Texte intégral
L. Bazin.- B. Apparu, bonjour. Vous êtes secrétaire d'Etat au Logement et tête de liste UMP dans la Marne. Vous dites que vous adorez faire campagne - on a lu ça la semaine dernière -, vous dites que c'est votre côté chiraquien. Vous n'êtes plus sarkozyste ?
Historiquement dans ma filiation traditionnelle je dirais, mon histoire politique, je suis effectivement ce qu'on va appeler un juppéo-chiraquien. Je travaille aujourd'hui avec grand plaisir et grande fidélité avec N. Sarkozy. Les deux ne sont pas incompatibles.
On se proclame chiraquien maintenant ?
Je ne me proclame pas chiraquien. Mon histoire c'est effectivement d'être plutôt un proche d'A. Juppé. Je le reste et je ne vais pas renier cette histoire.
Jusqu'où peut-on aller pour gagner ? Jusqu'où peut-on aller en campagne ? Evidemment, je fais allusion à l'affaire Soumaré. Est-ce qu'il faut publier le casier judiciaire de ses adversaires ou casier présumé de ses adversaires pour gagner des voix ?
Ce n'est pas la même chose, ce sont deux choses différentes. Je considère qu'il faut aller le moins loin possible et moins on met les mains dans la fange, mieux on se porte.
Et là, on a mis les mains dans la fange ?
Je n'en sais rien et je ne vais pas juger ce qui s'est passé. Je considère simplement une chose, il n'est pas anormal que les électeurs sachent un peu qui est leur tête de liste. Moi, je fais campagne aujourd'hui, dans mes documents je dis, "B. Apparu, 40 ans, né à Toulouse, mon métier, ça a été ça, etc. Je fais mon CV parce qu'il est normal que les électeurs sachent...
Vous publiez votre casier judiciaire ?
S'ils le veulent, il n'y a aucun problème.
Il est vierge ?
Bien sûr. Il est normal que les électeurs sachent qui je suis, ce que j'ai fait. Quand vous vous présentez à une élection, il ne me parait pas illogique de dire si j'ai fait une connerie, j'assume que j'ai fait une connerie. La transparence, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Maintenant, de là à en faire l'affaire du siècle, de grâce ! Calmons-nous sur cette histoire quand même.
Qui doit se calmer ? Celui qui a publié ou celui qui s'en indigne ?
Je pense qu'aujourd'hui, sur une affaire comme ça, on a un besoin de transparence. Soit la tête de liste PS a été condamnée il y a quinze jours, trois semaines et à ce moment-là, c'est la moindre des choses que de le savoir. Soit ce n'est pas vrai et à ce moment-là, il faut que de notre côté on se calme.
Délinquant multirécidiviste patenté. Ce n'est pas il y a quinze jours, trois semaines...
Mais la question c'est de savoir si c'est vrai ou pas. Est-ce que c'est vrai ?
C'est ça pour vous la question ?
Pour moi, la question fondamentale c'est de savoir si, oui ou non, c'est un délinquant. Si c'est un délinquant, il faut le savoir ; s'il ne l'est pas, il faut lui présenter des excuses. L'essentiel pour moi c'est de le savoir.
Ce n'est pas "une campagne de caniveau" donc ? C'est J.-P. Huchon qui dit ça... B. Hamon dit que le Gouvernement laisse entendre, pardon pour être précis, que les pièces viennent bien de quelque part et que ça pourrait venir du ministère de la Justice ou du ministère de l'Intérieur. Et même C. Jouanno, qui est UMP, trouve que cette campagne finalement est déplaisante depuis le début.
Je me répète. Est-ce que ce monsieur est, oui ou non, un délinquant ? C'est ça la question. La question de savoir comment on a eu les pièces, comment on n'a pas eu les pièces, c'est très secondaire. S'il a été condamné, on le sait, on peut le savoir très facilement parce que je rappelle que les condamnations sont quand même publiques, donc il faut le savoir. Point.
Cela vaudra dans votre camp pour ceux qui ont été condamnés dans le passé, parce qu'il y a un certain nombre de gens à l'UMP qui se sont présentés avec des condamnations dans le passé.
