Texte intégral
Conseil national de l'UDF - 28 avril 2001
Cette matinée a été pleine de passions, d'intervention très riches, denses, parfois amusantes. En conclusion, je voudrais résumer quelques-unes des impressions que j'ai ressenti devant vous. Cinq mois après le Congrès d'Angers, je crois que nous pouvons regarder avec satisfaction le chemin qui a été accompli. Vous en avez d'ailleurs été les témoins tout au long de cette matinée. Il résulte quelques leçons bien simples de la récente bataille municipale.
1. Le bilan des municipales
Lorsque nous sommes en tête, l'opposition gagne. Je pense que l'ensemble de l'opposition ferait bien de tenir compte de ce fait lors des prochaines élections. Nous avons apporté notre concours à de nombreuses victoires, conduites pourtant par d'autres. Cela ne doit pas être négligé, puisqu'il apparaît que sans la participation de l'UDF, il n'y a pas de victoire de l'opposition possible. L'UDF n'est donc pas la piétaille que l'on peut utiliser à son gré. Il faudra, dans les années qui viennent, écouter ce que nous avons à dire et dans tous les cas, accepter d'en tenir compte.
Le deuxième motif de satisfaction concerne l'état de nos forces, la réalité de notre parti politique. La constitution progressive d'une équipe, le rassemblement progressif de force, l'élaboration progressive sur le terrain, de structures, de fédérations, constitue un fait majeur. Elle a en effet permis de montrer que l'UDF est une force politique en pleine santé, alors que dans le même temps, la France politique ne va pas bien. Notre force politique s'affirme même jour après jour. Je crois que nous avons toutes les raisons d'en être très fiers.
Le dernier élément de ce bilan concerne la bataille que nous avons menée avec succès en faveur du rétablissement du calendrier républicain. Cette affaire a fait l'objet de tous nos débats lors du Congrès d'Angers. Nous avons tous ensemble voté de façon massive et claire. Le calendrier politique français a finalement été changé. Il ne l'aurait pas été sans l'intervention déterminante de l'UDF. Je crois qu'il s'agit là d'un acte politique majeur, qu'il s'agit d'un acte fondateur pour la république de demain. Nous n'avons d'ailleurs pas fini d'en mesurer toutes les conséquences.
2. Les conséquences du rétablissement du calendrier républicain
Je voudrais m'arrêter à présent sur ces conséquences. La première tient au fait que nos institutions sont désormais clarifiées, puisque nous sommes installés durablement dans un système politique dans lequel tous les cinq ans, nous élirons le Président, puis le Parlement, dans une cohérence politique qui appartiendra désormais aux électeurs. Il y existe désormais de très faibles chances qu'un président use du droit de dissolution ou soit amené à quitter ses fonctions en cours de mandat. Je précise qu'il ne s'agit pas d'un changement absolu, car il demeure des circonstances exceptionnelles au cours desquelles ce calendrier pourrait être modifié. Il s'agit pourtant d'une inflexion majeure des institutions de la Ve politique. Je pense qu'elle est indéniablement positive. Il nous appartient désormais d'apporter notre contribution et notre réflexion à l'établissement d'un meilleur équilibre durable entre le gouvernement et le président d'un côté, et le Parlement de l'autre.
La seconde conséquence de cet acte politique majeur est beaucoup plus immédiate. Désormais, le débat que nous occupe n'est pas le débat législatif, mais présidentiel. La campagne qui s'ouvre n'est pas législative, mais présidentielle. Il faut dire les choses clairement. Nous sommes désormais en train de préparer la campagne présidentielle du printemps 2002.
Ce débat est notre débat. Après 7 sept années de confusion politique, dans laquelle la cohabitation a montré tous ses travers, il faut bien que la France sorte de l'ambiguïté. Ce que l'élection législative ne permettait pas de faire, l'élection présidentielle le rendra non seulement possible, mais inévitable, nécessaire. Alors que l'élection législative accroît l'incertitude, l'élection présidentielle, de son côté, aura un pouvoir formidable de clarification politique en France. Il ne faut pas que notre pays se laisse enfermer dans une situation où il n'aura pas d'autres choix possible que les choix du passé, entre ceux qui, à Gauche, comme à Droite, symbolisent les combats politiques de ces trente dernières années. Il ne faut pas que l'élection présidentielle se passe entre la Droite fatiguée et la Gauche ringarde. Il faut autre chose. Voilà le point de départ de notre volonté politique, voilà le point de départ de ce que nous avons fait depuis de long mois, et voilà le point de départ de ce que nous allons faire pendant un an.
