Texte intégral
R. Elkrief On vient d'entendre les résultats possibles des élections en Italie : S. Berlusconi probable Président du Conseil italien. Vous applaudissez ou vous dites qu'il faut rester vigilants ?
- "J'applaudis franchement ! Et d'ailleurs, toute la polémique sur la personnalité de S. Berlusconi - polémique en Italie, encore plus en France et à l'étranger ..."
En Grande-Bretagne, en Allemagne ...
- "Je crois qu'on est passé à côté de l'essentiel. Si monsieur Berlusconi aujourd'hui - c'est sûr - a une victoire en voix, c'est peut-être moins à cause de sa personnalité qu'à cause de son programme et d'une formidable envie de changement des Italiens. Merveilleux Italiens ! Même la coalition de l'Olivier au pouvoir avait fait des réformes audacieuses : un début de régionalisation ; la réforme des retraites ; la réforme de la fonction publique ; la baisse des dépenses publiques ..."
S. Berlusconi est plus libéral.
- "S. Berlusconi propose d'aller encore plus loin. Ce qui est intéressant, c'est de voir que les Italiens ont choisi un vrai programme de révolution. Ils se disent : "nous sommes à l'entrée du nouveau siècle, que pouvons-nous faire, nous Italiens, pour entrer gagnants ?" D'où une révolution fiscale."
S. Berlusconi, modèle pour A. Madelin ?
- "Pourquoi pas ? Je dis "oui" à la révolution fiscale. Je propose pour la France à peu près la même chose que Berlusconi : l'abolition des droits de succession pour l'essentiel ; une fiscalité de 33 % maximum - c'est ce qu'on propose aux Italiens, il n'y a aucune raison que nous soyons moins-disants que les Italiens ; une vraie régionalisation - je crois que Berlusconi fait une formidable étape vers un vrai fédéralisme, un nouveau modèle d'Etat - ; la lutte contre les règlements, les codifications, les lois de toutes sortes qui empoisonnent la vie quotidienne ; la police de proximité ; un vrai programme sur la sécurité ; une vraie révolution pour l'école. Tout ceci me va très bien pour la France."
S. Berlusconi et A. Madelin main dans la main ?
- "Vous dites S. Berlusconi et A. Madelin mais les mêmes réformes ont été faites en Grande-Bretagne par M. Thatcher et même par
T. Blair. Elles sont prônées en Allemagne par la nouvelle CDU et pour une part par G. Schröder. Elles sont mises en oeuvre en Espagne par Aznar. Elles sont mises en oeuvre en Belgique par G. Ferrostat. Donc, il n'y a que la France qui reste à l'écart de ce grand mouvement de réformes qui a lieu partout autour de nous."
Il n'y a que vous en France, si j'entends bien, qui représentez ce "mouvement de révolution" ?
- "Franchement, je crois que je suis le seul à pouvoir le porter. Dans la prochaine compétition présidentielle, je serai le seul à proposer ces réformes modernes dont la France a besoin."
Cela veut-il dire que J. Chirac ne serait pas en position de les proposer ?
- "Mais bien sûr ! Vous aurez toujours le prêchi-prêcha, les solutions chèvre-choux, les molo-molo, "jouez p'tits bras" ..."
C'est pour J. Chirac ?
- "Pour tout cela, il y aura beaucoup de candidats. Si les gens veulent cela, il y aura d'autres candidats que moi."
Pour F. Bayrou, que dites-vous ?
- "Mais s'ils veulent entrer en force dans le nouveau siècle en menant les réformes qui sont entreprises partout autour de nous, ce sera le choix que je proposerai. Ce choix est offert partout autour de nous en Europe, il n'y a qu'en France qu'il n'est pas proposé. Lorsqu'il est offert, nous le voyons avec Berlusconi, il est choisi. Ma part d'espoir, c'est qu'il soit aussi choisi en France."
