. Ce sont des gens responsables, ce sont des fonctionnaires de grande qualité dans lesquels nous mettons nos vies, ce sont eux qui gèrent le ciel et qui en assurent la sécurité et la sûreté. On va essayer de trouver un accommodement, et j'espère éviter la grève, on verra bien.
Encore une question concernant le vol Air France 447, le Rio-Paris. On sait qu'il y a de nouvelles fouilles qui vont être organisées...
A partir de la fin février.
Vous avez entendu les critiques qui ont été émises sur les résultats des analyses données par le Bureau Enquête Accidents. Le système est-il fiable aujourd'hui, notamment concernant...
Deux remarques : d'abord le Bureau Enquête Analyse fait vraiment bien son travail, et ne dit rien qui ne soit prouvé. Alors je me mets à la place des familles et je les ai toutes reçues en France, je suis allé les voir au Brésil également. Quand on a connu la mort de ses proches, on veut savoir. Donc...mais le BEA dit les choses au fur et à mesure qu'il les sait. Ce qu'il faut maintenant, c'est sortir de la dictature des boîtes noires. Je suis allé il y a quelques semaines à l'Organisation de l'aviation civile internationale à Montréal, je leur ai demandé qu'on ait des nouveaux systèmes qui envoient en temps réel les données du vol, qui sont stockées quelques temps après le vol, mais qu'on puisse... C'est pareil pour les boîtes noires, imaginons qu'on ne trouve pas les boîtes noires...
C'est possible pour quand ?
Ca existe déjà pour la maintenance, c'est les fameux messages Acars dont on a beaucoup parlé ; si l'Organisation de l'aviation civile le veut, dans quelques années c'est possible, c'est une question de coût, mais la technologie aujourd'hui permet de faire ce genre de choses, comme il est inadmissible qu'un avion ne soit plus en liaison radio alors que sur votre siège de passager, avec votre carte bleue vous décrochez votre téléphone, et vous appelez dans le monde entier. Donc il y a encore des progrès à faire dans ce domaine.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 janvier 2010
Oui, j'ai vu cet article de F. Amadeo, comme vous. Je vous rappelle qu'Air France n'est plus une entreprise publique, l'Etat est un actionnaire parmi d'autres dans Air France, il n'est pas majoritaire, mais naturellement nous allons regarder ça de très près.
Et demander des comptes ?
Nous allons regarder ça de très près et demander des explications au président d'Air France. Air France est une entreprise qui a beaucoup souffert de la crise, elle a résisté parce qu'il y a son alliance avec KLM, il y a une qualité de service importante, il y a de bonnes équipes, mais c'est, comme toutes les entreprises du transport aérien, elle a souffert de la crise, donc c'est le moment où nous souhaitons que le transport aérien reparte, et ce n'est pas le moment de mettre sur la place publique ce genre de chose. Donc, si il y a un problème il faut qu'il soit réglé rapidement.
Problème, parce que on explique dans cet article du Figaro, qu'il y aurait 95 % qui proviendraient d'une mauvaise gestion et 5 % d'un possible enrichissement personnel ?
Je pense que la justice sera saisie ; les faits que vous décrivez sont du ressort de la justice. Et puis j'espère que dans le fonctionnement interne de ce comité d'entreprise, les mesures seront prises, et je fais confiance à P.-H. Gourgeon, qui est le directeur général d'Air France, exécutif, même si le comité d'entreprise ce n'est pas la gestion de l'entreprise mais la gestion d'élus salariés pour faire bon ordre dans tout cela.
On a vécu la semaine dernière un gros épisode difficile avec la neige...
Ce n'est pas terminé d'ailleurs.
...ça n'est pas terminé, la neige revient dès demain. Il y a ce matin encore des gens qui sont isolés, notamment parce que les réseaux secondaires n'ont pas été dégagés. Que peut-on leur dire, qu'est-ce que vous, secrétaire d'Etat aux Transports, vous pouvez leur dire ?
Ce que je rappelle aux auditeurs de France Info, c'est qu'il y a en France à peu près 1 million de kilomètres de routes. Là-dessus, 20.000 sont des routes de l'Etat, donc là-dessus travaillent les fonctionnaires de l'Etat, les agents des directions interrégionales des routes ; 380.000, ce sont les départements, donc c'est tout le réseau secondaire dont vous parliez à l'instant ; et 600.000 les communes. Ce réseau secondaire, j'ai eu l'occasion d'aller dans ma région, Poitou-Charentes, voir les équipes qui travaillent pendant tout le week-end, un énorme travail a été fait. C'est vrai que dans la multiplicité des petits chemins entre les communes, etc.,
Du côté des Baux-de-Provence les gens sont bloqués, il y a beaucoup de colère !
