Texte intégral
Mesdames et Messieurs le Présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver pour la troisième fois dans le cadre des Rencontres Nationales du Tourisme. Jai loccasion de mentretenir régulièrement avec vous, professionnels du Tourisme, lors de vos assemblées plénières, mais aussi sur le terrain, dans vos entreprises. Au-delà de ces instants partagés, avec chacun dans vos métiers, les Rencontres Nationales du Tourisme nous offrent un moment privilégié déchanges entre tous les acteurs privés et publics du tourisme loccasion de confronter des points de vue, dinitier des relations daffaires. Laffluence dailleurs aujourdhui est là pour témoigner de votre intérêt pour ce rendez-vous !
En juin 2008 nous étions déjà là tous ensembles, dans cette même enceinte pour parler de lavenir du Tourisme en France.
Le travail de réflexion mené à lépoque, avec vous sous légide du BCG, avait clairement posé 3 constats et une conclusion :
* Premier constat : la France, première destination au monde, et troisième en termes de recettes, perdait des parts de marché (2 points de perdu en 10 ans)
* Second constat : La France, « vieux pays du Tourisme » fait face à de nouvelles destinations qui s'installent sur ce marché très concurrentiel, avec des offres récentes, accrocheuses, et parfaitement adaptée aux nouvelles attentes du marché.
* Troisième constat : le tourisme mondial reste porteur : les flux de voyageurs dans le monde se développent rapidement : 900 M aujourdhui, 1,5 milliard en 2020 selon lOrganisation Mondiale du Tourisme. Dès lors, pas question de rester sur bord du chemin !
La conclusion, elle était simple : il était temps de réagir afin de :
a) mieux se positionner vis-à-vis des flux émergents,
b) maintenir nos positions sur les marchés traditionnels.
En effet, parce quelle est une vieille destination touristique, la France a à la fois les avantages et les inconvénients de son antériorité sur le marché : face aux nouvelles grandes puissances économiques notre pays reste une des premières destinations vers laquelle se tournent spontanément ceux qui accèdent à laisance matérielle et sinitient aux vacances et aux loisirs. Limage et la notoriété demeurent. Mais en revanche, pour les clientèles plus initiées, lattractivité de la France sémousse voire bat en retraite !
Cest pourquoi, face à cette situation périlleuse à terme, jai alors décidé dengager avec vous un vaste chantier dont le contenu tient en un mot : la (re)qualification de loffre touristique française.
Et parce quil fallait frapper fort, avec le soutien de toute la profession, nous sommes allés jusque devant la représentation nationale en faisant voter une loi, la loi pour le développement et la modernisation de loffre touristique. Je vous rappelle que cette loi a été votée à la quasi unanimité en juillet 2009. Je vous rappelle les 4 mesures majeures de notre loi:
* la réforme du régime juridique de la vente de voyages permettant de dynamiser la profession et de faciliter son accès aux nouveaux entrants tout en donnant aux entreprises les moyens de développer de nouvelles activités ;
* la réforme de lAgence Nationale pour les Chèques Vacances avec la levée des contraintes qui pesaient sur la diffusion des chèques vacances dans les entreprises de moins de 50 salariés. Moins de 2 % des 3 millions de titulaires étaient issus de ces petites entreprises ;
* la réforme de tous les hébergements touristiques marchands par la révision des référentiels, inchangés pour certains depuis 1986, mais aussi la procédure dattribution ;
* la création dAtout France, lagence de développement touristique de la France par le rapprochement de Maison de la France et dODIT France.
Le chantier législatif prestement engagé, rapidement clôturé, la profession est rapidement passée à laction.
* Du côté des agents de voyages, les premières immatriculations ont été enregistrées par Atout France (qui a, depuis la loi la charge dimmatriculer les nouveaux opérateurs de voyages et les agents de voyages qui devront dici 2012 adopter ce nouveau statut unique) : 2 400 immatriculés à ce jour sur les 7 500 opérateurs de voyages dont 4 500 agents de voyages.
* Concernant les chèques vacances, lANCV a signé en juin dernier des accords de distribution avec cinq prestataires privés qui vont permettre aux 5,8 M de salariés dentreprise de moins de 50 employés qui nont pas de Comité dentreprise daccéder à cet avantage social. Cest à terme autant de moyens supplémentaires pour laction sociale de lANCV. Jy reviendrais.
* Le grand chantier le plus structurant cest certainement celui de la réforme du classement des hébergements touristiques marchands. Je vous le rappelle, nous avons procédé avec les professionnels à la refonte complète, des grilles de critères pour chaque type dhébergement : hôtel, résidence de tourisme, villages de vacances, hôtellerie de plein air, meublés de tourisme. Et ce sont par nature dhébergement des grilles enrichies, qui vont bien au-delà des simples notions déquipement, qui permettent désormais de qualifier les éléments de services, de confort, de développement durable des établissements. Le classement à point, avec des critères obligatoires et optionnels, permet dinstaller des standards communs minimum tout en laissant une marge pour la différenciation de chaque hébergement.
* En complément, nous avons engagé une réforme de la procédure dattribution avec un classement toujours volontaire, (et ceci même pour lhôtellerie de plein air qui a bien voulu abandonner son classement obligatoire) ; un classement temporaire, qui sera revu pour chaque établissement 5 ans après, pour maintenir la vigilance des opérateurs sur la qualité de leur produit ; un classement attribué par lÉtat sur présentation des conclusions dun audit mené par un cabinet privé accrédité par le Comité Français dAccréditation - COFRAC - et à la charge de lopérateur.
Lavantage donné à lhôtellerie haut de gamme dadopter la 5ème étoile avant le vote de la loi, a permis à une centaine détablissements de revêtir sans tarder cette nouvelle catégorie créée avec la réforme du classement.
Le mouvement est aussi engagé, depuis plus récemment, pour les autres catégories et tous les hébergements touristiques marchands concernés.
