Texte intégral
J.-P. Elkabbach.-ans 90 minutes s'ouvre un nouvel Elysée social avec les syndicats et le Medef. Retraites, retraites, retraites partout. Est-ce que vous allez consacrer toute la matinée à la réforme des retraites ?
Non. La réforme des retraites c'est évidemment un des sujets très importants du sommet social qui aura lieu tout à l'heure à l'Elysée, mais ça n'est pas le seul sujet.
Et alors ?
Et notre politique sociale ne peut pas se résumer à la réforme des retraites. En 2010 comme en 2009, la priorité reste l'emploi.
Oui, et comment vous trouvez l'emploi, qui est justement recherché par tant de Français aujourd'hui ? Que faites-vous pour lutter en faveur de la création d'emplois ?
Il y a deux volets qui sont fondamentaux pour nous. D'abord, c'est soutenir la politique industrielle, il n'y aura pas de redémarrage de l'emploi sans soutien aux industries et notamment aux PME.
Mais il n'y a pas de politique industrielle, comment va-t-on la soutenir ?
C'est un des sujets qui sont sur la table dans le prolongement des états généraux de l'industrie. Comment orienter des financements, comme soutenir des filières ? Ce sont tous les thèmes qui ont été portés par C. Estrosi.
On le fait tout seuls ou avec l'Europe ?
Non, sur une partie ça peut d'ailleurs être des soutiens et des logiques de filières européennes. Le deuxième sujet, c'est nos outils de la politique de l'emploi, et là on a des résultats quand même. On nous avait prédit sur 2009, 700.000 destructions d'emplois, on a réussi à amortir le choc, un des meilleurs pays européens de ce point de vue, en limitant à un peu plus de 400.000 le nombre de destructions d'emplois. On a des outils qui ont bien marché. Sur le chômage des jeunes, depuis juin, le chômage des jeunes recule ; sur l'apprentissage, on a réussi à redresser la barre. Donc, il y a des choses qui marchent. Le but c'est vraiment, lors de cette réunion, de faire une fabrique du social avec les partenaires sociaux.
Et en même temps, il est souvent de remettre en cause les plans de relance, et surtout ce que vous appelez vous, "les outils", ou "les armes" ou "les astuces" de votre politique d'emploi. Est-ce que vous allez les arrêter ? Si ça marche, c'est parce que ça existe. Est-ce que vous les stoppez ?
Non, je le dis clairement, on ne désarmera pas en 2010 la politique de l'emploi. On a besoin de nos outils, on n'est pas sorti de la crise, on commence à avoir des signaux d'espoir. Par exemple, on voit les offres d'emplois qui sont mises sur la table par les employeurs se redresser. Donc, ça montre que c'est possible, on n'est pas sorti du tunnel mais on commence à voir la lumière. Il ne faut pas lâcher.
Dans cet Elysée social tout à l'heure, allez-vous donner un espoir aux demandeurs d'emploi ou aux chômeurs en fin de droits ? Est-ce que, par exemple, puisqu'on en parle, le Gouvernement va continuer à les indemniser ?
Le sujet sur les demandeurs d'emploi en fin de droits, évidemment, c'est même le deuxième sujet majeur avec celui des retraites. C'est un sujet sur lequel il faut faire attention parce que souvent on a glissé de l'imprécision aux contrevérités. On a dit : il y a tout à coup, 1 million de plus de...
Alors il y en a combien, si vous le savez ?
D'abord, il y a une partie que l'Etat aide déjà ; avec le RSA et l'ASS, il y a déjà 500.000 personnes auxquelles l'Etat apporte, avec la solidarité nationale, une aide. Il y a aussi ceux qui soit travaillent, à temps partiel, soit qui vont retrouver un emploi rapidement, et ça on sait que ça peut concerner à peu près plus de 100.000 personnes. Et puis, il y a les autres, qui sont à mon avis ceux sur lesquels on doit se concentrer, qui sont les chômeurs de longue durée... Comme cette jeune femme qu'on entendait tout à l'heure dans un reportage d'Europe 1 Exactement, et qui sont, eux, les cas les plus durs. Parce que, là, ce sont des personnes qui sont depuis longtemps...
