Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports, sur la politique du sport et le positionnement de la Guyane pour en faire la base avancée de la préparation de la coupe du monde de football de 2014 et les Jeux Olympiques de 2016, Cayenne le 12 décembre 2009.

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Texte intégral


Mesdames et messieurs les parlementaires et les Elus,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les directeurs et chef de service,
Mesdames et messieurs les acteurs économiques et socio professionnels
Mesdames et messieurs les responsables d'associations,
Mesdames et Messieurs,
Merci d'abord, Monsieur le Président, de votre accueil dans ce bel édifice, qui témoigne de la qualité de l'architecture urbaine de Cayenne et des communes de la Guyane.
Sans vouloir jouer les Ministres buissonniers, mon emploi du temps ne m'en donne guère l'occasion, j'aurai aimé pouvoir flâner à vos côtés, savourer cette atmosphère si particulière de la place des Palmistes, du marché ou du port....
Un pays s'approche par la lenteur ; il faut du temps pour qu'il se livre complètement et qu'on en mesure pleinement la singularité des êtres, ,la variété des senteurs, la palette des couleurs, l'âme en un mot, il est aussi des terres où l'on se sent immédiatement chez soi, des terres d'émotions plus immédiates et directes.
C'est ce que je ressens en Guyane, terre de passions fortes : je voulais vous en faire la confidence, puisque nous sommes entre nous.
C'est pourquoi une seule gorgée de votre fameux bouillon d'awara, dont on dit qu'il fait nécessairement revenir ceux qui l'ont bu, me suffira...
1/ En venant aujourd'hui en Guyane, j'entends affirmer haut et clair une exigence : celle de la continuité territoriale de la République, qui s'applique aussi à la politique publique du sport, dont le Président de la République et le Premier Ministre m'ont confié la responsabilité.
Il n'y a pas de territoires à deux vitesses, la France de métropole et la France ultramarine. Il doit y avoir un même effort, une même ambition pour une politique publique ambitieuse du sport !
Je ne me lasserai pas de l'affirmer et d'agir en conséquence. Ce ne sont pas des paroles verbales.
2/ Le second objectif, c'est de réfléchir aux moyens de mettre en oeuvre dans les faits, concrètement, le souhait du président de la République de faire de la Guyane, « la base avancée pour la préparation des équipes de France et d'autres Pays en perspective de la coupe du monde de football en 2014 et des Jeux Olympiques de 2016, au Brésil ».
C'est une belle ambition.
Quelle chance extraordinaire pour la Guyane !
Quand on est voisin d'un immense pays comme le Brésil, géant émergent, auquel nous lient la culture et l'histoire, avec lequel nous avons noué un partenariat stratégique pour relever ensemble les défis de ce nouveau siècle, eh bien, nous devons saisir toutes les opportunités de travailler ensemble ! Non seulement pour faire mieux connaître la Guyane, mais profiter de la dynamique des deux grands évènements sportifs qu'accueillera le Brésil.
La Guyane doit devenir par ses structures sportives et d'accueil terre d'entraînement et de tourisme.
Ce qui est en jeu, c'est le rayonnement sportif international de la France ! Quel beau projet enthousiasmant et mobilisateur pour la Guyane !
J'y reviendrai dans quelques instants.
3/ Mon troisième objectif, c'est de présenter personnellement et directement aux Elus, aux responsables des collectivités et bien sûr à l'ensemble des acteurs du sport en Guyane les mesures « sport » du comité interministériel de l'Outre-Mer et leur déclinaison en Guyane.
J'aurais l'occasion cet après-midi, à l'Université, de détailler devant l'ensemble des acteurs du sport, les mesures concernant le sport guyanais.
Il s'agit d'abord du projet d'Institut régional pour la formation et le haut-niveau, pour lequel le Conseil régional a décidé d'assurer la maîtrise d'ouvrage.
Je suis en mesure, Mesdames et Messieurs, de vous confirmer l'engagement fort de l'Etat, et de mon ministère, au financement de ce projet ambitieux et structurant pour le sport en Guyane. Ce n'est pas moins de 4 millions d'euros qui seront affectés à cet investissement, au titre des dotations du Centre National pour le développement du sport.
