Texte intégral
Madame la Ministre, chère Marie-George Buffet,
Monsieur le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie,
Monsieur le Secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie,
Monsieur le Secrétaire général de la CONFEJES,
Monsieur le Secrétaire exécutif du Comité international des jeux de la Francophonie,
Monsieur le Président du Comité national Olympique et sportif français,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, chers Amis,
Chaque manifestation francophone ressemble et diffère tout à la fois de l'autre : parmi les similitudes, la présence des institutions de la francophonie et de ses militants de toujours, sans lesquels le combat pour la diversité culturelle et linguistique sur la planète risquerait fort d'être inaudible sur la scène politique nationale, centrée sur des enjeux en apparence plus immédiats.
Mais la variété de ces manifestations tient aussi à la diversité des domaines de mise en uvre d'une Francophonie qui se veut solidaire, qui consiste à mutualiser les points de vue et les actions en vue d'objectifs communs, que ceux-ci soient culturels, techniques ou politiques. La diversité des "opérateurs" de l'OIF en témoigne, à travers l'Agence de la Francophonie (dite autrefois "de coopération culturelle et technique"), l'Agence universitaire de la Francophonie, la Conférence des ministres francophones de l'Education (CONFEMEN), la Conférence des ministres francophones de la Jeunesse et des Sports (CONFEJES), TV5, l'Association internationale des maires francophones et quelques autres, sans parler des acteurs de la société civile qui s'expriment à travers un tissu associatif dense et vivant...
Certains critiquent une construction baroque : j'y vois bien plutôt une organisation construite depuis la base, à partir des initiatives des uns et des autres - ce qui n'est pas si fréquent sur une scène internationale encore trop monopolisée par les appareils d'Etat. Et depuis le Sommet d'Hanoi, c'est le rôle du Secrétaire général de donner une cohérence politique à cet ensemble.
Dans cette diversité et ce foisonnement, quel plus beau terrain d'action que celui du sport et de la jeunesse ? Je ne peux que me réjouir de la joyeuse assistance réunie ce jour par vos soins, Madame la Ministre, à l'occasion de ce magnifique travail encore une fois réalisé par le Haut Conseil de la Francophonie.
Cher Stélio Farandjis,
Votre Haut Conseil se réunissait la semaine dernière et les autorités françaises ont salué à cette occasion l'indispensable travail de réflexion et de référence qui est celui de vos pairs. Vous venez de présenter son dernier ouvrage, consacré à "Sport et Francophonie" et je ne doute pas que celui-ci ne soit appelé à faire date, tant sont variées les analyses qu'il contient, bien documentées et présentées dans une vision toujours juste, c'est-à-dire sans jamais tomber dans le dithyrambe, et critique quand il le faut.
Oui, le Sommet de Moncton a légitimement tracé de nouvelles perspectives à la dimension jeunesse de la Francophonie, mais celle-ci était inhérente à l'entreprise dès le départ. La CONFEJES, ici représentée par son Secrétaire général, existe depuis 1969, et les Jeux de la Francophonie ont connu leur première édition en 1989.
Certes, ces jeux n'ont pas le même retentissement que les Jeux olympiques. Ce n'est d'ailleurs pas leur propos. Mais qui se souvient que des champions aussi réputés que Marie-Josée Pérec, David Douillet, Donovan Bailey ou Hicham El Guerrouj, champions olympiques et champions du monde, commencèrent leur carrière aux Jeux de la Francophonie qui leur décernèrent leur première médaille ?
Mais je m'égare peut-être, car les Jeux de la Francophonie, dont nous allons découvrir prochainement la quatrième édition au Canada, n'ont pas pour vocation première de participer à la découverte des talents, ou du moins de participer à la promotion du sport de très haut niveau, avec les risques de commercialisation que nous connaissons tous. Ils sont d'abord l'expression d'une solidarité.