Ils sont combien ?
...et on estime à 200.000 personnes le nombre de personnes qui sont touchées dans cette crise. Et donc, c'est là-dessus à mon sens qu'il faut que l'on concentre nos efforts.
D'accord, "il faut" mais qu'est-ce que vous allez faire ?
Il y a deux voies que vous avez d'ailleurs évoquées. La première c'est celle de la logique d'indemnisation ; ma conviction c'est qu'il faut qu'on aie plus d'imagination qu'uniquement les réponses d'assistanat. La priorité c'est comment les remettre sur la direction de l'emploi, c'est la seule vraie réponse durable, et c'est sur ces solutions, mais je ne peux pas non plus évoquer les solutions sur lesquelles on travaille avec les partenaires sociaux...
Vous voulez nous dire que vous aurez de l'imagination. Mais faites attention parce que, un appel au travail...
Pas seulement de l'imagination...
...quand il n'y a plus d'emploi, c'est presque comique.
Le but c'est surtout qu'on soit concret, et c'est qu'on soit concret sur les réponses à apporter. Il y a des aides, il y a des dispositifs, comment est-ce qu'on les utilise pour aller en direction des demandeurs d'emploi en fin de droits ? C'est tout l'objet aussi du sommet social tout à l'heure.
Les retraites. A 13 heures, nous aurons au moins le calendrier proposé par la réforme des retraites. Face aux résistances de toutes natures, apparemment, il y a deux scénarios : la concertation commence cette année, puis elle finit à la Saint-Glinglin, en 2012- 2013.C'est ça ?
Non, le but sur les retraites, le Président l'a clairement dit : un, on ne passe pas à la hussarde ; mais deux, on ne veut pas non plus différer la réforme des retraites, à tel point que l'on n'assumerait pas ce dossier.
Donc, deuxième scénario, même si on ne passe pas en force, c'est malgré tout le passage au canon, si vous vous arrêtez et vous faites la réforme d'ici à l'été ?
Non, le seul objectif - et c'est d'ailleurs "le" point de travail avec les partenaires sociaux - c'est une méthode de concertation et un calendrier. Certains partenaires sociaux sont favorables à ce qu'on aille très vite, d'autres disent il faut qu'on prenne le temps.
Et vous, le Gouvernement ?
Le but c'est d'arrêter avec les partenaires sociaux pour la suite. Mais je le dis bien, pour le Président, ni passage à la hussarde, mais pas non plus volonté de différer. C'est un sujet qu'on n'a pas le droit de passer à la génération suivante.
Ca se termine cette année, 2010 ?
Ca veut dire que en tout état de cause, la réforme des retraites sera faite cette année, 2010, ça c'est un point majeur et qui est très clair.
Et ça veut dire aussi début, si j'ai bien compris, après le rapport du COR - Conseil d'Orientation des Retraites -, à la mi-avril, c'est-à-dire aussi après les régionales. Qui va donner le top départ ?
Là-dessus c'est...enfin... je ne peux pas donner d'éléments maintenant. Le but c'est vraiment qu'on l'arrête avec les partenaires sociaux. Mais ce qu'il y a de clair c'est que sur une telle réforme, on commence d'abord par un travail d'expertise, c'est notamment le travail du COR.
Encore d'expertise ! Mais il y en a suffisamment, je veux dire...
Non, pas tout à fait. Sur un sujet...
Mais qui va dire : à partir de maintenant, la réforme est lancée, la concertation commence ?