Ce débat donc être notre débat. D'autres voulaient nous enfermer dans un choix truqué, alors que nous sommes de plus en plus nombreux à être convaincus que la vérité, l'issue, l'espérance politique ne se trouve pas sur les chemins déjà empruntés, mais sur les routes nouvelles. Nous allons vite constater que le rétablissement du calendrier politique donne un air de jouvence au débat politique français. Nous allons vite voir que ce que l'on attend désormais, ce n'est pas un programme de coalition législative, ce sont des candidats à la présidence de la République, forts d'un projet, d'un caractère, d'un style qui leur sont propres. Voilà ce qu'il ressort clairement des travaux que vous avez conduits aujourd'hui. Tel est message politique de base de l'UDF. Nous avons dû le faire cheminer dans les difficultés des mois passés. Nous avons toutefois fini par le faire triompher.
Les conditions de la victoire
Laissez-moi à présent évoquer devant vous les trois petites conditions dont nous avons besoin pour sortir en vainqueur de cette élection présidentielle.
Nous devons premièrement préserver notre unité. Or elle a parfois pu paraître ébranlée au cours des derniers mois. De même, nous pouvons craindre que l'UDF ne se divise au moment de procéder au choix présidentiel. Je dois dire toutefois que ce que j'ai entendu aujourd'hui a apaisé mes inquiétudes sur ce point. Je ne crois pas qu'il soit possible qu'il y ait plusieurs écuries présidentielles dans l'UDF. Je ne crois pas qu'il soit possible que nous soyons divisés sur le choix du candidat que nous soutiendrons au premier tour. S'il existe un doute sur ce point, il faudra bien qu'il soit levé, il faudra qu'il y ait un vote. Nous devons être capables de marquer notre capacité à changer notre destin, parce que notre capacité à changer le destin national dépend d'abord de notre capacité à préserver notre unité et à l'utiliser comme la base de départ de notre action commune.
Il faut également préserver les capacités du rassemblement politique au second tour des élections présidentielles. Ce message ne vaut pas tant pour nous que pour nos voisins. En effet, si l'on examine l'expérience politique des 20 dernières années, il apparaît que nous n'avons jamais failli à cette règle d'or du rassemblement des forces politiques de l'opposition.
La valeur de base qui crée l'union est le respect des uns et des autres, de la diversité, des êtres humains tels qu'ils sont, des militants politiques, tels qu'ils sont. Si depuis 20 ans, certains ont eu le sentiment que cette question du respect n'avait pas été réglée dans l'opposition, je suggère alors à ceux que ne l'aurait pas respecté de le faire à présent, car c'est le moment.
La troisième condition du succès réside dans le fait que nous devons partir de cette idée de base que les Français se sont profondément détournés de la chose politique et de leurs dirigeants. C'est un fait. C'est à partir de cette désillusion, de ce désenchantement que nous devons bâtir notre démarche. Les causes de cette désillusion, de ce désenchantement, tiennent au fait qu'avec les uns, comme avec les autres, les problèmes ne sont pas résolus. La Gauche et la Droite s'opposent dans leur programme avant les élections, mais se rejoignent dans leur impuissance, lorsqu'ils sont au gouvernement. Voilà pourquoi les urnes se vident, pourquoi les partis sont désertés, pourquoi les citoyens se détournent quant la politique est devant eux à la télévision. Il en est ainsi parce que le discours politique classique ne colle plus avec les réalités françaises.
Laissez-moi vous en donner quelques exemples. La réforme de l'Etat n'aboutit toujours pas. Que s'est-il passé durant ces cinquante dernières années ? Nous-mêmes, nous parlons de décentralisation, mais quant avons-nous fait ? Des Comités des réformes ne cessent d'apparaître et de disparaître, mais quelle action mènent-ils réellement ? Tous les placards de l'administration sont remplis de rapports ou de circulaires signées par tous les Premiers Ministres successifs.
Cela n'empêche pourtant pas les services publics de faire grève, alors même que lorsqu'il s'agit de services publics au contact des citoyens, cela n'est pas acceptable. Personne pourtant ne veut traiter de ces questions. Nous devrons parler de la réforme de l'Etat. Il ne faudra pas toutefois en parler en termes théoriques, juridiques, institutionnels, mais en fonction des besoins des citoyens, consommateurs de cette administration, dont ils commencent à être las.
