Texte intégral
Q - De quoi avez-vous discuté avec votre homologue et avec le président sud-coréen aujourd'hui ?
R - Nous avons discuté des rapports économiques et commerciaux entre la Corée et la France, de la préparation du G20, en novembre à Séoul - sachant que la France sera ensuite chargée de la présidence du G20 -, de la coopération, de l'aide au développement et des financements innovants parce que cela intéresse les Coréens, ainsi que des archives royales, sujet particulièrement sensible en Corée. Enfin, nous avons surtout parlé, et cela m'a impressionné, de la Corée du Nord.
Q - Vous pouvez faire le point sur les archives ?
R - A la fin du XIXème siècle, neuf missionnaires catholiques français ont été assassinés. En 1866, les militaires français ont ramené en France, près de trois cents volumes d'archives royales qui sont aujourd'hui la propriété de la Bibliothèque nationale de France. Je comprends la sensibilité coréenne, je comprends que les Coréens veuillent récupérer leur mémoire. Mais ce n'est pas simple pour nous puisqu'il s'agit de biens inaliénables. Nous l'avons promis depuis longtemps, il faut réfléchir rapidement à la façon dont on pourrait satisfaire à la fois les Coréens et notre loi. Ce n'est pas simple.
Q - On en est où, on l'a promis en 1993...
R - Pas moi.
Q - Pas vous, Monsieur le Ministre, le gouvernement français, en tout cas le chef de l'Etat, ce qui n'est pas...
R - Il y a eu depuis un certain nombre de propositions. Je crois que le chef de l'Etat avait transmis l'un de ces manuscrits et scanner une partie d'entre eux. Depuis, il y a eu une proposition de prêt, mais il faut faire le point là-dessus, non seulement avec nos juristes, mais aussi avec les conservateurs, les bibliothécaires, les directeurs de musée, je le répète, ce n'est pas simple. Je sais que pour le British Museum, pour le musée du Louvre, il y a eu des choses rendues à leurs propriétaires historiques, sinon légaux ou légitimes. Je ne vais pas faire un miracle, je comprends la sensibilité de ce sujet, j'y ai répondu par la mienne qui est faite de compréhension pour le moment, mais nous en sommes là.
Q - Le Sommet du G20 en novembre, quand le président de la République sera en Corée, peut-il être une opportunité pour faire avancer ce dossier ?
R - Avancer sur ce dossier, sûrement. Si cela peut se faire, ce sera fait. Le président de la République sera attentif à tous les éléments.
Q - Mais, Monsieur Kouchner, depuis que vous êtes en poste, par rapport à la situation qu'il y avait avant, que s'est-il passé, on en est où ? M. Mitterrand a promis en 1993 que l'on rendrait ces documents, depuis que vous êtes en poste, qu'avez-vous constaté comme avancée ? Y a-t-il du mouvement, les Coréens s'agitent mais la France fait-elle quelque chose ?
(...)
R - La réponse qui avait été donnée, je vous le répète, était le renvoi de l'un des manuscrits et la copie partielle des autres volumes. On avait cru que cela suffirait, or ce n'est pas suffisant. Encore une fois, ne me posez pas de question historique. J'ai découvert ce dossier il y a peu de temps. Cela fait quelques mois que je devais me rendre en Corée qui sera responsable de la préparation du sommet du G20 en novembre. Nous allons travailler - et nous le souhaitons - avec la Corée, nous avons des rapports économiques et commerciaux très importants avec cet Etat et nous allons continuer à les entretenir.
Q - Donc la France va s'en occuper ?
R - On va s'en occuper. Nous allons poursuivre le dialogue. Il y a des problèmes insolubles. Il ne suffit pas de les nommer pour que cela change. Il y a également des problèmes de droit de l'Homme qu'il ne suffit pas de nommer. J'évoque la question des droits de l'Homme parce que je pense à la Corée du Nord, cela aussi on l'avait oublié. Figurez-vous que j'ai honte de ce que j'ai entendu aujourd'hui. Peut-être sommes-nous bien loin des problèmes de la guerre froide, néanmoins, dans quelles conditions vivent les populations de Corée du Nord ? Combien y a-t-il eu de morts ? Des dizaines, des centaines de milliers, probablement !