La concertation sera pilotée évidemment par X. Darcos, qui a en charge le dossier des retraites. Maintenant, le but de la réunion d'aujourd'hui, c'est d'arrêter la méthode de concertation et le calendrier. Et si vous me permettez un point important, c'est la première fois qu'on a un président de la République qui a une telle attention au dialogue social. Un sommet comme celui-ci, en deux ans, il en a fait à peu près une vingtaine. Il a des prédécesseurs qui ont passé sept ans sans qu'il n'y ait la moindre rencontre à l'Elysée avec les partenaires sociaux.
Vous êtes en train de nous dire qu'il prend des risques et que s'il y a un échec, il incombera au président de la République ?
Je suis en train de vous dire qu'en matière sociale, l'écoute n'est jamais un risque. Le Président a sorti le dialogue social de l'âge de glace. Le dialogue social à la française, ce n'était pas de dialogue social du tout. Juste, ne serait-ce que d'y penser il y a dix ans, M. Aubry fait la réforme des 35 heures sans quasiment aucune concertation avec les partenaires sociaux. Le chemin qu'on a parcouru en dix ans est énorme.
Dites-nous la vérité : est-ce que votre projet est déjà tout bouclé...
Ca, pour un politique c'est toujours très risqué...
Mais essayez de faire un effort. Votre projet est tout bouclé, ficelé, du genre "c'est à prendre ou à laisser" ?
Non, et là, je le dis...
On fait semblant de parler, on laisse parler, on fait semblant d'écouter mais tout est déjà prêt ?
Non, et ça je le dis clairement : la réforme des retraites n'est évidemment pas bouclée, on commence par étape. Aujourd'hui, on arrête la concertation et le calendrier et ensuite on aura le travail conjoint avec les partenaires sociaux. Pas de réforme bouclée à l'avance.
Vous avez quelques certitudes ou convictions...
Oui.
Par exemple, X. Darcos a récemment déclaré que la fin de la retraite à 60 ans serait pour bientôt. S'est-il trompé ?
Non, il y a deux certitudes qui sont fondamentales : la première, c'est qu'on doit assurer la pérennité du financement du régime des retraites par répartition. Ca, c'est un sujet qui est essentiel. Et le deuxième, c'est qu'on ne le fera pas en baissant le niveau de retraite actuel.
Mme Parisot vient de dire : "Il faudrait taxer les profits pour financer les retraites".
Ca montre bien que toutes les pistes sont sur la table. Pas de sujet fermé, vous en apportez vous-même la démonstration.
M.-O. Fogiel : Elle dit que c'est une illusion...
C'est une illusion. J'ai lu, là, effectivement... Il n'est pas loin L. Wauquiez de penser que c'est aussi une illusion. Est-ce que vous associerez, sous une forme ou une autre, et s'ils le veulent, les partis politiques ?
Le but est vraiment que cette réforme soit avec une concertation la plus large possible. Mais il faut aussi que les partis politiques fassent un peu de travail. Si je reprends par exemple le PS sur les retraites...
Ca y est ! Voilà les régionales...
...la semaine dernière, mercredi, Hollande dit : "62 ans" ; Moscovici, ce dimanche dit "60 ans"', et M. Aubry, empêtrée dans ses contradictions ne dit plus rien. Et je ne parle même pas du mal-être actuel des socialistes par rapport aux propositions de Besancenot qui fait de la surenchère. Donc, juste sur ce sujet : un peu de courage politique, moins de démagogie.
Non, mais vous ne m'avez pas répondu. Ils seront associés s'ils le veulent ?
Concertation la plus large possible.
Dernière remarque, vous avez vu que les syndicats sont toutes griffes dehors, ils proposent déjà une journée de mobilisation et d'action, et ils entretiennent la pression alors que le sommet n'a pas commencé ? Mais vous voyez ce qui vous attend !
Je vois ce qui nous attend, mais ce n'est pas une surprise. Ce qui est clair c'est que cette journée de mobilisation n'est pas liée au sommet social. Les syndicats l'ont annoncée avant, ce n'est pas illégitime de leur part, il est normal qu'ils tiennent le terrain, ça n'est pas lié à la journée d'aujourd'hui.