La sécurité est le second exemple du décalage existant entre le langage politique et la réalité française. Les quartiers difficiles d'aujourd'hui ont été construits voilà 40 ans. De la sécurité comme un sujet majeur, nous parlons depuis une bonne dizaine d'année. Rien de concret n'a pourtant été fait. Nous nous contentons de nous noyer sans fin dans un débat idéologique sur les vertus de la police nationale et sur celles de la police municipale. Nous nous perdons dans un débat politique entre politique de prévention et politique de sanction. Nous discutons interminablement pour savoir s'il est opportun de modifier l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. On nous fait voter des lois sans aucun contenu réel. Pendant ce temps-là, la délinquance continue. N'en doutez pas un seul instant, il est certain que les hommes politiques qui ne prendront pas en considération que la sécurité est devenue l'une des principales préoccupations, si ce n'est la première préoccupation de nos concitoyens, seront balayés par les électeurs dans les dix années qui viennent.
Ce débat-là, ce débat Droite-Gauche, cette impuissance-là, nous n'en voulons pas, nous la rejetons, car elle correspond à l'épuisement de la politique française traditionnelle. Il y a pourtant dans la société française tout ce qu'il faut pour progresser, car si la politique est fatiguée, la France, elle, est moderne, ouverte, apte aux changements. Il y a dans notre société tout ce qu'il faut de conviction, d'énergie, de capacité d'innovation pour avancer. Il ne dépend qu'à la politique de s'y adapter et de les prendre en considération.
Voilà ce que sont les questions qui nous sont posées au début de cette campagne présidentielle. Nous y serons présents, rassemblés autour de François Bayrou. Nous n'aurons toutefois la capacité ou la chance de faire gagner nos idées, que si celles-ci sont capables de révolutionner le débat politique que nous connaissons aujourd'hui.
Je sais que François Bayrou est capable de cela. C'est pour cela que je suis avec lui et c'est pour cela que je suis parmi vous.
Je vous remercie
(Source http://www.udf.org, le 22 mai 2001)
Cette matinée a été pleine de passions, d'intervention très riches, denses, parfois amusantes. En conclusion, je voudrais résumer quelques-unes des impressions que j'ai ressenti devant vous. Cinq mois après le Congrès d'Angers, je crois que nous pouvons regarder avec satisfaction le chemin qui a été accompli. Vous en avez d'ailleurs été les témoins tout au long de cette matinée. Il résulte quelques leçons bien simples de la récente bataille municipale.
1. Le bilan des municipales
Lorsque nous sommes en tête, l'opposition gagne. Je pense que l'ensemble de l'opposition ferait bien de tenir compte de ce fait lors des prochaines élections. Nous avons apporté notre concours à de nombreuses victoires, conduites pourtant par d'autres. Cela ne doit pas être négligé, puisqu'il apparaît que sans la participation de l'UDF, il n'y a pas de victoire de l'opposition possible. L'UDF n'est donc pas la piétaille que l'on peut utiliser à son gré. Il faudra, dans les années qui viennent, écouter ce que nous avons à dire et dans tous les cas, accepter d'en tenir compte.
Le deuxième motif de satisfaction concerne l'état de nos forces, la réalité de notre parti politique. La constitution progressive d'une équipe, le rassemblement progressif de force, l'élaboration progressive sur le terrain, de structures, de fédérations, constitue un fait majeur. Elle a en effet permis de montrer que l'UDF est une force politique en pleine santé, alors que dans le même temps, la France politique ne va pas bien. Notre force politique s'affirme même jour après jour. Je crois que nous avons toutes les raisons d'en être très fiers.
Le dernier élément de ce bilan concerne la bataille que nous avons menée avec succès en faveur du rétablissement du calendrier républicain. Cette affaire a fait l'objet de tous nos débats lors du Congrès d'Angers. Nous avons tous ensemble voté de façon massive et claire. Le calendrier politique français a finalement été changé. Il ne l'aurait pas été sans l'intervention déterminante de l'UDF. Je crois qu'il s'agit là d'un acte politique majeur, qu'il s'agit d'un acte fondateur pour la république de demain. Nous n'avons d'ailleurs pas fini d'en mesurer toutes les conséquences.
