Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- La tension continue sur les places financières du monde, ce matin. Elles commencent la journée aussi mal qu'elles l'avaient terminée, la crise n'est pas finie. Les marchés et les spéculateurs n'ont toujours pas confiance en les dirigeants de l'Europe. Comment stopper cette instabilité et les peurs qui montent ?
En coordonnant chaque jour un peu plus une action déterminée de la part de tous les pays de la zone euro, pour dire deux idées simples : un, nous sauverons coûte que coûte la monnaie, parce que c'est notre bien commun, parce que c'est notre outil économique, parce que c'est notre outil de développement, parce que c'est la perspective d'avenir concernant la création d'emplois ; et deux, vous, les marchés, et à l'intérieur de ces marchés, vous les spéculateurs, vous ne gagnerez pas contre les Etats.
Alors la coordination, d'abord elle tarde, et ensuite la monnaie. A l'issue de son dîner avec le nouveau Premier anglais, Cameron, qui n'est pas prêt d'entrer dans la zone euro, le président de la République a défendu l'euro. "C'était une réussite", a-t-il dit, et l'euro est la deuxième monnaie du monde. Et aujourd'hui à Bruxelles, H. Von Rompuy réunit tous les ministres européens des Finances, pour qu'ils arrivent à se mettre d'accord. Est-ce que l'euro, au-delà des bonnes paroles, est aujourd'hui en danger ?
Ce n'est pas que des bonnes paroles, parce que quand on a 750 milliards sur la table...
Mais apparemment c'est insuffisant...
C'est déjà pas mal, ça a évité le pire, c'est-à-dire l'explosion des marchés et l'ensemble d'une déstabilisation. Il faut aussi raisonner en creux : imaginez qu'on n'ait pas l'euro, et qu'on soit dans un dispositif où chaque pays a sa monnaie...
L'euro est-il en danger aujourd'hui ?
L'euro n'est pas en danger parce qu'il y a cette détermination très forte de la part des pays de la zone euro où la prise de conscience, peut-être un peu tardive pour certains, peut-être incertaine pour d'autres, peut-être manquant de conviction un certain temps de la part d'autres encore, mais aujourd'hui, une action déterminée, notamment avec un renforcement du couple franco-allemand qui est le moteur de l'Europe, et qui dit très clairement, et de manière absolument déterminée : on ne reviendra pas à une situation précédente. La situation précédente c'est la dévaluation, c'est l'appauvrissement. C'est l'appauvrissement des particuliers, c'est l'appauvrissement des entreprises, c'est l'appauvrissement des Etats.
Mais c'est un couple qui agit de temps en temps en ordre dispersé. N. Sarkozy et A. Merkel se sont expliqués hier au téléphone, il paraît que c'était franc, direct ...
Ca l'est toujours.
... et qu'ils se sont engagés à se concerter plus étroitement et mieux. Est-ce que la France va interdire certains types de ventes à découvert, ces spéculations abusives sur les marchés que Mme Merkel a lancées ?
On le fait déjà et depuis plusieurs mois. La décision allemande était un peu solitaire puisqu'elle n'avait pas cette nécessité de coordination, notamment...
Est-ce que toute la zone euro doit en faire autant ?
La vente à découvert c'est l'un des outils le plus spéculatif puisque ça permet, notamment à un trader, au fond d'acheter ou de dire qu'il est propriétaire d'un titre qu'il ne possède pas, et de le vendre au plus bas à un moment où il ne l'a pas encore, et ça lui permet au fond de jouer à la hausse et à la baisse. Quand certains traders disent « de toute façon la situation grecque ou ce qui se passe dans d'autres pays c'est gagnant-gagnant », on est au coeur du dispositif. Mais ce qu'il faut, c'est une coordination de ce type d'initiative.
Donc, toute la zone euro, oui, mais pas un seul pays ?
Ce n'est pas le principe qui est en cause, c'est ses modalités d'application dans une application dans une période de turbulences sur notre monnaie.
Tous les pays de la zone euro devraient le faire ?
La France le fait depuis un certain temps, et si une décision de l'Euro-groupe en ce sens doit être acceptée...