La campagne présidentielle a vraiment commencé dans la tête d'A. Madelin ! On va parler de la Corse parce que c'est le sujet de cette semaine. Vous avez annoncé que vous alliez voter ce projet. Etes-vous sûr que cela mettra fin à la violence ?
- "Non, mais je ne le vote pas pour cela. D'ailleurs, je trouve même que c'est sans doute une erreur de dire qu'on fait ce projet de régionalisation pour la seule Corse parce que cela doit mettre fin à la violence. De fait, on devient l'otage des plus terroristes et on est à la merci de la moindre reprise de violence. Je le fais parce que la régionalisation me paraît une bonne chose, parce qu'on ne peut pas rester à l'écart du grand réveil des provinces françaises et du formidable mouvement de régionalisation partout autour de nous en Europe."
Pour le moment, cela ne concerne que la Corse.
- "C'est justement le reproche que je fais à ce texte. Ce que je regrette, c'est que l'on fasse une exception corse, et ce faisant, on donne parfois le sentiment de récompenser le terrorisme. Il y a ceux qui disent "la régionalisation est une bonne chose pour la Corse, mais pas question pour les autres régions" - ce sont les socialistes - ; il y a ceux qui, à droite, disent que la régionalisation serait une bonne chose pour toutes les régions, mais qui ne l'ont jamais faite..."
C'est l'UDF qui dit cela.
- .".. quand ils étaient au pouvoir, en tout cas pas pour la Corse. Ma position est très claire : je suis pour une régionalisation forte. Si on commence par la Corse, va pour la Corse. J'invite les amis de l'opposition à regarder ce texte la tête froide, à sortir des passions."
Combien de membres de DL vont voter ce texte ?
- "Nous verrons bien."
Vous êtes sceptique ?
- "C'est une question d'intérêt national. Après le temps des passions doit venir le temps de la réflexion. De plus, je vous ferai remarquer que s'il y avait une alternance demain, est-ce que l'opposition reviendrait sur ce texte ? Sûrement pas. C'est donc qu'il n'est peut-être pas si mauvais que cela."
Comment expliquez-vous que l'UDF qui se déclare décentralisatrice s'apprête à ne pas le voter ?
- "Ne me demandez pas d'expliquer ce qui se passe dans la tête des autres. Il y a eu beaucoup de passions durant l'été, l'opposition a eu tort de faire chorus avec le jacobin monsieur Chevènement qui s'est toujours trompé sur tout et qui, sur la Corse, se trompe une nouvelle fois."
Seriez-vous pour l'indépendance de la Corse comme R. Barre
qui l'a répété hier ?
- "Mais non, c'est exactement le contraire ! Pas de confusion ! Il ne s'agit pas d'un texte qui prépare l'indépendance de la Corse. Au contraire, c'est un texte qui, par la réforme qu'il propose, coupe l'herbe sous le pied des indépendantistes."
Dans la polémique "Loft Story", êtes-vous du côté des téléspectateurs qui regardent ou des élites qui trouvent que c'est pervers ?
- "Je ne suis sûrement pas du côté des élites qui trouvent que c'est pervers !"
Je m'y attendais un peu...
- "Est-ce que c'est vulgaire, est-ce que c'est nul, est-ce que c'est obscène, est-ce qu'il y a du voyeurisme, est-ce qu'il y a de l'exhibitionnisme ? Peut-être, mais ce n'est pas le seul programme de télévision ! J'ai posé des questions à des psychologues et à des pédiatres: la question qui se pose est qu'à l'adolescence - puisque c'est essentiellement un public d'adolescent - on a besoin d'étudier les relations. Après la relation qu'on a eu avec ses parents, on cherche à retrouver sa relation aux autres. Donc, on observe les relations à travers cette émission, on joue une sorte de jeu de rôles par substitution."
Vous regardez ?
