Déclaration de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, sur le projet gouvernemental de prime pour l'emploi, Paris le 11 janvier 2001.

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Lionel Jospin a annoncé ce matin la création d'une prime pour l'emploi", prenant la forme d'un remboursement de prélèvements qui serait versé par l'administration fiscale en septembre prochain.
Ce projet est destiné à compenser l'allègement de la CSG décidé par le gouvernement et annulé par le Conseil Constitutionnel.
Il fallait, bien sûr, faire face à cette situation. Mais je considère que le moyen choisi n'est nullement à la hauteur des attentes et des possibilités.
Des attentes, parce que 9 millions de Français vont devoir patienter encore 9 mois avant de percevoir un plus en terme de pouvoir d'achat. Or, c'est dès à présent qu'ils en ont besoin, et c'est ce qu'il leur avait été promis.
Des possibilités, car les conditions existent d'un relèvement immédiat des salaires les plus bas, jusqu'à 1, 4 fois le SMIC.
En outre, la mesure annoncée par le Premier ministre risque d'encourager les entreprises à faire des emplois à bas salaire et à basse qualification. Le versement promis à ceux qui perçoivent des bas revenus veut les inciter à accepter ce type d'emploi.
Je persiste à dire que c'est le contraire qui est nécessaire : il faut relever les salaires et développer les qualifications. C'est le meilleur moyen d'investir pour la croissance et l'emploi.
Le Premier ministre dit vouloir mieux "rémunérer le travail": cela passe par l'accroissement des salaires. Il ajoute qu'il convient de "redistribuer les fruits de la croissance": c'est précisément parce qu'il y a croissance qu'il faut relever les salaires, pour des raisons de justice sociale et, inséparablement, d'efficacité économique, afin de conforter cette croissance.
Je note enfin -et c'est très important- que le débat de ces dernières semaines sur ces questions a permis de montrer à quel point l'exigence d'une politique salariale ambitieuse gagne du terrain.
L'attitude de la majorité des organisations syndicales et de beaucoup de responsables de la gauche plurielle en atteste.
Il ne serait pas raisonnable de les ignorer. C'est pourquoi, je demande aujourd'hui au Premier ministre que l'engagement du sommet de la gauche plurielle du 7 novembre dernier, de réunir une conférence sur les revenus, regroupant gouvernement, syndicats et patronat pour stimuler les négociations salariales au niveau des branches et des entreprises, soit tenu dans les meilleurs délais.
Une telle initiative est, plus que jamais, d'actualité. Et j'ai la conviction qu'en la prenant le gouvernement serait en phase avec les attentes que des millions de salariés expriment à son égard."
(Source http://www.pcf.fr, le 12 janvier 2001).