Texte intégral
(Paris, 2 mars 1999)
Ce qui s'est passé la semaine dernière à Bruxelles nous donne largement satisfaction. D'une part, il n'y a pas eu d'accord partiel et partial sur la PAC en attendant l'accord global que nous souhaitons tous. D'autre part, la France n'a pas été isolée au sein du Conseil des ministres de l'Agriculture : au contraire, celui-ci a pris conscience du caractère excessif et déséquilibré des propositions faites et de la nécessité d'une réorientation des aides agricoles : l'idée fait son chemin.
Il s'agit maintenant de reprendre le travail, à partir de jeudi soir, pour aboutir à un compromis. La France défendra quelques idées simples, comme la nécessité de maîtriser les dépenses agricoles et de parvenir à un accord équilibré pour tous : à l'heure où toute l'Europe parle d'une nouvelle agriculture, plus respectueuse de l'environnement et de l'aménagement du milieu rural, il serait inacceptable, par exemple, de se borner à encourager l'élevage intensif, comme le faisaient les propositions présentées la semaine dernière.
Il convient également de réorienter les aides vers le deuxième pilier de la PAC, à savoir le développement rural, pour mieux prendre en compte l'aménagement du territoire et les petites exploitations.
Je me garderai de faire des pronostics : le travail sera encore long et difficile. La France est déterminée à progresser vers un compromis, lequel suppose que toutes les positions se rapprochent les unes des autres, et non de la position d'un seul.
ENTRETIEN DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE, M. JEAN GLAVANY, AVEC "FRANCE INTER"
(Bruxelles, 5 mars 1999)
Les deux jours qu'on a eus ont montré de la part des Allemands une volonté de dialogue beaucoup plus constructif et beaucoup plus confiant avec la délégation française. De ce point de vue, on a senti des signes extrêmement encourageants et qui placent cette négociation sous un signe plus favorable.
Q - Le porte-parole allemand à Bonn, vient de dire "qu'il n'était pas question pour l'Allemagne de renoncer au cofinancement. N'y a-t-il pas des contradictions dans le discours allemand ? Et est-ce que cela ne vous inquiète pas ?
R - Je me fie à ce que m'en a dit le ministre allemand de l'Agriculture, qui préside le Conseil de l'Agriculture. Il a dit des choses rassurantes de ce point de vue. Cela participe de la meilleure ambiance entre la France et l'Allemagne. J'ai reçu des assurances, hier, au déjeuner, mais c'était plus spectaculaire encore au dîner d'hier soir. On a été 14 autres à l'entendre, 15 avec le Commissaire, plus ses collaborateurs qui étaient là. C'est ce que j'ai entendu. Je ne suis pas le porte-parole du gouvernement allemand, et je ne veux pas dire ce que j'ai entendu en son nom. Mais en tout cas, j'ai entendu des choses positives.
ENTRETIEN DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE, M. JEAN GLAVANY, AVEC "RMC" - EXTRAITS -
(Paris, 8 mars 1999)
(...)
Q - Vous êtes arrivé au ministère de l'Agriculture à la veille d'une négociation majeure. Le porte-parole du gouvernement allemand a dit, hier soir, renoncer au cofinancement national des aides agricoles à l'Union européenne. C'est-à-dire qu'il accepte le maintien du système et des règles de financement communes - ce qui était la demande de la France. Est-ce qu'hier il y a eu un revirement allemand, une concession majeure et est-ce que c'est la voie ouverte à un accord prochain ?
R - Non, ça ne date pas d'hier ! Il y a environ une semaine que les Allemands montrent à l'égard de la France une volonté de coopération et de dialogue constructif et confiant qui est préférable à ce qu'on a vécu dans les semaines précédentes. On a connu cette espèce de crise qui a éclaté lors d'un marathon agricole où il était absolument impossible de s'entendre et où, effectivement, les relations franco-allemandes étaient revenues à un état presque quasi zéro qui était très inquiétant pour l'avenir. Et puis, il y a eu le Sommet de Petersberg qui a recadré les choses. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont recadré les choses, ont montré d'ailleurs qu'au Conseil des ministres de l'Agriculture, on s'était un peu fourvoyé à faire tout et n'importe quoi. Et depuis, le dialogue franco-allemand remarche d'une manière positive, constructive. Cela va beaucoup mieux. L'ambiance est bien meilleure.
