Déclarations de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur l'émotion et les réactions suscitées par le décès du président polonais Lech Kaczynski et des membres de la délégation polonaise, Paris le 10 avril 2010.

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Circonstance : Accident d'avion à Smolensk entrainant le décès du président polonais et des membres de sa délégation le 10 avril 2010

Texte intégral

J'ai appris avec une immense tristesse la catastrophe aérienne qui a coûté la vie au président Lech Kaczynski ainsi qu'à son épouse et à de nombreuses autres personnes qui les accompagnaient en route vers le lieu de commémoration du massacre de Katyn.
Dans ces circonstances particulièrement tragiques, je tiens à exprimer ma profonde émotion et ma pleine solidarité avec le gouvernement et le peuple polonais particulièrement affectés par ce drame.
C'est avec respect et émotion que je salue aujourd'hui Lech Kaczynski, un homme d'État, et que je rends hommage à ses grandes qualités morales et à son engagement politique au service du peuple polonais.
Au-delà du dirigeant politique éminent d'un grand pays ami, je souhaite saluer aussi la mémoire d'une personnalité chaleureuse pour qui je conserve une grande affection et avec qui nous avons surmonté de nombreuses épreuves.
Il a toujours veillé à ce que le travail en commun entre la France et la Pologne se développe dans un esprit de dialogue et de confiance.
Je viens de m'entretenir au téléphone avec mon homologue polonais M. Sikorski à qui j'ai dit combien je mesurai leur tristesse en ce jour de deuil pour tous les Polonais.
DECLARATION A LA PRESSE
Il y a une réaction officielle de condoléances, de deuil, de partage de la souffrance. Il y a des réactions individuelles, en particulier de ceux qui connaissaient, comme le président de la République et moi-même, M. Lech Kaczynski, et qui avaient travaillé avec lui, qui connaissaient le chef d'état major des armées. Par exemple, je connaissais Mme Walentynowicz, la première ouvrière du chantier naval de Gdansk, qui a déclenché la grève de Solidarnosc et qui se trouvait dans l'avion du président.
Et puis officiellement, nous nous étonnons de cet extraordinaire symbolisme. Nous en sommes stupéfaits, nous en sommes très choqués. Le président de la République polonaise allait à Smolensk pour se rendre à Katyn alors que trois jours auparavant le Premier ministre de Russie avait fait ce geste d'aller à Katyn avec le Premier ministre polonais, M. Tusk, réintroduisant un peu de justice dans l'histoire. Et voilà que nos amis polonais sont frappés par cette effroyable catastrophe. Ce symbolisme est donc terriblement éprouvant pour tous ceux qui savent ce qu'était Katyn, c'est-à-dire le massacre, je le rappelle, pas seulement des officiers mais des intellectuels, de toute l'élite polonaise : 15.000, 20.000 personnes - on ne sait pas précisément combien- avaient été sciemment et une par une exécutées à Katyn en 1940.
Nous avons donc officiellement présenté nos condoléances, dit notre stupéfaction et notre choc. J'ai appelé l'ambassadeur de Pologne en France mais aussi mon ami le ministre des Affaires étrangères, M. Radoslaw Sikorski, pour lui exprimer ma peine et mon amitié.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2010