Texte intégral
C. Barbier.- « Mélange des genres », c'est ce que dit la gauche à propos des visites sur le terrain du président de la République en pleine campagne des régionales, comme hier en Franche-Comté. Que répondez-vous ?
Je réponds que le président de la République fait son travail. Il est Président, et il va sur le terrain pour exposer tel ou tel aspect de la politique que nous menons...
Dans des régions stratégiques quand même...
Pas uniquement, mais je pense qu'il est bienvenu partout en France, et c'est ainsi. Il faut s'habituer à ce que le Président travaille tout le temps, y compris pendant des élections régionales.
Il est venu dans le Centre vous soutenir, c'était le 9 février, et la gauche a exigé de vous que les dépenses engagées par ce déplacement soient imputées sur votre compte de campagne. L'avez-vous fait ?
Bien sûr que non, et cela est mesquin et médiocre quand on voit les régions, comme par exemple chez moi, utiliser jusqu'au dernier jour l'argent des contribuables pour distribuer des chèques. Je trouve ça beaucoup plus choquant !
N. Sarkozy hier, mais aussi F. Fillon ont tenté de mobiliser l'électorat UMP. L'abstention dimanche au premier tour des régionales, est-ce que c'est ça qui va faire perdre votre camp ?
En tout cas, ce qui est sûr, c'est que notre camp a besoin de se mobiliser. Ce qui est annoncé par les sondages, il faut le démentir !
Pourquoi ils boudent vos électeurs ? Ils ne sont pas contents, ils sont découragés ?
Nous avons connu et nous connaissons encore la crise économique la plus grave depuis les années 30. Et il n'est pas anormal que dans cette crise, nos électeurs - y compris nos électeurs ne sont pas épargnés par la crise - il n'est pas anormal qu'ils aient le sentiment que leurs gouvernants ne font pas exactement tout ce qu'ils peuvent. Je les appelle à la mobilisation, parce qu'au premier tour comme au deuxième tour, le résultat ne sera pas conforme à leurs attentes, s'ils ne se mobilisent pas.
N'avez-vous pas commis une erreur stratégique, c'est la liste unique dès le premier tour ? Si on n'est pas tout à fait UMP, on n'a aucun autre moyen de s'exprimer !
Attendez le soir du premier tour, et vous verrez les bienfaits d'un rassemblement, le mien, qui s'est opéré il y a maintenant plusieurs mois par rapport aux discussions qui risquent d'avoir lieu au soir du premier tour, et dont on verra bien finalement que, même si elles aboutissent à un rassemblement, il sera factice, hétéroclite, et il produira une politique de statu quo, comme depuis 12 ans maintenant dans la région Centre.
Mais vous, au soir du premier tour, vous n'aurez personne vers qui vous tourner pour proposer des alliances, c'est ça aussi la politique, c'est s'allier avec les autres ?
Oui, mais je me tournerai vers tous ceux qui n'ont pas voté pour moi en leur disant : le choix est maintenant clair. Soit vous continuez au-delà des 12 ans - ça fait 12 ans chez nous - soit vous optez pour un changement, et je serai le seul à porter ce changement. Tous ceux qui souhaiteront un changement pourront voter pour moi.
Si le Front national n'est pas au second tour dans votre région, vous vous adresserez à ses électeurs en disant : au second tour, venez vers moi ?
A tous les électeurs, quels qu'ils soient, sans exclusive, je leur dirai : vous n'avez pas voté pour moi et vous souhaitez le changement ? Eh bien, je suis le seul à pouvoir vous l'offrir face à une politique qui a échoué en région Centre. Nous sommes derniers, en matière de soutien à l'agriculture ; on est derniers en matière de démographie médicale et on est 18èmes sur 22 dans les régions françaises en matière d'évolution de l'emploi.
« Elections régionales, conséquences régionales », a affirmé hier le président de la République. Est-ce que ce n'est pas de la méthode Coué ? S'il y a un grand chelem socialiste, ça sera un impact national !
Bien sûr qu'il y aura des conséquences nationales, mais je vous le dis, et je l'ai dit, il ne faut pas se tromper d'élections. Il y a des élections nationales pour sanctionner si on le veut un exécutif national. Ici, il s'agit de juger des sortants, un bilan, et chez moi par exemple, les sortants sont à Orléans, ils ne sont pas à Paris. Si on veut sanctionner les sortants, il faut sanctionner ceux qui ont géré cette région pendant 12 ans.
