Déclaration de M. Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur la participation des étrangers à la Résistance et aux combats de Libération de la France, Paris le 30 mars 1999.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition du musée de la Résistance nationale sur la participation des étrangers à la Résistance , à la station Auber à Paris le 30 mars 1999

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président,

Je voudrais d'abord remercier et féliciter les artisans de cette manifestation pluridisciplinaire du Musée de la Résistance ainsi que la RATP qui s'est associée et vous accueillent, ici, à la station Auber, jusqu'au 3 avril.

Plusieurs ministres dont le chef du Gouvernement, M. Lionel JOSPIN, MM. Jean-Claude GAYSSOT, Hubert VEDRINE, Alain RICHARD et Jean-Pierre MASSERET et mesdames Martine AUBRY et Marie-George BUFFET, le président de l'Assemblée Nationale, du Sénat ont tenu comme moi à participer au Comité d'honneur de votre initiative. Cela revêt sans aucun doute une signification profonde devant le symbole de cet hommage à la participation des étrangers aux combats de Libération de la France.

Votre exposition, que nous venons de découvrir, ainsi que votre programme de rencontres, de débats et l'accueil des jeunes lauréats du concours national de la Résistance est un acte fort pour contribuer à la mémoire collective des faits de résistance à l'envahisseur et contre la barbarie.

Cette exposition est, en quelque sorte, une réhabilitation qui est toujours d'actualité. Combien de français savent que la France fut terre d'asile, notamment depuis la Révolution. C'est elle, la Révolution, qui publiera le 11 juillet 1792 l'un des plus beaux décrets de notre histoire, c'est celui que mon ami André TOLLET vient de citer. Je crois qu'il n'est pas inutile de le rappeler tant sa valeur est fondatrice de notre Nation : "La France honorera toujours de recevoir en son sein et sous ses drapeaux les soldats de la liberté qui viendront s'y ranger pour la défendre, et, quelle que soit leur patrie, ils ne seront jamais étrangers pour elle".

Encore aujourd'hui, combien de français connaissent le rôle réel des immigrés dans les différents maquis et dans les organisations de Résistance ?

Ainsi, chaque fois que la France fut dans l'obligation de se défendre elle trouva, en 1870, en 1914, comme en 39-45, toujours de très nombreux étrangers (y compris des colonies) pour s'engager à défendre la république et permettez à la Ministre du Nord de la France d'en porter le témoignage à travers toutes les victimes, des centaines de cimetières, de toutes nationalités, qui jalonnent son territoire tout au long de la ligne de front de la première guerre mondiale.

Je crois que mettre en lumière la participation importante des étrangers dans les combats pour la libération de la France est aussi de nature à lutter contre tous les fantasmes, cultivés par certains, à l'encontre de ceux qui sont différents, qui n'ont pas la même couleur de peau, qui ne parlent pas la même langue ou qui n'ont pas la même culture.

Enfin, nous le savons tous, l'apport des immigrés à la France n'est pas que dans le domaine de la défense de la liberté et de l'indépendance nationale. Il est aussi pour ce qui concerne les sciences, ce n'est pas un hasard si la polonaise de naissance, Marie CURIE, a sa place au Panthéon.

Leur rôle dans l'évolution de notre culture est également perceptible à notre époque comme au temps où Anna MARLY, Maurice DRUON et Joseph KESSEL, trois immigrés russes, composaient le chant des Partisans.

Cette exposition rappelle aussi les atrocités de la guerre. Elle porte en elle un message de paix qui dépasse les frontières. Les événements douloureux dans les Balkans nous rappellent malheureusement qu'il n'est pas entendu partout. Mais c'est pourtant en se fondant sur cet espoir, en portant toujours plus haut ce message, que la guerre peut reculer.

Vous le savez, dans les attributions gouvernementales qui sont les miennes, le tourisme, je n'hésite pas, en toute occasion, à faire savoir que cette activité sociale et humaine favorise les rencontres entre nationalités différentes, les cultures différentes et sera toujours efficace, pour aider à une meilleure compréhension entre les peuples, pour la paix et la démocratie.

Vous le voyez, je ne considère pas l'activité de mémoire seulement pour le souvenir mais aussi pour le devenir. C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'avec mon collègue, Jean-Pierre MASSERET, nous avons l'ambition de développer une véritable activité de tourisme de la mémoire, une autre façon d'exercer notre devoir de mémoire.

En vous félicitant une nouvelle fois pour votre travail.

Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 08 avril 1999)