Mais évidemment. La moindre des choses, c'est d'avoir une information. Ensuite, ce sont les électeurs qui tranchent. Si les électeurs considèrent que ce n'est pas grave, ils votent pour lui. Si les électeurs considèrent que c'est grave, ils ne votent pas pour lui. Mais il faut le savoir, c'est tout.
Il n'y a pas un peu d'acharnement contre monsieur Soumaré, que le même monsieur Delattre qui est maire de Franconville, avait qualifié de "joueur de l'équipe réserve du PSG" il y a quelques semaines ?
Ce n'était pas du meilleur goût, c'est le moins qu'on puisse dire.
J'aime votre art de la litote.
Oui, de la belle langue de bois, comme on dit aussi. Ce n'est pas ma tasse de thé clairement. Je trouve qu'effectivement, autant sur l'histoire de la délinquance il y a les faits, ce n'est pas un jugement de valeur, il y a des faits. Ils existent ou ils n'existent pas, il faut le savoir. Ce qui s'était passé avant franchement, si on peut s'en passer, ce n'est pas plus mal.
Donc vous êtes certain qu'aujourd'hui sur les listes UMP, ou en têtes de liste UMP, il n'y a pas d'homme ou de femme politique qui ait un casier judiciaire avec une inscription ?
Attendez, il y a plusieurs choses différentes. Un, je n'en sais rien et je pense que oui, il n'y en a pas.
Vous voyez comme c'est compliqué !
Ce n'est pas ça, la question est toujours la même : ce sont aux électeurs de trancher, et pour trancher, il faut qu'ils le sachent. Vous avez des hommes politiques qui ont été condamnés à un moment ou à un autre pour une histoire X ou Y. Ces hommes politiques ont été condamnés.
Certains sont mis en examen, monsieur Santini, par exemple.
C'était public, et les gens votent pour lui en connaissance de cause. Et sur les exemples que vous prenez, les électeurs sont au courant. Moi, ce que je demande c'est de la transparence, c'est tout.
Est-ce qu'il n'y a pas un signe de fébrilité à l'UMP d'une manière générale, parce que les sondages sont mauvais ? Le vôtre ce matin, par exemple, en Champagne-Ardenne, est mauvais pour l'UMP, c'est le moins qu'on puisse dire je crois.
C'est le moins qu'on puisse dire, oui. Cela ne va pas nous empêchera de nous battre pour gagner quand même, mais le sondage n'est pas très bon.
Est-ce qu'il n'y a pas un peu de fébrilité parce que tous les sondages vous donnent en assez mauvaise position ? Et finalement, M. Aubry n'est pas très loin de son grand chelem, si ça se confirme.
Ce n'est pas parce que les sondages sont mauvais qu'on doit avoir des comportements de caniveau, évidemment que non. Or, en l'occurrence, ce n'est pas parce que les sondages sont bons ou mauvais qu'il faut savoir, oui ou non, quelle est la réalité de ce candidat PS. Ce sont deux choses différentes là encore. Ne venons pas à considérer que parce que les sondages sont mauvais, on va inventer des histoires bizarroïdes. Les sondages seraient bons, je pense qu'on aurait exactement les mêmes histoires. Vous êtes un profond observateur de la vie politique française pour savoir que ce n'est pas la première fois qu'on a ce genre de comportement en campagne électorale.
La boule puante ?
La boule est puante si, effectivement, ce n'est pas vrai. Si c'est vrai, je suis désolé c'est une information et pas une boule puante.
Question : est-ce qu'il fallait que la moitié du Gouvernement monte au front, que ce soit en tête de liste ou comme vous, en partie ? D. de Villepin pense que non, qu'en période de crise on ne court pas plusieurs lièvres à la fois, qu'il faut être exemplaire et se concentrer sur son travail ministériel.
Moi, je considère qu'effectivement, un homme politique et notamment un ministre, il est là pour aller au combat. Si effectivement pendant une campagne électorale, tous les ministres se planquent, ce n'est pas une bonne solution. Moi je considère que oui, le fait que la moitié du Gouvernement soit tête de liste régionale ou tête de liste départementale, c'est plutôt une bonne chose.
Cela ne vous empêche pas de travailler vos dossiers ? Le logement, c'est une urgence dans ce pays.