Ce travail de refonte des « marqueurs » de loffre dhébergement sachèvera avec la classe Palace qui est comme vous le savez en cours de définition. Si jai voulu aller jusquà préciser formellement cette catégorie, malgré la création de la cinquième étoile, cest pour une raison très spécifique. Certes la 5ème étoile était nécessaire pour permettre à la France, première destination au monde, de safficher encore mieux sur la scène internationale dans la compétition avec les destinations concurrentes, avec ce « marqueur universel que sont les « étoiles » reconnues notamment sur le créneau affaires. Mais cela nétait pas suffisant : il nétait pas envisageable que les établissements dexception que nous avons le privilège de détenir ne puissent être distingués avec un label lui-même exceptionnel. Spécificité de la France qui en dispose plus que dautres pays comme lAngleterre. Par ailleurs véritable vitrine du savoir-faire à la française en matière dartisanat dart, jai donc créé la marque Palace. Elle sera attribuée selon un référentiel renforcé pour apprécier les critères objectifs, et par lintervention dun jury du type Goncourt réunissant des personnalités du monde des arts, de la culture, des affaires, disposant dune aura et dune sensibilité incontestables. Je rendrai public le 25 octobre prochain la grille de critères, la procédure et la composition du jury.
Ce grand mouvement de révision de lencadrement de loffre était nécessaire : il va nous aider à remettre progressivement à niveau la qualité et donc lattractivité générale de la destination France, attractivité qui sest dévalorisée au fil du temps par manque de réinvestissement. Car oui je vous le dis, très clairement : cette révision nest pas une fin, cest un début ! Pour que son objectif premier (qui est daccroitre la qualité et la compétitivité économique de notre offre) soit atteint, il faut certes accélérer la mise en uvre des nouveaux dispositifs de classement, mais il faut surtout relancer les investissements. Car derrière ce dispositif il y a des projets dinvestissement, des emplois et une offre touristique régénérée. Alors je vous le dis, avec force : nattendons pas juillet 2012, date où lensemble des panonceaux octogonaux bleus bien connus devront être démontés. Dautant que leffet nouveau classement sur le niveau de fréquentation est assuré ! Jen veux pour preuve les chiffres enregistrés par lhôtellerie haut de gamme durant lété : + 16,7 % en juillet par rapport à lannée passée, et une évolution de + 12 % depuis janvier de cette année pour cette catégorie, soit plus de cinq fois lévolution moyenne de lensemble de lhôtellerie sur la période.
Après le chantier des classements, il en est un autre dont je voudrais vous parler. Cest celui de la TVA. La loi de modernisation a aussi permis dacter la baisse de la TVA. Elle a toute sa place aux côtés de loi Tourisme. La restauration a besoin du tourisme, et le tourisme a besoin de la restauration. Vous le savez, et les enquêtes nous le rappelle régulièrement, la gastronomie est un des principaux leviers dattractivité touristique de notre pays.
Alors, au-delà des polémiques, je veux profiter de cette tribune pour rappeler quelques chiffres qui restent trop méconnus sur le bilan réel de cette baisse de TVA.
Ainsi, il me paraît essentiel de rappeler que le secteur HCR, depuis la baisse de TVA, est le secteur numéro un en France pour la création demploi, avec une progression de + 3,2 % de ses effectifs salariés. Cela représente 30 000 emplois supplémentaires sur un an, alors que le secteur avait détruit 15 000 emplois dans les 18 mois précédents. La baisse de TVA a aussi préservé les emplois existants bien sûr, avec une baisse de 20 % des défaillances dentreprises dans les six mois qui ont suivi son entrée en vigueur. Pour nos entreprises, cela a été un formidable bol dair.
Et si le secteur a été le numéro un pour lemploi, il la aussi été en matière davancées sociales. Avec la signature de laccord social applicable depuis le 1er mars 2010, cest un milliards deuros qui sera redistribué chaque année aux salariés. Les salariés de la restauration bénéficient désormais :
* de plus de salaire (avec une augmentation moyenne de la grille de salaires de 5 %), ce qui correspond à un peu plus de 3 % de hausse de salaires.
* de plus de primes (avec la création « prime TVA » de 2 % de la rémunération annuelle, plafonnée à 500 par salarié),
* de plus de congés (deux jours fériés supplémentaires)
* de plus de protection sociale (avec la création dune mutuelle santé qui sera mise en uvre à partir du 1er janvier 2011).
Le contrat davenir que lÉtat a signé avec les restaurateurs, cest vous lavez compris un ensemble dengagements. Parmi ceux-ci figure un objectif qui me tient particulièrement à cur : passer de 300 à 3 000 le nombre de Maîtres restaurateurs. Jai choisi de promouvoir le titre de Maître restaurateur dès mon arrivée à Bercy en 2007. Pourquoi ? Parce que je partais du constat simple quon ne peut pas uvrer en faveur de la qualité et du savoir-faire dans la restauration sans distinguer plus particulièrement les professionnels qui répondent à ces caractéristiques.
Cest la première fois quil y a un label officiel, décerné par lÉtat, qui reconnaît la qualité, le « fait-maison », les compétences et le savoir-faire des restaurateurs.
Ce titre est loccasion de bâtir un repère clair, lisible, immédiatement compréhensible pour les consommateurs, et notamment pour nos visiteurs étrangers.
Aussi, je souhaite que tous les acteurs du tourisme valorisent ce titre et le fasse connaître, pour quil devienne un symbole de qualité et de savoir-faire connu de tous.
Mais des efforts sont encore à mener. Les obstacles à ce travail de remise à niveau de loffre ne sont pas encore tous levés, et nombreux sont les nouveaux chantiers qui sont ouverts, devant nous. Je voudrais mattarder sur quelques uns dentre eux
Premier chantier, celui de la mise aux normes sécurité incendie (2011) et accessibilité handicapés (2015). Jai déjà eu loccasion de mexprimer sur cette difficulté rencontrée par les hébergeurs à la suite de la remise dun rapport du Contrôle Général Economique et Financier - CEGEFI, le corps dinspection du Ministère de lÉconomie, de lIndustrie et de lEmploi, qui a clairement exposé les risques qui pèsent sur lhôtellerie indépendante si rien nest fait pour assouplir et harmoniser les dates déchéance des différentes normes qui simposent. Plus de 3 000 établissements indépendants seraient menacés de disparition. Pour moi, je le dis clairement, il nest pas question de faire courir ce risque à nos hôteliers indépendants.
Je me suis emparé du dossier et jai déclenché en août dernier un débat interministériel sur cette question de la mise aux normes. Jai sollicité un arbitrage du Premier ministre permettant au moins de conjuguer les dates butoirs des différentes échéances pesant sur la profession, arbitrage allant je le souhaite jusquà clarifier et réviser les normes. Ma vigilance sur ce sujet est totale et quotidienne, et ma motivation des plus grandes !
Je vous le redis très clairement : cest un chantier quil nous faut réussir, à la fois pour la sécurité de nos concitoyens, mais surtout pour maintenir et développer une hôtellerie notamment indépendante attractive et performante.
