Texte intégral
Monsieur le Directeur général,
Madame la présidente
Mesdames et Messieurs les membres du groupe de travail
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je vous remercie, Monsieur le Directeur général, de ce mot d'introduction qui permet, je crois, de bien situer la démarche qui a présidé à la réalisation de ce rapport.
Je voudrais d'emblée adresser mes remerciements chaleureux à l'ensemble des personnes qui y ont apporté leur contribution. A commencer bien sûr par Viviane KOVESS-MASFETY, qui a accepté de prendre la présidence du groupe de travail.
Merci également aux autres membres du groupe, notamment aux rapporteurs qui n'ont pas ménagé leurs efforts, leurs soirées et leurs week-end pour achever à temps ce travail particulièrement riche et ambitieux.
En arrivant au secrétariat d'Etat au début de cette année, il m'a semblé important de lancer une réflexion approfondie sur ce que nous avons l'habitude d'appeler les pathologies de la modernité.
Pour ne rien vous cacher, mon intérêt s'est porté au départ sur le problème de l'addiction aux jeux vidéo.
Je voulais connaître l'étendu du phénomène, savoir ensuite ce qui était envisagé pour soigner cette dépendance mais aussi pour la prévenir. Et puis j'ai très vite compris la nécessité qu'il y avait de lancer un travail de fond sur l'ensemble des questions touchant à la santé mentale.
Comme chacun d'entre vous, j'ai pu observer, depuis une dizaine d'années, notamment dans ma ville de Longjumeau, une multiplication de troubles du comportement qui ne peuvent être assimilés à des maladies mentales.
Les médias se font régulièrement l'écho de ces problèmes, qui affligent les personnes les plus fragiles : le stress, les addictions sous toutes ses formes (alcool, jeu, drogue...) les violences envers soi-même, sans oublier non plus la dépression.
Et nous avons tous à l'esprit ce qui s'est passé ces derniers mois à France Télécom et dans plusieurs entreprises qui soumettent leurs salariés à de fortes pressions pour relever le défi de la compétitivité.
Nous pouvons nous réjouir de vivre de plus en plus longtemps et en bien meilleure santé qu'il y a un siècle. Et pourtant, il est évident que cette bonne santé physique ne peut suffire à assurer notre bien être.
Notre vie psychique est déterminante. Et en la matière, nous ne pouvons nous contenter d'une approche qui distinguerait grossièrement le normal et le pathologique.
La fragilisation des liens sociaux et familiaux, l'individualisme poussé parfois à l'extrême, avec ce que cela suppose de solitude et d'isolement, pèsent parfois lourdement sur certains destins.
D'autant que nous vivons à une époque où la performance, l'efficacité, imposent leur loi aussi bien dans le monde de travail que dans bien d'autres sphères de notre existence.
Face à ces changements profonds que nous vivons, je dirais, depuis les années 80, notre pays n'a pas encore su donner toute leur place aux démarches préventives.
Sans doute notre approche de la santé mentale est-elle restée avant tout normative et curative.
Selon cette approche, nous avons d'un côté les bien portants, de l'autre les malades qui ont besoin d'un traitement, délivré par des professionnels de santé.
Or sans être atteint d'une maladie mentale, un individu peut être plus ou moins fragile face aux épreuves de l'existence. Et si la pharmacopée a fait de grands progrès, elle ne saurer délivrer sur ordonnance les conditions d'un authentique bien être.
C'est pourquoi il me semblait important de comprendre dans quelle mesure cette approche curative pouvait être dépassée, de connaître l'expérience d'autres pays, comparables au nôtre, face à ces diverses pathologies de la modernité.
Je voulais aussi que nous allions plus loin dans l'élucidation de ce qui est pour moi un mystère : pourquoi la détresse psychologique semble-t-elle plus fréquente chez nous qu'elle ne l'est chez nos voisins ? A quoi tient en particulier cette consommation si importante de psychotropes ?
J'ai donc souhaité que soient présents dans le groupe de travail des experts de l'ensemble des disciplines concernées par les enjeux de santé mentale : psychiatrie bien sûr, neurologie, épidémiologie mais aussi sociologie, anthropologie, économie, et des représentants des personnes concernées au premier chef, professionnels et personnes ayant l'expérience des souffrances psychiques.
Votre travail nous livre, mesdames et messieurs, des enseignements particulièrement précieux.