Chacun fait son spectacle, quoi !
Non, chacun fait son travail, ce qui n'est pas la même chose !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 mars 2010
Non. La réforme des retraites c'est évidemment un des sujets très importants du sommet social qui aura lieu tout à l'heure à l'Elysée, mais ça n'est pas le seul sujet.
Et alors ?
Et notre politique sociale ne peut pas se résumer à la réforme des retraites. En 2010 comme en 2009, la priorité reste l'emploi.
Oui, et comment vous trouvez l'emploi, qui est justement recherché par tant de Français aujourd'hui ? Que faites-vous pour lutter en faveur de la création d'emplois ?
Il y a deux volets qui sont fondamentaux pour nous. D'abord, c'est soutenir la politique industrielle, il n'y aura pas de redémarrage de l'emploi sans soutien aux industries et notamment aux PME.
Mais il n'y a pas de politique industrielle, comment va-t-on la soutenir ?
C'est un des sujets qui sont sur la table dans le prolongement des états généraux de l'industrie. Comment orienter des financements, comme soutenir des filières ? Ce sont tous les thèmes qui ont été portés par C. Estrosi.
On le fait tout seuls ou avec l'Europe ?
Non, sur une partie ça peut d'ailleurs être des soutiens et des logiques de filières européennes. Le deuxième sujet, c'est nos outils de la politique de l'emploi, et là on a des résultats quand même. On nous avait prédit sur 2009, 700.000 destructions d'emplois, on a réussi à amortir le choc, un des meilleurs pays européens de ce point de vue, en limitant à un peu plus de 400.000 le nombre de destructions d'emplois. On a des outils qui ont bien marché. Sur le chômage des jeunes, depuis juin, le chômage des jeunes recule ; sur l'apprentissage, on a réussi à redresser la barre. Donc, il y a des choses qui marchent. Le but c'est vraiment, lors de cette réunion, de faire une fabrique du social avec les partenaires sociaux.
Et en même temps, il est souvent de remettre en cause les plans de relance, et surtout ce que vous appelez vous, "les outils", ou "les armes" ou "les astuces" de votre politique d'emploi. Est-ce que vous allez les arrêter ? Si ça marche, c'est parce que ça existe. Est-ce que vous les stoppez ?
Non, je le dis clairement, on ne désarmera pas en 2010 la politique de l'emploi. On a besoin de nos outils, on n'est pas sorti de la crise, on commence à avoir des signaux d'espoir. Par exemple, on voit les offres d'emplois qui sont mises sur la table par les employeurs se redresser. Donc, ça montre que c'est possible, on n'est pas sorti du tunnel mais on commence à voir la lumière. Il ne faut pas lâcher.
Dans cet Elysée social tout à l'heure, allez-vous donner un espoir aux demandeurs d'emploi ou aux chômeurs en fin de droits ? Est-ce que, par exemple, puisqu'on en parle, le Gouvernement va continuer à les indemniser ?
Le sujet sur les demandeurs d'emploi en fin de droits, évidemment, c'est même le deuxième sujet majeur avec celui des retraites. C'est un sujet sur lequel il faut faire attention parce que souvent on a glissé de l'imprécision aux contrevérités. On a dit : il y a tout à coup, 1 million de plus de...
Alors il y en a combien, si vous le savez ?
D'abord, il y a une partie que l'Etat aide déjà ; avec le RSA et l'ASS, il y a déjà 500.000 personnes auxquelles l'Etat apporte, avec la solidarité nationale, une aide. Il y a aussi ceux qui soit travaillent, à temps partiel, soit qui vont retrouver un emploi rapidement, et ça on sait que ça peut concerner à peu près plus de 100.000 personnes. Et puis, il y a les autres, qui sont à mon avis ceux sur lesquels on doit se concentrer, qui sont les chômeurs de longue durée... Comme cette jeune femme qu'on entendait tout à l'heure dans un reportage d'Europe 1 Exactement, et qui sont, eux, les cas les plus durs. Parce que, là, ce sont des personnes qui sont depuis longtemps...