Autre sujet dimportance, la naissance de TSI. Je vous annonçais ici même lors des précédentes Rencontres Nationales du Tourisme, la création dun fonds dinvestissement dédié à la rénovation des villages du Tourisme familial et associatif : TSI Tourisme Social Investissement.
Objectif du fonds : concentrer en une seule main les moyens destinés à financer les 500 M estimés de travaux de remise à niveau du parc immobilier des acteurs du Tourisme associatif et familial. La Caisse des Dépôt et lANCV, les deux principaux contributeurs à ce fonds auxquels devraient aussi sassocier dautres investisseurs, travaillent à la formalisation du sujet. TSI est sur la bonne voie pour être opérationnel dici la fin de cette année
Ce fonds est programmé pour recueillir près de 150 M sur 10 ans. Il a vocation à être investi dans des structures immobilières du tourisme familial et associatif afin de les rénover. Par effets de leviers successifs auprès dautres investisseurs désireux dintervenir ponctuellement sur des projets, et par un complément demprunts bancaires, cette initiative TSI pourrait permettre dorganiser jusquà près dun milliard deuros de financement sur la durée. Cette initiative que jai prise, relayée aujourdhui par la Caisse des Dépôt et lAgence Nationale pour les Chèques Vacances, doit entraîner la mobilisation de tous les autres financeurs du secteur.
Alors dautres problèmes subsistent ici et là dans dautres sphères du Tourisme, oui, nous le savons. Ils nécessitent un traitement adapté soit par lévolution des textes, soit par la mise en place doutils ad hoc, en tout cas il faudra à chaque fois une impulsion de lÉtat, de la puissance publique.
* Je pense en particulier à lhôtellerie de plein air (48% de loffre marchande totale en France), qui doit améliorer le cadre contractuel régissant les relations entre les exploitants de camping et ceux de résidences mobiles de loisirs (ou mobile home). Je vous lannonce aujourdhui, je crée un groupe de travail avec les professionnels et les autres ministères concernés. Car certaines pratiques que daucuns considèrerait comme abusives, sont de nature à entraver le bon développement dune filière qui affiche globalement dexcellentes performances. De mauvaises pratiques pourraient perturber la production dune filière ou la France affiche des positions de leader européen. Je noublie pas que je suis aussi ministre en charge de la consommation, de la concurrence, et des PME.
* Je pense aussi à la plaisance qui se trouve dans une situation assez similaire : une demande forte face à des contraintes de place dans les ports. Doù des conséquences à la fois sur lactivité touristique dans les stations par manque danimation dans les ports, mais aussi pour les constructeurs français dont certains leaders mondiaux qui peinent à trouver des débouchés sur leur propre marché domestique faute de places disponibles pour les acheteurs. Vrai paradoxe !
Il est possible de dynamiser la gestion des ports afin de faciliter laccueil de nouveaux bateaux, saisonniers ou permanents, par une révision des tarifs appliqués, ou avec le développement des ports à sec, ou dautres formules de stockage innovantes.
* Je voudrais à ce stade aborder un sujet majeur qui menace gravement la compétitivité de la destination France. Je veux parler de la réhabilitation de limmobilier touristique dans les stations littorales et de montagne. Des friches se créent progressivement par la sortie du marché dhébergements qui datent (1960, 1970) faute davoir fait lobjet dinvestissements suivis et suffisants pour le maintien de leur attractivité.
Des initiatives ont néanmoins été prises pour tenter dengager un mouvement massif de réhabilitation. Mais avec en moyenne 1 lit réhabilité pour 100 lits neufs créés, le dispositif ORIL / VRT a fait la démonstration de son inefficacité. Reconnaissons que cest un échec !
Je me suis emparé du sujet dès mon arrivée en 2008 en mobilisant avec mon collègue le ministre de l''espace rural et de l''aménagement du territoire (à lépoque sous la tutelle de Jean-Louis BORLOO) une mission dinspection conjointe. Nous navons pas beaucoup avancé, le traitement radical passant par une mobilisation efficace des particuliers propriétaires de ces appartements qui se désintéressent de leur bien. Les avantages fiscaux ne font pas tout, cest un travail juridique sur le droit de propriété en situation critique quil faut envisager. Cest un sujet dampleur du même ordre que celui lancé pour la rénovation urbaine des quartiers anciens en centre ville. Le sujet est très technique, mais il faut nous doter dun puissant levier pour organiser massivement cette réhabilitation qui affecte gravement notre capacité dhébergement et lapparence de nos stations qui se dégradent. La rareté des espaces naturels nous empêche de développer un immobilier neuf.
Le Tourisme constitue en outre souvent dans ces stations les premières sources demplois locales. Avec cet immobilier en déshérence, cest lattractivité et la capacité de développement du produit France qui sont menacées ! Alors je vous le dis aujourdhui, il faut en avoir conscience : une partie de lavenir du Tourisme dans notre pays va tenir à notre capacité à rénover cet immobilier trop souvent obsolète. Il y a donc grande urgence à traiter ce qui est probablement LE sujet principal, le sujet crucial du secteur.
Ce travail de remise à niveau et de développement de loffre, déjà largement engagé après plus de deux années intenses, est à prolonger par la conjugaison de toutes nos forces :
* une révision des dispositifs publics territoriaux daides passant par lassistance conseil aux porteurs de projet en matière dingénierie et de partenariat public-privé,
* une réorientation des budgets dintervention des conseils régionaux et généraux vers lémergence de produits à forte valeur ajoutée et le renouvellement des offres en perte de vitesse.
Cest tout le sens du partenariat avec la Caisse des Dépôts pour laccompagnement des porteurs de projets publics, et Oséo pour les porteurs de projet privés, mais aussi les conventions qui se concrétisent aujourdhui avec les régions et Atout France.
* Il est aussi nécessaire de stimuler linvestissement international dans notre pays en matière de Tourisme et de loisirs, et tirer profit de la croissance internationale qui se dessine. Cest tout le sens du partenariat engagé par Atout France avec UBIFRANCE et lAFII, lAgence Française des Investissements Internationaux, à la signature duquel je présiderai à lissue de cette séance plénière.
SI le développement de lattractivité touristique de notre pays passe par des investissements, il passe aussi par une créativité, une créativité qui doit être systématique. 2 exemples :
2 exemples :
* Nous disposons dun patrimoine remarquable formidable que le monde entier nous envie. Plus de la moitié des visiteurs internationaux choisissent de venir en France pour la Culture. Dans les faits, ne nous le cachons pas, la pratique et la satisfaction sont tout autres.