Ca ne m'empêche pas de travailler mes dossiers.
Vous n'êtes pas ministre à mi-temps ?
Je ne suis pas du tout un ministre à mi-temps. J'y passe aujourd'hui quatre jours par semaine complets. Je passe trois jours en campagne électorale. C'est-à-dire en règle générale, je fais vendredi, samedi, dimanche en campagne électorale. Cela me parait bien, ça me parait suffisant face à cette campagne électorale et on peut effectivement mener les deux de front. Mais ça me parait bien de s'engager et d'assumer, de défendre sa politique nationale au niveau local et de porter un projet au niveau local.
Concrètement, soyons sur les projets et les dossiers que vous avez lancés comme secrétaire d'Etat au Logement. Vous avez lancé un programme de logements vacants par les organismes HLM, on en est où ?
Cela a été lancé il y a quinze jours. On a lancé 3.000 il y a quinze jours, donc je ne vais pas vous dire qu'on en a acheté 100, 200 ou 300. On est en train de monter le dispositif et l'objectif c'est 3.000 sur l'année 2010.
Il y en aura plus l'année prochaine, vous avez mobilisé les organismes HLM, comme vous l'avez promis ?
Non, l'idée c'est de tester. Là encore, expérimentons ce processus. Quelle est l'idée ? L'idée c'est de se dire qu'aujourd'hui sur Paris, on fait souvent des logements HLM en rachetant des immeubles. Sauf qu'on rachète des immeubles qui sont occupés avec des gens qui sont dedans. Ce n'est donc pas une offre nouvelle de logement social. Moi, ce que je dis, c'est simplement plutôt que d'acheter un immeuble occupé, autant acheter des logements vacants. Cela nous permettra de lutter contre la vacance et le scandale de la vacance, et d'offrir de vraies solutions nouvelles à ceux qui vont habiter dans ces logements. Donc expérimentons les 3.000. Pourquoi expérimentons ? C'est un truc un peu compliqué. Les bailleurs sociaux, les organismes logeurs, ils aiment bien avoir un immeuble complet parce que c'est plus facile à gérer. Ce qu'on appelle le diffus, c'est-à-dire un appartement par ci, un appartement par-là, ils n'aiment pas parce que c'est plus compliqué à gérer. Mais quand vous avez sur l'Ile-de-France, une pénurie de foncier, de terrains pour construire, c'est peut-être une solution innovante sur laquelle il faut aller.
Très bien. Les organismes HLM sont mis à contribution ou pas ? Vous les voyez ? Vous trouverez le temps de les voir dans les semaines qui viennent ou il faut attendre la fin des régionales ?
Je les ai vus la semaine dernière. Je vais les revoir au moins une fois par semaine. Donc je les vois, il n'y a aucun problème.
Mercredi, au hasard ?
Pas ce mercredi-là. Non je ne crois pas. En tout cas, pas ce mercredi-là pour la fédération des organismes. Par contre, ce mercredi, effectivement, je vais voir les huit principaux, les huit très, très gros pour signer une convention avec eux. On se fixe des objectifs ambitieux de construction et de construction notamment dans ce qu'on appelle les zones tendues - l'Ile-de-France par exemple - où on a une vraie pénurie de logements. Et donc je vais signer des conventions avec les huit principaux bailleurs pour ceux qui ont beaucoup de logements, pour les engager à construire beaucoup plus en Ile-de-France. Et d'ailleurs, les engager aussi à vendre une partie de leur patrimoine parce que moi j'y crois.
Combien ?
J'espère qu'on pourra faire 1 % du patrimoine en vente et que sur la construction, l'idée c'est d'essayer de faire un peu plus de 30 % de leurs logements construits dans les zones les plus tendues. Le drame de la politique du logement en France, c'est qu'on aura battu tous les records cette année de logements sociaux. On en a faits 120.000 en 2009, 140.000 prévus en 2010 contre 40.000 en 2000. Le problème, c'est qu'on en fait à peine 25 %, là où c'est vraiment nécessaire et 75 % dans des zones où ce n'est pas vraiment indispensable. Je veux monter au moins cette année 2010 à 30 % et à 35 % en 2011 pour construire tout simplement là où c'est nécessaire.