Ils sont combien ?
...et on estime à 200.000 personnes le nombre de personnes qui sont touchées dans cette crise. Et donc, c'est là-dessus à mon sens qu'il faut que l'on concentre nos efforts.
D'accord, "il faut" mais qu'est-ce que vous allez faire ?
Il y a deux voies que vous avez d'ailleurs évoquées. La première c'est celle de la logique d'indemnisation ; ma conviction c'est qu'il faut qu'on aie plus d'imagination qu'uniquement les réponses d'assistanat. La priorité c'est comment les remettre sur la direction de l'emploi, c'est la seule vraie réponse durable, et c'est sur ces solutions, mais je ne peux pas non plus évoquer les solutions sur lesquelles on travaille avec les partenaires sociaux...
Vous voulez nous dire que vous aurez de l'imagination. Mais faites attention parce que, un appel au travail...
Pas seulement de l'imagination...
...quand il n'y a plus d'emploi, c'est presque comique.
Le but c'est surtout qu'on soit concret, et c'est qu'on soit concret sur les réponses à apporter. Il y a des aides, il y a des dispositifs, comment est-ce qu'on les utilise pour aller en direction des demandeurs d'emploi en fin de droits ? C'est tout l'objet aussi du sommet social tout à l'heure.
Les retraites. A 13 heures, nous aurons au moins le calendrier proposé par la réforme des retraites. Face aux résistances de toutes natures, apparemment, il y a deux scénarios : la concertation commence cette année, puis elle finit à la Saint-Glinglin, en 2012- 2013.C'est ça ?
Non, le but sur les retraites, le Président l'a clairement dit : un, on ne passe pas à la hussarde ; mais deux, on ne veut pas non plus différer la réforme des retraites, à tel point que l'on n'assumerait pas ce dossier.
Donc, deuxième scénario, même si on ne passe pas en force, c'est malgré tout le passage au canon, si vous vous arrêtez et vous faites la réforme d'ici à l'été ?
Non, le seul objectif - et c'est d'ailleurs "le" point de travail avec les partenaires sociaux - c'est une méthode de concertation et un calendrier. Certains partenaires sociaux sont favorables à ce qu'on aille très vite, d'autres disent il faut qu'on prenne le temps.
Et vous, le Gouvernement ?
Le but c'est d'arrêter avec les partenaires sociaux pour la suite. Mais je le dis bien, pour le Président, ni passage à la hussarde, mais pas non plus volonté de différer. C'est un sujet qu'on n'a pas le droit de passer à la génération suivante.
Ca se termine cette année, 2010 ?
Ca veut dire que en tout état de cause, la réforme des retraites sera faite cette année, 2010, ça c'est un point majeur et qui est très clair.
Et ça veut dire aussi début, si j'ai bien compris, après le rapport du COR - Conseil d'Orientation des Retraites -, à la mi-avril, c'est-à-dire aussi après les régionales. Qui va donner le top départ ?
Là-dessus c'est...enfin... je ne peux pas donner d'éléments maintenant. Le but c'est vraiment qu'on l'arrête avec les partenaires sociaux. Mais ce qu'il y a de clair c'est que sur une telle réforme, on commence d'abord par un travail d'expertise, c'est notamment le travail du COR.
Encore d'expertise ! Mais il y en a suffisamment, je veux dire...
Non, pas tout à fait. Sur un sujet...
Mais qui va dire : à partir de maintenant, la réforme est lancée, la concertation commence ?
La concertation sera pilotée évidemment par X. Darcos, qui a en charge le dossier des retraites. Maintenant, le but de la réunion d'aujourd'hui, c'est d'arrêter la méthode de concertation et le calendrier. Et si vous me permettez un point important, c'est la première fois qu'on a un président de la République qui a une telle attention au dialogue social. Un sommet comme celui-ci, en deux ans, il en a fait à peu près une vingtaine. Il a des prédécesseurs qui ont passé sept ans sans qu'il n'y ait la moindre rencontre à l'Elysée avec les partenaires sociaux.