En 2004, J. Chirac n'a pas changé de politique ni de Premier ministre. En 2005, il a perdu le référendum. Est-ce que N. Sarkozy ne va pas subir en 2012 la même sanction si, là, il ne change pas de Gouvernement, il ne change pas "son" Gouvernement après les régionales ?
Cela lui appartient. En tout cas, en ce qui me concerne, je le dis, il ne faut pas se tromper d'élections, il faut voter aux régionales et sanctionner ou pas l'exécutif sortant. Je suis navré de voir que la campagne qui est menée par mon concurrent est uniquement une campagne qui surfe sur un éventuel mécontentement national. Mais il y a des enjeux régionaux auxquels la gauche n'a pas répondu : elle a augmenté les impôts, elle a fait exploser les dépenses de fonctionnement, et elle n'a produit aucun résultat, ni en matière de développement économique, ni en matière de soutien à l'agriculture, ni en matière de démographie médicale, c'est très important.
Quand on est ministre et qu'on s'engage dans une élection, on porte quand même une certaine responsabilité. Si vous êtes battu, est-ce que vous présenterez votre démission du Gouvernement au président de la République et au Premier ministre ?
Si l'on dit comme moi et comme le président de la République, que ce sont des élections régionales à conséquences régionales, il n'y a aucune raison de lier les deux. Par contre, ce que je dis c'est que, si je suis élu président de la région Centre, je présenterai ma démission du Gouvernement et je me consacrerais à plein temps à cette région qui en a bien besoin.
Est-ce que vous n'auriez pas eu plus de chance de gagner cette régionale en démissionnant avant la campagne ? En disant : voilà, adieu Paris, tout pour la région ?
Je me suis posé cette question, figurez-vous. J'y ai répondu par la négative, parce que j'étais en train de présenter des textes très importants. Quand je présente le texte qu'a souhaité le Président sur la protection du patrimoine des artisans et des commerçants en cas de faillite, je pense qu'il ne fallait pas traîner, et comme je l'ai porté pendant un an pour convaincre tous mes collègues au Gouvernement, il fallait que je le porte moi-même.
Et vous êtes sûr d'avoir continué à être un bon ministre pendant que vous étiez candidat ?
En tout cas, les artisans et les commerçants, eux, devraient le penser après un texte qui était attendu par tous les artisans et commerçants de ce pays, y compris les professionnels libéraux, y compris les agriculteurs. "Protégez vos biens de la saisie en cas de faillite", c'était une demande de près de 20 ans, j'ai réussi à le faire, j'en suis très fier.
Suspendre les exigences environnementales à cause de la crise dans l'agriculture, c'est une bonne idée du Président ou il faut revenir au Grenelle pur et dur ?
Je pense que le Président tire les conséquences d'une chose simple : c'est que le Grenelle c'était avant la crise économique, c'était avant l'effondrement des revenus agricoles.
Donc, adieu l'écologie, maintenant ?
Non, pas du tout ! Il faut simplement ne pas ajouter à la crise économique profonde du monde agricole une crise de la sur règlementation. Et le groupe de travail qui va se mettre en place tirera les conséquences d'une éventuelle sur règlementation qui nous affecte par rapport à nos concurrents étrangers.
Les PME touchées par la tempête dans l'Ouest ont-elle déjà perçu des indemnités ?
Non, mais ce qui est sûr c'est que j'ai signé il y a maintenant quelques jours une circulaire aux préfets concernés, les quatre départements concernés par la catastrophe naturelle, et je peux le dire à l'ensemble des PME de ces quatre départements, les aides dont j'ai annoncé la sortie, la production, seront distribuées pour les premières au début du mois de mai ou à la fin du mois d'avril, c'est d'une rapidité historique.
Vous vous occupez également du Tourisme. S. Royal demande aux Français d'aller passer leurs vacances de Pâques ou d'été dans les départements sinistrés de l'Ouest. Est-ce que vous soutenez l'initiative de S. Royal ?
Mais que les touristes fréquentent l'ensemble du territoire, y compris bien sûr ceux qui sont affectés, est une bonne idée. Mais il y a aussi beaucoup de départements qui tirent la majorité de leurs revenus, je pense par exemple à l'Outre-mer, des métiers du tourisme. Il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Le touriste intérieur, le Français, est celui qui fréquente le mieux son pays. C'est déjà très bien, il faudra qu'il continue.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 mars 2010
Je réponds que le président de la République fait son travail. Il est Président, et il va sur le terrain pour exposer tel ou tel aspect de la politique que nous menons...
