Texte intégral
En premier lieu, je voudrais remercier Jean-Michel Fourgous, qui nous accueille chez lui, à Élancourt.
Jean-Michel, ce que tu fais ici dans le domaine du numérique est remarquable, et tout particulièrement dans les écoles.
Grâce à toi, grâce au numérique, Élancourt a changé de siècle. C'est la ville du troisième millénaire. Tout le monde le dit et il suffit de venir ici pour le constater.
Pour ma part, j'ai toujours été convaincu de la pertinence de l'usage du numérique dans l'éducation. Et j'ai hâte de pouvoir constater par moi-même les réalisations dont tout le monde parle !
Et c'est pourquoi, dès mon arrivée au ministère de l'Éducation nationale, j'ai tenu à lancer une réflexion de grande ampleur :
* sur les expériences menées à l'étranger
* sur le positionnement de la France
* sur les axes stratégiques à favoriser pour développer les usages du numérique à l'école
Mon cher Jean-Michel, la mission de réflexion et de propositions pour le développement du numérique dans l'enseignement scolaire qui t'a été confiée par le Premier ministre répond pleinement à cet objectif.
Jean-Michel, c'est le moment de le dire : le travail que tu as réalisé, depuis six mois avec toute ton équipe, est considérable. Grâce à toi, nous avons désormais une compréhension approfondie de la situation en matière de numérique à l'école, des défis qui nous font face et des moyens à mettre en oeuvre pour les relever.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens, cher Jean-Michel, à te remercier très sincèrement, toi et ton équipe, pour la qualité du travail que tu as présenté.
Le rapport que tu viens de me remettre est un travail de diagnostic indispensable. Il constitue le nécessaire préalable à toute décision dans ce domaine. Le nombre d'acteurs du secteur que tu as rencontrés permet de donner à ce diagnostic une légitimité incontestable. Et surtout à partir de ce diagnostic, tu as pu formuler des propositions et des perspectives intéressantes, originales, pour alimenter directement les réflexions en cours.
Jean-Michel l'a amplement souligné, je ne reviendrai donc pas en détail sur les apports du numérique en matière d'éducation. Je souhaite malgré tout souligner quelques points qui me paraissent essentiels :
Tout d'abord, l'usage pédagogique des technologies de l'information et de la communication dans l'éducation améliore sensiblement les résultats scolaires de tous les élèves. Particulièrement des plus faibles et des décrocheurs, qui peuvent bénéficier d'un rythme d'apprentissage personnalisé et trouvent un environnement de travail familier et motivant. À l'heure de la mobilisation générale contre l'exclusion et contre l'échec scolaire, c'est évidemment une piste qui ne peut pas être ignorée. Tous les moyens de raccrocher les élèves en difficulté et d'obtenir de meilleurs résultats doivent être mis oeuvre.
Ensuite, il est clair que le numérique fait progresser l'enseignement des langues. À l'heure de la mondialisation, la maîtrise des langues étrangères est devenue une nécessité absolue pour tous nos élèves, pour leur avenir, pour leur insertion professionnelle. Et quand je dis maîtrise, je pense d'abord à la maîtrise de l'oral ! Comme tu l'as signalé, mon cher Jean-Michel, la maîtrise de l'anglais à la sortie du lycée est encore limitée. Voilà pourquoi je propose, dans le cadre de la réforme du lycée, de systématiser les groupes de compétences en langues, pour faciliter la pratique de l'oral. Toutes les études actuelles le prouvent, pour apprendre une langue, c'est l'immersion qui compte. Les outils numériques, comme la balado-diffusion, la visioconférence et la conversation avec des interlocuteurs natifs vont dans ce sens car ils permettent à chaque élève d'améliorer sa compréhension et son expression orale, à son rythme.
Le numérique permet l'individualisation des relations entre les professeurs et les élèves. Il peut donc contribuer à enrichir l'accompagnement personnalisé que nous développons à tous les niveaux de la scolarité. Accompagner, c'est d'abord être aux côtés de ceux qui rencontrent des difficultés pour les aider à les surmonter. Mais accompagner, c'est aussi permettre d'approfondir une question ou d'engager une réflexion personnelle. C'est encore faciliter l'acquisition des méthodes. Et quelle que soit la forme que prend l'accompagnement, les outils numériques sont là pour en renforcer l'efficacité. Cette personnalisation facilite l'accès de chaque élève à plus d'autonomie : il se documente, il recherche, il confronte ses idées à celle des autres. Le tout dans une démarche accompagnée.
Enfin, le numérique peut jouer un rôle décisif dans l'accès de tous à la culture. C'est une de mes priorités. L'École doit jouer tout son rôle, en permettant à tous les élèves, quels que soient leur milieu d'origine ou leur lieu de résidence d'accéder aux événements culturels nationaux, par exemple aux grandes expositions. Ainsi, l'exposition Andy Warhol organisée au Grand Palais vient d'être numérisée en partenariat avec la Réunion des musées nationaux. Grâce au numérique, nous faisons entrer la culture dans la classe.
Les 12 priorités et les 70 mesures que la mission Fourgous a retenues constituent un ensemble de propositions très intéressantes, qui doivent à présent être étudiées. Les discussions avec l'ensemble des partenaires vont se poursuivre :
* avec les collectivités qui, depuis les lois de décentralisation, ont une responsabilité en matière de numérique, et avec lesquelles il faudra bien entendu échanger sur l'équipement et sa maintenance
* avec les enseignants qui doivent être formés et accompagnés vers la maîtrise du numérique et qui ont besoin d'outils et de ressources pédagogiques. L'équipement seul ne saurait suffire
* avec l'encadrement pédagogique et administratif, qui sera amené à accompagner et piloter le déploiement des usages sur le terrain
* avec les élèves et avec leurs familles vers lesquelles s'ouvre l'école grâce à des outils comme le cahier de texte numérique
* et, bien entendu, avec les industriels du secteur, afin de s'assurer de la pérennité des choix technologiques et de la mise en place d'une véritable filière du « numérique éducatif »
Les prochaines étapes seront décisives : il s'agit pour moi de finaliser le plan de numérisation de l'École, pour lui permettre de rester en phase avec l'évolution des pratiques et de bénéficier au plus vite des apports du numérique.
J'aurai l'occasion d'y revenir dans les prochaines semaines, mais je veux dès à présent vous indiquer que l'égalité des chances sera au coeur du plan numérique que je veux pour notre École. Il s'agit en effet de :
* réduire les inégalités entre les territoires, en proposant une stratégie nationale
* réduire les inégalités sociales, en permettant à tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale, d'accéder au numérique et au plus haut niveau des savoirs grâce au numérique
* d'agir sur l'ensemble des niveaux du système éducatif, de l'école primaire jusqu'au lycée, pour qu'aucun élève ne soit laissé au bord du chemin numérique
Mais je vous le dis : l'action de l'État doit se concentrer sur les champs et les missions qui sont de sa responsabilité. Et, dans ce contexte, notre mission est d'abord d'impulser, impulser comme on l'a fait avec les écoles numériques rurales, et de conduire le changement.
Le développement des nouvelles technologies est un projet d'avenir, un véritable investissement pour la réussite de nos élèves. La communauté éducative est déjà engagée dans la révolution numérique, ici peut-être plus qu'ailleurs. Tout l'enjeu est à présent de généraliser cet élan, d'encourager, de soutenir les initiatives. C'est le défi auquel je vais désormais m'atteler.
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 23 février 2010