Chère Marie-George Buffet,
Vous allez dans un instant nous présenter brièvement la composition de la délégation française aux Jeux et il en ressortira clairement quelques principes :
D'une part, l'ensemble des disciplines olympiques ne sont pas couvertes par les Jeux de la Francophonie, parce que ce qui est recherché, c'est bel et bien une participation de l'ensemble des pays francophones qui soit homogène et donc égalitaire ; d'autre part, parce que ces Jeux intègrent également une dimension culturelle qui, finalement, les ramène à l'humanisme fondateur de Pierre de Coubertin.
Je voudrais vous dire très rapidement quelle est la conception de la coopération française en matière sportive que nous tentons de développer depuis quatre ans : comme vous, nous sommes attachés à une coopération sportive qui soit au service du développement sportif, et du développement tout court.
Je partage les orientations que mettez en uvre au plan national et européen, en y déployant tout l'engagement et tout le charisme que l'opinion vous reconnaît : la lutte contre le dopage, contre la "marchandisation" du sport, l'attachement aux pratiques amateurs - qui, quelque part, ont fondé un "modèle français" - et à la conception du sport comme facteur d'intégration sociale.
Ces orientations que vous personnifiez, et qui sont celles de tout le gouvernement, nous tentons de les décliner à l'international : concrètement, cela veut dire revoir le point d'équilibre entre nos actions consacrées au sport de haut niveau - il a lui aussi sa légitimité, notamment pour de jeunes nations, et celles dédiées au sport comme facteur, parmi d'autres, de développement social ; cela veut dire lutter contre les phénomènes de migration sportive qui se font au détriment du sud, et de l'Afrique en particulier ; cela veut dire accroître les moyens d'entraînement et de préparation sur place, au détriment des stages de longue durée dans nos propres structures (au passage, je relève que les Jeux de la Francophonie permettent, tous les huit ans, à des pays du Sud de se doter des dites structures).
Vous le savez, une réflexion conjointe est engagée entre nos deux ministères pour redéfinir les objectifs, les voies et moyens d'une coopération sportive à destination des pays du Sud. Je voulais vous en remercier, ainsi que vos collaborateurs, car, d'expérience, il y a une tension, toujours perceptible, dans les relations entre un ministère comme le nôtre, investi de façon régalienne - depuis au moins la Révolution - du monopole des relations à l'international et les ministères dits "techniques".
Mais je sais précisément que le travail en cours entre nos deux ministères est exemplaire et devrait aboutir à l'automne à la définition d'une véritable doctrine d'emploi pour nos actions de coopération à l'international.
Ce n'est pas le seul motif de satisfaction, car je me réjouis très sincèrement de voir d'autres ministères que le mien prendre part, concrètement et avec enthousiasme, au combat pour la francophonie. Là aussi, nous avons bien travaillé : l'évaluation de la CONFEJES et du Comité international des Jeux de la Francophonie vient d'être lancée, à l'instar de ce que nous faisons, en liaison avec le Secrétariat général, pour l'ensemble des opérateurs de l'OIF. Ce travail ne s'annonce pas comme une sanction, mais comme le gage d'un nouveau départ, d'une efficacité accrue. Car nous avons tous bien conscience que la Francophonie est un formidable levier de solidarité Nord/Sud.
Madame la Ministre,
Il y a déjà quatre ans, nous participions, vous et moi, aux Jeux de Tananarive. Nous allons, si je puis dire, très prochainement récidiver à Ottawa-Hull.
Que de chemin parcouru depuis quatre ans ! Et que de chemin allons-nous parcourir encore de conserve ! C'est pour moi un bonheur, un bonheur partagé avec tous les acteurs ici présents, avec vous, même s'il est encore trop tôt pour nous considérer satisfaits du travail accompli. Les prochains Jeux d'Ottawa-Hull seront, je n'en doute pas, une étape réussie vers la réalisation de nos objectifs communs.