Q - Oui, il y a de nombreux autres problèmes aussi dont on s'occupe peu et c'est vrai que l'on vous parle d'un problème qui n'est pas anodin, celui des archives. (...) D'accord, la Corée du Nord, précisément.
Sur la Corée du Nord, pourquoi ce relatif manque d'intérêt en France, en Europe, est-ce que c'est simplement l'éloignement ou c'est parce que personne n'a envie de s'intéresser à ce sujet ?
R - Bonne question. C'est l'éloignement mais aussi c'est que plus personne n'a envie d'en parler, pensant que le problème est dépassé. Les odieuses conséquences réelles de la guerre froide sur le moment, nous les avons ignorées aussi. Ces conséquences meurtrières de masse, nous pensions les avoir dépassées. Or, il y a un pays où nous ne les avons pas dépassées : c'est en Corée du Nord. Il était nécessaire de nous le rappeler et c'est ce qu'ont fait les dirigeants sud-coréens que j'ai rencontrés. Vous dire que cela va changer les choses ? Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
Nous, nous avons décidé après le voyage de Jack Lang d'ouvrir un bureau. Pourquoi ? Un bureau, ce n'est pas le rétablissement des relations diplomatiques. Ce serait vraiment récompenser, pour je ne sais quelle raison, des gens qui ne le méritent pas. Nous n'avons pas de relations diplomatiques et nous ne les établissons pas. Nous souhaitons, parce que c'est la politique de la France depuis bien longtemps, que le dialogue à Six reprenne. Les Coréens du Nord s'y opposent pour le moment mais il y a peut-être un petit espoir ces derniers temps, du moins c'est ce que j'ai ressenti. Est-ce vrai ? Je l'ignore. En tout cas, l'ouverture d'un bureau dans un lieu que je ne connais pas encore, qui pourrait faciliter l'efficacité de l'aide auprès des populations, cela oui, nous pouvons le faire. C'est ce que nous demandent d'ailleurs les Coréens, le président, comme le ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud. Cela va-t-il être utile ? Faut-il un budget et surtout cela permettra-il de contrôler l'aide humanitaire, ce que nous demandent les bailleurs, les ONG, toutes les agences ? Je l'espère, mais ce n'est pas simple.
Q - Mais alors, où en sommes-nous, l'ouverture d'un bureau d'ici la fin de l'année ?
R - Nous n'en sommes nulle part. Un bureau, si on peut le faire, serait ouvert un peu avant la fin de l'année. Où et avec qui ? Pour l'instant je n'en sais rien. Il faut trouver des volontaires, il faut trouver un lieu, il faut s'entendre avec les autorités nord-coréennes pour que ce soit possible, être sûr qu'on va pouvoir se déplacer pour trouver des projets et les financer... On peut le faire avec l'Union européenne, avec un peu plus d'argent. Nous allons explorer tout cela. Quoi-qu'il en soit, l'effort sera destiné aux populations nord-coréennes qui souffrent terriblement.
Q - Mais la France veut le faire ?
R - Oui, on va le faire.
Q - Et au niveau européen, quelles initiatives pouvez-vous prendre et que comptez-vous faire ?
R - Ecoutez, je constate que l'Europe est assez absente. Nous en avons assez de la guerre froide, de cet affrontement que l'on croyait terminé. Alors est-ce le même syndrome qui frappe l'Europe ? Peut-on trouver d'autres moyens de financement pour les populations ? Je le crois. En tout cas, je vais le demander. Ce n'est pas un voyage très mystérieux, vous savez. C'est quelque chose de nécessaire avec un pays avec lequel nous entretenons de bonnes relations, avec lequel la concurrence est grande, pour des raisons précises : le formidable développement de ce pays, la Corée, qui arrive, à peine sortie du développement, à entrer à l'OCDE et être le 16ème pays du monde membre du G20. C'est formidable, c'est un succès et je les félicite. Maintenant, cela n'empêche pas la concurrence dans des domaines précis, comme évidemment le développement du nucléaire civil, les automobiles, les chemins de fer, l'alimentation, enfin beaucoup de choses. Les données sociales de cette concurrence ne sont pas exactement les mêmes, vous l'aurez noté. Sommes-nous pénalisés par notre armature sociale ? Sûrement pas. Mais il faudra que cela s'équilibre à travers le monde, ce n'est pas encore demain la veille.