Des mesures spécifiques sont prévues aussi pour mieux accompagner les jeunes sportifs de talents qui doivent à un moment de leur parcours vers l'excellence venir poursuivre leur entrainement et leur formation dans les structures d'excellence, comme l'Insep par exemple.
Pour ce grand saut, nous devons nous donner les moyens du succès.
Certes, il faut mettre en valeur les grands sportifs guyanais qui ont réussi : volontairement, j'en citerais deux, car ils témoignent bien de ces histoires de vie pétries de l'excellence :
Bernard Lama, dont le nom est inséparable de cette fantastique histoire de l'équipe de France de football.
Je citerai aussi l'extraordinaire championne de natation, Malia METELLA, jeune nageuse de Remire Montjoly, qui a annoncé récemment la fin de sa brillante carrière de sportive de haut niveau.
Un portrait géant de Malia orne le salon d'accueil de mon ministère. Malia a non seulement réussi son rêve d'être championne : personne n'a oublié sa superbe médaille d'argent aux Jeux Olympiques de 2004 et aux championnats du monde de natation de 2005.
Si Malia a atteint l'excellence sportive, elle s'est aussi accomplie dans sa vie personnelle et sa vie professionnelle.
Ces vies sportives exemplaires ne doivent faire oublier pour autant toutes les galères de jeunes sportifs pleins de potentiels et talentueux, la tête remplies de rêves de podiums, et qui ont dû renoncer, faute d'avoir été bien orientés, bien accompagnés, bien suivis.
Lors du Comité interministériel de l'Outre-Mer de novembre dernier, des décisions concrètes ont été annoncées, en réponse souvent aux propositions exprimées par les forces vives du sport ultra-marin, dans le cadre des Etats généraux de l'Outre-Mer.
Vous vous en doutez bien, mon administration, mon cabinet se sont mobilisés pour que le sport prenne toute sa place dans cette mobilisation générale des politiques publiques pour l'Outre-Mer.
Mon ministère a travaillé main dans la main avec le ministère délégué à l'Outre-mer. Je manquerais à mes devoirs de reconnaissance si je ne signalais pas l'esprit de conviction et l'engagement permanent que nous a témoignés le Délégué interministériel pour l'égalité des chances des français d'Outre-Mer, M. Patrick Karam.
Vos Elus, Mesdames et Messieurs, par leurs conseils, leurs avis, leurs alertes parfois, ont pris une part essentielle à ce long processus de concertations et d'échanges qui m'a permis de mettre en forme, sur la base d'un diagnostic largement partagé, les mesures Sports pour l'Outre-Mer et la Guyane. Je souhaite les remercier chaleureusement.
Le résultat est prometteur, car beaucoup des mesures annoncées dans le domaine du sport sont de véritables investissements pour l'avenir.
Je veillerai, personnellement, sachez-le, à ce que cette feuille de route pour le sport ultra-marin, ne reste pas lettre morte.
Dans ce contexte, l'annonce du Président de la république de faire de la Guyane une base avancée pour la préparation de la coupe du monde de football 2014 et les jeux olympiques de Rio, en 2016, au Brésil, est un enjeu majeur.
C'est un projet que nous devons construire ensemble.
Je vois trois conditions indispensables à la réussite de cette ambition.
1/ La première est bien que ce projet soit porté par toute la Guyane, par tout ce que la Guyane compte de forces vives. Ce ne peut pas être un projet de division. Mais une vraie ambition collective.
Toutes les énergies doivent converger vers ce seul objectif : mettre en forme, donner corps à ce projet.
Il faudra très vite réfléchir sur l'outil permettant de fédérer, de réunir toutes ces compétences de la Guyane ; compétences en matière de sport, d'accueil hôtelier, de communication, d'ingénierie de projet, de formation des jeunes.
Trouvons la structure la plus pertinente : certains ont déjà évoqué une formule de type GIP. Soyons pragmatiques : il faut un outil ; choisissons celui le plus en rapport avec les tâches qui nous attendent. .
2/ mobiliser les forces vives, économiques, sportives, financières, touristiques ...de la Guyane, c'est aussi mobiliser et se mettre au service de l'ensemble des guyanais.
Il faut se convaincre que ce qui sera fait le sera d'abord pour le développement de la Guyane.