- "Un petit peu. On observe la relation aux autres : relation de compétition, relation d'amour, relation de solidarité. Si une jeunesse peut se projeter comme cela et construire sa relation aux autres en société, ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose que cela."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 15 mai 2001)
- "J'applaudis franchement ! Et d'ailleurs, toute la polémique sur la personnalité de S. Berlusconi - polémique en Italie, encore plus en France et à l'étranger ..."
En Grande-Bretagne, en Allemagne ...
- "Je crois qu'on est passé à côté de l'essentiel. Si monsieur Berlusconi aujourd'hui - c'est sûr - a une victoire en voix, c'est peut-être moins à cause de sa personnalité qu'à cause de son programme et d'une formidable envie de changement des Italiens. Merveilleux Italiens ! Même la coalition de l'Olivier au pouvoir avait fait des réformes audacieuses : un début de régionalisation ; la réforme des retraites ; la réforme de la fonction publique ; la baisse des dépenses publiques ..."
S. Berlusconi est plus libéral.
- "S. Berlusconi propose d'aller encore plus loin. Ce qui est intéressant, c'est de voir que les Italiens ont choisi un vrai programme de révolution. Ils se disent : "nous sommes à l'entrée du nouveau siècle, que pouvons-nous faire, nous Italiens, pour entrer gagnants ?" D'où une révolution fiscale."
S. Berlusconi, modèle pour A. Madelin ?
- "Pourquoi pas ? Je dis "oui" à la révolution fiscale. Je propose pour la France à peu près la même chose que Berlusconi : l'abolition des droits de succession pour l'essentiel ; une fiscalité de 33 % maximum - c'est ce qu'on propose aux Italiens, il n'y a aucune raison que nous soyons moins-disants que les Italiens ; une vraie régionalisation - je crois que Berlusconi fait une formidable étape vers un vrai fédéralisme, un nouveau modèle d'Etat - ; la lutte contre les règlements, les codifications, les lois de toutes sortes qui empoisonnent la vie quotidienne ; la police de proximité ; un vrai programme sur la sécurité ; une vraie révolution pour l'école. Tout ceci me va très bien pour la France."
S. Berlusconi et A. Madelin main dans la main ?
- "Vous dites S. Berlusconi et A. Madelin mais les mêmes réformes ont été faites en Grande-Bretagne par M. Thatcher et même par
T. Blair. Elles sont prônées en Allemagne par la nouvelle CDU et pour une part par G. Schröder. Elles sont mises en oeuvre en Espagne par Aznar. Elles sont mises en oeuvre en Belgique par G. Ferrostat. Donc, il n'y a que la France qui reste à l'écart de ce grand mouvement de réformes qui a lieu partout autour de nous."
Il n'y a que vous en France, si j'entends bien, qui représentez ce "mouvement de révolution" ?
- "Franchement, je crois que je suis le seul à pouvoir le porter. Dans la prochaine compétition présidentielle, je serai le seul à proposer ces réformes modernes dont la France a besoin."
Cela veut-il dire que J. Chirac ne serait pas en position de les proposer ?
- "Mais bien sûr ! Vous aurez toujours le prêchi-prêcha, les solutions chèvre-choux, les molo-molo, "jouez p'tits bras" ..."
C'est pour J. Chirac ?
- "Pour tout cela, il y aura beaucoup de candidats. Si les gens veulent cela, il y aura d'autres candidats que moi."
Pour F. Bayrou, que dites-vous ?
- "Mais s'ils veulent entrer en force dans le nouveau siècle en menant les réformes qui sont entreprises partout autour de nous, ce sera le choix que je proposerai. Ce choix est offert partout autour de nous en Europe, il n'y a qu'en France qu'il n'est pas proposé. Lorsqu'il est offert, nous le voyons avec Berlusconi, il est choisi. Ma part d'espoir, c'est qu'il soit aussi choisi en France."
La campagne présidentielle a vraiment commencé dans la tête d'A. Madelin ! On va parler de la Corse parce que c'est le sujet de cette semaine. Vous avez annoncé que vous alliez voter ce projet. Etes-vous sûr que cela mettra fin à la violence ?
