Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur le devoir d'exemplarité des hommes publics, à l'Assemblée nationale le 22 juin 2010.

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Circonstance : Question posée par M. Jean Mallot, député (groupe SRC) de l'Allier, lors de la séance des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale le 22 juin 2010

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Le ministre du Budget aura certainement, au cours de cette séance, l'occasion de répondre précisément à votre question. Mais je voudrais évoquer certains de ces sous-entendus.
Nous avons tous ici, hommes publics, un devoir d'exemplarité. Et sur le chemin de l'exemplarité et de la transparence, depuis le début de la République, les uns et les autres, nous avons fait des progrès. Je veux rappeler qu'il n'y a pas si longtemps que les fonds secrets servaient encore à financer les revenus des membres du Gouvernement, de gauche comme de droite. Je veux rappeler qu'il n'y a pas si longtemps que la présidence de la République, celle de Charles de Gaulle, celle de François Mitterrand ou celle de Jacques Chirac ne faisait l'objet d'aucun contrôle financier. Nous avons fait des progrès, mais nous avons encore des progrès à faire. Et j'aurai l'occasion dans les prochains jours, avec le président de la République, de prendre de nouvelles décisions dans cette direction.
Sur ce chemin de la transparence et de l'exemplarité, il y a eu aussi des défaillances. Et ces défaillances, elles doivent être sanctionnées fermement. Enfin, sur ce chemin, il y a un long cortège de dénonciations anonymes, de calomnies, de corbeaux, de petits calculs politiques. Moi, depuis le début de ma vie publique, je me suis toujours interdit de hurler avec les loups. Je n'ai jamais accepté de jeter aux chiens l'honneur d'un homme politique. Et d'ailleurs, lorsque Dominique Strauss-Kahn, en 1999, a été injustement accusé, j'ai pris publiquement sa défense. Parce que je considère que les procès instruits sur la rumeur, ce n'est pas ma conception de la République, ce n'est pas ma conception de la démocratie, et ce n'est pas ma conception de l'honneur !
Ceux qui, sur la base de quelques informations non vérifiées, glanées ici ou là dans la presse, s'érigent en procureurs, ceux-là manquent aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous, comme l'a si bien écrit François Mitterrand.
E. Woerth est un homme intègre. E. Woerth n'a commis aucune faute. E. Woerth n'a donné aucune instruction concernant la situation fiscale de madame Bettencourt. E. Woerth sera sans doute l'un des ministres de la Vème République qui aura le plus fait pour lutter contre la fraude fiscale et contre les paradis fiscaux. E. Woerth a toute ma confiance et j'ajoute, aujourd'hui, devant vous, toute mon amitié dans l'épreuve qu'il traverse. Je ne laisserai pas son honneur traîné dans la boue pour quelques misérables petits calculs politiques. Je ne laisserai pas la démocratie s'égarer sur le chemin des règlements de compte !
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 juin 2010