Entendu. On a entendu que vous étiez hostile à la réquisition, même si 67% des Français par sondage se sont prononcés pour.
On n'écoute pas toujours les sondages, en Champagne-Ardenne comme ailleurs.
Pour la Champagne-Ardenne mais pour le reste, pour la réquisition, j'entends que vous ne l'écoutez pas. Les Français sont psychologiquement fragilisés a dit le médiateur. 10 millions de Français sont à 50 euros près, 50 à 150 euros près à la fin du mois. Est-ce qu'il faut maintenir le retour des expulsions au 31 mars dans un contexte de fragilité comme celui-là ?
Je crois que oui.
C'est pour les mêmes raisons qu'il ne faut pas toucher aux réquisitions ?
Il y a quand même un principe. Quel est le message qu'on envoie aux propriétaires quand on dit "réquisition", plus d'expulsion ? On lui dit tout simplement, "tu n'es plus libre de ton logement". La conséquence pratique, ça va être quoi ? Que beaucoup de propriétaires vont se dire, "si c'est comme ça, je ne mets plus mon logement sur le marché". Et tout ce qu'on cherche à faire les uns et les autres, c'est quoi ? C'est avoir plus de logements à la location. Si le seul message qu'on envoie aux propriétaires c'est "vous n'êtes plus libres de votre appartement, vous n'êtes plus libres de faire ce que vous voulez", le résultat, il va être très simple. Beaucoup d'entre eux vont retirer leur logement de la location et on se retrouvera en pénurie de logements. Donc c'est probablement intellectuellement une bonne idée...
Le gouvernement des propriétaires alors ?
Ce n'est pas le gouvernement des propriétaires. Enfin, le droit de propriété, c'est le droit de faire ce qu'on veut de son logement. C'est un droit constitutionnel. La moindre des choses, c'est de le respecter. Et moi je souhaite respecter ce droit de la propriété. Maintenant, mon job à moi, c'est d'essayer de les convaincre de mettre leur logement sur le marché, c'est de trouver les systèmes pour prévenir les expulsions parce que les expulsions, ça reste un drame humain insupportable. Mais entre la réquisition, le refus des expulsions et la multiplication des expulsions, on peut trouver un chemin. Et ce chemin c'est la prévention des expulsions.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 mars 2010
Historiquement dans ma filiation traditionnelle je dirais, mon histoire politique, je suis effectivement ce qu'on va appeler un juppéo-chiraquien. Je travaille aujourd'hui avec grand plaisir et grande fidélité avec N. Sarkozy. Les deux ne sont pas incompatibles.
On se proclame chiraquien maintenant ?
Je ne me proclame pas chiraquien. Mon histoire c'est effectivement d'être plutôt un proche d'A. Juppé. Je le reste et je ne vais pas renier cette histoire.
Jusqu'où peut-on aller pour gagner ? Jusqu'où peut-on aller en campagne ? Evidemment, je fais allusion à l'affaire Soumaré. Est-ce qu'il faut publier le casier judiciaire de ses adversaires ou casier présumé de ses adversaires pour gagner des voix ?
Ce n'est pas la même chose, ce sont deux choses différentes. Je considère qu'il faut aller le moins loin possible et moins on met les mains dans la fange, mieux on se porte.
Et là, on a mis les mains dans la fange ?
Je n'en sais rien et je ne vais pas juger ce qui s'est passé. Je considère simplement une chose, il n'est pas anormal que les électeurs sachent un peu qui est leur tête de liste. Moi, je fais campagne aujourd'hui, dans mes documents je dis, "B. Apparu, 40 ans, né à Toulouse, mon métier, ça a été ça, etc. Je fais mon CV parce qu'il est normal que les électeurs sachent...
Vous publiez votre casier judiciaire ?
S'ils le veulent, il n'y a aucun problème.
Il est vierge ?
Bien sûr. Il est normal que les électeurs sachent qui je suis, ce que j'ai fait. Quand vous vous présentez à une élection, il ne me parait pas illogique de dire si j'ai fait une connerie, j'assume que j'ai fait une connerie. La transparence, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Maintenant, de là à en faire l'affaire du siècle, de grâce ! Calmons-nous sur cette histoire quand même.