Le Projet « Guyane, base avancée », c'est tout sauf une opération de sponsoring. Ce n'est pas la Guyane qui donne, qui s'offre. C'est la Guyane qui est en initiative et qui produit de l'intelligence sportive et économique.
Le choix des infrastructures à privilégier, les stratégies médias à promouvoir, et pas la veille au soir de l'évènement, doivent s'organiser. Il s'agit bien de s'assurer des retombées directes et indirectes pour la Guyane et les Guyanais.
A ce titre, ce cap 2014/2016 peut être une vraie opportunité pour améliorer les infrastructures de la région, dans le sport, évidemment, mais pas seulement.
A vous de le dire, d'être en proposition.
3/ la troisième condition de la réussite est bien que chacun s'imprègne que le succès sera à la hauteur de notre persévérance à tous. C'est à un travail dans la durée que je vous invite.
Les équipes sportives nationales ou internationales ne viendront en Guyane, ni par décret, ni par injonction. Elles viendront, parce que nous aurons su leur proposer de vraies prestations correspondant à ce qu'attendent les sportifs et leurs staffs d'entraînement.
4/ la quatrième condition sera de ne jamais se départir d'un principe de réalité. La préparation olympique ne relève pas du tourisme d'affaires ou du tourisme sportif.
Il vous faudra mobiliser une véritable intelligence économique sportive. La réussite sera celle de la qualité du projet qui sera proposé.
Gardons-nous d'emblée de tout optimisme béat : La Guyane est la base avancée en territoire français la plus proche du site de Rio, mais elle reste à plus de 3000km des sites Olympiques... Rio et son climat n'est pas tout à fait similaire à celui de la Guyane (il s'agit ici d'un climat équatorial humide, avec des températures supérieures à 30° en fin de journée, alors qu'à Rio, pendant l'hiver austral, les températures se situent entre 25/27 degré avec un taux d'humidité très sensiblement différent.)
D'autres territoires, soyez en sûrs, s'efforceront, de capter ce marché...
Etre réaliste ce n'est pas se refréner, c'est canaliser les ardeurs, établir une stratégie, rassembler les énergies et les volontés.
La Guyane vendra une part de rêve, mais surtout beaucoup de prestations correspondant aux attentes des équipes et sportifs sélectionnés ou sélectionnables pour ces deux importants rendez-vous sportifs brésiliens.
Il s'agit bien d'un objectif à atteindre, d'un combat à livrer, d'une bataille à gagner !
Pour ce faire, l'Etat ne vous laissera pas seul !
Je vais mettre en place, si vous soutenez cette idée, dès mon retour au ministère une mission nationale d'expertise et d'appui.
Présidée et animée par un membre de l'inspection générale de la jeunesse et des sports, cette mission nationale d'expertise et d'appui comprendra des représentants des principaux ministères concernés ; le ministère délégué à l'Outre-Mer et le ministère du tourisme, notamment.
Sa mission sera triple :
Eclairez les acteurs locaux, en leur offrant directement ou indirectement une expertise indispensable en matière économique, juridique, financière, technique.
Aider à mobiliser les réseaux nationaux et internationaux du monde du sport pour développer une stratégie adaptée.
assurer une fonction de conseil auprès des décideurs régionaux et nationaux.
Je compte aussi m'appuyer beaucoup sur vous, Monsieur le Préfet, car l'Etat territorial devra accompagner cette ambition, dont la mise en oeuvre concernera beaucoup d'administrations de l'Etat, pour ne pas dire toutes.
Unissons nos forces, allons tous unis, de l'avant.
2014, 2016, c'est déjà demain. Commençons à retrousser nos manches. : tel est mon message.
Le top départ, c'est maintenant !
Mon appui personnel et celui de toute mon administration vous sont acquis.
Mesdames et Messieurs, Chers Amis, il n'y pas d'ambitions abstraites, il n'y a que des énergies mal conduites. Ce que je vous propose, c'est une volonté partagée au service d'un projet concret. Nous sommes sur les terres du nouveau monde : ayons-en les rêves illimités.
Je vous remercie../.
Seul le prononcé fait foi
Source : http://www.sports.gouv.fr, le 16 décembre 2009