Cest ce qui ma engagé à initier et signer avec le ministre de la Culture, Frédéric MITTERRAND, une convention qui vise notamment à valoriser les sites prestigieux de lÉtat par le développement dune activité touristique, hôtelière ou de réunion et séminaire. Cet accord est historique, car autant quelques collectivités sétaient lancées dans la valorisation de leur patrimoine historique par léconomique, le Tourisme en loccurrence, autant lÉtat pour sa part navait encore rien imaginé. Cest la première fois quun Ministre de la Culture et un ministre du Tourisme sengagent ensemble dans cette voie.
* Mais la créativité cest aussi la démarche que jai engagée avec le ministère en charge de lAgriculture avec la marque « Vignobles & Découvertes ». Ou comment conjuguer lobjectif de lAgriculture (valoriser la viticulture), et celui du Tourisme (qualifier et dynamiser loffre) en proposant des solutions concrètes pour inciter les acteurs locaux à sorganiser afin de dégager plus de valeur ajoutée.
Autour du vin, les 7,5 M de visiteurs Français et étrangers qui arpentent nos caves (10 M de visites), nos vignes (24 M de visites), trouveront bientôt des produits touristiques complets, de qualité, clairement identifiés. Avec cette marque « Vignobles & Découvertes » attribuée depuis la semaine dernière à 10 destinations ce sont un millier de professionnels du Tourisme (hôtels, restaurants, musées, festivals, offices du tourisme, etc.) qui sorganisent pour regrouper car désireux de travailler ensemble à la promotion de leur propre activité pris individuellement, de la destination pris globalement. Cest la force de linitiative publique qui se concrétise à travers ce cahier des charges élaboré par le Conseil Supérieur de lnotourisme mis en place par nos deux ministères et réunissant les principaux représentants des professionnels de la viticulture et du Tourisme. Cette marque attribuée pour trois ans vient compléter les dispositifs existants, en apportant une signature nationale propice à une visibilité élargie.
Enfin le développement de lattractivité touristique de notre pays passe par lInternet. Quand 78 % des Français achètent à distance, quil y a 35 M dinternautes, 25 M dacheteurs en ligne, que la progression est de + 17 % encore en 2009, et surtout que le Tourisme est le premier sujet de tous les achats en ligne (58 % des internautes), nous devons absolument disposer dune ambition à la hauteur.
La France on le sait dispose dune offre extrêmement riche et variée, mais cette offre est insuffisamment coordonnée, valorisée, visible et lisible. A lheure dInternet qui permet laccès à lexhaustivité de loffre, il est nécessaire de proposer au consommateur des clés de lecture fiables de cette offre. Doù limportance des initiatives de lÉtat pour la qualification de loffre, lattribution de marques dEtat. Je voudrais vous en dire quelques mots.
Je souhaite porter lambition dune plateforme rassemblant lensemble des informations sur les séjours en France, par un partenariat public privé associant collectivités et opérateurs privés du secteur. Jai demandé à Atout France de mener ce chantier. Un complément à lexercice mené par ailleurs de qualification de loffre. L''évolution des modes de réservations touristiques, l''évolution de la mobilité grâce notamment aux terminaux portables, la puissance des réseaux sociaux en termes de promotion, sont autant de nouveautés qui obligent notre agence à développer de nouvelles solutions numériques.
Jai décidé de porter un projet de création de plateforme d''information numérique auprès du Commissariat général au grand emprunt. Cette plateforme doit allier, autour d''Atout France, les destinations, les partenaires et les professionnels du tourisme, les acteurs français du développement numérique afin de pouvoir innover et proposer de nouveaux outils aux touristes et de développer de nouvelles formes modernes de promotion de la destination France.
En effet les évolutions des modes de consommation dans le Tourisme que la crise est venue renforcer (des séjours plus courts, impromptus, à budgets maîtrisés,) incitent les consommateurs à se tourner vers des offres thématisés, de plus en plus qualitatives. Des achats raisonnés et optimisés.
Toute notre stratégie accompagne cette évolution : des produits identifiés, pouvant se prévaloir universellement des « marqueurs de qualité » dont lÉtat est le garant, valorisant les savoir-faire locaux, assurant la promotion des destinations.
Ces notions de destination cohérentes autour dune valeur forte, de séjours thématisés, gomment progressivement la notion de frontière. Nous lexpérimentons avec nos amis Italiens et Espagnols par la mise au point de campagne de promotion adaptées à destination des clientèles lointaines, sur des thématiques ou chacun de nos pays sefface au profit de la gastronomie méditerranéenne, la culture de la Méditerranée, etc., les valeurs qui font notre unité. Un règle entre nous : libre jeu concurrentiel à destination des clientèles étrangères de proximités, unité quand il sagit de parler aux clientèles lointaines.
Les encouragements du vice-président de la Commission européenne, Antonio TAJANI, commissaire en charge notamment du Tourisme, vont dans ce sens du dépassement des frontières pour consolider la place de lEurope comme première destination mondiale, par lélaboration de produits thématiques transfrontaliers (routes culturelles, etc.).
La ratification du Traité de Lisbonne introduisant la compétence Tourisme au niveau de la Commission européenne, est une chance pour notre pays. Nous devons rester le leader dans le Tourisme pour influer sur les pratiques des autres pays et les dispositions de la Commission européenne.
Le Tourisme est aussi pour nous un savoir-faire à promouvoir à lexport, par exemple auprès des destinations méditerranéennes de lUnion Pour la Méditerranée, comme elles le demandent instamment : des stratégies pour développer lactivité chez elles, des coopérations pour monter des produits touristiques communs, du nord au sud de la côte Méditerranéenne.
Le secteur du Tourisme se distingue par une variété de situation qui passe par des efforts damélioration relevant soit de manuvres lourdes quand il sagit de moderniser les infrastructures, plus légères mais selon une certaine créativité quand il sagit de structurer loffre existante.
Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, nous sommes en charge de la plus belles industrie qui soit, car valorisant les spécificités de nos destinations, promise aux plus forts et réguliers taux de croissance de toute lindustrie, créatrice demplois et de richesses sur lensemble du territoire, non délocalisable. Faisons tous ensemble le nécessaire pour en tirer le meilleur partie, et nous montrer à la hauteur des enjeux qui simposent à la première destination au monde.