Ca doit être coordonné ?
...c'est une bonne décision.
Les décisions de l'Elysée prises hier provoquent un choc. Pourquoi cette urgence, et comme disent certains dans l'opposition, cette brutalité, pour réduire les déficits ? A qui faut-il donner, d'un coup, des gages ? A Bruxelles, à Berlin, au FMI ? Est-ce que c'est de la lucidité ou de la panique ?
Je crois, d'abord à nous-mêmes, à nos habitudes, et à ce qui s'est passé depuis une trentaine ou une quarantaine d'années même, puisque le dernier budget voté en excédent dans notre pays, c'était en 74 ; certes, c'était avant le choc pétrolier, mais c'était le dernier. Donc, c'est d'abord à nous-mêmes, et la lutte contre les déficits, la maîtrise de la dette, au fond, la bonne discipline, ça doit être à la fois une philosophie budgétaire, si on peut le dire ainsi, et une règle appliquée à tous. C'est dans cet esprit...
Mais on le découvre maintenant ? !
C'est-à-dire que...
Peut-être aidés par la crise ?
Beaucoup aidés par la crise. Jusqu'à la crise, on avait pris l'habitude, faussement confortable, faussement édredon, faussement couette, de vivre avec un niveau de déficit exceptionnel, c'est-à-dire, de continuer à dépenser plus qu'on ne gagnait. La crise a fait exploser le système pour tout le monde. Donc, nous avons une ardente obligation, d'où le budget 2011, d'où la loi pluriannuelle jusqu'en 2013, de réduire ces déficits au niveau d'avant la crise, mais comme nous ne pouvons plus prendre le risque d'avoir à nouveau à gérer une nouvelle crise, alors on inscrit dans la Constitution le fait que tout Premier ministre sorti des unes devra dire à la fin de la législature, à la fin des cinq années qui suivent, où on en sera, et peut-être...
Ca, à partir de 2012. Et est-ce que vous pourrez le faire passer dans la Constitution, parce que Le Figaro - et il n'est pas le seul d'ailleurs - à dire qu'au Congrès à Versailles, il vous faudra une majorité des trois cinquièmes et que vous aurez du mal à l'atteindre.
Il faudra quand même que le PS explique à ce moment-là pourquoi il est contre. Quand on voit ses propositions sur les retraites, on peut imaginer que n'ayant d'autre idée, à l'exception singulière de Strauss- Kahn, qui est un homme à l'évidence un peu plus structuré, dans la mesure où ils ne veulent pas toucher à l'âge de la retraite, et qu'ils veulent uniquement faire un choc fiscal, on peut comprendre que sur la question des déficits, ça leur brûle un peu les doigts, ils ont un sparadrap...
Donc vous les mettez au défi ?
Ils seront en face de leurs responsabilités. Et la proposition du président de la République est responsable, elle va dans le sens de l'histoire, en France comme ailleurs ; elle fixe une règle, elle inscrit une logique disciplinaire en matière budgétaire et si les socialistes disent non, ils seront en face des Français sur l'incapacité de soutenir réellement leurs propositions, souvent les unes après les autres depuis...
En tout cas, ils disent que les mesures qui ont été prises hier, ou décidées hier à l'Elysée, sont désastreuses et qu'elles vont casser la croissance ou le début de la reprise économique.
Je ne crois pas. Très rapidement : regardez ce qui se passe en Espagne, il y a une baisse du traitement pour les fonctionnaires, il y a une baisse des salaires, il y a une augmentation des impôts directes...
On n'en est pas là ?
On n'en est pas là.
On n'en sera pas là ?
On n'en sera pas là. On n'en sera pas là si on fait ce que l'on propose aujourd'hui. On peut être dans un solide plan de rigueur si on ne fait pas ce qu'on fait aujourd'hui. Mais la matrice qui est proposée, cadrage du Premier ministre, au fond le gel des dépenses de l'Etat, des collectivités locales et la maîtrise des dépenses d'assurance maladie, cela nous permet de répondre à cette discipline budgétaire sans passer sous la ligne de flottaison qui pourrait en effet casser la croissance.