Dans cet espoir, mieux dans cette conviction, je vous cède la parole.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)
Monsieur le Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie,
Monsieur le Secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie,
Monsieur le Secrétaire général de la CONFEJES,
Monsieur le Secrétaire exécutif du Comité international des jeux de la Francophonie,
Monsieur le Président du Comité national Olympique et sportif français,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, chers Amis,
Chaque manifestation francophone ressemble et diffère tout à la fois de l'autre : parmi les similitudes, la présence des institutions de la francophonie et de ses militants de toujours, sans lesquels le combat pour la diversité culturelle et linguistique sur la planète risquerait fort d'être inaudible sur la scène politique nationale, centrée sur des enjeux en apparence plus immédiats.
Mais la variété de ces manifestations tient aussi à la diversité des domaines de mise en uvre d'une Francophonie qui se veut solidaire, qui consiste à mutualiser les points de vue et les actions en vue d'objectifs communs, que ceux-ci soient culturels, techniques ou politiques. La diversité des "opérateurs" de l'OIF en témoigne, à travers l'Agence de la Francophonie (dite autrefois "de coopération culturelle et technique"), l'Agence universitaire de la Francophonie, la Conférence des ministres francophones de l'Education (CONFEMEN), la Conférence des ministres francophones de la Jeunesse et des Sports (CONFEJES), TV5, l'Association internationale des maires francophones et quelques autres, sans parler des acteurs de la société civile qui s'expriment à travers un tissu associatif dense et vivant...
Certains critiquent une construction baroque : j'y vois bien plutôt une organisation construite depuis la base, à partir des initiatives des uns et des autres - ce qui n'est pas si fréquent sur une scène internationale encore trop monopolisée par les appareils d'Etat. Et depuis le Sommet d'Hanoi, c'est le rôle du Secrétaire général de donner une cohérence politique à cet ensemble.
Dans cette diversité et ce foisonnement, quel plus beau terrain d'action que celui du sport et de la jeunesse ? Je ne peux que me réjouir de la joyeuse assistance réunie ce jour par vos soins, Madame la Ministre, à l'occasion de ce magnifique travail encore une fois réalisé par le Haut Conseil de la Francophonie.
Cher Stélio Farandjis,
Votre Haut Conseil se réunissait la semaine dernière et les autorités françaises ont salué à cette occasion l'indispensable travail de réflexion et de référence qui est celui de vos pairs. Vous venez de présenter son dernier ouvrage, consacré à "Sport et Francophonie" et je ne doute pas que celui-ci ne soit appelé à faire date, tant sont variées les analyses qu'il contient, bien documentées et présentées dans une vision toujours juste, c'est-à-dire sans jamais tomber dans le dithyrambe, et critique quand il le faut.
Oui, le Sommet de Moncton a légitimement tracé de nouvelles perspectives à la dimension jeunesse de la Francophonie, mais celle-ci était inhérente à l'entreprise dès le départ. La CONFEJES, ici représentée par son Secrétaire général, existe depuis 1969, et les Jeux de la Francophonie ont connu leur première édition en 1989.
Certes, ces jeux n'ont pas le même retentissement que les Jeux olympiques. Ce n'est d'ailleurs pas leur propos. Mais qui se souvient que des champions aussi réputés que Marie-Josée Pérec, David Douillet, Donovan Bailey ou Hicham El Guerrouj, champions olympiques et champions du monde, commencèrent leur carrière aux Jeux de la Francophonie qui leur décernèrent leur première médaille ?
Mais je m'égare peut-être, car les Jeux de la Francophonie, dont nous allons découvrir prochainement la quatrième édition au Canada, n'ont pas pour vocation première de participer à la découverte des talents, ou du moins de participer à la promotion du sport de très haut niveau, avec les risques de commercialisation que nous connaissons tous. Ils sont d'abord l'expression d'une solidarité.