Oui, il y a de la colère. Il y a encore des endroits, dans l'Orne, dans l'Eure, dans le Calvados, sur le Plateau ardéchois où les situations sont difficiles. Alors dans la responsabilité des départements, je suis aussi un président de Conseil général, ce sont les présidents de Conseils généraux qui sont responsables avec leurs équipes de cela. Il peut y avoir des problèmes d'approvisionnement en sel, vous avez vu ce qui s'est passé en Bretagne où on a eu du mal à faire venir du sel, il a fallu faire venir un bateau de Tunisie en extrême urgence. Mais je crois honnêtement que tout le monde est au travail. On peut avoir des sujets de mécontentement, mais tous ces hommes et ces femmes, en jaune, en orange, qui sont sur nos routes actuellement dans le froid, je veux plutôt leur rendre hommage que d'accepter qu'ils se fassent, pardonner-moi l'expression, "engueuler" !
Justement, que peut-on faire pour éviter que ça se reproduise ? Quand on sait qu'il va y avoir un épisode neigeux d'une telle intensité, peut-on faire entrer des quantités de sel, est-ce qu'il y a quelque chose à faire ? !
Il y a toujours des défauts de prévoyance. Je pense qu'il faudra que nous fassions un retour d'expérience sur cet épisode hivernal exceptionnel. Regardez par exemple les aéroports, on a eu les années précédentes des problèmes à Roissy, cette année on a su, l'aéroport de Paris a su bien gérer Roissy, un peu moins bien Orly, donc il faudra faire attention à Orly. Sur les grands aéroports régionaux, je trouve que ce qui s'est passé ce week-end à Lyon-Saint Exupéry, aurait certainement pu être mieux traité, parce qu'on est dans des régions habituelles d'intempéries, en région Rhône-Alpes, Chambéry, on est dans les Alpes. Je pense que là il y a eu peut-être, malgré l'importance des événements atmosphériques, il y aurait peut-être pu y avoir une meilleure gestion prévisionnelle et plus de moyens. Donc je crois que dans certains endroits - je pense aux aéroports en particulier, je pense au Tunnel sous la Manche, on s'est aperçus qu'il n'y avait pas assez de locomotives pour sortir les rames ; il va falloir un peu plus de moyens et revoir les plans.
Justement, vous parlez du rail. Côté Eurostar il y a eu des problèmes, il y en a eu aussi sur les TGV, il y a au pas mal de retards. Je prends un exemple, des gens hier, qui essayaient de monter du Sud jusqu'à la capitale mettaient huit heures pour arriver ici.
Ce qui se passe avec le TGV, c'est que... moi j'étais aussi dans des TGV ce week-end, sur le réseau atlantique, c'est que lorsqu'il y a de la neige, le TGV au lieu de rouler à 300 à l'heure ou 320, ce qui est la vitesse commerciale, à l'Est de Paris...
On paye notre technicité en quelque sorte...
On est obligés de rouler moins vite. En 1985, le premier hiver des TGV, au bout d'une semaine, les TGV n'avaient la vitesse réduite à l'époque en cas de neige, il ne restait plus que 30 % des rames d'utilisables, toutes les autres étaient cassées, pare-brise, etc. Donc, la SNCF ce week-end, là où il y avait 300 a fait rouler les TGV à 220 ; là où il y avait, le sud de Lyon, 170 au lieu de 3OO, d'où des retards énormes que vous citiez. Ce matin avant de venir j'ai fait le point avec la direction de la SNCF : la situation est quasiment normale, il y a encore quelques légères réductions de vitesse, mais on n'aura plus les retards, en tout cas s'il n'y a pas de nouvel épisode neigeux que l'on a connu cette fin de dernière semaine.
Venons-en à l'autre sujet qui interpelle la population française en ce moment, c'est l'arrivée annoncée des scanners dans les aéroports, le scanner corporel. Combien de scanners et quand précisément ?
Nous avons pris la décision avec B. Hortefeux de mettre en place un petit groupe de travail pour voir tous les aspects positifs et éventuellement les problèmes que posent les scanners, et d'avoir un peu une déontologie ; l'usage de ces scanners, du respect des gens. Je pense qu'on aura dans quelques semaines les premiers scanners...
A Paris d'abord ?
A Roissy d'abord, ensuite à Orly...
Uniquement en direction des Etats-Unis ?
Sur des vols sensibles, donc en particulier naturellement les vols vers les Etats-Unis. Il y a des soucis de respect, de pudeur, donc il y a certainement des moyens techniques de les traiter, c'est ce que nous sommes en train d'étudier, parce qu'il ne s'agit pas d'avoir un comportement qui remette en cause la dignité de la personne humaine. Au nom de la sécurité, il faut tout faire, mais il faut respecter la personne humaine.
Vous en avez commandé combien pour l'instant ?