Qui doit se calmer ? Celui qui a publié ou celui qui s'en indigne ?
Je pense qu'aujourd'hui, sur une affaire comme ça, on a un besoin de transparence. Soit la tête de liste PS a été condamnée il y a quinze jours, trois semaines et à ce moment-là, c'est la moindre des choses que de le savoir. Soit ce n'est pas vrai et à ce moment-là, il faut que de notre côté on se calme.
Délinquant multirécidiviste patenté. Ce n'est pas il y a quinze jours, trois semaines...
Mais la question c'est de savoir si c'est vrai ou pas. Est-ce que c'est vrai ?
C'est ça pour vous la question ?
Pour moi, la question fondamentale c'est de savoir si, oui ou non, c'est un délinquant. Si c'est un délinquant, il faut le savoir ; s'il ne l'est pas, il faut lui présenter des excuses. L'essentiel pour moi c'est de le savoir.
Ce n'est pas "une campagne de caniveau" donc ? C'est J.-P. Huchon qui dit ça... B. Hamon dit que le Gouvernement laisse entendre, pardon pour être précis, que les pièces viennent bien de quelque part et que ça pourrait venir du ministère de la Justice ou du ministère de l'Intérieur. Et même C. Jouanno, qui est UMP, trouve que cette campagne finalement est déplaisante depuis le début.
Je me répète. Est-ce que ce monsieur est, oui ou non, un délinquant ? C'est ça la question. La question de savoir comment on a eu les pièces, comment on n'a pas eu les pièces, c'est très secondaire. S'il a été condamné, on le sait, on peut le savoir très facilement parce que je rappelle que les condamnations sont quand même publiques, donc il faut le savoir. Point.
Cela vaudra dans votre camp pour ceux qui ont été condamnés dans le passé, parce qu'il y a un certain nombre de gens à l'UMP qui se sont présentés avec des condamnations dans le passé.
Mais évidemment. La moindre des choses, c'est d'avoir une information. Ensuite, ce sont les électeurs qui tranchent. Si les électeurs considèrent que ce n'est pas grave, ils votent pour lui. Si les électeurs considèrent que c'est grave, ils ne votent pas pour lui. Mais il faut le savoir, c'est tout.
Il n'y a pas un peu d'acharnement contre monsieur Soumaré, que le même monsieur Delattre qui est maire de Franconville, avait qualifié de "joueur de l'équipe réserve du PSG" il y a quelques semaines ?
Ce n'était pas du meilleur goût, c'est le moins qu'on puisse dire.
J'aime votre art de la litote.
Oui, de la belle langue de bois, comme on dit aussi. Ce n'est pas ma tasse de thé clairement. Je trouve qu'effectivement, autant sur l'histoire de la délinquance il y a les faits, ce n'est pas un jugement de valeur, il y a des faits. Ils existent ou ils n'existent pas, il faut le savoir. Ce qui s'était passé avant franchement, si on peut s'en passer, ce n'est pas plus mal.
Donc vous êtes certain qu'aujourd'hui sur les listes UMP, ou en têtes de liste UMP, il n'y a pas d'homme ou de femme politique qui ait un casier judiciaire avec une inscription ?
Attendez, il y a plusieurs choses différentes. Un, je n'en sais rien et je pense que oui, il n'y en a pas.
Vous voyez comme c'est compliqué !
Ce n'est pas ça, la question est toujours la même : ce sont aux électeurs de trancher, et pour trancher, il faut qu'ils le sachent. Vous avez des hommes politiques qui ont été condamnés à un moment ou à un autre pour une histoire X ou Y. Ces hommes politiques ont été condamnés.
Certains sont mis en examen, monsieur Santini, par exemple.
C'était public, et les gens votent pour lui en connaissance de cause. Et sur les exemples que vous prenez, les électeurs sont au courant. Moi, ce que je demande c'est de la transparence, c'est tout.
Est-ce qu'il n'y a pas un signe de fébrilité à l'UMP d'une manière générale, parce que les sondages sont mauvais ? Le vôtre ce matin, par exemple, en Champagne-Ardenne, est mauvais pour l'UMP, c'est le moins qu'on puisse dire je crois.