Je vous remercie.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 20 octobre 2010
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver pour la troisième fois dans le cadre des Rencontres Nationales du Tourisme. Jai loccasion de mentretenir régulièrement avec vous, professionnels du Tourisme, lors de vos assemblées plénières, mais aussi sur le terrain, dans vos entreprises. Au-delà de ces instants partagés, avec chacun dans vos métiers, les Rencontres Nationales du Tourisme nous offrent un moment privilégié déchanges entre tous les acteurs privés et publics du tourisme loccasion de confronter des points de vue, dinitier des relations daffaires. Laffluence dailleurs aujourdhui est là pour témoigner de votre intérêt pour ce rendez-vous !
En juin 2008 nous étions déjà là tous ensembles, dans cette même enceinte pour parler de lavenir du Tourisme en France.
Le travail de réflexion mené à lépoque, avec vous sous légide du BCG, avait clairement posé 3 constats et une conclusion :
* Premier constat : la France, première destination au monde, et troisième en termes de recettes, perdait des parts de marché (2 points de perdu en 10 ans)
* Second constat : La France, « vieux pays du Tourisme » fait face à de nouvelles destinations qui s'installent sur ce marché très concurrentiel, avec des offres récentes, accrocheuses, et parfaitement adaptée aux nouvelles attentes du marché.
* Troisième constat : le tourisme mondial reste porteur : les flux de voyageurs dans le monde se développent rapidement : 900 M aujourdhui, 1,5 milliard en 2020 selon lOrganisation Mondiale du Tourisme. Dès lors, pas question de rester sur bord du chemin !
La conclusion, elle était simple : il était temps de réagir afin de :
a) mieux se positionner vis-à-vis des flux émergents,
b) maintenir nos positions sur les marchés traditionnels.
En effet, parce quelle est une vieille destination touristique, la France a à la fois les avantages et les inconvénients de son antériorité sur le marché : face aux nouvelles grandes puissances économiques notre pays reste une des premières destinations vers laquelle se tournent spontanément ceux qui accèdent à laisance matérielle et sinitient aux vacances et aux loisirs. Limage et la notoriété demeurent. Mais en revanche, pour les clientèles plus initiées, lattractivité de la France sémousse voire bat en retraite !
Cest pourquoi, face à cette situation périlleuse à terme, jai alors décidé dengager avec vous un vaste chantier dont le contenu tient en un mot : la (re)qualification de loffre touristique française.
Et parce quil fallait frapper fort, avec le soutien de toute la profession, nous sommes allés jusque devant la représentation nationale en faisant voter une loi, la loi pour le développement et la modernisation de loffre touristique. Je vous rappelle que cette loi a été votée à la quasi unanimité en juillet 2009. Je vous rappelle les 4 mesures majeures de notre loi:
* la réforme du régime juridique de la vente de voyages permettant de dynamiser la profession et de faciliter son accès aux nouveaux entrants tout en donnant aux entreprises les moyens de développer de nouvelles activités ;
* la réforme de lAgence Nationale pour les Chèques Vacances avec la levée des contraintes qui pesaient sur la diffusion des chèques vacances dans les entreprises de moins de 50 salariés. Moins de 2 % des 3 millions de titulaires étaient issus de ces petites entreprises ;
* la réforme de tous les hébergements touristiques marchands par la révision des référentiels, inchangés pour certains depuis 1986, mais aussi la procédure dattribution ;
* la création dAtout France, lagence de développement touristique de la France par le rapprochement de Maison de la France et dODIT France.
Le chantier législatif prestement engagé, rapidement clôturé, la profession est rapidement passée à laction.
* Du côté des agents de voyages, les premières immatriculations ont été enregistrées par Atout France (qui a, depuis la loi la charge dimmatriculer les nouveaux opérateurs de voyages et les agents de voyages qui devront dici 2012 adopter ce nouveau statut unique) : 2 400 immatriculés à ce jour sur les 7 500 opérateurs de voyages dont 4 500 agents de voyages.
* Concernant les chèques vacances, lANCV a signé en juin dernier des accords de distribution avec cinq prestataires privés qui vont permettre aux 5,8 M de salariés dentreprise de moins de 50 employés qui nont pas de Comité dentreprise daccéder à cet avantage social. Cest à terme autant de moyens supplémentaires pour laction sociale de lANCV. Jy reviendrais.
* Le grand chantier le plus structurant cest certainement celui de la réforme du classement des hébergements touristiques marchands. Je vous le rappelle, nous avons procédé avec les professionnels à la refonte complète, des grilles de critères pour chaque type dhébergement : hôtel, résidence de tourisme, villages de vacances, hôtellerie de plein air, meublés de tourisme. Et ce sont par nature dhébergement des grilles enrichies, qui vont bien au-delà des simples notions déquipement, qui permettent désormais de qualifier les éléments de services, de confort, de développement durable des établissements. Le classement à point, avec des critères obligatoires et optionnels, permet dinstaller des standards communs minimum tout en laissant une marge pour la différenciation de chaque hébergement.
* En complément, nous avons engagé une réforme de la procédure dattribution avec un classement toujours volontaire, (et ceci même pour lhôtellerie de plein air qui a bien voulu abandonner son classement obligatoire) ; un classement temporaire, qui sera revu pour chaque établissement 5 ans après, pour maintenir la vigilance des opérateurs sur la qualité de leur produit ; un classement attribué par lÉtat sur présentation des conclusions dun audit mené par un cabinet privé accrédité par le Comité Français dAccréditation - COFRAC - et à la charge de lopérateur.
Lavantage donné à lhôtellerie haut de gamme dadopter la 5ème étoile avant le vote de la loi, a permis à une centaine détablissements de revêtir sans tarder cette nouvelle catégorie créée avec la réforme du classement.
Le mouvement est aussi engagé, depuis plus récemment, pour les autres catégories et tous les hébergements touristiques marchands concernés.
