Déclaration de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur le bilan et l'évolution d'ARTE, Strasbourg le 3 mai 2001.

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Circonstance : Pose de la première pierre du nouveau siège d'ARTE à Strasbourg le 3 mai 2001

Texte intégral

M. le Préfet,
M. le Président du Conseil Régional,
M. le Président du Conseil Général,
Mme la Maire,
Mmes et Mrs les Elus,
M. le Président, cher Jobst Plog,
M. le Vice-Président, cher Jérôme Clément,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec plaisir que je conclue la série d'hommages qu'à juste titre Arte vient de recevoir. Nous célébrons aujourd'hui un anniversaire dont nous pouvons être fiers, parce qu'il marque la ténacité et le succès d'une entreprise culturelle originale. Arte fête son dixième anniversaire : dix années de vie qui ont permis à tous d'avoir accès à un univers fait de qualité, de diversité, d'ambition. C'est avec un plaisir non dissimulé que je m'apprête enfin avec vous, Monsieur le Président et Monsieur le Vice-Président d'Arte, à inscrire symboliquement dans la pierre l'avenir de cette entreprise à laquelle nous sommes tous attachés.
Chacun connaît l'importance que nous accordons à cette chaîne de télévision. Elle joue, en France, en Allemagne et en Europe, une partition unique dans le monde audiovisuel, et cette partition est appelée à s'élargir encore. Au moment où, en France, des décisions marquantes viennent d'être prises pour les entreprises publiques et pour l'ensemble du secteur audiovisuel, l'événement qui vous rassemble ici à Strasbourg me donne en effet l'occasion de rappeler la place que le gouvernement de Lionel Jospin entend donner à Arte. Le passage au numérique terrestre permettra à cette chaîne d'élargir son offre, puisqu'un canal plein lui sera désormais réservé. Une opportunité unique, et à laquelle j'étais particulièrement attachée, de conforter le double angle éditorial qui est le sien - la culture et l'Europe -, dans un paysage audiovisuel dont on doit toujours veiller à préserver et à alimenter la diversité. Plus largement, l'offre publique, vous le savez, fera plus que doubler en France au moment du lancement du numérique terrestre.
En matière d'audiovisuel, le politique est souvent interpellé. Il n'est pas question bien sûr pour lui de " faire " de la télévision. Nous sommes résolument attachés, en France comme en Allemagne, à l'indépendance des chaînes. Mais le politique se doit de parrainer des entreprises qui, sans sa volonté affirmée et son soutien, ne pourraient pas réussir ou ne verraient même pas le jour. Les décisions que nous venons de prendre en témoignent. Et je m'adresse ici à des interlocuteurs qui savent que certains projets ont besoin du sceau du politique, en particulier lorsqu'il s'agit d'aller à contre courant des tendances naturelles du marché, qui sont trop souvent, en tout cas en matière culturelle, synonymes d'uniformité et de banalisation.
L'acte fondateur d'Arte est un acte entre Etats : le traité, signé le 2 octobre 1990 et qui s'est concrétisé, le 30 avril 1991 - il y a 10 ans, donc - par la création de la chaîne. Un acte qui traduisait la volonté politique du Président François Mitterrand et du Chancelier Helmut Kohl de s'engager avec audace pour une télévision culturelle, à une époque où l'audiovisuel ne se caractérisait pas, loin s'en faut, par un grand intérêt pour cette approche ; et pour une télévision européenne, à une époque où l'Europe n'était qu'un marché économique. Cette double conviction - pour une conception culturelle de la télévision et pour la construction d'une Europe Culturelle -, que vous, Jobst Plog et Jérôme Clément, avez défendue dès la naissance du projet, est éminemment politique ; sans elle, Arte n'existerait pas.
Cette audace a été payante. La pérennité d'Arte en témoigne. Elle témoigne aussi de l'efficacité du travail commun auquel savent se consacrer Français et Allemands, pour le plus grand bénéfice de la culture, de la télévision et de l'Europe. Et au-delà des contenus que vous avez su forger, je tiens à saluer l'enjeu très particulier, qui n'a pas été toujours facile pour vous, mais que vous avez su mener à bien et qui consistait à faire travailler ensemble des équipes binationales. C'est, je crois, un exemple utile pour la construction européenne. Je tenais à le souligner fortement devant vous, représentants d'une entreprise qui donne vie quotidiennement à cette réalité fondamentale.
Créer un nouveau siège - et vous comprendrez que la ministre de la culture que je suis apprécie l'appel pour ce faire à des créateurs, Hans Struhk et Paul Maechel -, créer un nouveau siège, donc, c'est bien constater l'évolution de l'entreprise, parvenue à sa maturité ; mais c'est aussi, symboliquement, inscrire son avenir dans la durée. Ceci à Strasbourg, point de rencontre désigné par l'histoire entre les cultures françaises et allemandes, choix que Catherine Trautmann avait su, il y a 10 ans, faire aboutir.
Encore un mot enfin, auquel le ministre de l'économie et des finances, qui n'a pu se joindre à nous, m'a demandé de l'associer, pour saluer et remercier tous ceux qui contribuent depuis 10 ans à la réussite de la première chaîne culturelle européenne, aux premiers rangs desquels figurent, bien sûr, l'ensemble des équipes françaises et allemandes.
En vous remerciant de m'avoir invitée à cette cérémonie, je vous souhaite donc à tous un très bon dixième anniversaire et un nouvel élan vers l'avenir.
(source http://www.culture.gouv.fr, le 4 mai 2001)