Vous avez parlé du directeur général du Fonds monétaire international. Il disait hier que si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans - la phrase qui ne plaît pas à S. Moati - ; il dit : il ne faut pas faire d'un départ à la retraite à 60 ans un dogme. Est-ce que vous lui donnez raison ?
C'est-à-dire c'est à la fois une question de bon sens. Je pense que tous ceux qui nous écoutent peuvent se dire : tiens, Strauss-Kahn est intelligent. Nous, nous le disons en responsabilité depuis longtemps et ceux qui ne le disent pas, soit offrent un très, très gros mensonge, soit franchement ils sont tellement irresponsables qu'ils ne sont pas dignes d'être un parti de gouvernement.
Donc, F. Baroin, pour vous, le Gouvernement n'en fera pas un dogme de la retraite à 60 ans ?
Sans être un dogme, c'est un constat d'évidence que cette question d'allongement de la durée du travail est une question au coeur de la réforme des retraites.
C'est-à-dire vous devriez - vous allez peut-être - augmenter la durée des cotisations et relever l'âge légal de la retraite à 63, 64 ans ?
La seule piste qui a été écartée c'est la baisse des pensions.
Vous confirmez que ça va se faire ? D'ailleurs J.-F. Copé le dit.
Je vous confirme que c'est une piste qui est évidemment examinée et c'est normal.
Dernière remarque : le ministre Baroin n'est-il pas obligé de dire de temps en temps le contraire de ce que le député Baroin affirmait, par solidarité ? Il est moins libre ?
Il est moins libre mais il respecte la solidarité gouvernementale. Mais sur la question budgétaire, sur le bouclier fiscal, je n'ai jamais eu aucun état d'âme. C'est bien la raison pour laquelle je n'ai aucun état d'âme, puisque je pense que c'est utile.
Et qu'est-ce que le ministre Baroin voudrait symboliser ?
La responsabilité de l'Etat.
Pas la rigueur ? La discipline ?
La rigueur, ce n'est pas un gros mot.
Non, non, pas pour moi.
Et ça ne fait peur à personne.
Donc, vous pouvez l'employer ?
M.-O. Fogiel : Merci F. Baroin, je vous évite de l'employer. Voyez ! Merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 mai 2010
En coordonnant chaque jour un peu plus une action déterminée de la part de tous les pays de la zone euro, pour dire deux idées simples : un, nous sauverons coûte que coûte la monnaie, parce que c'est notre bien commun, parce que c'est notre outil économique, parce que c'est notre outil de développement, parce que c'est la perspective d'avenir concernant la création d'emplois ; et deux, vous, les marchés, et à l'intérieur de ces marchés, vous les spéculateurs, vous ne gagnerez pas contre les Etats.
Alors la coordination, d'abord elle tarde, et ensuite la monnaie. A l'issue de son dîner avec le nouveau Premier anglais, Cameron, qui n'est pas prêt d'entrer dans la zone euro, le président de la République a défendu l'euro. "C'était une réussite", a-t-il dit, et l'euro est la deuxième monnaie du monde. Et aujourd'hui à Bruxelles, H. Von Rompuy réunit tous les ministres européens des Finances, pour qu'ils arrivent à se mettre d'accord. Est-ce que l'euro, au-delà des bonnes paroles, est aujourd'hui en danger ?
Ce n'est pas que des bonnes paroles, parce que quand on a 750 milliards sur la table...
Mais apparemment c'est insuffisant...
C'est déjà pas mal, ça a évité le pire, c'est-à-dire l'explosion des marchés et l'ensemble d'une déstabilisation. Il faut aussi raisonner en creux : imaginez qu'on n'ait pas l'euro, et qu'on soit dans un dispositif où chaque pays a sa monnaie...
L'euro est-il en danger aujourd'hui ?
L'euro n'est pas en danger parce qu'il y a cette détermination très forte de la part des pays de la zone euro où la prise de conscience, peut-être un peu tardive pour certains, peut-être incertaine pour d'autres, peut-être manquant de conviction un certain temps de la part d'autres encore, mais aujourd'hui, une action déterminée, notamment avec un renforcement du couple franco-allemand qui est le moteur de l'Europe, et qui dit très clairement, et de manière absolument déterminée : on ne reviendra pas à une situation précédente. La situation précédente c'est la dévaluation, c'est l'appauvrissement. C'est l'appauvrissement des particuliers, c'est l'appauvrissement des entreprises, c'est l'appauvrissement des Etats.