Ce travail de refonte des « marqueurs » de loffre dhébergement sachèvera avec la classe Palace qui est comme vous le savez en cours de définition. Si jai voulu aller jusquà préciser formellement cette catégorie, malgré la création de la cinquième étoile, cest pour une raison très spécifique. Certes la 5ème étoile était nécessaire pour permettre à la France, première destination au monde, de safficher encore mieux sur la scène internationale dans la compétition avec les destinations concurrentes, avec ce « marqueur universel que sont les « étoiles » reconnues notamment sur le créneau affaires. Mais cela nétait pas suffisant : il nétait pas envisageable que les établissements dexception que nous avons le privilège de détenir ne puissent être distingués avec un label lui-même exceptionnel. Spécificité de la France qui en dispose plus que dautres pays comme lAngleterre. Par ailleurs véritable vitrine du savoir-faire à la française en matière dartisanat dart, jai donc créé la marque Palace. Elle sera attribuée selon un référentiel renforcé pour apprécier les critères objectifs, et par lintervention dun jury du type Goncourt réunissant des personnalités du monde des arts, de la culture, des affaires, disposant dune aura et dune sensibilité incontestables. Je rendrai public le 25 octobre prochain la grille de critères, la procédure et la composition du jury.
Ce grand mouvement de révision de lencadrement de loffre était nécessaire : il va nous aider à remettre progressivement à niveau la qualité et donc lattractivité générale de la destination France, attractivité qui sest dévalorisée au fil du temps par manque de réinvestissement. Car oui je vous le dis, très clairement : cette révision nest pas une fin, cest un début ! Pour que son objectif premier (qui est daccroitre la qualité et la compétitivité économique de notre offre) soit atteint, il faut certes accélérer la mise en uvre des nouveaux dispositifs de classement, mais il faut surtout relancer les investissements. Car derrière ce dispositif il y a des projets dinvestissement, des emplois et une offre touristique régénérée. Alors je vous le dis, avec force : nattendons pas juillet 2012, date où lensemble des panonceaux octogonaux bleus bien connus devront être démontés. Dautant que leffet nouveau classement sur le niveau de fréquentation est assuré ! Jen veux pour preuve les chiffres enregistrés par lhôtellerie haut de gamme durant lété : + 16,7 % en juillet par rapport à lannée passée, et une évolution de + 12 % depuis janvier de cette année pour cette catégorie, soit plus de cinq fois lévolution moyenne de lensemble de lhôtellerie sur la période.
Après le chantier des classements, il en est un autre dont je voudrais vous parler. Cest celui de la TVA. La loi de modernisation a aussi permis dacter la baisse de la TVA. Elle a toute sa place aux côtés de loi Tourisme. La restauration a besoin du tourisme, et le tourisme a besoin de la restauration. Vous le savez, et les enquêtes nous le rappelle régulièrement, la gastronomie est un des principaux leviers dattractivité touristique de notre pays.
Alors, au-delà des polémiques, je veux profiter de cette tribune pour rappeler quelques chiffres qui restent trop méconnus sur le bilan réel de cette baisse de TVA.
Ainsi, il me paraît essentiel de rappeler que le secteur HCR, depuis la baisse de TVA, est le secteur numéro un en France pour la création demploi, avec une progression de + 3,2 % de ses effectifs salariés. Cela représente 30 000 emplois supplémentaires sur un an, alors que le secteur avait détruit 15 000 emplois dans les 18 mois précédents. La baisse de TVA a aussi préservé les emplois existants bien sûr, avec une baisse de 20 % des défaillances dentreprises dans les six mois qui ont suivi son entrée en vigueur. Pour nos entreprises, cela a été un formidable bol dair.
Et si le secteur a été le numéro un pour lemploi, il la aussi été en matière davancées sociales. Avec la signature de laccord social applicable depuis le 1er mars 2010, cest un milliards deuros qui sera redistribué chaque année aux salariés. Les salariés de la restauration bénéficient désormais :
* de plus de salaire (avec une augmentation moyenne de la grille de salaires de 5 %), ce qui correspond à un peu plus de 3 % de hausse de salaires.
* de plus de primes (avec la création « prime TVA » de 2 % de la rémunération annuelle, plafonnée à 500 par salarié),
* de plus de congés (deux jours fériés supplémentaires)
* de plus de protection sociale (avec la création dune mutuelle santé qui sera mise en uvre à partir du 1er janvier 2011).
Le contrat davenir que lÉtat a signé avec les restaurateurs, cest vous lavez compris un ensemble dengagements. Parmi ceux-ci figure un objectif qui me tient particulièrement à cur : passer de 300 à 3 000 le nombre de Maîtres restaurateurs. Jai choisi de promouvoir le titre de Maître restaurateur dès mon arrivée à Bercy en 2007. Pourquoi ? Parce que je partais du constat simple quon ne peut pas uvrer en faveur de la qualité et du savoir-faire dans la restauration sans distinguer plus particulièrement les professionnels qui répondent à ces caractéristiques.
Cest la première fois quil y a un label officiel, décerné par lÉtat, qui reconnaît la qualité, le « fait-maison », les compétences et le savoir-faire des restaurateurs.
Ce titre est loccasion de bâtir un repère clair, lisible, immédiatement compréhensible pour les consommateurs, et notamment pour nos visiteurs étrangers.
Aussi, je souhaite que tous les acteurs du tourisme valorisent ce titre et le fasse connaître, pour quil devienne un symbole de qualité et de savoir-faire connu de tous.
Mais des efforts sont encore à mener. Les obstacles à ce travail de remise à niveau de loffre ne sont pas encore tous levés, et nombreux sont les nouveaux chantiers qui sont ouverts, devant nous. Je voudrais mattarder sur quelques uns dentre eux
Premier chantier, celui de la mise aux normes sécurité incendie (2011) et accessibilité handicapés (2015). Jai déjà eu loccasion de mexprimer sur cette difficulté rencontrée par les hébergeurs à la suite de la remise dun rapport du Contrôle Général Economique et Financier - CEGEFI, le corps dinspection du Ministère de lÉconomie, de lIndustrie et de lEmploi, qui a clairement exposé les risques qui pèsent sur lhôtellerie indépendante si rien nest fait pour assouplir et harmoniser les dates déchéance des différentes normes qui simposent. Plus de 3 000 établissements indépendants seraient menacés de disparition. Pour moi, je le dis clairement, il nest pas question de faire courir ce risque à nos hôteliers indépendants.
Je me suis emparé du dossier et jai déclenché en août dernier un débat interministériel sur cette question de la mise aux normes. Jai sollicité un arbitrage du Premier ministre permettant au moins de conjuguer les dates butoirs des différentes échéances pesant sur la profession, arbitrage allant je le souhaite jusquà clarifier et réviser les normes. Ma vigilance sur ce sujet est totale et quotidienne, et ma motivation des plus grandes !
Je vous le redis très clairement : cest un chantier quil nous faut réussir, à la fois pour la sécurité de nos concitoyens, mais surtout pour maintenir et développer une hôtellerie notamment indépendante attractive et performante.