Il y a donc ce que les Allemands ont dit hier - qu'ils avaient laissé entendre dans les jours précédents, que le ministre allemand de l'Agriculture m'avait dit il y a quelques jours. S'ils s'engagent sur cette voie du renoncement au cofinancement - c'est-à-dire de la renationalisation d'une partie de la PAC, sur laquelle la France avait été très ferme -, cela détend l'atmosphère. Cela pose le dialogue d'une manière beaucoup plus favorable et met la recherche du compromis, dans les jours qui viennent, sur des rails beaucoup plus positifs.
Q - Mais cela ne règle pas les choses pour autant, parce qu'il y a quand même la volonté de réduire l'enveloppe, c'est-à-dire de diminuer les aides globales ?
R - Mais cette volonté ferme de maintenir la dépense est une volonté française ! Je vous le rappelle parce qu'à certains moments on a cru que la Commission ou les Allemands étaient rigoureux et les Français dépensiers. C'est exactement l'inverse. Nous voulons, premièrement, que l'on maîtrise la dépense agricole, parce qu'on est incapable d'expliquer à nos opinions publiques et à nos contribuables qu'il faudrait payer plus d'impôts pour donner plus d'argent à l'agriculture qui en a déjà beaucoup. Nous voulons maîtriser cette dépense. C'est ce que la France dit depuis le début alors que d'autres faisaient des réformes très dépensières. Aujourd'hui, la Commission européenne et le Commissaire autrichien, M. Fischler, proposent encore une réforme trop coûteuse.
Le deuxième point, c'est que nous voulons réorienter ces aides parce que nous voulons un peu sortir de cette course au productivisme à tout crin, et faire en sorte qu'on pense mieux le développement rural, c'est-à-dire l'aménagement rural, l'aménagement du territoire, la protection de l'environnement et des paysages, l'animation du milieu rural. Donc, réorienter ces aides vers ce qu'on appelle le deuxième pilier de la PAC qui est le développement rural, et puis, défendre un certain nombre d'intérêts propres de notre agriculture. Je pense, en particulier, à notre élevage extensif. Ce sont des grands points de négociation sur lesquels vous avez raison de dire que rien n'est réglé et que, certes, l'ambiance est meilleure, mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour rapprocher les points de vue. Mais un compromis, c'est ça : rapprocher tous les points de vue.
Q - Et il y a une seule position française ?
R - Il y a une seule position française. Cela se passe très bien de ce côté-là. La cohabitation sert plutôt les intérêts de la France. Elle est à la fois obligée de parler d'une seule voix sur la scène internationale, mais en plus, cela nous prive de petits débats politiciens qui nous feraient perdre beaucoup d'énergie. Cela nous rassemble sur l'essentiel, c'est-à-dire la défense de nos intérêts agricoles.
COMMUNIQUE DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE
ET DE LA PECHE,
M. JEAN GLAVANY
(Paris, 11 mars 1999)
Le compromis arrêté, le 11 mars, par la présidence du Conseil agriculture, ne constitue pas un accord sur la réforme de la Politique agricole commune (PAC). En effet, le sommet européen de Vienne avait indiqué qu'il ne pouvait y avoir d'accord partiel sans un accord global sur le paquet Agenda 2000.
Ensuite, je n'avais pas reçu mandat du Président de la République française et du Premier ministre pour conclure un accord sur la PAC. Au demeurant, je rappelle que le Conseil Agriculture n'a pas le pouvoir d'arrêter formellement un accord sans l'avis du Parlement européen qui, à ce stade, n'a pas été consulté.
Contrairement à ce qu'a dit le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Luc Guyau, je n'ai pas donné mon assentiment au compromis arrêté par la présidence qui d'ailleurs a estimé que la France se rangeait parmi les pays défavorables à celui-ci.
