Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre de l'industrie, sur les mesures déjà prises et celles à venir pour redresser la filière automobile française, à Paris le 3 novembre 2010.

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Je ne reviendrai pas sur le détail des décisions courageuses mises en oeuvre fin 2008, qu'il s'agisse des 6 milliards de prêts aux constructeurs qui ne parvenaient plus à se financer auprès des marchés, ou encore de la prime à la casse, de la création du FMEA et de la mobilisation des garanties OSEO. Ces mesures ont permis d'atteindre en 2009 le niveau record (depuis 20 ans) de 2,3 millions d'automobiles vendues et, face à une crise économique sans précédent, de sauver nos constructeurs français.
Dans ce contexte, ainsi que vous avez pu le constater lors du Mondial de l'Automobile, les constructeurs français abordent la sortie de crise en meilleure situation concurrentielle qu'en y entrant. Leur part de marché en France et en Europe a progressé de plus de 2 points en deux ans, ce qui leur a permis de rembourser par anticipation 2 milliards d'euros sur les prêts que l'Etat leur avait consenti.
En 2009, cela s'est fait sur la base du déstockage et n'a donc que très peu profité à la filière.
En 2010, grâce à la stratégie de sortie progressive de la prime à la casse, le marché se tient bien avec un recul des ventes limité à 1,4% sur les 10 premiers mois, ce qui est plutôt une bonne performance par rapport à la moyenne des 10 dernières années, si l'on met de côté l'année record de 2009.
Surtout, c'est la production qui a pris le relai permettant de relancer les recrutements en CDI et 2010 (2000 pour PSA et 450 pour Renault). Le chômage partiel dans la filière a retrouvé depuis août 2010 un niveau inférieur à celui d'octobre 2008, à un million d'heures autorisées, après un pic à plus de 6 millions d'heures en mars 2009.
Les fournisseurs de rang 2 et plus, qui ont donc beaucoup souffert en 2009, commencent enfin à bénéficier des effets de la reprise.
Ainsi, la production d'équipements automobiles fabriqués en France a augmenté de 20% sur les 7 premiers mois de 2010. J'ai d'ailleurs rencontré hier au salon de la sous-traitance (MIDEST) les entreprises du décolletage implantées dans la vallée de l'Arve qui m'ont confirmé cette reprise.
Pour autant, cette situation ne doit pas masquer les difficultés structurelles des PME fournisseurs de rang 2 et plus. C'est justement pour renforcer et consolider ces PME que j'ai lancé l'an dernier dans le cadre de la commission sur la sous-traitance le FMEA rang 2 doté de 50 millions d'euros, afin de leur permettre d'accéder à une taille critique et à un niveau de compétitivité leur permettant de prendre davantage de parts de marché en Europe. C'est aussi dans cette logique que j'ai installé le 5 octobre dernier le comité de filière automobile, dans le cadre des Etats Généraux de l'Industrie, afin de passer à une nouvelle étape des relations entre d'une part les constructeurs et leurs équipementiers, et d'autre part les fournisseurs de rang 2 et plus. Ces travaux pourront se concrétiser dès le courant du premier semestre 2011.
Dans l'intervalle, nous devons être particulièrement vigilants sur la situation du marché européen qui enregistre quant à lui un vrai recul autour de -5%, avec par exemple -27% en Allemagne, les autres pays n'ayant pas fait le choix d'une sortie progressive de la prime à la casse. Et les perspectives du marché européen restent dégradées, en attendant un rebond à partir du 2ème trimestre 2011.
Aujourd'hui, je vous annonce les mesures que nous mettons en oeuvre pour gérer cette période transitoire et veiller à ce que la sortie de crise continue à se traduire effectivement pour les fournisseurs de rang 2 et plus. J'ai demandé au comité de filière automobile de proposer des mesures pour passer à de nouvelles relations donneurs d'ordres - fournisseurs.
Avec Christine Lagarde et Laurent Wauquiez, nous venons de signer avec les syndicats et le patronat, dans le cadre d'un dialogue social constructif, un avenant à la Charte automobile de 2008 d'un montant de 10 Meuros, qui va permettre de mieux anticiper et accompagner l'évolution des emplois et des compétences. Concrètement, cet avenant va permettre de travailler sur des diagnostics complets pour les PME les plus à risque, portant à la fois sur le positionnement stratégique et sur les besoins en matière de formation, puis de financer les actions de formation ou de mobilité nécessaires afin de garantir leur solidité.
Nous avons adressé une circulaire aux Préfets pour les mobiliser et leurs demander de mettre en oeuvre un dispositif d'accompagnement au niveau régional pour les PME de la filière : mise en place, au sein des services territoriaux de l'Etat, d'une équipe projet animée par un référent automobile, information des PME et diagnostics stratégiques, mobilisation de la Charte automobile, des garanties OSEO, du FMEA et du FMEA rang 2...
Très concrètement, ces décisions contribuent à une stratégie coordonnée qui vise ainsi :
* à renforcer et consolider nos équipementiers et nos sous-traitants, notamment grâce au FMEA et aux garanties OSEO pour leur permettre d'accéder à une taille critique et à un niveau de compétitivité leur permettant de prendre davantage de parts de marché en Europe ;
* à encourager des PME, lorsque cela est pertinent sur leur marché, à se repositionner ou même à diversifier leurs débouchés, en s'ouvrant par exemple à la filière aéronautique, notamment grâce aux diagnostics stratégiques, et à un accompagnement en matière de gestion des compétences et de formation à travers la Charte automobile ;
* à passer à une nouvelle étape des relations entre, d'une part les constructeurs et leurs équipementiers, et d'autre part, les fournisseurs de rang 2 et plus grâce au comité de filière automobile. Si cela ne suffit pas, je n'hésiterai pas à passer par la loi ! Le « Fabriqué en France » ne saurait se résumer à de l' « Assemblé en France ».
Plus que jamais, nous devons rester mobilisés pour assurer le passage de ce cap et confirmer ainsi le redressement de la filière automobile française dans la durée.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 5 novembre 2010