Nous prenons conscience notamment qu'en dehors des personnes les plus précaires, les prisonniers, les chômeurs ou tous ceux que leur souffrance psychique exclut des courants de la vie ordinaire - les personnes dont la santé mentale est la plus fragile sont d'abord les plus jeunes et les plus âgés.
Les femmes sont également vulnérables -c'est la grande surprise de ce rapport et du sondage Santé mentale SIG-IPSOS - surtout les jeunes femmes, très inquiètes pour leur avenir, les femmes de plus de 35 ans, très désabusées sur leur avenir.
Il faut y ajouter ensuite les actifs, les travailleurs indépendants rendus inquiets par la crise, les salariés du public et du privé soumis à des méthodes de management souvent éprouvantes.
Autre surprise de taille: les Français semblent être prêts à entendre le message principal du rapport, la santé mentale est l'affaire de tous, et semblent également prêts à considérer que les personnes en détresse psychologique, même si elles sont un poids pour leur entourage proche, ne sont pas un danger pour autrui et doivent, d'abord, être aidées.
Sans doute reste-t-il du travail pour affiner les données statistiques - car nous manquons d'enquêtes - et surtout pour trouver les solutions adéquates.
Mais ce rapport a déjà permis d'identifier les personnes qui ont un rôle à jouer pour favoriser le bien être de tout un chacun, grâce à une formation adaptée.
Je veux parler des professionnels de l'éducation, des professionnels du travail, de ceux en charge des questions sociales et également, sans doute, des familles démunies devant la détresse psychologique d'un des leurs.
Grâce à ce rapport, nous prenons en même temps mieux conscience que c'est en favorisant les déterminants du bien être que nous avons de meilleures chances de prévenir les souffrances psychiques.
La confiance en soi, le sentiment de maîtriser sa vie, la capacité à affronter les difficultés de l'existence, la disposition à faire face au stress et aux différents coups durs...Ce sont là quelques uns des moyens de mener une vie sinon heureuse, du moins sans souffrance insurmontable.
Or tous ces déterminants ne sont pas uniquement du ressort de chaque individu et de son entourage proche. L'ensemble de notre société contribue à leur existence et leur développement. Il reste à faire en sorte que cette connaissance des moyens de favoriser les déterminants du bien être soit diffusée aussi largement que possible.
C'est là probablement que réside le grand défi que nous devons relever.
Je vous remercie.
Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 20 avril 2010
Madame la présidente
Mesdames et Messieurs les membres du groupe de travail
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je vous remercie, Monsieur le Directeur général, de ce mot d'introduction qui permet, je crois, de bien situer la démarche qui a présidé à la réalisation de ce rapport.
Je voudrais d'emblée adresser mes remerciements chaleureux à l'ensemble des personnes qui y ont apporté leur contribution. A commencer bien sûr par Viviane KOVESS-MASFETY, qui a accepté de prendre la présidence du groupe de travail.
Merci également aux autres membres du groupe, notamment aux rapporteurs qui n'ont pas ménagé leurs efforts, leurs soirées et leurs week-end pour achever à temps ce travail particulièrement riche et ambitieux.
En arrivant au secrétariat d'Etat au début de cette année, il m'a semblé important de lancer une réflexion approfondie sur ce que nous avons l'habitude d'appeler les pathologies de la modernité.
Pour ne rien vous cacher, mon intérêt s'est porté au départ sur le problème de l'addiction aux jeux vidéo.
Je voulais connaître l'étendu du phénomène, savoir ensuite ce qui était envisagé pour soigner cette dépendance mais aussi pour la prévenir. Et puis j'ai très vite compris la nécessité qu'il y avait de lancer un travail de fond sur l'ensemble des questions touchant à la santé mentale.
Comme chacun d'entre vous, j'ai pu observer, depuis une dizaine d'années, notamment dans ma ville de Longjumeau, une multiplication de troubles du comportement qui ne peuvent être assimilés à des maladies mentales.
Les médias se font régulièrement l'écho de ces problèmes, qui affligent les personnes les plus fragiles : le stress, les addictions sous toutes ses formes (alcool, jeu, drogue...) les violences envers soi-même, sans oublier non plus la dépression.
Et nous avons tous à l'esprit ce qui s'est passé ces derniers mois à France Télécom et dans plusieurs entreprises qui soumettent leurs salariés à de fortes pressions pour relever le défi de la compétitivité.
Nous pouvons nous réjouir de vivre de plus en plus longtemps et en bien meilleure santé qu'il y a un siècle. Et pourtant, il est évident que cette bonne santé physique ne peut suffire à assurer notre bien être.