Mais c'est un couple qui agit de temps en temps en ordre dispersé. N. Sarkozy et A. Merkel se sont expliqués hier au téléphone, il paraît que c'était franc, direct ...
Ca l'est toujours.
... et qu'ils se sont engagés à se concerter plus étroitement et mieux. Est-ce que la France va interdire certains types de ventes à découvert, ces spéculations abusives sur les marchés que Mme Merkel a lancées ?
On le fait déjà et depuis plusieurs mois. La décision allemande était un peu solitaire puisqu'elle n'avait pas cette nécessité de coordination, notamment...
Est-ce que toute la zone euro doit en faire autant ?
La vente à découvert c'est l'un des outils le plus spéculatif puisque ça permet, notamment à un trader, au fond d'acheter ou de dire qu'il est propriétaire d'un titre qu'il ne possède pas, et de le vendre au plus bas à un moment où il ne l'a pas encore, et ça lui permet au fond de jouer à la hausse et à la baisse. Quand certains traders disent « de toute façon la situation grecque ou ce qui se passe dans d'autres pays c'est gagnant-gagnant », on est au coeur du dispositif. Mais ce qu'il faut, c'est une coordination de ce type d'initiative.
Donc, toute la zone euro, oui, mais pas un seul pays ?
Ce n'est pas le principe qui est en cause, c'est ses modalités d'application dans une application dans une période de turbulences sur notre monnaie.
Tous les pays de la zone euro devraient le faire ?
La France le fait depuis un certain temps, et si une décision de l'Euro-groupe en ce sens doit être acceptée...
Ca doit être coordonné ?
...c'est une bonne décision.
Les décisions de l'Elysée prises hier provoquent un choc. Pourquoi cette urgence, et comme disent certains dans l'opposition, cette brutalité, pour réduire les déficits ? A qui faut-il donner, d'un coup, des gages ? A Bruxelles, à Berlin, au FMI ? Est-ce que c'est de la lucidité ou de la panique ?
Je crois, d'abord à nous-mêmes, à nos habitudes, et à ce qui s'est passé depuis une trentaine ou une quarantaine d'années même, puisque le dernier budget voté en excédent dans notre pays, c'était en 74 ; certes, c'était avant le choc pétrolier, mais c'était le dernier. Donc, c'est d'abord à nous-mêmes, et la lutte contre les déficits, la maîtrise de la dette, au fond, la bonne discipline, ça doit être à la fois une philosophie budgétaire, si on peut le dire ainsi, et une règle appliquée à tous. C'est dans cet esprit...
Mais on le découvre maintenant ? !
C'est-à-dire que...
Peut-être aidés par la crise ?
Beaucoup aidés par la crise. Jusqu'à la crise, on avait pris l'habitude, faussement confortable, faussement édredon, faussement couette, de vivre avec un niveau de déficit exceptionnel, c'est-à-dire, de continuer à dépenser plus qu'on ne gagnait. La crise a fait exploser le système pour tout le monde. Donc, nous avons une ardente obligation, d'où le budget 2011, d'où la loi pluriannuelle jusqu'en 2013, de réduire ces déficits au niveau d'avant la crise, mais comme nous ne pouvons plus prendre le risque d'avoir à nouveau à gérer une nouvelle crise, alors on inscrit dans la Constitution le fait que tout Premier ministre sorti des unes devra dire à la fin de la législature, à la fin des cinq années qui suivent, où on en sera, et peut-être...
Ca, à partir de 2012. Et est-ce que vous pourrez le faire passer dans la Constitution, parce que Le Figaro - et il n'est pas le seul d'ailleurs - à dire qu'au Congrès à Versailles, il vous faudra une majorité des trois cinquièmes et que vous aurez du mal à l'atteindre.