Q - Pour moi, les relations entre la France et la Corée du Sud sont assez claires : elles sont fluides et limpides, même si c'est votre première visite officielle. Ce qui m'intéresse, c'est tout ce que vous auriez à me dire sur la Corée du Nord parce que là, pour le coup, je trouve que l'Europe en général, la France en particulier, est totalement absente. Je me pose des questions depuis que je suis ici, en tant que Français en Corée du Sud, je ne comprends pas très bien quel rapport on a avec la Corée du Nord.
R - Je crains de vous décevoir, je vous assure qu'il n'y a rien de caché. Nous n'avons pas de rapport en dehors d'une délégation générale qui est en France. Nous n'avons pas de relations diplomatiques, on ne peut donc pas nous reprocher de ne pas avoir de rapports. C'est peut-être pour cela que Jack Lang a eu raison de faire un voyage en Corée du Nord et de rapporter cette idée d'ouvrir un bureau. Je sais d'expérience, en tant que créateur d'un certain nombre de ces ONG, très précisément impliquées en Corée du Nord, que ce n'est pas facile et que, à un moment donné, on se détourne. Pourquoi ? Franchement, je crois qu'il y a une mémoire limitée pour les, comment dirais-je, indignations de longue haleine. On croyait que c'était fini alors que ce n'est pas du tout terminé pour les populations de Corée du Nord.
Vous avez raison, la France n'est pas assez présente. Mais la France ne peut pas être partout, même si elle est très présente ces temps-ci. Il faut recommencer à s'intéresser aux gens qui souffrent de famine, d'absence de communication, d'ouverture sur le monde, d'oubli. Vous avez raison, c'est comme cela qu'il faut résumer : qui souffrent d'oubli.
Q - Pensez-vous que c'est la prochaine catastrophe humanitaire que personne ne veut voir venir ?
R - Ecoutez, parlons de leur situation actuelle, et essayons de les aider. C'est, je crois, ce que souhaite le gouvernement de Corée du Nord et demande le gouvernement de Corée du Sud. Voilà ce à quoi je suis sensible.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2010
R - Nous avons discuté des rapports économiques et commerciaux entre la Corée et la France, de la préparation du G20, en novembre à Séoul - sachant que la France sera ensuite chargée de la présidence du G20 -, de la coopération, de l'aide au développement et des financements innovants parce que cela intéresse les Coréens, ainsi que des archives royales, sujet particulièrement sensible en Corée. Enfin, nous avons surtout parlé, et cela m'a impressionné, de la Corée du Nord.
Q - Vous pouvez faire le point sur les archives ?
R - A la fin du XIXème siècle, neuf missionnaires catholiques français ont été assassinés. En 1866, les militaires français ont ramené en France, près de trois cents volumes d'archives royales qui sont aujourd'hui la propriété de la Bibliothèque nationale de France. Je comprends la sensibilité coréenne, je comprends que les Coréens veuillent récupérer leur mémoire. Mais ce n'est pas simple pour nous puisqu'il s'agit de biens inaliénables. Nous l'avons promis depuis longtemps, il faut réfléchir rapidement à la façon dont on pourrait satisfaire à la fois les Coréens et notre loi. Ce n'est pas simple.
Q - On en est où, on l'a promis en 1993...
R - Pas moi.
Q - Pas vous, Monsieur le Ministre, le gouvernement français, en tout cas le chef de l'Etat, ce qui n'est pas...
R - Il y a eu depuis un certain nombre de propositions. Je crois que le chef de l'Etat avait transmis l'un de ces manuscrits et scanner une partie d'entre eux. Depuis, il y a eu une proposition de prêt, mais il faut faire le point là-dessus, non seulement avec nos juristes, mais aussi avec les conservateurs, les bibliothécaires, les directeurs de musée, je le répète, ce n'est pas simple. Je sais que pour le British Museum, pour le musée du Louvre, il y a eu des choses rendues à leurs propriétaires historiques, sinon légaux ou légitimes. Je ne vais pas faire un miracle, je comprends la sensibilité de ce sujet, j'y ai répondu par la mienne qui est faite de compréhension pour le moment, mais nous en sommes là.