C'est le moins qu'on puisse dire, oui. Cela ne va pas nous empêchera de nous battre pour gagner quand même, mais le sondage n'est pas très bon.
Est-ce qu'il n'y a pas un peu de fébrilité parce que tous les sondages vous donnent en assez mauvaise position ? Et finalement, M. Aubry n'est pas très loin de son grand chelem, si ça se confirme.
Ce n'est pas parce que les sondages sont mauvais qu'on doit avoir des comportements de caniveau, évidemment que non. Or, en l'occurrence, ce n'est pas parce que les sondages sont bons ou mauvais qu'il faut savoir, oui ou non, quelle est la réalité de ce candidat PS. Ce sont deux choses différentes là encore. Ne venons pas à considérer que parce que les sondages sont mauvais, on va inventer des histoires bizarroïdes. Les sondages seraient bons, je pense qu'on aurait exactement les mêmes histoires. Vous êtes un profond observateur de la vie politique française pour savoir que ce n'est pas la première fois qu'on a ce genre de comportement en campagne électorale.
La boule puante ?
La boule est puante si, effectivement, ce n'est pas vrai. Si c'est vrai, je suis désolé c'est une information et pas une boule puante.
Question : est-ce qu'il fallait que la moitié du Gouvernement monte au front, que ce soit en tête de liste ou comme vous, en partie ? D. de Villepin pense que non, qu'en période de crise on ne court pas plusieurs lièvres à la fois, qu'il faut être exemplaire et se concentrer sur son travail ministériel.
Moi, je considère qu'effectivement, un homme politique et notamment un ministre, il est là pour aller au combat. Si effectivement pendant une campagne électorale, tous les ministres se planquent, ce n'est pas une bonne solution. Moi je considère que oui, le fait que la moitié du Gouvernement soit tête de liste régionale ou tête de liste départementale, c'est plutôt une bonne chose.
Cela ne vous empêche pas de travailler vos dossiers ? Le logement, c'est une urgence dans ce pays.
Ca ne m'empêche pas de travailler mes dossiers.
Vous n'êtes pas ministre à mi-temps ?
Je ne suis pas du tout un ministre à mi-temps. J'y passe aujourd'hui quatre jours par semaine complets. Je passe trois jours en campagne électorale. C'est-à-dire en règle générale, je fais vendredi, samedi, dimanche en campagne électorale. Cela me parait bien, ça me parait suffisant face à cette campagne électorale et on peut effectivement mener les deux de front. Mais ça me parait bien de s'engager et d'assumer, de défendre sa politique nationale au niveau local et de porter un projet au niveau local.
Concrètement, soyons sur les projets et les dossiers que vous avez lancés comme secrétaire d'Etat au Logement. Vous avez lancé un programme de logements vacants par les organismes HLM, on en est où ?
Cela a été lancé il y a quinze jours. On a lancé 3.000 il y a quinze jours, donc je ne vais pas vous dire qu'on en a acheté 100, 200 ou 300. On est en train de monter le dispositif et l'objectif c'est 3.000 sur l'année 2010.
Il y en aura plus l'année prochaine, vous avez mobilisé les organismes HLM, comme vous l'avez promis ?
Non, l'idée c'est de tester. Là encore, expérimentons ce processus. Quelle est l'idée ? L'idée c'est de se dire qu'aujourd'hui sur Paris, on fait souvent des logements HLM en rachetant des immeubles. Sauf qu'on rachète des immeubles qui sont occupés avec des gens qui sont dedans. Ce n'est donc pas une offre nouvelle de logement social. Moi, ce que je dis, c'est simplement plutôt que d'acheter un immeuble occupé, autant acheter des logements vacants. Cela nous permettra de lutter contre la vacance et le scandale de la vacance, et d'offrir de vraies solutions nouvelles à ceux qui vont habiter dans ces logements. Donc expérimentons les 3.000. Pourquoi expérimentons ? C'est un truc un peu compliqué. Les bailleurs sociaux, les organismes logeurs, ils aiment bien avoir un immeuble complet parce que c'est plus facile à gérer. Ce qu'on appelle le diffus, c'est-à-dire un appartement par ci, un appartement par-là, ils n'aiment pas parce que c'est plus compliqué à gérer. Mais quand vous avez sur l'Ile-de-France, une pénurie de foncier, de terrains pour construire, c'est peut-être une solution innovante sur laquelle il faut aller.