Dans des régions stratégiques quand même...
Pas uniquement, mais je pense qu'il est bienvenu partout en France, et c'est ainsi. Il faut s'habituer à ce que le Président travaille tout le temps, y compris pendant des élections régionales.
Il est venu dans le Centre vous soutenir, c'était le 9 février, et la gauche a exigé de vous que les dépenses engagées par ce déplacement soient imputées sur votre compte de campagne. L'avez-vous fait ?
Bien sûr que non, et cela est mesquin et médiocre quand on voit les régions, comme par exemple chez moi, utiliser jusqu'au dernier jour l'argent des contribuables pour distribuer des chèques. Je trouve ça beaucoup plus choquant !
N. Sarkozy hier, mais aussi F. Fillon ont tenté de mobiliser l'électorat UMP. L'abstention dimanche au premier tour des régionales, est-ce que c'est ça qui va faire perdre votre camp ?
En tout cas, ce qui est sûr, c'est que notre camp a besoin de se mobiliser. Ce qui est annoncé par les sondages, il faut le démentir !
Pourquoi ils boudent vos électeurs ? Ils ne sont pas contents, ils sont découragés ?
Nous avons connu et nous connaissons encore la crise économique la plus grave depuis les années 30. Et il n'est pas anormal que dans cette crise, nos électeurs - y compris nos électeurs ne sont pas épargnés par la crise - il n'est pas anormal qu'ils aient le sentiment que leurs gouvernants ne font pas exactement tout ce qu'ils peuvent. Je les appelle à la mobilisation, parce qu'au premier tour comme au deuxième tour, le résultat ne sera pas conforme à leurs attentes, s'ils ne se mobilisent pas.
N'avez-vous pas commis une erreur stratégique, c'est la liste unique dès le premier tour ? Si on n'est pas tout à fait UMP, on n'a aucun autre moyen de s'exprimer !
Attendez le soir du premier tour, et vous verrez les bienfaits d'un rassemblement, le mien, qui s'est opéré il y a maintenant plusieurs mois par rapport aux discussions qui risquent d'avoir lieu au soir du premier tour, et dont on verra bien finalement que, même si elles aboutissent à un rassemblement, il sera factice, hétéroclite, et il produira une politique de statu quo, comme depuis 12 ans maintenant dans la région Centre.
Mais vous, au soir du premier tour, vous n'aurez personne vers qui vous tourner pour proposer des alliances, c'est ça aussi la politique, c'est s'allier avec les autres ?
Oui, mais je me tournerai vers tous ceux qui n'ont pas voté pour moi en leur disant : le choix est maintenant clair. Soit vous continuez au-delà des 12 ans - ça fait 12 ans chez nous - soit vous optez pour un changement, et je serai le seul à porter ce changement. Tous ceux qui souhaiteront un changement pourront voter pour moi.
Si le Front national n'est pas au second tour dans votre région, vous vous adresserez à ses électeurs en disant : au second tour, venez vers moi ?
A tous les électeurs, quels qu'ils soient, sans exclusive, je leur dirai : vous n'avez pas voté pour moi et vous souhaitez le changement ? Eh bien, je suis le seul à pouvoir vous l'offrir face à une politique qui a échoué en région Centre. Nous sommes derniers, en matière de soutien à l'agriculture ; on est derniers en matière de démographie médicale et on est 18èmes sur 22 dans les régions françaises en matière d'évolution de l'emploi.
« Elections régionales, conséquences régionales », a affirmé hier le président de la République. Est-ce que ce n'est pas de la méthode Coué ? S'il y a un grand chelem socialiste, ça sera un impact national !
Bien sûr qu'il y aura des conséquences nationales, mais je vous le dis, et je l'ai dit, il ne faut pas se tromper d'élections. Il y a des élections nationales pour sanctionner si on le veut un exécutif national. Ici, il s'agit de juger des sortants, un bilan, et chez moi par exemple, les sortants sont à Orléans, ils ne sont pas à Paris. Si on veut sanctionner les sortants, il faut sanctionner ceux qui ont géré cette région pendant 12 ans.