Notre vie psychique est déterminante. Et en la matière, nous ne pouvons nous contenter d'une approche qui distinguerait grossièrement le normal et le pathologique.
La fragilisation des liens sociaux et familiaux, l'individualisme poussé parfois à l'extrême, avec ce que cela suppose de solitude et d'isolement, pèsent parfois lourdement sur certains destins.
D'autant que nous vivons à une époque où la performance, l'efficacité, imposent leur loi aussi bien dans le monde de travail que dans bien d'autres sphères de notre existence.
Face à ces changements profonds que nous vivons, je dirais, depuis les années 80, notre pays n'a pas encore su donner toute leur place aux démarches préventives.
Sans doute notre approche de la santé mentale est-elle restée avant tout normative et curative.
Selon cette approche, nous avons d'un côté les bien portants, de l'autre les malades qui ont besoin d'un traitement, délivré par des professionnels de santé.
Or sans être atteint d'une maladie mentale, un individu peut être plus ou moins fragile face aux épreuves de l'existence. Et si la pharmacopée a fait de grands progrès, elle ne saurer délivrer sur ordonnance les conditions d'un authentique bien être.
C'est pourquoi il me semblait important de comprendre dans quelle mesure cette approche curative pouvait être dépassée, de connaître l'expérience d'autres pays, comparables au nôtre, face à ces diverses pathologies de la modernité.
Je voulais aussi que nous allions plus loin dans l'élucidation de ce qui est pour moi un mystère : pourquoi la détresse psychologique semble-t-elle plus fréquente chez nous qu'elle ne l'est chez nos voisins ? A quoi tient en particulier cette consommation si importante de psychotropes ?
J'ai donc souhaité que soient présents dans le groupe de travail des experts de l'ensemble des disciplines concernées par les enjeux de santé mentale : psychiatrie bien sûr, neurologie, épidémiologie mais aussi sociologie, anthropologie, économie, et des représentants des personnes concernées au premier chef, professionnels et personnes ayant l'expérience des souffrances psychiques.
Votre travail nous livre, mesdames et messieurs, des enseignements particulièrement précieux.
Nous prenons conscience notamment qu'en dehors des personnes les plus précaires, les prisonniers, les chômeurs ou tous ceux que leur souffrance psychique exclut des courants de la vie ordinaire - les personnes dont la santé mentale est la plus fragile sont d'abord les plus jeunes et les plus âgés.
Les femmes sont également vulnérables -c'est la grande surprise de ce rapport et du sondage Santé mentale SIG-IPSOS - surtout les jeunes femmes, très inquiètes pour leur avenir, les femmes de plus de 35 ans, très désabusées sur leur avenir.
Il faut y ajouter ensuite les actifs, les travailleurs indépendants rendus inquiets par la crise, les salariés du public et du privé soumis à des méthodes de management souvent éprouvantes.
Autre surprise de taille: les Français semblent être prêts à entendre le message principal du rapport, la santé mentale est l'affaire de tous, et semblent également prêts à considérer que les personnes en détresse psychologique, même si elles sont un poids pour leur entourage proche, ne sont pas un danger pour autrui et doivent, d'abord, être aidées.
Sans doute reste-t-il du travail pour affiner les données statistiques - car nous manquons d'enquêtes - et surtout pour trouver les solutions adéquates.
Mais ce rapport a déjà permis d'identifier les personnes qui ont un rôle à jouer pour favoriser le bien être de tout un chacun, grâce à une formation adaptée.
Je veux parler des professionnels de l'éducation, des professionnels du travail, de ceux en charge des questions sociales et également, sans doute, des familles démunies devant la détresse psychologique d'un des leurs.
Grâce à ce rapport, nous prenons en même temps mieux conscience que c'est en favorisant les déterminants du bien être que nous avons de meilleures chances de prévenir les souffrances psychiques.
La confiance en soi, le sentiment de maîtriser sa vie, la capacité à affronter les difficultés de l'existence, la disposition à faire face au stress et aux différents coups durs...Ce sont là quelques uns des moyens de mener une vie sinon heureuse, du moins sans souffrance insurmontable.
Or tous ces déterminants ne sont pas uniquement du ressort de chaque individu et de son entourage proche. L'ensemble de notre société contribue à leur existence et leur développement. Il reste à faire en sorte que cette connaissance des moyens de favoriser les déterminants du bien être soit diffusée aussi largement que possible.
C'est là probablement que réside le grand défi que nous devons relever.
Je vous remercie.
Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 20 avril 2010