Très bien. Les organismes HLM sont mis à contribution ou pas ? Vous les voyez ? Vous trouverez le temps de les voir dans les semaines qui viennent ou il faut attendre la fin des régionales ?
Je les ai vus la semaine dernière. Je vais les revoir au moins une fois par semaine. Donc je les vois, il n'y a aucun problème.
Mercredi, au hasard ?
Pas ce mercredi-là. Non je ne crois pas. En tout cas, pas ce mercredi-là pour la fédération des organismes. Par contre, ce mercredi, effectivement, je vais voir les huit principaux, les huit très, très gros pour signer une convention avec eux. On se fixe des objectifs ambitieux de construction et de construction notamment dans ce qu'on appelle les zones tendues - l'Ile-de-France par exemple - où on a une vraie pénurie de logements. Et donc je vais signer des conventions avec les huit principaux bailleurs pour ceux qui ont beaucoup de logements, pour les engager à construire beaucoup plus en Ile-de-France. Et d'ailleurs, les engager aussi à vendre une partie de leur patrimoine parce que moi j'y crois.
Combien ?
J'espère qu'on pourra faire 1 % du patrimoine en vente et que sur la construction, l'idée c'est d'essayer de faire un peu plus de 30 % de leurs logements construits dans les zones les plus tendues. Le drame de la politique du logement en France, c'est qu'on aura battu tous les records cette année de logements sociaux. On en a faits 120.000 en 2009, 140.000 prévus en 2010 contre 40.000 en 2000. Le problème, c'est qu'on en fait à peine 25 %, là où c'est vraiment nécessaire et 75 % dans des zones où ce n'est pas vraiment indispensable. Je veux monter au moins cette année 2010 à 30 % et à 35 % en 2011 pour construire tout simplement là où c'est nécessaire.
Entendu. On a entendu que vous étiez hostile à la réquisition, même si 67% des Français par sondage se sont prononcés pour.
On n'écoute pas toujours les sondages, en Champagne-Ardenne comme ailleurs.
Pour la Champagne-Ardenne mais pour le reste, pour la réquisition, j'entends que vous ne l'écoutez pas. Les Français sont psychologiquement fragilisés a dit le médiateur. 10 millions de Français sont à 50 euros près, 50 à 150 euros près à la fin du mois. Est-ce qu'il faut maintenir le retour des expulsions au 31 mars dans un contexte de fragilité comme celui-là ?
Je crois que oui.
C'est pour les mêmes raisons qu'il ne faut pas toucher aux réquisitions ?
Il y a quand même un principe. Quel est le message qu'on envoie aux propriétaires quand on dit "réquisition", plus d'expulsion ? On lui dit tout simplement, "tu n'es plus libre de ton logement". La conséquence pratique, ça va être quoi ? Que beaucoup de propriétaires vont se dire, "si c'est comme ça, je ne mets plus mon logement sur le marché". Et tout ce qu'on cherche à faire les uns et les autres, c'est quoi ? C'est avoir plus de logements à la location. Si le seul message qu'on envoie aux propriétaires c'est "vous n'êtes plus libres de votre appartement, vous n'êtes plus libres de faire ce que vous voulez", le résultat, il va être très simple. Beaucoup d'entre eux vont retirer leur logement de la location et on se retrouvera en pénurie de logements. Donc c'est probablement intellectuellement une bonne idée...
Le gouvernement des propriétaires alors ?
Ce n'est pas le gouvernement des propriétaires. Enfin, le droit de propriété, c'est le droit de faire ce qu'on veut de son logement. C'est un droit constitutionnel. La moindre des choses, c'est de le respecter. Et moi je souhaite respecter ce droit de la propriété. Maintenant, mon job à moi, c'est d'essayer de les convaincre de mettre leur logement sur le marché, c'est de trouver les systèmes pour prévenir les expulsions parce que les expulsions, ça reste un drame humain insupportable. Mais entre la réquisition, le refus des expulsions et la multiplication des expulsions, on peut trouver un chemin. Et ce chemin c'est la prévention des expulsions.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 mars 2010