- "Non, mais je ne le vote pas pour cela. D'ailleurs, je trouve même que c'est sans doute une erreur de dire qu'on fait ce projet de régionalisation pour la seule Corse parce que cela doit mettre fin à la violence. De fait, on devient l'otage des plus terroristes et on est à la merci de la moindre reprise de violence. Je le fais parce que la régionalisation me paraît une bonne chose, parce qu'on ne peut pas rester à l'écart du grand réveil des provinces françaises et du formidable mouvement de régionalisation partout autour de nous en Europe."
Pour le moment, cela ne concerne que la Corse.
- "C'est justement le reproche que je fais à ce texte. Ce que je regrette, c'est que l'on fasse une exception corse, et ce faisant, on donne parfois le sentiment de récompenser le terrorisme. Il y a ceux qui disent "la régionalisation est une bonne chose pour la Corse, mais pas question pour les autres régions" - ce sont les socialistes - ; il y a ceux qui, à droite, disent que la régionalisation serait une bonne chose pour toutes les régions, mais qui ne l'ont jamais faite..."
C'est l'UDF qui dit cela.
- .".. quand ils étaient au pouvoir, en tout cas pas pour la Corse. Ma position est très claire : je suis pour une régionalisation forte. Si on commence par la Corse, va pour la Corse. J'invite les amis de l'opposition à regarder ce texte la tête froide, à sortir des passions."
Combien de membres de DL vont voter ce texte ?
- "Nous verrons bien."
Vous êtes sceptique ?
- "C'est une question d'intérêt national. Après le temps des passions doit venir le temps de la réflexion. De plus, je vous ferai remarquer que s'il y avait une alternance demain, est-ce que l'opposition reviendrait sur ce texte ? Sûrement pas. C'est donc qu'il n'est peut-être pas si mauvais que cela."
Comment expliquez-vous que l'UDF qui se déclare décentralisatrice s'apprête à ne pas le voter ?
- "Ne me demandez pas d'expliquer ce qui se passe dans la tête des autres. Il y a eu beaucoup de passions durant l'été, l'opposition a eu tort de faire chorus avec le jacobin monsieur Chevènement qui s'est toujours trompé sur tout et qui, sur la Corse, se trompe une nouvelle fois."
Seriez-vous pour l'indépendance de la Corse comme R. Barre
qui l'a répété hier ?
- "Mais non, c'est exactement le contraire ! Pas de confusion ! Il ne s'agit pas d'un texte qui prépare l'indépendance de la Corse. Au contraire, c'est un texte qui, par la réforme qu'il propose, coupe l'herbe sous le pied des indépendantistes."
Dans la polémique "Loft Story", êtes-vous du côté des téléspectateurs qui regardent ou des élites qui trouvent que c'est pervers ?
- "Je ne suis sûrement pas du côté des élites qui trouvent que c'est pervers !"
Je m'y attendais un peu...
- "Est-ce que c'est vulgaire, est-ce que c'est nul, est-ce que c'est obscène, est-ce qu'il y a du voyeurisme, est-ce qu'il y a de l'exhibitionnisme ? Peut-être, mais ce n'est pas le seul programme de télévision ! J'ai posé des questions à des psychologues et à des pédiatres: la question qui se pose est qu'à l'adolescence - puisque c'est essentiellement un public d'adolescent - on a besoin d'étudier les relations. Après la relation qu'on a eu avec ses parents, on cherche à retrouver sa relation aux autres. Donc, on observe les relations à travers cette émission, on joue une sorte de jeu de rôles par substitution."
Vous regardez ?
- "Un petit peu. On observe la relation aux autres : relation de compétition, relation d'amour, relation de solidarité. Si une jeunesse peut se projeter comme cela et construire sa relation aux autres en société, ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose que cela."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 15 mai 2001)