Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre de l'industrie, sur la nouvelle impulsion donnée à la politique des pôles de compétitivité grâce à l'emprunt national, Paris le 7 juillet 2010.

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Circonstance : 7ème Journée nationale des pôles de compétitivité, à Paris le 7 juillet 2010

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis de participer comme l'an dernier à cette journée des pôles de compétitivité - la 7ème à ce jour - dont le thème est aujourd'hui consacré aux investissements d'avenir. Ces investissements - issus de la volonté du Président de la République le 4 mars dernier de lancer un grand emprunt national - représentent, vous le savez, 35 milliard d'euros qui seront mobilisés sur les secteurs dits « à enjeu » qui conditionnent en grande partie l'avenir de toute l'économie française : l'enseignement supérieur et la formation, la recherche, l'industrie et les PME, le numérique et le développement durable. Il s'agit pour nous de nous projeter dans l'avenir pour développer, en nous fondant sur la recherche et l'innovation, les compétences nouvelles dont notre pays a besoin, pour mieux préparer notre appareil industriel à relever le défi de la croissance durable et enfin pour construire la société de demain. Au-delà l'objectif à atteindre, ce sont bien évidemment de nouveaux marchés et c'est l'emploi. Sur les 35 milliards consacrés aux investissements d'avenir, plus de 15 milliards sont dédiés directement ou indirectement à l'innovation à travers les efforts consacrés à la recherche mais aussi au renforcement du dispositif français de valorisation de la recherche.
Parce qu'ils incarnent la synthèse entre recherche, industrie et territoires, les pôles de compétitivité ont un rôle essentiel à jouer pour garantir le plein succès des projets du programme Investissements d'avenir
La réussite des projets de l'Emprunt national repose avant tout sur la qualité des porteurs de projets et leur capacité à aller au-delà encore de ce qui est écrit dans les cahiers des charges des appels à projet, à identifier davantage d'enjeux et à créer des dynamiques et un « bouillonnement d'innovation » toujours plus important.
Pour les mesures de l'emprunt national, vous êtes ceux qui disposez de la vision globale la plus fine, celle des verrous et enjeux technologiques majeurs, celle de la vision des marchés sur lesquels nous devons collectivement concentrer nos efforts, et celle des hommes et des ressources tant privées que publiques capables de relever ces défis..
Les pôles de compétitivité sont tout simplement à mes yeux le creuset du nouveau modèle industriel français.
1. Les pôles de compétitivité disposent grâce aux investissements d'avenir de moyens nouveaux très importants pour nous permettre de gagner la bataille de l'innovation.
Déjà aujourd'hui, les pôles contribuent à renforcer l'émergence de projets de R&D par l'augmentation des échanges et, plus globalement, le management territorial de l'innovation. Ils permettent le financement de projets, qui n'auraient pas existé, à travers notamment le fonds unique interministériel. Ils font désormais pleinement partie de notre paysage industriel, renforcés par l'arrivée de 6 nouveaux éco-pôles labellisés le 11 mai dernier et la reconnaissance des inter-pôles qui, vous le savez, me sont chers. Dans ce contexte, les investissements d'avenir sont un nouveau relais de croissance.
Par exemple, il est en effet prévu que 3 milliards d'euros seront dédiés à la création d'instituts de recherche technologique et d'excellence (IEED) qui visent à « renforcer les écosystèmes constitués par les pôles de compétitivité », dans les secteurs les plus stratégiques pour notre économie. Ces IRT et ces IEED sont des projets complets associant des laboratoires, des industriels et des centres de formation allant jusqu'à la valorisation économique des projets de recherche. Ils permettent une association étroite des différents membres des pôles de compétitivité. Ils offriront des structures d'excellence tant par la qualité des équipes de recherche présentes que par la modernité des équipements proposés. Ils assureront la visibilité de la recherche et de l'innovation de notre pays ainsi que celle des pôles qui les porteront. Je souhaite que les pôles s'appuient très fortement sur cette mesure. C'est une occasion unique de créer les grands clusters mondiaux à partir de nos meilleurs pôles de compétitivité actuels, à l'image du cluster « Tiger M » allemand sur les biotechnologies. C'est l'occasion unique de créer les champions internationaux qui galvaniseront entreprises, recherche et université sur des secteurs stratégiques comme l'aéronautique, les industries de santé et les biotechnologies, la nanoélectronique et, je le crois indispensable, les écotechnologies !