Chère Marie-George Buffet,
Vous allez dans un instant nous présenter brièvement la composition de la délégation française aux Jeux et il en ressortira clairement quelques principes :
D'une part, l'ensemble des disciplines olympiques ne sont pas couvertes par les Jeux de la Francophonie, parce que ce qui est recherché, c'est bel et bien une participation de l'ensemble des pays francophones qui soit homogène et donc égalitaire ; d'autre part, parce que ces Jeux intègrent également une dimension culturelle qui, finalement, les ramène à l'humanisme fondateur de Pierre de Coubertin.
Je voudrais vous dire très rapidement quelle est la conception de la coopération française en matière sportive que nous tentons de développer depuis quatre ans : comme vous, nous sommes attachés à une coopération sportive qui soit au service du développement sportif, et du développement tout court.
Je partage les orientations que mettez en uvre au plan national et européen, en y déployant tout l'engagement et tout le charisme que l'opinion vous reconnaît : la lutte contre le dopage, contre la "marchandisation" du sport, l'attachement aux pratiques amateurs - qui, quelque part, ont fondé un "modèle français" - et à la conception du sport comme facteur d'intégration sociale.
Ces orientations que vous personnifiez, et qui sont celles de tout le gouvernement, nous tentons de les décliner à l'international : concrètement, cela veut dire revoir le point d'équilibre entre nos actions consacrées au sport de haut niveau - il a lui aussi sa légitimité, notamment pour de jeunes nations, et celles dédiées au sport comme facteur, parmi d'autres, de développement social ; cela veut dire lutter contre les phénomènes de migration sportive qui se font au détriment du sud, et de l'Afrique en particulier ; cela veut dire accroître les moyens d'entraînement et de préparation sur place, au détriment des stages de longue durée dans nos propres structures (au passage, je relève que les Jeux de la Francophonie permettent, tous les huit ans, à des pays du Sud de se doter des dites structures).
Vous le savez, une réflexion conjointe est engagée entre nos deux ministères pour redéfinir les objectifs, les voies et moyens d'une coopération sportive à destination des pays du Sud. Je voulais vous en remercier, ainsi que vos collaborateurs, car, d'expérience, il y a une tension, toujours perceptible, dans les relations entre un ministère comme le nôtre, investi de façon régalienne - depuis au moins la Révolution - du monopole des relations à l'international et les ministères dits "techniques".
Mais je sais précisément que le travail en cours entre nos deux ministères est exemplaire et devrait aboutir à l'automne à la définition d'une véritable doctrine d'emploi pour nos actions de coopération à l'international.
Ce n'est pas le seul motif de satisfaction, car je me réjouis très sincèrement de voir d'autres ministères que le mien prendre part, concrètement et avec enthousiasme, au combat pour la francophonie. Là aussi, nous avons bien travaillé : l'évaluation de la CONFEJES et du Comité international des Jeux de la Francophonie vient d'être lancée, à l'instar de ce que nous faisons, en liaison avec le Secrétariat général, pour l'ensemble des opérateurs de l'OIF. Ce travail ne s'annonce pas comme une sanction, mais comme le gage d'un nouveau départ, d'une efficacité accrue. Car nous avons tous bien conscience que la Francophonie est un formidable levier de solidarité Nord/Sud.
Madame la Ministre,
Il y a déjà quatre ans, nous participions, vous et moi, aux Jeux de Tananarive. Nous allons, si je puis dire, très prochainement récidiver à Ottawa-Hull.
Que de chemin parcouru depuis quatre ans ! Et que de chemin allons-nous parcourir encore de conserve ! C'est pour moi un bonheur, un bonheur partagé avec tous les acteurs ici présents, avec vous, même s'il est encore trop tôt pour nous considérer satisfaits du travail accompli. Les prochains Jeux d'Ottawa-Hull seront, je n'en doute pas, une étape réussie vers la réalisation de nos objectifs communs.
Dans cet espoir, mieux dans cette conviction, je vous cède la parole.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2001)