Je tiens néanmoins à souligner que des points très positifs, notamment par rapport au départ de la négociation, ont été obtenus :
- confirmation de la constitution d'un deuxième pilier de la PAC avec l'intégration du développement rural, outil de réorientation vers l'emploi, l'aménagement du territoire et l'environnement ;
- la viande bovine : baisse de prix limitée à 20 % (la proposition initiale de la Commission était à 30 %) et bonne compensation pour le troupeau allaitant extensif (Prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes - PMTVA - à 260 euros au total, et amélioration du complément extensif, soit une compensation intégrale de la baisse de prix pour des exploitations fragiles qui contribuent à l'aménagement d'espaces défavorisés), suppression de la limite de 120 000 kg de lait pour toucher la PMTVA ;
- le lait : les quotas, menacés de suppression dès mars 2000, sont sauvegardés, au moins jusqu'en 2006. Quant à la baisse des prix que la Commission souhaitait instaurer dès 2000, elle n'aurait lieu qu'en 2003. Des facilités de gestion des quotas au niveau départemental ont été obtenues ;
- les céréales : le soutien spécifique au maïs est sauvegardé, essentiel pour l'équilibre de régions fragiles ;
- le vin : c'est une réforme positive avec une possibilité d'extension du vignoble à travers des droits de plantations à niveau satisfaisant, un soutien sur fonds communautaires à la restructuration du vignoble, y compris pour les jeunes, l'interdiction de la vinification des moûts importés et la consolidation du régime français des interprofessions ;
- les oléagineux : même si les dispositions ne sont pas totalement satisfaisantes, le passage à une aide identique à celle des céréales ne sera pas immédiat comme le voulait la Commission, mais étalé sur 3 ans. En tout état de cause, une clause de rendez-vous est prévue dans deux ans pour évaluer la situation du secteur.
Il reste que, malgré les avancées positives, ce paquet représente une nouvelle dérive des dépenses : + 6,5 milliards d'euros sur la période, en l'absence de choix clairs sur les financements, notamment la dégressivité ne contribue pas à la réorientation des aides vers le développement rural.
La France a donc émis officiellement quatre réserves inscrites au procès verbal des débats du Conseil :
- réserve liée à la globalité des négociations, qui ne permettent pas un accord partiel sur la réforme de la Politique agricole commune, conformément aux conclusions du Conseil européen de Vienne des 12 et 13 décembre 1998 ;
- réserve ad referendum dans l'attente d'une décision du président de la République et du chef du gouvernement français ;
- réserve liée à la nécessité d'atteindre un accord respectant le cadre d'une dépense agricole stabilisée ;
- réserve liée à la nécessité de réorienter les dépenses agricoles dans le cadre du deuxième pilier de développement rural de la Politique agricole commune.
Dans ce contexte, la dégressivité des aides constitue un outil de maîtrise et de réorientation de la dépense agricole qui doit être pris en compte dans le cadre de la négociation Agenda 2000.
REPONSE DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE, M. JEAN GLAVANY,
A UNE QUESTION D'ACTUALITE
A L'ASSEMBLEE NATIONALE
(Paris, 17 mars 1999)
Vous me donnez l'occasion de faire le point sur le texte arrêté jeudi matin à l'aube par la présidence allemande et auquel le gouvernement français, par ma voix, n'a pas donné son accord, comme l'a déclaré mon homologue allemand lui-même lors d'une conférence de presse.
Ce texte comporte toutefois un certain nombre d'avancées par rapport au premier paquet qui avait été proposé : sur la viande bovine, avec une réduction des prix de 20 % seulement au lieu des 30 % proposés, sur la prime au maintien du troupeau allaitant ; tout cela rend le paquet viande bovine beaucoup plus acceptable, même si le prix d'intervention demeure nettement trop bas. Sur l'OCM du vin, nos revendications ont été également entendues, ainsi que sur le règlement horizontal.
Nous contestons en revanche la réforme laitière qui, bien que retardée dans son application à notre demande, reste en l'état inutile et coûteuse, ainsi que la réforme des céréales, avec la baisse excessive des prix de 20 %. Au total ce paquet, malgré quelques avancées, pèche encore par ses insuffisances.
La spécificité des oléo-protéagineux n'est pas prise en compte, alors qu'il s'agit de cultures propres. Ce paquet est coûteux, puisqu'il dépasse de 6,9 milliards le niveau de maîtrise de la dépense exigée par les chefs d'Etat et de gouvernement à Petersberg. Enfin cette PAC proposée par la présidence allemande est insuffisamment réorientée vers le développement rural, alors que l'opinion européenne attendait un signe dans ce sens.