Il faudra quand même que le PS explique à ce moment-là pourquoi il est contre. Quand on voit ses propositions sur les retraites, on peut imaginer que n'ayant d'autre idée, à l'exception singulière de Strauss- Kahn, qui est un homme à l'évidence un peu plus structuré, dans la mesure où ils ne veulent pas toucher à l'âge de la retraite, et qu'ils veulent uniquement faire un choc fiscal, on peut comprendre que sur la question des déficits, ça leur brûle un peu les doigts, ils ont un sparadrap...
Donc vous les mettez au défi ?
Ils seront en face de leurs responsabilités. Et la proposition du président de la République est responsable, elle va dans le sens de l'histoire, en France comme ailleurs ; elle fixe une règle, elle inscrit une logique disciplinaire en matière budgétaire et si les socialistes disent non, ils seront en face des Français sur l'incapacité de soutenir réellement leurs propositions, souvent les unes après les autres depuis...
En tout cas, ils disent que les mesures qui ont été prises hier, ou décidées hier à l'Elysée, sont désastreuses et qu'elles vont casser la croissance ou le début de la reprise économique.
Je ne crois pas. Très rapidement : regardez ce qui se passe en Espagne, il y a une baisse du traitement pour les fonctionnaires, il y a une baisse des salaires, il y a une augmentation des impôts directes...
On n'en est pas là ?
On n'en est pas là.
On n'en sera pas là ?
On n'en sera pas là. On n'en sera pas là si on fait ce que l'on propose aujourd'hui. On peut être dans un solide plan de rigueur si on ne fait pas ce qu'on fait aujourd'hui. Mais la matrice qui est proposée, cadrage du Premier ministre, au fond le gel des dépenses de l'Etat, des collectivités locales et la maîtrise des dépenses d'assurance maladie, cela nous permet de répondre à cette discipline budgétaire sans passer sous la ligne de flottaison qui pourrait en effet casser la croissance.
Vous avez parlé du directeur général du Fonds monétaire international. Il disait hier que si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans - la phrase qui ne plaît pas à S. Moati - ; il dit : il ne faut pas faire d'un départ à la retraite à 60 ans un dogme. Est-ce que vous lui donnez raison ?
C'est-à-dire c'est à la fois une question de bon sens. Je pense que tous ceux qui nous écoutent peuvent se dire : tiens, Strauss-Kahn est intelligent. Nous, nous le disons en responsabilité depuis longtemps et ceux qui ne le disent pas, soit offrent un très, très gros mensonge, soit franchement ils sont tellement irresponsables qu'ils ne sont pas dignes d'être un parti de gouvernement.
Donc, F. Baroin, pour vous, le Gouvernement n'en fera pas un dogme de la retraite à 60 ans ?
Sans être un dogme, c'est un constat d'évidence que cette question d'allongement de la durée du travail est une question au coeur de la réforme des retraites.
C'est-à-dire vous devriez - vous allez peut-être - augmenter la durée des cotisations et relever l'âge légal de la retraite à 63, 64 ans ?
La seule piste qui a été écartée c'est la baisse des pensions.
Vous confirmez que ça va se faire ? D'ailleurs J.-F. Copé le dit.
Je vous confirme que c'est une piste qui est évidemment examinée et c'est normal.
Dernière remarque : le ministre Baroin n'est-il pas obligé de dire de temps en temps le contraire de ce que le député Baroin affirmait, par solidarité ? Il est moins libre ?
Il est moins libre mais il respecte la solidarité gouvernementale. Mais sur la question budgétaire, sur le bouclier fiscal, je n'ai jamais eu aucun état d'âme. C'est bien la raison pour laquelle je n'ai aucun état d'âme, puisque je pense que c'est utile.
Et qu'est-ce que le ministre Baroin voudrait symboliser ?
La responsabilité de l'Etat.
Pas la rigueur ? La discipline ?
La rigueur, ce n'est pas un gros mot.
Non, non, pas pour moi.
Et ça ne fait peur à personne.
Donc, vous pouvez l'employer ?
M.-O. Fogiel : Merci F. Baroin, je vous évite de l'employer. Voyez ! Merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 mai 2010