Interview de Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, dans "Les Echos" le 13 décembre 2010, sur l'augmentation de capital d'Areva.

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Texte intégral

Q - Qu'est-ce qui a été décisif dans les négociations ?
R - Cela a été laborieux jusqu'à la dernière minute et j'ai moi-même donné un coup de collier dans la dernière ligne droite. Il y a eu des moments difficiles, mais les Koweïtiens ont compris le caractère stratégique de la filière pour le gouvernement français. Ils ont été confortés par le fait que l'Etat participe à l'augmentation de capital à leurs côtés. Tout a contribué à la réussite : la valorisation, les différentes clauses, sans parler des efforts de l'Agence des participations de l'Etat (APE). Mais, au final, ce qui l'a emporté, c'est la considération qu'on avait pour un partenaire de long terme sur une filière stratégique. Si d'autres opérations ont lieu, nous le prendrons en compte.
Q - Peut-on parler d'un retour en force de l'Etat actionnaire ?
R - Je ne sais pas si on peut parler de retour en force, mais cela montre que la filière est stratégique pour la France. C'est aussi le symbole de notre rôle d'Etat actionnaire avec toutes ses participations. Le président de la République a souhaité que nous ayons une gestion plus dynamique des participations intégrant à la fois une dimension de gestion patrimoniale et une logique de filière. C'est dans cet esprit que nous tenons tous les six mois des réunions avec les patrons des grandes entreprises publiques et les ministres compétents.
Q - N'a-t-on pas négligé les investisseurs étrangers comme Mitsubishi Heavy Industries (MHI) ?
R - Je me réjouis surtout que l'opération ait réussi. D'aucuns pensaient qu'on n'y arriverait pas. Cette augmentation de capital est une étape. Il y en aura probablement d'autres à l'avenir. Nous avons un très grand partenaire industriel avec MHI, qui reste essentiel pour Areva. Je ne ferme pas la porte et je ne veux pas insulter l'avenir.
Q - EDF doit-il augmenter sa part au capital d'Areva ?
R - Pourquoi pas ? Ce n'est pas exclu, mais, à vrai dire, je ne sais pas si c'est la meilleure solution. De tels mouvements doivent être en adéquation avec la stratégie industrielle des partenaires. Il faut juger chaque proposition selon ses critères propres et dans le cadre d'une stratégie globale de filière. EDF et Areva mènent des discussions pour sceller un partenariat stratégique. Attendons de voir les résultats.
Q - Souhaitez-vous ouvrir le capital des activités minières ou renouvelables d'Areva ?
R - C'est quelque chose qu'il faudra regarder en 2011. Ma certitude est qu'il nous faut un pôle minier solide qui réponde aux objectifs stratégiques de la France.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 décembre 2010