Voilà pourquoi je me suis opposé jusqu'à la fin à ce texte, dont j'espère qu'à Berlin le Président de la République et le Premier ministre réussiront à le faire progresser. Ce paquet agricole, pour le moment, n'est pas un accord, et ne pourra le devenir que dans le cadre d'un accord global..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, mars 1999)
Ce qui s'est passé la semaine dernière à Bruxelles nous donne largement satisfaction. D'une part, il n'y a pas eu d'accord partiel et partial sur la PAC en attendant l'accord global que nous souhaitons tous. D'autre part, la France n'a pas été isolée au sein du Conseil des ministres de l'Agriculture : au contraire, celui-ci a pris conscience du caractère excessif et déséquilibré des propositions faites et de la nécessité d'une réorientation des aides agricoles : l'idée fait son chemin.
Il s'agit maintenant de reprendre le travail, à partir de jeudi soir, pour aboutir à un compromis. La France défendra quelques idées simples, comme la nécessité de maîtriser les dépenses agricoles et de parvenir à un accord équilibré pour tous : à l'heure où toute l'Europe parle d'une nouvelle agriculture, plus respectueuse de l'environnement et de l'aménagement du milieu rural, il serait inacceptable, par exemple, de se borner à encourager l'élevage intensif, comme le faisaient les propositions présentées la semaine dernière.
Il convient également de réorienter les aides vers le deuxième pilier de la PAC, à savoir le développement rural, pour mieux prendre en compte l'aménagement du territoire et les petites exploitations.
Je me garderai de faire des pronostics : le travail sera encore long et difficile. La France est déterminée à progresser vers un compromis, lequel suppose que toutes les positions se rapprochent les unes des autres, et non de la position d'un seul.
ENTRETIEN DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE, M. JEAN GLAVANY, AVEC "FRANCE INTER"
(Bruxelles, 5 mars 1999)
Les deux jours qu'on a eus ont montré de la part des Allemands une volonté de dialogue beaucoup plus constructif et beaucoup plus confiant avec la délégation française. De ce point de vue, on a senti des signes extrêmement encourageants et qui placent cette négociation sous un signe plus favorable.
Q - Le porte-parole allemand à Bonn, vient de dire "qu'il n'était pas question pour l'Allemagne de renoncer au cofinancement. N'y a-t-il pas des contradictions dans le discours allemand ? Et est-ce que cela ne vous inquiète pas ?
R - Je me fie à ce que m'en a dit le ministre allemand de l'Agriculture, qui préside le Conseil de l'Agriculture. Il a dit des choses rassurantes de ce point de vue. Cela participe de la meilleure ambiance entre la France et l'Allemagne. J'ai reçu des assurances, hier, au déjeuner, mais c'était plus spectaculaire encore au dîner d'hier soir. On a été 14 autres à l'entendre, 15 avec le Commissaire, plus ses collaborateurs qui étaient là. C'est ce que j'ai entendu. Je ne suis pas le porte-parole du gouvernement allemand, et je ne veux pas dire ce que j'ai entendu en son nom. Mais en tout cas, j'ai entendu des choses positives.
ENTRETIEN DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE, M. JEAN GLAVANY, AVEC "RMC" - EXTRAITS -
(Paris, 8 mars 1999)
(...)
Q - Vous êtes arrivé au ministère de l'Agriculture à la veille d'une négociation majeure. Le porte-parole du gouvernement allemand a dit, hier soir, renoncer au cofinancement national des aides agricoles à l'Union européenne. C'est-à-dire qu'il accepte le maintien du système et des règles de financement communes - ce qui était la demande de la France. Est-ce qu'hier il y a eu un revirement allemand, une concession majeure et est-ce que c'est la voie ouverte à un accord prochain ?
R - Non, ça ne date pas d'hier ! Il y a environ une semaine que les Allemands montrent à l'égard de la France une volonté de coopération et de dialogue constructif et confiant qui est préférable à ce qu'on a vécu dans les semaines précédentes. On a connu cette espèce de crise qui a éclaté lors d'un marathon agricole où il était absolument impossible de s'entendre et où, effectivement, les relations franco-allemandes étaient revenues à un état presque quasi zéro qui était très inquiétant pour l'avenir. Et puis, il y a eu le Sommet de Petersberg qui a recadré les choses. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont recadré les choses, ont montré d'ailleurs qu'au Conseil des ministres de l'Agriculture, on s'était un peu fourvoyé à faire tout et n'importe quoi. Et depuis, le dialogue franco-allemand remarche d'une manière positive, constructive. Cela va beaucoup mieux. L'ambiance est bien meilleure.
