Entretien de M. Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes, dans "Aujourd'hui en France" du 17 décembre 2010, sur le Fonds de stabilisation financière de l'Union européenne.

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Média : Aujourd'hui en France

Texte intégral

Q - Ce fonds est destiné à soutenir les pays européens en difficulté. En quoi les Français sont-ils concernés ?
R - L'euro est notre monnaie. Quand elle est attaquée en Irlande ou en Grèce, c'est donc l'intérêt de la France de la défendre. Le point important est que pour la première fois l'Europe repasse à l'offensive, alors qu'elle était jusque-là sur la défensive. Avant, on ne faisait qu'éteindre les incendies, aujourd'hui on construit une caserne de pompiers. Abondé par des financements en partie français, ce fonds est destiné à montrer aux spéculateurs que l'Europe a les moyens de leur répondre sur la durée. Il faut saluer Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui ont travaillé avec calme et sang-froid pour parvenir à ce mécanisme permanent.
Q - Les contribuables français seront-ils mis à contribution ?
R - Cela ne leur coûtera rien, car il s'agit de prêts et non de dons. Ce système est similaire à celui mis en place quand les banques avaient été fragilisées. Il n'avait rien coûté. D'autre part, si un Etat ne pouvait pas payer ses dettes, le secteur privé serait mis à contribution, et notamment les fonds de pension. Les contribuables ne perdraient donc pas d'argent.
Q - De combien sera doté ce mécanisme européen de stabilité? De 750 milliards de d'euros comme l'actuel fonds temporaire ?
R - Les critères de fonctionnement du fonds seront précisés au début de l'année prochaine. Mais il sera de toute façon suffisamment doté pour agir correctement.
Q - Mais combien faut-il pour rassurer les Bourses ?
R - Ce qui compte, c'est une solidarité européenne sans faille. Nous sommes confiants sur le fait que cela permettra de ramener progressivement le calme sur les marchés.
Q - Que se passerait-il si plusieurs pays étaient attaqués en même temps ?
R - Ce mécanisme est justement le vaccin pour éviter ce genre d'attaques virales.
Q - Ne faut-il pas renforcer encore plus les dispositifs de soutien, notamment à travers la création d'euro-obligations, comme le préconisent certains experts ?
R - Ce n'est pas au moment où on traverse le gué qu'il faut se poser des questions philosophiques. L'important aujourd'hui, c'est l'action.
Q - Est-il possible qu'un jour la France ait besoin de puiser dans le fonds de soutien ?
R - Non. La France, avec l'Allemagne, est le pays le plus crédible au niveau de l'Europe. La preuve : avec les Allemands, nous payons les taux d'intérêt les plus faibles. C'est-à-dire que les marchés nous font totalement confiance dans notre capacité à tenir nos engagements.
Q - Finalement, le plus simple ne serait-il pas de sortir de l'euro ?
R - Ce serait la Berezina, une aberration économique et même un contresens politique. Ça n'est pas faisable. Sans l'euro, les prix à la consommation augmenteraient du jour au lendemain. C'est simple, ce seraient les ménages français qui perdraient instantanément du pouvoir d'achat. Cela détruirait l'Europe. Impensable, donc. Voilà pourquoi il faut défendre l'euro.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2010