Q - Le Sommet du G20 en novembre, quand le président de la République sera en Corée, peut-il être une opportunité pour faire avancer ce dossier ?
R - Avancer sur ce dossier, sûrement. Si cela peut se faire, ce sera fait. Le président de la République sera attentif à tous les éléments.
Q - Mais, Monsieur Kouchner, depuis que vous êtes en poste, par rapport à la situation qu'il y avait avant, que s'est-il passé, on en est où ? M. Mitterrand a promis en 1993 que l'on rendrait ces documents, depuis que vous êtes en poste, qu'avez-vous constaté comme avancée ? Y a-t-il du mouvement, les Coréens s'agitent mais la France fait-elle quelque chose ?
(...)
R - La réponse qui avait été donnée, je vous le répète, était le renvoi de l'un des manuscrits et la copie partielle des autres volumes. On avait cru que cela suffirait, or ce n'est pas suffisant. Encore une fois, ne me posez pas de question historique. J'ai découvert ce dossier il y a peu de temps. Cela fait quelques mois que je devais me rendre en Corée qui sera responsable de la préparation du sommet du G20 en novembre. Nous allons travailler - et nous le souhaitons - avec la Corée, nous avons des rapports économiques et commerciaux très importants avec cet Etat et nous allons continuer à les entretenir.
Q - Donc la France va s'en occuper ?
R - On va s'en occuper. Nous allons poursuivre le dialogue. Il y a des problèmes insolubles. Il ne suffit pas de les nommer pour que cela change. Il y a également des problèmes de droit de l'Homme qu'il ne suffit pas de nommer. J'évoque la question des droits de l'Homme parce que je pense à la Corée du Nord, cela aussi on l'avait oublié. Figurez-vous que j'ai honte de ce que j'ai entendu aujourd'hui. Peut-être sommes-nous bien loin des problèmes de la guerre froide, néanmoins, dans quelles conditions vivent les populations de Corée du Nord ? Combien y a-t-il eu de morts ? Des dizaines, des centaines de milliers, probablement !
Q - Oui, il y a de nombreux autres problèmes aussi dont on s'occupe peu et c'est vrai que l'on vous parle d'un problème qui n'est pas anodin, celui des archives. (...) D'accord, la Corée du Nord, précisément.
Sur la Corée du Nord, pourquoi ce relatif manque d'intérêt en France, en Europe, est-ce que c'est simplement l'éloignement ou c'est parce que personne n'a envie de s'intéresser à ce sujet ?
R - Bonne question. C'est l'éloignement mais aussi c'est que plus personne n'a envie d'en parler, pensant que le problème est dépassé. Les odieuses conséquences réelles de la guerre froide sur le moment, nous les avons ignorées aussi. Ces conséquences meurtrières de masse, nous pensions les avoir dépassées. Or, il y a un pays où nous ne les avons pas dépassées : c'est en Corée du Nord. Il était nécessaire de nous le rappeler et c'est ce qu'ont fait les dirigeants sud-coréens que j'ai rencontrés. Vous dire que cela va changer les choses ? Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
Nous, nous avons décidé après le voyage de Jack Lang d'ouvrir un bureau. Pourquoi ? Un bureau, ce n'est pas le rétablissement des relations diplomatiques. Ce serait vraiment récompenser, pour je ne sais quelle raison, des gens qui ne le méritent pas. Nous n'avons pas de relations diplomatiques et nous ne les établissons pas. Nous souhaitons, parce que c'est la politique de la France depuis bien longtemps, que le dialogue à Six reprenne. Les Coréens du Nord s'y opposent pour le moment mais il y a peut-être un petit espoir ces derniers temps, du moins c'est ce que j'ai ressenti. Est-ce vrai ? Je l'ignore. En tout cas, l'ouverture d'un bureau dans un lieu que je ne connais pas encore, qui pourrait faciliter l'efficacité de l'aide auprès des populations, cela oui, nous pouvons le faire. C'est ce que nous demandent d'ailleurs les Coréens, le président, comme le ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud. Cela va-t-il être utile ? Faut-il un budget et surtout cela permettra-il de contrôler l'aide humanitaire, ce que nous demandent les bailleurs, les ONG, toutes les agences ? Je l'espère, mais ce n'est pas simple.