Il y a donc ce que les Allemands ont dit hier - qu'ils avaient laissé entendre dans les jours précédents, que le ministre allemand de l'Agriculture m'avait dit il y a quelques jours. S'ils s'engagent sur cette voie du renoncement au cofinancement - c'est-à-dire de la renationalisation d'une partie de la PAC, sur laquelle la France avait été très ferme -, cela détend l'atmosphère. Cela pose le dialogue d'une manière beaucoup plus favorable et met la recherche du compromis, dans les jours qui viennent, sur des rails beaucoup plus positifs.
Q - Mais cela ne règle pas les choses pour autant, parce qu'il y a quand même la volonté de réduire l'enveloppe, c'est-à-dire de diminuer les aides globales ?
R - Mais cette volonté ferme de maintenir la dépense est une volonté française ! Je vous le rappelle parce qu'à certains moments on a cru que la Commission ou les Allemands étaient rigoureux et les Français dépensiers. C'est exactement l'inverse. Nous voulons, premièrement, que l'on maîtrise la dépense agricole, parce qu'on est incapable d'expliquer à nos opinions publiques et à nos contribuables qu'il faudrait payer plus d'impôts pour donner plus d'argent à l'agriculture qui en a déjà beaucoup. Nous voulons maîtriser cette dépense. C'est ce que la France dit depuis le début alors que d'autres faisaient des réformes très dépensières. Aujourd'hui, la Commission européenne et le Commissaire autrichien, M. Fischler, proposent encore une réforme trop coûteuse.
Le deuxième point, c'est que nous voulons réorienter ces aides parce que nous voulons un peu sortir de cette course au productivisme à tout crin, et faire en sorte qu'on pense mieux le développement rural, c'est-à-dire l'aménagement rural, l'aménagement du territoire, la protection de l'environnement et des paysages, l'animation du milieu rural. Donc, réorienter ces aides vers ce qu'on appelle le deuxième pilier de la PAC qui est le développement rural, et puis, défendre un certain nombre d'intérêts propres de notre agriculture. Je pense, en particulier, à notre élevage extensif. Ce sont des grands points de négociation sur lesquels vous avez raison de dire que rien n'est réglé et que, certes, l'ambiance est meilleure, mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour rapprocher les points de vue. Mais un compromis, c'est ça : rapprocher tous les points de vue.
Q - Et il y a une seule position française ?
R - Il y a une seule position française. Cela se passe très bien de ce côté-là. La cohabitation sert plutôt les intérêts de la France. Elle est à la fois obligée de parler d'une seule voix sur la scène internationale, mais en plus, cela nous prive de petits débats politiciens qui nous feraient perdre beaucoup d'énergie. Cela nous rassemble sur l'essentiel, c'est-à-dire la défense de nos intérêts agricoles.
COMMUNIQUE DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE
ET DE LA PECHE,
M. JEAN GLAVANY
(Paris, 11 mars 1999)
Le compromis arrêté, le 11 mars, par la présidence du Conseil agriculture, ne constitue pas un accord sur la réforme de la Politique agricole commune (PAC). En effet, le sommet européen de Vienne avait indiqué qu'il ne pouvait y avoir d'accord partiel sans un accord global sur le paquet Agenda 2000.
Ensuite, je n'avais pas reçu mandat du Président de la République française et du Premier ministre pour conclure un accord sur la PAC. Au demeurant, je rappelle que le Conseil Agriculture n'a pas le pouvoir d'arrêter formellement un accord sans l'avis du Parlement européen qui, à ce stade, n'a pas été consulté.
Contrairement à ce qu'a dit le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Luc Guyau, je n'ai pas donné mon assentiment au compromis arrêté par la présidence qui d'ailleurs a estimé que la France se rangeait parmi les pays défavorables à celui-ci.