En 2004, J. Chirac n'a pas changé de politique ni de Premier ministre. En 2005, il a perdu le référendum. Est-ce que N. Sarkozy ne va pas subir en 2012 la même sanction si, là, il ne change pas de Gouvernement, il ne change pas "son" Gouvernement après les régionales ?
Cela lui appartient. En tout cas, en ce qui me concerne, je le dis, il ne faut pas se tromper d'élections, il faut voter aux régionales et sanctionner ou pas l'exécutif sortant. Je suis navré de voir que la campagne qui est menée par mon concurrent est uniquement une campagne qui surfe sur un éventuel mécontentement national. Mais il y a des enjeux régionaux auxquels la gauche n'a pas répondu : elle a augmenté les impôts, elle a fait exploser les dépenses de fonctionnement, et elle n'a produit aucun résultat, ni en matière de développement économique, ni en matière de soutien à l'agriculture, ni en matière de démographie médicale, c'est très important.
Quand on est ministre et qu'on s'engage dans une élection, on porte quand même une certaine responsabilité. Si vous êtes battu, est-ce que vous présenterez votre démission du Gouvernement au président de la République et au Premier ministre ?
Si l'on dit comme moi et comme le président de la République, que ce sont des élections régionales à conséquences régionales, il n'y a aucune raison de lier les deux. Par contre, ce que je dis c'est que, si je suis élu président de la région Centre, je présenterai ma démission du Gouvernement et je me consacrerais à plein temps à cette région qui en a bien besoin.
Est-ce que vous n'auriez pas eu plus de chance de gagner cette régionale en démissionnant avant la campagne ? En disant : voilà, adieu Paris, tout pour la région ?
Je me suis posé cette question, figurez-vous. J'y ai répondu par la négative, parce que j'étais en train de présenter des textes très importants. Quand je présente le texte qu'a souhaité le Président sur la protection du patrimoine des artisans et des commerçants en cas de faillite, je pense qu'il ne fallait pas traîner, et comme je l'ai porté pendant un an pour convaincre tous mes collègues au Gouvernement, il fallait que je le porte moi-même.
Et vous êtes sûr d'avoir continué à être un bon ministre pendant que vous étiez candidat ?
En tout cas, les artisans et les commerçants, eux, devraient le penser après un texte qui était attendu par tous les artisans et commerçants de ce pays, y compris les professionnels libéraux, y compris les agriculteurs. "Protégez vos biens de la saisie en cas de faillite", c'était une demande de près de 20 ans, j'ai réussi à le faire, j'en suis très fier.
Suspendre les exigences environnementales à cause de la crise dans l'agriculture, c'est une bonne idée du Président ou il faut revenir au Grenelle pur et dur ?
Je pense que le Président tire les conséquences d'une chose simple : c'est que le Grenelle c'était avant la crise économique, c'était avant l'effondrement des revenus agricoles.
Donc, adieu l'écologie, maintenant ?
Non, pas du tout ! Il faut simplement ne pas ajouter à la crise économique profonde du monde agricole une crise de la sur règlementation. Et le groupe de travail qui va se mettre en place tirera les conséquences d'une éventuelle sur règlementation qui nous affecte par rapport à nos concurrents étrangers.
Les PME touchées par la tempête dans l'Ouest ont-elle déjà perçu des indemnités ?
Non, mais ce qui est sûr c'est que j'ai signé il y a maintenant quelques jours une circulaire aux préfets concernés, les quatre départements concernés par la catastrophe naturelle, et je peux le dire à l'ensemble des PME de ces quatre départements, les aides dont j'ai annoncé la sortie, la production, seront distribuées pour les premières au début du mois de mai ou à la fin du mois d'avril, c'est d'une rapidité historique.
Vous vous occupez également du Tourisme. S. Royal demande aux Français d'aller passer leurs vacances de Pâques ou d'été dans les départements sinistrés de l'Ouest. Est-ce que vous soutenez l'initiative de S. Royal ?
Mais que les touristes fréquentent l'ensemble du territoire, y compris bien sûr ceux qui sont affectés, est une bonne idée. Mais il y a aussi beaucoup de départements qui tirent la majorité de leurs revenus, je pense par exemple à l'Outre-mer, des métiers du tourisme. Il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Le touriste intérieur, le Français, est celui qui fréquente le mieux son pays. C'est déjà très bien, il faudra qu'il continue.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 mars 2010