Q - Mais alors, où en sommes-nous, l'ouverture d'un bureau d'ici la fin de l'année ?
R - Nous n'en sommes nulle part. Un bureau, si on peut le faire, serait ouvert un peu avant la fin de l'année. Où et avec qui ? Pour l'instant je n'en sais rien. Il faut trouver des volontaires, il faut trouver un lieu, il faut s'entendre avec les autorités nord-coréennes pour que ce soit possible, être sûr qu'on va pouvoir se déplacer pour trouver des projets et les financer... On peut le faire avec l'Union européenne, avec un peu plus d'argent. Nous allons explorer tout cela. Quoi-qu'il en soit, l'effort sera destiné aux populations nord-coréennes qui souffrent terriblement.
Q - Mais la France veut le faire ?
R - Oui, on va le faire.
Q - Et au niveau européen, quelles initiatives pouvez-vous prendre et que comptez-vous faire ?
R - Ecoutez, je constate que l'Europe est assez absente. Nous en avons assez de la guerre froide, de cet affrontement que l'on croyait terminé. Alors est-ce le même syndrome qui frappe l'Europe ? Peut-on trouver d'autres moyens de financement pour les populations ? Je le crois. En tout cas, je vais le demander. Ce n'est pas un voyage très mystérieux, vous savez. C'est quelque chose de nécessaire avec un pays avec lequel nous entretenons de bonnes relations, avec lequel la concurrence est grande, pour des raisons précises : le formidable développement de ce pays, la Corée, qui arrive, à peine sortie du développement, à entrer à l'OCDE et être le 16ème pays du monde membre du G20. C'est formidable, c'est un succès et je les félicite. Maintenant, cela n'empêche pas la concurrence dans des domaines précis, comme évidemment le développement du nucléaire civil, les automobiles, les chemins de fer, l'alimentation, enfin beaucoup de choses. Les données sociales de cette concurrence ne sont pas exactement les mêmes, vous l'aurez noté. Sommes-nous pénalisés par notre armature sociale ? Sûrement pas. Mais il faudra que cela s'équilibre à travers le monde, ce n'est pas encore demain la veille.
Q - Pour moi, les relations entre la France et la Corée du Sud sont assez claires : elles sont fluides et limpides, même si c'est votre première visite officielle. Ce qui m'intéresse, c'est tout ce que vous auriez à me dire sur la Corée du Nord parce que là, pour le coup, je trouve que l'Europe en général, la France en particulier, est totalement absente. Je me pose des questions depuis que je suis ici, en tant que Français en Corée du Sud, je ne comprends pas très bien quel rapport on a avec la Corée du Nord.
R - Je crains de vous décevoir, je vous assure qu'il n'y a rien de caché. Nous n'avons pas de rapport en dehors d'une délégation générale qui est en France. Nous n'avons pas de relations diplomatiques, on ne peut donc pas nous reprocher de ne pas avoir de rapports. C'est peut-être pour cela que Jack Lang a eu raison de faire un voyage en Corée du Nord et de rapporter cette idée d'ouvrir un bureau. Je sais d'expérience, en tant que créateur d'un certain nombre de ces ONG, très précisément impliquées en Corée du Nord, que ce n'est pas facile et que, à un moment donné, on se détourne. Pourquoi ? Franchement, je crois qu'il y a une mémoire limitée pour les, comment dirais-je, indignations de longue haleine. On croyait que c'était fini alors que ce n'est pas du tout terminé pour les populations de Corée du Nord.
Vous avez raison, la France n'est pas assez présente. Mais la France ne peut pas être partout, même si elle est très présente ces temps-ci. Il faut recommencer à s'intéresser aux gens qui souffrent de famine, d'absence de communication, d'ouverture sur le monde, d'oubli. Vous avez raison, c'est comme cela qu'il faut résumer : qui souffrent d'oubli.
Q - Pensez-vous que c'est la prochaine catastrophe humanitaire que personne ne veut voir venir ?
R - Ecoutez, parlons de leur situation actuelle, et essayons de les aider. C'est, je crois, ce que souhaite le gouvernement de Corée du Nord et demande le gouvernement de Corée du Sud. Voilà ce à quoi je suis sensible.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2010