Je tiens néanmoins à souligner que des points très positifs, notamment par rapport au départ de la négociation, ont été obtenus :
- confirmation de la constitution d'un deuxième pilier de la PAC avec l'intégration du développement rural, outil de réorientation vers l'emploi, l'aménagement du territoire et l'environnement ;
- la viande bovine : baisse de prix limitée à 20 % (la proposition initiale de la Commission était à 30 %) et bonne compensation pour le troupeau allaitant extensif (Prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes - PMTVA - à 260 euros au total, et amélioration du complément extensif, soit une compensation intégrale de la baisse de prix pour des exploitations fragiles qui contribuent à l'aménagement d'espaces défavorisés), suppression de la limite de 120 000 kg de lait pour toucher la PMTVA ;
- le lait : les quotas, menacés de suppression dès mars 2000, sont sauvegardés, au moins jusqu'en 2006. Quant à la baisse des prix que la Commission souhaitait instaurer dès 2000, elle n'aurait lieu qu'en 2003. Des facilités de gestion des quotas au niveau départemental ont été obtenues ;
- les céréales : le soutien spécifique au maïs est sauvegardé, essentiel pour l'équilibre de régions fragiles ;
- le vin : c'est une réforme positive avec une possibilité d'extension du vignoble à travers des droits de plantations à niveau satisfaisant, un soutien sur fonds communautaires à la restructuration du vignoble, y compris pour les jeunes, l'interdiction de la vinification des moûts importés et la consolidation du régime français des interprofessions ;
- les oléagineux : même si les dispositions ne sont pas totalement satisfaisantes, le passage à une aide identique à celle des céréales ne sera pas immédiat comme le voulait la Commission, mais étalé sur 3 ans. En tout état de cause, une clause de rendez-vous est prévue dans deux ans pour évaluer la situation du secteur.
Il reste que, malgré les avancées positives, ce paquet représente une nouvelle dérive des dépenses : + 6,5 milliards d'euros sur la période, en l'absence de choix clairs sur les financements, notamment la dégressivité ne contribue pas à la réorientation des aides vers le développement rural.
La France a donc émis officiellement quatre réserves inscrites au procès verbal des débats du Conseil :
- réserve liée à la globalité des négociations, qui ne permettent pas un accord partiel sur la réforme de la Politique agricole commune, conformément aux conclusions du Conseil européen de Vienne des 12 et 13 décembre 1998 ;
- réserve ad referendum dans l'attente d'une décision du président de la République et du chef du gouvernement français ;
- réserve liée à la nécessité d'atteindre un accord respectant le cadre d'une dépense agricole stabilisée ;
- réserve liée à la nécessité de réorienter les dépenses agricoles dans le cadre du deuxième pilier de développement rural de la Politique agricole commune.
Dans ce contexte, la dégressivité des aides constitue un outil de maîtrise et de réorientation de la dépense agricole qui doit être pris en compte dans le cadre de la négociation Agenda 2000.
REPONSE DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE, M. JEAN GLAVANY,
A UNE QUESTION D'ACTUALITE
A L'ASSEMBLEE NATIONALE
(Paris, 17 mars 1999)
Vous me donnez l'occasion de faire le point sur le texte arrêté jeudi matin à l'aube par la présidence allemande et auquel le gouvernement français, par ma voix, n'a pas donné son accord, comme l'a déclaré mon homologue allemand lui-même lors d'une conférence de presse.
Ce texte comporte toutefois un certain nombre d'avancées par rapport au premier paquet qui avait été proposé : sur la viande bovine, avec une réduction des prix de 20 % seulement au lieu des 30 % proposés, sur la prime au maintien du troupeau allaitant ; tout cela rend le paquet viande bovine beaucoup plus acceptable, même si le prix d'intervention demeure nettement trop bas. Sur l'OCM du vin, nos revendications ont été également entendues, ainsi que sur le règlement horizontal.
Nous contestons en revanche la réforme laitière qui, bien que retardée dans son application à notre demande, reste en l'état inutile et coûteuse, ainsi que la réforme des céréales, avec la baisse excessive des prix de 20 %. Au total ce paquet, malgré quelques avancées, pèche encore par ses insuffisances.
La spécificité des oléo-protéagineux n'est pas prise en compte, alors qu'il s'agit de cultures propres. Ce paquet est coûteux, puisqu'il dépasse de 6,9 milliards le niveau de maîtrise de la dépense exigée par les chefs d'Etat et de gouvernement à Petersberg. Enfin cette PAC proposée par la présidence allemande est insuffisamment réorientée vers le développement rural, alors que l'opinion européenne attendait un signe dans ce sens.
Voilà pourquoi je me suis opposé jusqu'à la fin à ce texte, dont j'espère qu'à Berlin le Président de la République et le Premier ministre réussiront à le faire progresser. Ce paquet agricole, pour le moment, n'est pas un accord, et ne pourra le devenir que dans le cadre d'un accord global..
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, mars 1999)