Vous êtes en train de nous dire qu'il prend des risques et que s'il y a un échec, il incombera au président de la République ?
Je suis en train de vous dire qu'en matière sociale, l'écoute n'est jamais un risque. Le Président a sorti le dialogue social de l'âge de glace. Le dialogue social à la française, ce n'était pas de dialogue social du tout. Juste, ne serait-ce que d'y penser il y a dix ans, M. Aubry fait la réforme des 35 heures sans quasiment aucune concertation avec les partenaires sociaux. Le chemin qu'on a parcouru en dix ans est énorme.
Dites-nous la vérité : est-ce que votre projet est déjà tout bouclé...
Ca, pour un politique c'est toujours très risqué...
Mais essayez de faire un effort. Votre projet est tout bouclé, ficelé, du genre "c'est à prendre ou à laisser" ?
Non, et là, je le dis...
On fait semblant de parler, on laisse parler, on fait semblant d'écouter mais tout est déjà prêt ?
Non, et ça je le dis clairement : la réforme des retraites n'est évidemment pas bouclée, on commence par étape. Aujourd'hui, on arrête la concertation et le calendrier et ensuite on aura le travail conjoint avec les partenaires sociaux. Pas de réforme bouclée à l'avance.
Vous avez quelques certitudes ou convictions...
Oui.
Par exemple, X. Darcos a récemment déclaré que la fin de la retraite à 60 ans serait pour bientôt. S'est-il trompé ?
Non, il y a deux certitudes qui sont fondamentales : la première, c'est qu'on doit assurer la pérennité du financement du régime des retraites par répartition. Ca, c'est un sujet qui est essentiel. Et le deuxième, c'est qu'on ne le fera pas en baissant le niveau de retraite actuel.
Mme Parisot vient de dire : "Il faudrait taxer les profits pour financer les retraites".
Ca montre bien que toutes les pistes sont sur la table. Pas de sujet fermé, vous en apportez vous-même la démonstration.
M.-O. Fogiel : Elle dit que c'est une illusion...
C'est une illusion. J'ai lu, là, effectivement... Il n'est pas loin L. Wauquiez de penser que c'est aussi une illusion. Est-ce que vous associerez, sous une forme ou une autre, et s'ils le veulent, les partis politiques ?
Le but est vraiment que cette réforme soit avec une concertation la plus large possible. Mais il faut aussi que les partis politiques fassent un peu de travail. Si je reprends par exemple le PS sur les retraites...
Ca y est ! Voilà les régionales...
...la semaine dernière, mercredi, Hollande dit : "62 ans" ; Moscovici, ce dimanche dit "60 ans"', et M. Aubry, empêtrée dans ses contradictions ne dit plus rien. Et je ne parle même pas du mal-être actuel des socialistes par rapport aux propositions de Besancenot qui fait de la surenchère. Donc, juste sur ce sujet : un peu de courage politique, moins de démagogie.
Non, mais vous ne m'avez pas répondu. Ils seront associés s'ils le veulent ?
Concertation la plus large possible.
Dernière remarque, vous avez vu que les syndicats sont toutes griffes dehors, ils proposent déjà une journée de mobilisation et d'action, et ils entretiennent la pression alors que le sommet n'a pas commencé ? Mais vous voyez ce qui vous attend !
Je vois ce qui nous attend, mais ce n'est pas une surprise. Ce qui est clair c'est que cette journée de mobilisation n'est pas liée au sommet social. Les syndicats l'ont annoncée avant, ce n'est pas illégitime de leur part, il est normal qu'ils tiennent le terrain, ça n'est pas lié à la journée d'aujourd'hui.
Chacun fait son spectacle, quoi !
Non, chacun fait son travail, ce qui n'est pas la même chose !
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 mars 2010