2. Les conséquences du rétablissement du calendrier républicain
Je voudrais m'arrêter à présent sur ces conséquences. La première tient au fait que nos institutions sont désormais clarifiées, puisque nous sommes installés durablement dans un système politique dans lequel tous les cinq ans, nous élirons le Président, puis le Parlement, dans une cohérence politique qui appartiendra désormais aux électeurs. Il y existe désormais de très faibles chances qu'un président use du droit de dissolution ou soit amené à quitter ses fonctions en cours de mandat. Je précise qu'il ne s'agit pas d'un changement absolu, car il demeure des circonstances exceptionnelles au cours desquelles ce calendrier pourrait être modifié. Il s'agit pourtant d'une inflexion majeure des institutions de la Ve politique. Je pense qu'elle est indéniablement positive. Il nous appartient désormais d'apporter notre contribution et notre réflexion à l'établissement d'un meilleur équilibre durable entre le gouvernement et le président d'un côté, et le Parlement de l'autre.
La seconde conséquence de cet acte politique majeur est beaucoup plus immédiate. Désormais, le débat que nous occupe n'est pas le débat législatif, mais présidentiel. La campagne qui s'ouvre n'est pas législative, mais présidentielle. Il faut dire les choses clairement. Nous sommes désormais en train de préparer la campagne présidentielle du printemps 2002.
Ce débat est notre débat. Après 7 sept années de confusion politique, dans laquelle la cohabitation a montré tous ses travers, il faut bien que la France sorte de l'ambiguïté. Ce que l'élection législative ne permettait pas de faire, l'élection présidentielle le rendra non seulement possible, mais inévitable, nécessaire. Alors que l'élection législative accroît l'incertitude, l'élection présidentielle, de son côté, aura un pouvoir formidable de clarification politique en France. Il ne faut pas que notre pays se laisse enfermer dans une situation où il n'aura pas d'autres choix possible que les choix du passé, entre ceux qui, à Gauche, comme à Droite, symbolisent les combats politiques de ces trente dernières années. Il ne faut pas que l'élection présidentielle se passe entre la Droite fatiguée et la Gauche ringarde. Il faut autre chose. Voilà le point de départ de notre volonté politique, voilà le point de départ de ce que nous avons fait depuis de long mois, et voilà le point de départ de ce que nous allons faire pendant un an.
Ce débat donc être notre débat. D'autres voulaient nous enfermer dans un choix truqué, alors que nous sommes de plus en plus nombreux à être convaincus que la vérité, l'issue, l'espérance politique ne se trouve pas sur les chemins déjà empruntés, mais sur les routes nouvelles. Nous allons vite constater que le rétablissement du calendrier politique donne un air de jouvence au débat politique français. Nous allons vite voir que ce que l'on attend désormais, ce n'est pas un programme de coalition législative, ce sont des candidats à la présidence de la République, forts d'un projet, d'un caractère, d'un style qui leur sont propres. Voilà ce qu'il ressort clairement des travaux que vous avez conduits aujourd'hui. Tel est message politique de base de l'UDF. Nous avons dû le faire cheminer dans les difficultés des mois passés. Nous avons toutefois fini par le faire triompher.
Les conditions de la victoire
Laissez-moi à présent évoquer devant vous les trois petites conditions dont nous avons besoin pour sortir en vainqueur de cette élection présidentielle.
Nous devons premièrement préserver notre unité. Or elle a parfois pu paraître ébranlée au cours des derniers mois. De même, nous pouvons craindre que l'UDF ne se divise au moment de procéder au choix présidentiel. Je dois dire toutefois que ce que j'ai entendu aujourd'hui a apaisé mes inquiétudes sur ce point. Je ne crois pas qu'il soit possible qu'il y ait plusieurs écuries présidentielles dans l'UDF. Je ne crois pas qu'il soit possible que nous soyons divisés sur le choix du candidat que nous soutiendrons au premier tour. S'il existe un doute sur ce point, il faudra bien qu'il soit levé, il faudra qu'il y ait un vote. Nous devons être capables de marquer notre capacité à changer notre destin, parce que notre capacité à changer le destin national dépend d'abord de notre capacité à préserver notre unité et à l'utiliser comme la base de départ de notre action commune.
