Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, sur la grande cause nationale pour 2010 qu'est la lutte contre les violences faites aux femmes, Paris el 9 février 2010.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Xavier Darcos - Ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville

Circonstance : Rencontre avec le collectif Grande cuase nationale 2010 à Paris le 9 février 2010

Texte intégral

En faisant de la lutte contre la violence faite aux femmes la grande cause nationale pour 2010, comme il l'a annoncé lors de la Journée Internationale de l'élimination de la violence à l'égard des femmes le 25 novembre dernier, le Premier ministre a donné une nouvelle impulsion au plan du gouvernement 2008-2010 en ce domaine.

C'est la reconnaissance officielle de l'importance que le Président de la République et le gouvernement accordent à cette cause depuis 2007. Nous allons en effet aller plus loin en renforçant les moyens de cette lutte, l'arsenal législatif notamment, autour de quatre grandes priorités :

  • 1- Mieux protéger les femmes victimes de violences en renforçant le cadre juridique de leur protection ;
  • 2- Mieux prévenir la récidive ;
  • 3- Améliorer la qualité de la prise en charge des femmes victimes de violences ;
  • 4- Développer les actions de sensibilisation et d'information.

Ce label est aussi, bien sûr, la preuve que le travail des associations que vous êtes a porté ses fruits. Grâce à vous, la lutte contre les violences envers les femmes n'est plus seulement un sujet d'intérêt général, comme en 2009, mais bel et bien une grande cause nationale : c'est un combat de société qui nous concerne tous.
Je suis donc très heureux d'accueillir tous les membres du collectif « Grande cause nationale 2010 » en cette « Salle des Accords » du ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, avec Nadine Morano, qui suit ces questions avec beaucoup d'attention en tant que Secrétaire d'Etat en charge de la Famille et de la Solidarité.
J'ai déjà rencontré certains d'entre vous le 25 novembre. Nous sommes maintenant au complet pour évoquer vos objectifs et les actions qui nous permettront de donner une visibilité accrue à ce sujet encore trop souvent tabou.
Je ne reviendrai pas sur le constat effarant que vous connaissez : 157 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2008, ce qui représente 20% des meurtres commis dans notre pays. Nous savons que ces violences touchent tous les milieux, tous les âges et prennent toutes les formes.
Chacune des associations du collectif que vous composez peut donc apporter sa contribution dans le domaine d'intervention qui lui est propre : violences physiques, harcèlement, mutilations sexuelles, mariages forcés, aide juridique et information des victimes sur leurs droits.
Vous avez déjà commencé à travailler sur le sujet. Vous allez tout à l'heure nous présenter un spot sur les violences au sein du couple, réalisé avec l'agence de communication Euro RSCG et Mercedes Erra qui a accompagné ce projet.
Je sais d'ailleurs que vous parlez volontairement de « violences au sein du couple » et non de « violences conjugales », car ce type de violences peut concerner tous les couples, qu'ils soient mariés ou non.
Faire prendre conscience de l'ampleur du sujet, démonter les préjugés, travailler à faire changer les mentalités par la pédagogie et l'éducation, telles sont les lignes de force de votre action à laquelle je veux rendre hommage aujourd'hui.
Je sais combien la visibilité médiatique est essentielle pour sensibiliser nos concitoyens à ces enjeux et c'est pourquoi je souhaite que de façon complémentaire, mon ministère accompagne l'action des associations engagées dans cette campagne.
Nous allons donc orienter notre propre stratégie de communication ministérielle en consacrant d'importants moyens budgétaires, près d'1,5 millions d'euros, en plus des actions que vous allez mettez en place dans le cadre de cette grande cause nationale.
Cet effort s'inscrit dans l'engagement constant de l'Etat depuis trois ans : nous avons en effet engagé des actions de communication importantes sur les violences conjugales, les violences psychologiques et les mariages forcés et nous prévoyons dans une troisième étape, cette année, d'insister sur la prévention des violences sexistes chez les jeunes et le respect entre garçons et filles. Je souhaite rappeler que nous consacrons déjà plus de 4 millions d'euros aux associations pour des actions en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes. L'ensemble des subventions que nous accordons aux associations représente près de 16 millions d'euros.

Dans un mois, le 8 mars prochain, nous célébrerons la 100ème journée internationale des femmes. A cette occasion je souhaite agir dans deux directions :

  • 1. Ecouter les propositions de la société civile, des chercheurs et des partenaires sociaux sur ce sujet.

Je vais installer ce mois-ci une commission chargée de réfléchir à l'égalité entre les femmes et les hommes.
Cette commission, placée sous la présidence d'une personnalité que je nommerai prochainement, devra formuler pour le 8 mars des pistes de réflexion sur la place des femmes dans la société, l'impact des politiques publiques et le rôle de la société civile. Ces pistes permettront au gouvernement de s'engager dans un plan d'action en faveur de l'égalité.

  • 2. Engager tout le gouvernement sur ces questions.

Ce plan d'action verra le jour au sein du comité interministériel aux droits des femmes que je présiderai et que je souhaite réactiver.
Ce comité interministériel sera chargé de coordonner ce plan d'action autour de quelques objectifs prioritaires qui seront déclinés par ministère avec des indicateurs de résultat. Nous ferons des points réguliers sur les avancées de ces actions.
Je souhaite à ce propos vous présenter Fabrice Heyries, qui vient d'être nommé à la tête de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), laquelle intègre désormais le Service du droit des femmes et de l'égalité (SDFE). A ce titre, il assurera auprès des différents ministères la mise en oeuvre de cette politique interministérielle.
Lors de cette journée internationale, je souhaite aussi valoriser les initiatives innovantes en faveur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
C'est un chantier que je conduis avec Nadine Morano pour remédier à la situation peu glorieuse de notre pays en ce domaine. A la suite du rapport que m'a remis Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales, en juillet dernier, j'ai proposé aux partenaires sociaux de négocier sur ce sujet. Je définirai fin avril les mesures concrètes qui pourront être mises en oeuvre dans la loi pour améliorer la situation des femmes en matière d'écarts de salaire et de carrières, de durée de promotion et d'accès aux fonctions de dirigeantes.
Dans la même perspective, je remettrai le label de l'égalité à la Banque de France le mois suivant, qui permet de valoriser l'égalité entre les femmes et les hommes et la mixité professionnelle au coeur des entreprises, des administrations et des associations.
Je terminerai en vous disant que je reste à votre écoute et que je serai toujours prêt, si vous le souhaitez, à accompagner vos actions par le biais de nos services.
Je vous remercie.

Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 9 février 2010