Autre sujet dimportance, la naissance de TSI. Je vous annonçais ici même lors des précédentes Rencontres Nationales du Tourisme, la création dun fonds dinvestissement dédié à la rénovation des villages du Tourisme familial et associatif : TSI Tourisme Social Investissement.
Objectif du fonds : concentrer en une seule main les moyens destinés à financer les 500 M estimés de travaux de remise à niveau du parc immobilier des acteurs du Tourisme associatif et familial. La Caisse des Dépôt et lANCV, les deux principaux contributeurs à ce fonds auxquels devraient aussi sassocier dautres investisseurs, travaillent à la formalisation du sujet. TSI est sur la bonne voie pour être opérationnel dici la fin de cette année
Ce fonds est programmé pour recueillir près de 150 M sur 10 ans. Il a vocation à être investi dans des structures immobilières du tourisme familial et associatif afin de les rénover. Par effets de leviers successifs auprès dautres investisseurs désireux dintervenir ponctuellement sur des projets, et par un complément demprunts bancaires, cette initiative TSI pourrait permettre dorganiser jusquà près dun milliard deuros de financement sur la durée. Cette initiative que jai prise, relayée aujourdhui par la Caisse des Dépôt et lAgence Nationale pour les Chèques Vacances, doit entraîner la mobilisation de tous les autres financeurs du secteur.
Alors dautres problèmes subsistent ici et là dans dautres sphères du Tourisme, oui, nous le savons. Ils nécessitent un traitement adapté soit par lévolution des textes, soit par la mise en place doutils ad hoc, en tout cas il faudra à chaque fois une impulsion de lÉtat, de la puissance publique.
* Je pense en particulier à lhôtellerie de plein air (48% de loffre marchande totale en France), qui doit améliorer le cadre contractuel régissant les relations entre les exploitants de camping et ceux de résidences mobiles de loisirs (ou mobile home). Je vous lannonce aujourdhui, je crée un groupe de travail avec les professionnels et les autres ministères concernés. Car certaines pratiques que daucuns considèrerait comme abusives, sont de nature à entraver le bon développement dune filière qui affiche globalement dexcellentes performances. De mauvaises pratiques pourraient perturber la production dune filière ou la France affiche des positions de leader européen. Je noublie pas que je suis aussi ministre en charge de la consommation, de la concurrence, et des PME.
* Je pense aussi à la plaisance qui se trouve dans une situation assez similaire : une demande forte face à des contraintes de place dans les ports. Doù des conséquences à la fois sur lactivité touristique dans les stations par manque danimation dans les ports, mais aussi pour les constructeurs français dont certains leaders mondiaux qui peinent à trouver des débouchés sur leur propre marché domestique faute de places disponibles pour les acheteurs. Vrai paradoxe !
Il est possible de dynamiser la gestion des ports afin de faciliter laccueil de nouveaux bateaux, saisonniers ou permanents, par une révision des tarifs appliqués, ou avec le développement des ports à sec, ou dautres formules de stockage innovantes.
* Je voudrais à ce stade aborder un sujet majeur qui menace gravement la compétitivité de la destination France. Je veux parler de la réhabilitation de limmobilier touristique dans les stations littorales et de montagne. Des friches se créent progressivement par la sortie du marché dhébergements qui datent (1960, 1970) faute davoir fait lobjet dinvestissements suivis et suffisants pour le maintien de leur attractivité.
Des initiatives ont néanmoins été prises pour tenter dengager un mouvement massif de réhabilitation. Mais avec en moyenne 1 lit réhabilité pour 100 lits neufs créés, le dispositif ORIL / VRT a fait la démonstration de son inefficacité. Reconnaissons que cest un échec !
Je me suis emparé du sujet dès mon arrivée en 2008 en mobilisant avec mon collègue le ministre de l''espace rural et de l''aménagement du territoire (à lépoque sous la tutelle de Jean-Louis BORLOO) une mission dinspection conjointe. Nous navons pas beaucoup avancé, le traitement radical passant par une mobilisation efficace des particuliers propriétaires de ces appartements qui se désintéressent de leur bien. Les avantages fiscaux ne font pas tout, cest un travail juridique sur le droit de propriété en situation critique quil faut envisager. Cest un sujet dampleur du même ordre que celui lancé pour la rénovation urbaine des quartiers anciens en centre ville. Le sujet est très technique, mais il faut nous doter dun puissant levier pour organiser massivement cette réhabilitation qui affecte gravement notre capacité dhébergement et lapparence de nos stations qui se dégradent. La rareté des espaces naturels nous empêche de développer un immobilier neuf.
Le Tourisme constitue en outre souvent dans ces stations les premières sources demplois locales. Avec cet immobilier en déshérence, cest lattractivité et la capacité de développement du produit France qui sont menacées ! Alors je vous le dis aujourdhui, il faut en avoir conscience : une partie de lavenir du Tourisme dans notre pays va tenir à notre capacité à rénover cet immobilier trop souvent obsolète. Il y a donc grande urgence à traiter ce qui est probablement LE sujet principal, le sujet crucial du secteur.
Ce travail de remise à niveau et de développement de loffre, déjà largement engagé après plus de deux années intenses, est à prolonger par la conjugaison de toutes nos forces :
* une révision des dispositifs publics territoriaux daides passant par lassistance conseil aux porteurs de projet en matière dingénierie et de partenariat public-privé,
* une réorientation des budgets dintervention des conseils régionaux et généraux vers lémergence de produits à forte valeur ajoutée et le renouvellement des offres en perte de vitesse.
Cest tout le sens du partenariat avec la Caisse des Dépôts pour laccompagnement des porteurs de projets publics, et Oséo pour les porteurs de projet privés, mais aussi les conventions qui se concrétisent aujourdhui avec les régions et Atout France.
* Il est aussi nécessaire de stimuler linvestissement international dans notre pays en matière de Tourisme et de loisirs, et tirer profit de la croissance internationale qui se dessine. Cest tout le sens du partenariat engagé par Atout France avec UBIFRANCE et lAFII, lAgence Française des Investissements Internationaux, à la signature duquel je présiderai à lissue de cette séance plénière.
SI le développement de lattractivité touristique de notre pays passe par des investissements, il passe aussi par une créativité, une créativité qui doit être systématique. 2 exemples :
2 exemples :
* Nous disposons dun patrimoine remarquable formidable que le monde entier nous envie. Plus de la moitié des visiteurs internationaux choisissent de venir en France pour la Culture. Dans les faits, ne nous le cachons pas, la pratique et la satisfaction sont tout autres.
