Entretien de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, dans "France soir" du 19 février 2010, sur la proposition de loi algérienne sur le colonialisme français.

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Média : France soir

Texte intégral

Q - Comment jugez-vous l'initiative des députés algériens s'en prenant violemment à la France coloniale ?
R - Cette proposition de loi est inquiétante et ses termes à maints égards outranciers. Elle nous pousse plus que jamais à mettre en place la Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie, des combats du Maroc et de Tunisie prévue par une loi votée en 2005. Sa création s'impose car cette période a un besoin de vérité. Son rôle n'est pas, bien sûr, de réécrire ou d'écrire l'histoire. Il s'agit de créer un lieu de débats, de dialogues, où toutes les mémoires pourront s'exprimer : celle des militaires français, des appelés, des pieds noirs, des harkis, des rapatriés, mais aussi des proches du FLN ou des sympathisants de l'OAS.
Q - En 2005, justement, la création de la fondation avait été empêchée par une autre initiative parlementaire, française, louant les "aspects positifs de la colonisation". Les députés algériens n'ont donc pas le monopole des polémiques. Appartiendra-t-il à cette fondation d'exprimer une opinion sur cette période ?
R - Assurément, cela entrera dans son rôle. La fondation pourra émettre un avis sur la colonisation et le gouvernent français en tiendra compte. Ses travaux seront ouverts à tous et à tous les documents dans une stricte indépendance. Il ne s'agit pas d'une institution politique.
Q - Vous comptez faire s'asseoir à la même table FLN et OAS, bon courage !
R - Si l'on commence à redouter quoi que ce soit, on ne fait rien et on reste dans l'ombre. Regardez comment la France de de Gaulle et l'Allemagne d'Adenauer ont amorcé la réconciliation ! L'histoire de notre pays doit être appréhendée sans tabou ni ornière. Il en va de notre intérêt. Un pays sans mémoire est un pays sans identité. Et l'identité nationale dont on parle tant s'est bâtie sur des mémoires diverses.
Q - Concrètement, quand cette fondation verra-t-elle le jour et de quels moyens sera-t-elle dotée ?
R - La fondation sera officiellement installée en juin. Elle sera présidée par Claude Bébéar. Un comité scientifique conduira les travaux sous l'égide de trois grandes associations, les Gueules cassées, la Fédération André Maginot et le Souvenir français. Dotée d'un budget de 7 millions d'euros, elle sera installée aux frais de l'Etat dans un lieu neutre et symbolique, les Invalides.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 février 2010