Déclaration de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat aux aînés, sur l'adaptation des villes au vieillissement de la population, Paris le 13 octobre 2010.

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Circonstance : Remise des prix du Concours national des villes 2010 "Les aînés au coeur de nos villes et de nos territoires" à Paris le 13 octobre 2010

Texte intégral

Je me réjouis de me trouver aujourd'hui parmi vous, élus et acteurs des villes et collectivités territoriales, à l'occasion de la remise des prix de ce Concours national des Villes, pour la 1ère fois consacré aux Aînés.
Je remercie tous les Maires, les Présidents de Communautés de communes, des Conseils Généraux mais aussi la Caisse des Dépôts, le Syndicat de la Presse quotidienne régionale, pour leur engagement commun, qui va faire prendre conscience à tous des enjeux de l'allongement de la durée de la vie. J'exprime également mes plus chaleureuses félicitations à tous les lauréats de ce concours. Ils vont permettre l'échange de bonnes pratiques, ce qui me paraît capital. Je remercie et félicite enfin François RIVIERE pour le succès de cette opération. Elle va constituer, j'en suis sûre, le coeur de la réflexion que je lui ai demandé de mener il y a quelques mois autour « des aînés et des territoires ».
Comme vous le savez, le Président de la République souhaite que l'allongement continu de la durée de la vie devienne une question de société et de civilisation, qui associe l'ensemble des Français.
Je suis, comme vous, au coeur de cette démarche humaniste, qui nous questionne collectivement et individuellement sur le sens du vivreensemble et sur le sens de la vie : chaque citoyen, dans toutes les étapes de sa vie, doit disposer du droit au respect, à la dignité et à l'inclusion sociale.
Il s'agit de donner à chacun la possibilité d'avoir un parcours de vie le plus heureux possible, jusque dans le grand âge. Il s'agit de faire de l'allongement de la durée de la vie un acquis pour chaque individu, mais aussi une richesse commune. La tâche est immense.
Nous devons, le Gouvernement tout comme les élus locaux, aborder la problématique des aînés dans tous ses aspects et dans sa complexité, de manière simultanée et solidaire.
Ce sont ces valeurs, que vous portez, j'en suis persuadée, qui guident mon action ministérielle. Elles exigent de nous, acteurs institutionnels et politiques, le sens du devoir et de l'intérêt général.
Je sais combien les collectivités sont au coeur de ces aspirations. Le concours national 2010 en est l'illustration : vos projets proposent de sécuriser et d'adapter l'habitat des aînés, de développer les technologies et services de l'autonomie, de les mettre à leur disposition, d'améliorer leur mobilité, leur accès à l'information et aux services, aux activités culturelles, cognitives.
Le concours a permis également d'illustrer de manière originale les efforts des collectivités pour valoriser les aînés dynamiques, qui s'engagent pour le bien commun, notamment par leur bénévolat.
Bientôt, 30% de la société française sera composée d'aînés, il nous faut gommer les frontières entre les aînés et le reste de la société ! Car ce sont nos aînés, par leur expérience, leur disponibilité, leur capacité à relier les générations entre elles, sur lesquels vous pouvez vous appuyer, pour transformer « la ville matérielle (urbs) » en « cité », ce lieu de partage de vie et de droits.
Mon objectif est de vous accompagner dans l'ensemble de vos stratégies d'adaptation de nos villes et de nos villages au vieillissement de la population, de m'appuyer sur vos expériences quotidiennes. Et j'ai pu vérifier combien elles étaient nombreuses et innovantes, lors de mes déplacements.
Ce concours, qui est consacré pour la première fois aux aînés, est un magnifique coup de projecteur sur vos réalisations. Mais j'engage les villes, communautés de communes et départements à s'inscrire également dans la démarche pérenne que constitue désormais le réseau « Bien vieillir, vire ensemble ». Et j'espère que les collectivités locales seront de plus en plus nombreuses à présenter des projets de labellisation, pour faire partie de ce réseau, dont la deuxième édition aura lieu en 2011 !
Ce label, comme ce concours, traduisent un réel engagement des villes à mener une politique de long terme en matière d'urbanisme, d'habitat, de logement ou de transport. Et je me félicite que des initiatives citoyennes et locales dont nous sommes aujourd'hui les témoins soient le signe tangible que notre société est en capacité de se mobiliser, pour donner un sens renouvelé au « vivre ensemble ». Nous devons prendre en charge la dépendance des aînés les plus fragiles.
Ma vision est d'abord de prendre en charge les personnes déjà dépendantes, qui sont dans le besoin, qu'elles se trouvent en établissement où à domicile.
Mais prendre en charge la perte d'autonomie, c'est aussi agir en amont de celle-ci en essayant de la prévenir : éviter que les personnes autonomes ne tombent en état de fragilité et que les personnes en fragilité, ne tombent dans la dépendance. Toute la question se résume ainsi : que sommes-nous en mesure de mettre en place pour prévenir cette évolution ?
C'est pour y répondre que j'ai pris l'initiative de lancer la mission « Vivre chez soi », afin de prendre en compte ce désir de l'immense majorité de nos aînés de continuer à vivre à la maison, le plus longtemps possible.
Mais ce projet « Vivre chez soi » traduit aussi une volonté politique ambitieuse :
Notre action commune doit s'organiser comme un triangle vertueux au sommet duquel la volonté des aînés de rester chez eux est respectée, quel que soit leur état d'autonomie ou de dépendance.
Le second angle de ce triangle vertueux, c'est à la fois stabiliser et maîtriser nos dépenses publiques, tout en épargnant les personnes âgées et leurs familles d'efforts financiers.
Le troisième angle de ce triangle vertueux, c'est relever le défi de bâtir une économie du vieillissement, offrant aux aînés des services performants, à bas coût et à grande échelle. En un mot, transformer ce qui peut être a priori perçu comme un poids pour la collectivité et pour les familles, en croissance dynamique, en emplois, en développement économique.
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les chefs entreprises et partenaires des collectivités locales,
Cher François Rivière,
Vous l'avez bien compris, tracer ensemble ce triangle vertueux, c'est :
* traiter plus efficacement la dépendance,
* la prévenir et la faire reculer,
* mieux tirer parti de la richesse humaine que représentent nos aînés dynamiques,
* adapter la ville, les espaces ruraux, l'urbanisme, au vieillissement de nos populations, pour créer une nouvelle économie de l'autonomie dont vont pouvoir profiter nos territoires.
Nous ne parviendrons pas à répondre à ces immenses défis sans nous appuyer sur l'engagement et les compétences des collectivités locales.
Je remercie toutes celles et ceux qui ont organisé ce concours, qui y ont participé ; c'est un formidable geste de solidarité constructive au service de nos aînés, d'une société inter-générationnelle adaptée à son époque, et c'est une illustration d'une ambition partagée pour la France !Source http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 18 octobre 2010