Cest ce qui ma engagé à initier et signer avec le ministre de la Culture, Frédéric MITTERRAND, une convention qui vise notamment à valoriser les sites prestigieux de lÉtat par le développement dune activité touristique, hôtelière ou de réunion et séminaire. Cet accord est historique, car autant quelques collectivités sétaient lancées dans la valorisation de leur patrimoine historique par léconomique, le Tourisme en loccurrence, autant lÉtat pour sa part navait encore rien imaginé. Cest la première fois quun Ministre de la Culture et un ministre du Tourisme sengagent ensemble dans cette voie.
* Mais la créativité cest aussi la démarche que jai engagée avec le ministère en charge de lAgriculture avec la marque « Vignobles & Découvertes ». Ou comment conjuguer lobjectif de lAgriculture (valoriser la viticulture), et celui du Tourisme (qualifier et dynamiser loffre) en proposant des solutions concrètes pour inciter les acteurs locaux à sorganiser afin de dégager plus de valeur ajoutée.
Autour du vin, les 7,5 M de visiteurs Français et étrangers qui arpentent nos caves (10 M de visites), nos vignes (24 M de visites), trouveront bientôt des produits touristiques complets, de qualité, clairement identifiés. Avec cette marque « Vignobles & Découvertes » attribuée depuis la semaine dernière à 10 destinations ce sont un millier de professionnels du Tourisme (hôtels, restaurants, musées, festivals, offices du tourisme, etc.) qui sorganisent pour regrouper car désireux de travailler ensemble à la promotion de leur propre activité pris individuellement, de la destination pris globalement. Cest la force de linitiative publique qui se concrétise à travers ce cahier des charges élaboré par le Conseil Supérieur de lnotourisme mis en place par nos deux ministères et réunissant les principaux représentants des professionnels de la viticulture et du Tourisme. Cette marque attribuée pour trois ans vient compléter les dispositifs existants, en apportant une signature nationale propice à une visibilité élargie.
Enfin le développement de lattractivité touristique de notre pays passe par lInternet. Quand 78 % des Français achètent à distance, quil y a 35 M dinternautes, 25 M dacheteurs en ligne, que la progression est de + 17 % encore en 2009, et surtout que le Tourisme est le premier sujet de tous les achats en ligne (58 % des internautes), nous devons absolument disposer dune ambition à la hauteur.
La France on le sait dispose dune offre extrêmement riche et variée, mais cette offre est insuffisamment coordonnée, valorisée, visible et lisible. A lheure dInternet qui permet laccès à lexhaustivité de loffre, il est nécessaire de proposer au consommateur des clés de lecture fiables de cette offre. Doù limportance des initiatives de lÉtat pour la qualification de loffre, lattribution de marques dEtat. Je voudrais vous en dire quelques mots.
Je souhaite porter lambition dune plateforme rassemblant lensemble des informations sur les séjours en France, par un partenariat public privé associant collectivités et opérateurs privés du secteur. Jai demandé à Atout France de mener ce chantier. Un complément à lexercice mené par ailleurs de qualification de loffre. L''évolution des modes de réservations touristiques, l''évolution de la mobilité grâce notamment aux terminaux portables, la puissance des réseaux sociaux en termes de promotion, sont autant de nouveautés qui obligent notre agence à développer de nouvelles solutions numériques.
Jai décidé de porter un projet de création de plateforme d''information numérique auprès du Commissariat général au grand emprunt. Cette plateforme doit allier, autour d''Atout France, les destinations, les partenaires et les professionnels du tourisme, les acteurs français du développement numérique afin de pouvoir innover et proposer de nouveaux outils aux touristes et de développer de nouvelles formes modernes de promotion de la destination France.
En effet les évolutions des modes de consommation dans le Tourisme que la crise est venue renforcer (des séjours plus courts, impromptus, à budgets maîtrisés,) incitent les consommateurs à se tourner vers des offres thématisés, de plus en plus qualitatives. Des achats raisonnés et optimisés.
Toute notre stratégie accompagne cette évolution : des produits identifiés, pouvant se prévaloir universellement des « marqueurs de qualité » dont lÉtat est le garant, valorisant les savoir-faire locaux, assurant la promotion des destinations.
Ces notions de destination cohérentes autour dune valeur forte, de séjours thématisés, gomment progressivement la notion de frontière. Nous lexpérimentons avec nos amis Italiens et Espagnols par la mise au point de campagne de promotion adaptées à destination des clientèles lointaines, sur des thématiques ou chacun de nos pays sefface au profit de la gastronomie méditerranéenne, la culture de la Méditerranée, etc., les valeurs qui font notre unité. Un règle entre nous : libre jeu concurrentiel à destination des clientèles étrangères de proximités, unité quand il sagit de parler aux clientèles lointaines.
Les encouragements du vice-président de la Commission européenne, Antonio TAJANI, commissaire en charge notamment du Tourisme, vont dans ce sens du dépassement des frontières pour consolider la place de lEurope comme première destination mondiale, par lélaboration de produits thématiques transfrontaliers (routes culturelles, etc.).
La ratification du Traité de Lisbonne introduisant la compétence Tourisme au niveau de la Commission européenne, est une chance pour notre pays. Nous devons rester le leader dans le Tourisme pour influer sur les pratiques des autres pays et les dispositions de la Commission européenne.
Le Tourisme est aussi pour nous un savoir-faire à promouvoir à lexport, par exemple auprès des destinations méditerranéennes de lUnion Pour la Méditerranée, comme elles le demandent instamment : des stratégies pour développer lactivité chez elles, des coopérations pour monter des produits touristiques communs, du nord au sud de la côte Méditerranéenne.
Le secteur du Tourisme se distingue par une variété de situation qui passe par des efforts damélioration relevant soit de manuvres lourdes quand il sagit de moderniser les infrastructures, plus légères mais selon une certaine créativité quand il sagit de structurer loffre existante.
Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, nous sommes en charge de la plus belles industrie qui soit, car valorisant les spécificités de nos destinations, promise aux plus forts et réguliers taux de croissance de toute lindustrie, créatrice demplois et de richesses sur lensemble du territoire, non délocalisable. Faisons tous ensemble le nécessaire pour en tirer le meilleur partie, et nous montrer à la hauteur des enjeux qui simposent à la première destination au monde.
Je vous remercie.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 20 octobre 2010