On n'a pas encore commandé parce qu'on peut les avoir dans un premier temps par une entreprise qui les vend sans les commander directement, mais on sera certainement amenés à en commander un certain nombre. Ce n'est pas le Gouvernement, ce sera Aéroports de Paris ou les gestionnaires d'Aéroports. On est en train de voir les modalités, mais ça se fera rapidement.
Et en cas de refus, si on ne veut pas être fouillé au départ, que se passe-t-il, comment on assure que le passager n'est pas dangereux ?
Je pense qu'il faut à ce moment-là avoir une fouille corporelle complète, ce qui n'est pas non plus très agréable. Je pense que la technologie va beaucoup évoluer, je pense que dans quelques années, il y a des grandes entreprises françaises qui y travaillent, il y aura des sortes de couloirs dans lesquels on passera, on sera observés sur le plan des explosifs, de tous les risques. Avec la biométrie, on sera en même temps contrôlé sur son identité, sans faire la queue et sans sortir son passeport. Je pense que la technologie va nous apporter des réponses à ces besoins de sécurité. Pour l'instant, il y a encore quelques tâtonnements, c'est la raison pour laquelle on va se lancer dans les scanners, mais le président de la République a souhaité que ça se fasse dans des grandes conditions de dignité.
Va-t-on aussi contrôler en amont, je pense aux réservations, c'est une idée qui a été évoquée ?
Oui, il y a cette possibilité. Il y a aussi autre chose, c'est d'améliorer la formation de toutes les équipes qui font les filtrages, ce qu'on appelle "les PIFS" - Points d'inspection filtrage dans les Aéroports -, ce sont des entreprises privées qui travaillent pour le compte d'Aéroports de Paris, et là il y a certainement une meilleure analyse comportementale des gens à voir, c'est un peu ce que fait la compagnie El Al et le gouvernement d'Israël sur ces vols sensibles, et là nous allons améliorer également les efforts de formation.
Et ça va être financé par les taxes aéroportuaires ?
Eh oui, eh oui !
Ca veut dire qu'on va payer sur le billet ?
Oui, enfin si vous voulez, je pense que la vie et la sécurité n'ont pas de prix, même s'il faut rester naturellement raisonnable dans les taxes aéroportuaires.
Vous recevez ce matin en sortant de ce studio les syndicats de la Direction générale de l'aviation civile ; un préavis est déposé pour mercredi et jeudi, préavis de grève. Ca veut dire encore des perturbations à venir ?
On va essayer de l'éviter, je vais discuter ce matin avec toutes les organisations de contrôleurs aériens en particulier mais tous les métiers également de l'aviation civile. Si on peut éviter ce qui serait la mise en place du service minimum, c'est-à-dire un abattement de vols parfois jusqu'à la moitié des vols, en tout cas sur les courts courriers et les moyens courriers, ce serait bien. Ce sont des gens responsables, ce sont des fonctionnaires de grande qualité dans lesquels nous mettons nos vies, ce sont eux qui gèrent le ciel et qui en assurent la sécurité et la sûreté. On va essayer de trouver un accommodement, et j'espère éviter la grève, on verra bien.
Encore une question concernant le vol Air France 447, le Rio-Paris. On sait qu'il y a de nouvelles fouilles qui vont être organisées...
A partir de la fin février.
Vous avez entendu les critiques qui ont été émises sur les résultats des analyses données par le Bureau Enquête Accidents. Le système est-il fiable aujourd'hui, notamment concernant...
Deux remarques : d'abord le Bureau Enquête Analyse fait vraiment bien son travail, et ne dit rien qui ne soit prouvé. Alors je me mets à la place des familles et je les ai toutes reçues en France, je suis allé les voir au Brésil également. Quand on a connu la mort de ses proches, on veut savoir. Donc...mais le BEA dit les choses au fur et à mesure qu'il les sait. Ce qu'il faut maintenant, c'est sortir de la dictature des boîtes noires. Je suis allé il y a quelques semaines à l'Organisation de l'aviation civile internationale à Montréal, je leur ai demandé qu'on ait des nouveaux systèmes qui envoient en temps réel les données du vol, qui sont stockées quelques temps après le vol, mais qu'on puisse... C'est pareil pour les boîtes noires, imaginons qu'on ne trouve pas les boîtes noires...
C'est possible pour quand ?
Ca existe déjà pour la maintenance, c'est les fameux messages Acars dont on a beaucoup parlé ; si l'Organisation de l'aviation civile le veut, dans quelques années c'est possible, c'est une question de coût, mais la technologie aujourd'hui permet de faire ce genre de choses, comme il est inadmissible qu'un avion ne soit plus en liaison radio alors que sur votre siège de passager, avec votre carte bleue vous décrochez votre téléphone, et vous appelez dans le monde entier. Donc il y a encore des progrès à faire dans ce domaine.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 janvier 2010