Les investissements d'avenir prévoient également la mobilisation de 200 Meuros pour le financement de plates-formes mutualisées d'innovation et de 300 Meuros pour des projets structurants de R&D des pôles de compétitivité. Les plates-formes d'innovation représentent un atout pour l'identité des pôles. Il s'agit en effet d'équipements visibles qui construisent l'activité de recherche et développement des membres du pôle et au-delà. Les plates-formes quant à elles constituent une opportunité pour élargir le cercle des membres du pôle, pour repenser sa stratégie et construire l'innovation de demain. Cette mobilisation financière permettra de soutenir des projets d'envergure sur nos filières stratégiques à un rythme soutenu, soit 5 à 8 projets annuellement. De même, les projets de plates-formes mutualisées seront d'une taille, d'une ambition et d'une visibilité supérieure à celle des plateformes d'innovation classiques.
Je souhaite d'ailleurs, avec René Ricol, que cette enveloppe de 500 millions d'euros soit d'abord focalisée sur les projets qui s'inscrivent dans la démarche de coopération inter-pôles que j'évoquais.
2. Il nous faut cependant aujourd'hui aller plus loin. L'engagement dans les efforts d'innovation est encore devant nous. Je souhaite que les pôles de compétitivité continuent à jouer un rôle de plus en plus moteur
L'Emprunt national en faveur des investissements d'avenir nous fournit l'opportunité de donner une nouvelle impulsion à la politique des pôles de compétitivité. Il s'agit de créer une dynamique pérenne de recherche et développement et d'innovation pour construire l'économie et les emplois de demain. Mais de manière plus générale, je souhaite que les pôles soient partenaires des projets qui leur sont ouverts même si ceux-ci ne leur sont pas spécifiquement destinés. Il s'agit d'utiliser au mieux toutes les sources de financement. Les pôles sont doivent s'intéresser à toutes les mesures de l'emprunt national comme par exemple les équipements d'excellence ou encore les sociétés d'accélération du transfert technologique.... La valorisation des efforts de recherche, par exemple, est un enjeu sur lequel les pôles ne peuvent être absents.
Les pôles seront au coeur du dispositif sur les fonds d'amorçage doté de 400 millions d'euros pour les jeunes entreprises les plus innovantes et les plus prometteuses qui devrait être lancé avant mi juillet. Les différentes mesures du programme d'investissement d'avenir fournissent une opportunité supplémentaire d'associer de nouveaux porteurs de projet à l'environnement du pôle et à sa stratégie.
L'emprunt national sur les investissements d'avenir me paraît être ce moment clé d'entrer dans la « phase 3 » des pôles de compétitivité.
* cette phase où le pôle, au-delà des projets collaboratifs pour lesquels il sera moteur, sera associé à l'activité d'un équipement structurant du paysage national voire international de l'innovation.
* cette phase où le décloisonnement généralisé des acteurs de l'innovation, au-delà du simple rapprochement public-privé, permettra l'accélération et la multiplication des innovations nécessaires à la croissance de notre économie.
La construction de cette nouvelle phase, je considère qu'elle appartient en grande partie aux 71 pôles de compétitivité eux-mêmes, qui doivent se mobiliser pour redéfinir leur stratégie, remobiliser leurs acteurs et proposer des projets de haute qualité susceptibles d'entrer dans le cadre de l'Emprunt national. J'insiste donc tout particulièrement sur l'importance pour les pôles de se mobiliser dès les phases de consultation pour obtenir l'accompagnement nécessaire dans l'émergence et le montage de leurs projets.
Mais si nous voulons renforcer encore davantage les liens entre recherche et industrie, nous devons également accélérer et faciliter l'accès au financement privé des entreprises innovantes des pôles de compétitivité. Cela permettra de mieux assurer un développement durable aux entreprises pépites que les pôles ont générées.
Mesdames, Messieurs, Dans quelques instants, je vais signer avec certains d'entre vous la charte « label entreprise innovante des pôles », une initiative que je soutiens, portée par le Club des 17 pôles de compétitivité mondiaux, l'Association françaises des investisseurs en capital (l'AFIC), France Angels qui fédère les réseaux de Business Angels français, Oseo,... Ma conviction est qu'il est essentiel de mieux intégrer les Business Angels et les fonds de capital risque notamment aux pôles de compétitivité.
L'objectif de ce label est d'identifier et d'accompagner des PME innovantes des pôles et à haut potentiel à travers un coaching réalisé par des spécialistes afin de faciliter leur accès aux fonds privés et de crédibiliser leur démarche. Il faut en effet aider les TPE ou PME qui sont souvent très orientées « innovation et technologie » mais passez « marchés et création d'activité durable ». L'enjeu, c'est de mobiliser vers les entreprises des pôles de compétitivité une partie des 600 à 700 millions d'euros de capital risque investis en France chaque année et des 900 millions d'euros levés via le dispositif ISF-TEPA. Par ce label, les pôles signaleront aux financeurs les PME particulièrement aptes à obtenir un financement. Au-delà des enjeux incontournables des investissements d'avenir, c'est aussi cela la nouvelle politique des pôles de compétitivité que je veux construire, avec vous.
Je vous remercie.
Source http://competitivite.gouv.fr, le 26 juillet 2010