Il faut également préserver les capacités du rassemblement politique au second tour des élections présidentielles. Ce message ne vaut pas tant pour nous que pour nos voisins. En effet, si l'on examine l'expérience politique des 20 dernières années, il apparaît que nous n'avons jamais failli à cette règle d'or du rassemblement des forces politiques de l'opposition.
La valeur de base qui crée l'union est le respect des uns et des autres, de la diversité, des êtres humains tels qu'ils sont, des militants politiques, tels qu'ils sont. Si depuis 20 ans, certains ont eu le sentiment que cette question du respect n'avait pas été réglée dans l'opposition, je suggère alors à ceux que ne l'aurait pas respecté de le faire à présent, car c'est le moment.
La troisième condition du succès réside dans le fait que nous devons partir de cette idée de base que les Français se sont profondément détournés de la chose politique et de leurs dirigeants. C'est un fait. C'est à partir de cette désillusion, de ce désenchantement que nous devons bâtir notre démarche. Les causes de cette désillusion, de ce désenchantement, tiennent au fait qu'avec les uns, comme avec les autres, les problèmes ne sont pas résolus. La Gauche et la Droite s'opposent dans leur programme avant les élections, mais se rejoignent dans leur impuissance, lorsqu'ils sont au gouvernement. Voilà pourquoi les urnes se vident, pourquoi les partis sont désertés, pourquoi les citoyens se détournent quant la politique est devant eux à la télévision. Il en est ainsi parce que le discours politique classique ne colle plus avec les réalités françaises.
Laissez-moi vous en donner quelques exemples. La réforme de l'Etat n'aboutit toujours pas. Que s'est-il passé durant ces cinquante dernières années ? Nous-mêmes, nous parlons de décentralisation, mais quant avons-nous fait ? Des Comités des réformes ne cessent d'apparaître et de disparaître, mais quelle action mènent-ils réellement ? Tous les placards de l'administration sont remplis de rapports ou de circulaires signées par tous les Premiers Ministres successifs.
Cela n'empêche pourtant pas les services publics de faire grève, alors même que lorsqu'il s'agit de services publics au contact des citoyens, cela n'est pas acceptable. Personne pourtant ne veut traiter de ces questions. Nous devrons parler de la réforme de l'Etat. Il ne faudra pas toutefois en parler en termes théoriques, juridiques, institutionnels, mais en fonction des besoins des citoyens, consommateurs de cette administration, dont ils commencent à être las.
La sécurité est le second exemple du décalage existant entre le langage politique et la réalité française. Les quartiers difficiles d'aujourd'hui ont été construits voilà 40 ans. De la sécurité comme un sujet majeur, nous parlons depuis une bonne dizaine d'année. Rien de concret n'a pourtant été fait. Nous nous contentons de nous noyer sans fin dans un débat idéologique sur les vertus de la police nationale et sur celles de la police municipale. Nous nous perdons dans un débat politique entre politique de prévention et politique de sanction. Nous discutons interminablement pour savoir s'il est opportun de modifier l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs. On nous fait voter des lois sans aucun contenu réel. Pendant ce temps-là, la délinquance continue. N'en doutez pas un seul instant, il est certain que les hommes politiques qui ne prendront pas en considération que la sécurité est devenue l'une des principales préoccupations, si ce n'est la première préoccupation de nos concitoyens, seront balayés par les électeurs dans les dix années qui viennent.
Ce débat-là, ce débat Droite-Gauche, cette impuissance-là, nous n'en voulons pas, nous la rejetons, car elle correspond à l'épuisement de la politique française traditionnelle. Il y a pourtant dans la société française tout ce qu'il faut pour progresser, car si la politique est fatiguée, la France, elle, est moderne, ouverte, apte aux changements. Il y a dans notre société tout ce qu'il faut de conviction, d'énergie, de capacité d'innovation pour avancer. Il ne dépend qu'à la politique de s'y adapter et de les prendre en considération.
Voilà ce que sont les questions qui nous sont posées au début de cette campagne présidentielle. Nous y serons présents, rassemblés autour de François Bayrou. Nous n'aurons toutefois la capacité ou la chance de faire gagner nos idées, que si celles-ci sont capables de révolutionner le débat politique que nous connaissons aujourd'hui.
Je sais que François Bayrou est capable de cela. C'est pour cela que je suis avec lui et c'est pour cela que je suis parmi vous.
Je vous remercie
(Source http://www.udf.org, le 22 mai 2001)