Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur l'élection de Jerzy Buzek à la présidence du Parlement européen et le rôle et le renforcement des compétences de ce Parlement résultant du Traité de Lisbonne, Paris le 2 février 2010.

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Circonstance : Dîner en l'honneur du président du Parlement européen, Jerzy Buzek à Paris le 2 février 2010

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire d'Etat,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est une joie et un grand honneur de recevoir pour la première fois au Palais des Affaires étrangères M. Jerzy Buzek. Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, soyez le bienvenu.
Je voudrais ce soir porter un toast à votre élection, symbolique autant que remarquable ; à l'élection d'un homme dont le parcours personnel force le respect et l'admiration.
En vous, le Parlement européen a reconnu un représentant de la génération des grands résistants européens à la dictature et au totalitarisme. C'est là un beau symbole et la reconnaissance unanime de votre combat courageux pour la démocratisation de votre pays, au sein de Solidarnosc, dont vous avez été l'un des principaux responsables. Je veux vous dire ma satisfaction qu'un militant de la liberté tel que vous ait été élu pour présider l'institution représentant les peuples d'Europe.
En vous le Parlement a reconnu aussi, bien sûr, le grand Européen, vous qui avez joué un rôle majeur dans la réunification de notre continent en lançant dès votre entrée en fonctions au poste de Premier ministre, en 1997, les négociations d'adhésion de votre pays. Et vous n'avez, depuis, cessé d'oeuvrer à l'intégration européenne, en tant que député, élu au Parlement européen dès 2004, avec, soulignons-le, le plus grand nombre de voix en Pologne ! Votre engagement est unanimement reconnu : vous avez été consacré à plusieurs reprises "meilleur député européen".
Enfin, votre élection témoigne de la place et de l'influence de la Pologne, dépositaire d'une part essentielle de la culture et des valeurs européennes. Au-delà, elle consacre le succès du grand élargissement de 2004 et de l'intégration européenne.
Le Parlement, que vous présidez, est aujourd'hui un acteur central du projet européen. Certains ont pu tarder à le comprendre : on l'a dit parfois de la France, mais la collaboration que nous avons su nouer avec l'Assemblée de Strasbourg, avant et - plus encore - pendant la Présidence française du Conseil a été exemplaire. Soyez assuré que cet investissement se poursuivra et continuera à se renforcer.
Je tiens à remercier ici tout particulièrement le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes pour son excellent travail et à saluer les très nombreux députés présents ce soir, témoins et acteurs de cette collaboration.
Nous en faisons tous le constat : l'Europe souffre d'une crise de confiance, voire d'une désaffection de la part des quelque 500 millions de citoyens européens, qui n'investissent pas suffisamment ses institutions, ses projets, souvent perçus comme trop "technocratiques" et éloignés de leurs préoccupations.
J'ai, vous le savez, moi-même été député européen. Je suis donc profondément convaincu que la légitimité et la pleine adhésion des citoyens à l'Europe - l'avenir de l'Europe -, passent aussi par le Parlement européen. Seule institution européenne issue du suffrage universel direct, elle doit devenir pleinement, aux yeux de nos concitoyens, cet espace démocratique de discussion, de délibération et de décision des politiques européennes dont nous ressentons tous le besoin.
Le Traité de Lisbonne confirme et amplifie le renforcement continu de des compétences de votre institution depuis sa première élection au suffrage universel, en 1979. Le Parlement est sans aucun doute un acteur central du triangle institutionnel bruxellois.
Cela suffira-t-il ? Le Parlement européen doit peut-être mieux organiser et mieux faire connaître son travail, ses débats et les lois européennes qu'il adopte chaque jour afin que les peuples européens les comprennent et y adhèrent ! Cela doit être une priorité.
Car c'est bien par et à travers l'Europe que, de plus en plus, chacun de nos pays rayonnera dans le monde. C'est aussi au travers de l'Europe que nous parviendront à élaborer les réponses communes aux grands défis mondiaux : la lutte contre le réchauffement climatique ; la sortie de crise, la régulation économique et financière, la refondation de la gouvernance mondiale...
Sur tous ces sujets, la contribution des politiques communes et européennes est et restera majeure. Et c'est à travers l'Europe que nous pourrons défendre et porter nos valeurs et nos propositions sur la scène internationale.
Monsieur le Président,
Je ne puis achever mon propos sans vous dire l'attachement profond et ancien que je porte à votre grand pays, que je connais bien. Au-delà de mes liens personnels, nous le savons, les relations entre la France et la Pologne sont ancrées dans une amitié séculaire, qui a traversé des périodes tantôt heureuses, tantôt tragiques, mais qui s'est toujours imposée.
La signature d'un partenariat stratégique entre nos deux pays, le 22 mai 2008, est venue donner une nouvelle impulsion à cette amitié. J'y suis personnellement très attaché.
Je porterai donc ce soir un toast au Parlement européen, mais aussi à l'amitié franco-polonaise, en vous adressant tous mes voeux de réussite dans l'exercice de vos nouvelles fonctions.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2010