Conférence de presse de Mme Roselyne bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports, sur le bilan du deuxième Programme national nutrition santé (PNNS2), Paris le 6 mai 2010.

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Circonstance : Remise du rapport du deuxième Programme national nutrition santé (PNNS2) à Paris le 6 mai 2010

Texte intégral

Mesdames, messieurs,
Je me réjouis de pouvoir dresser aujourd'hui un bilan du deuxième programme national nutrition santé (PNNS2), à l'occasion de la remise du rapport d'une mission conjointe de l'Inspection générale des affaires sociales et du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, mission menée depuis octobre 2009 pour évaluer ce dispositif.
A tous les membres de cette mission, je veux adresser mes plus vifs remerciements pour le remarquable travail qu'ils ont mené.
Vous l'avez souligné : grâce à son caractère multiforme et multi partenarial essentiellement incitatif et coopératif, le PNNS « demeure un exemple et constitue une référence pour de nombreux pays étrangers ».
« Innovant, original et persévérant » - je vous cite -, il constitue « une démarche utile et indispensable au succès de toute politique nutritionnelle » et s'affirme comme un cadre de référence pour tous.
Les chiffres à eux seuls attestent l'efficacité de la démarche : entre 2000 et 2007, le surpoids et l'obésité chez l'enfant est passé de 18 à 16 %.
Le nombre d'adultes consommant cinq fruits et légumes par jour a augmenté de 16 % et la consommation de sucres a diminué de 10 %.
Désormais, deux tiers de nos concitoyens pratiquent une activité physique conforme aux repères du PNNS, c'est-à-dire 30 minutes d'activité physique au moins cinq fois par semaine.
Ceci est une oeuvre collective et je veux ici saluer les villes et départements qui se sont activement investis dans la mise en oeuvre concrète de ce PNNS.
Quatre départements se sont impliqués : la Moselle, la Haute-Saône, la Vendée et la Gironde. 203 villes et 8 communautés de communes participent activement au PNNS.
A cette occasion, je veux tout particulièrement remercier Pierre Méhaignerie, dont je salue la présence.
Sa ville, Vitré, est à la fois une ville qui a adhéré au programme EPODE, qui vise aussi à lutter contre l'obésité des enfants, et une ville très investie dans le PNNS.
Je crois, comme Pierre Méhaignerie, à la force des expérimentations et j'appelle à un rapprochement entre le PNNS et le programme EPODE.
Les chartes d'engagement nutritionnel sont un autre axe du PNNS. Aujourd'hui, 18 grandes entreprises en ont signées, dont, très récemment, la société McCain.
L'Observatoire de la qualité alimentaire (OQALI) a évalué les 15 premières chartes. Il estime qu'elles peuvent avoir un réel impact sur l'alimentation, avec une réduction d'environ 9000 tonnes de la quantité de sucres consommés par an et d'environ 4300 tonnes pour les lipides.
Mais le PNNS se traduit par d'autres actions, qui complètent les dispositifs que je viens d'évoquer.
Je veux mentionner, d'abord, les campagnes de l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).
Aujourd'hui, le slogan « cinq fruits et légumes par jour » est cité par 75 % des personnes interrogées contre seulement 36 % en 2005.
Je pense, aussi, aux pôles d'accueil spécialisés pour les personnes obèses, qui ont été rapidement étendus à l'ensemble des régions. Ainsi, dans le cadre du PNNS2, ce sont plus de 4 millions d'euros qui ont été mis à disposition des CHU, pour financer des équipements adaptés, comme des brancards, des fauteuils roulants, ou encore des lits médicaux.
Je veux insister également sur d'autres mesures.
Depuis la loi du 30 janvier 2007, le diététicien est un professionnel de santé référencé comme tel dans le code de la santé publique.
Les distributeurs de nourriture et de boissons sucrées ont été interdits dans les écoles.
L'étude NutriNet-Santé, qui fêtera bientôt son premier anniversaire, a été une réussite, puisque 130000 internautes, venus de la France entière et issus de toutes les catégories socioprofessionnelles, se sont déjà inscrits pour y participer. Cet effort doit se poursuivre pour atteindre l'objectif fixé de 500000 nutrinautes et j'encourage donc chacun à s'inscrire sur le site internet dédié : www.etude-internet-sante.fr
Enfin, je tiens à remercier le Professeur Serge Hercberg, qui dirige le comité de pilotage du PNNS, en collaboration avec les services de mon ministère et ceux des ministères de l'alimentation et de l'éducation nationale.
A n'en pas douter, le PNNS qui s'achève a permis des avancées significatives. L'analyse qui en a été faite doit nous servir à dessiner les axes prioritaires sur lesquels devra se fonder toute action dans ce domaine.
Je fais miennes les recommandations du rapport d'évaluation. Je souhaite que soit porté un accent tout particulier sur certains aspects évoqués, tels que :
* les actions en faveur des plus démunis ;
* le nécessaire renforcement de la prise en charge des personnes obèses ;
* le développement de la promotion de l'activité physique et de la lutte contre la sédentarité ;
* la lutte contre la dénutrition des personnes âgées, en partenariat avec le plan national « Bien vieillir ».
Pour assurer une plus grande efficacité à ces mesures, je veux que le pilotage du PNNS s'effectue en étroite collaboration avec tous les acteurs concernés.
En particulier, je me suis employée, avec mon collègue Bruno Lemaire, à assurer la complémentarité du PNNS avec le programme national pour l'alimentation prévu dans le projet de loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche, actuellement examiné au Sénat.
Je souhaite également que toutes ces mesures touchent le plus grand nombre de nos concitoyens.
Pour se faire, l'Inpes doit continuer à les informer sur les moyens de mettre en pratique les recommandations de santé publique liées à l'alimentation et à l'activité physique.
Des chartes « entreprises actives du PNNS » seront également mises en place. Les entreprises signataires devront s'engager sur le développement d'actions spécifiquement destinées à améliorer la nutrition de l'ensemble des salariés.
Enfin, le PNNS doit mettre l'accent sur les mesures de prise en charge de l'obésité.
Je rappelle que le PNNS2 prévoyait que la Haute autorité de santé (HAS) élabore des recommandations de bonnes pratiques sur cette prise en charge. Je souhaite que cette réflexion aboutisse prochainement.
Je rappelle que le rapport Basdevant, qui m'a été remis en avril 2009, prévoyait la désignation, dans chaque région, de « centres de référence » qui assureront la prise en charge globale et pluridisciplinaire des patients souffrant d'obésité sévère.
Il reviendra aux agences régionales de santé (ARS) de lancer des appels d'offre auprès des établissements de leur territoire de santé, sur la base du cahier des charges aujourd'hui disponible.
Ces différentes mesures s'articuleront avec la mise en place des crédits de 3 millions d'euros inscrits fin 2009 à la loi de financement de la sécurité sociale pour 2010. Ils serviront à financer des équipements supplémentaires pour accueillir les patients obèses dans des établissements de SSR.
Chacun l'aura compris : une politique de santé ne saurait être efficace que si elle est intersectorielle. Le PNNS en est la parfaite illustration.
Je suis fière de ce dispositif dont j'ai rappelé les réalisations et qui, je n'en doute pas, contribue à faire progresser la santé de tous nos concitoyens.
Je vous remercie.Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 7 mai 2010